Pour commencer, je tiens à m’excuser pour la longueur de l’article. J’ai essayé de le réduire, mais sans plus de succès que les joueurs Européens ont eu à San Diego pour conquérir le titre mondial.

Commençons par une analyse des résultats du Worlds en regardant l’origine des joueurs classés dans les différents top 32, 16 et 8

Top 32 : USA 66 – Japon 12 – Europe 14 – Autres 4
Top 16 : USA 37 – Japon 4 – Europe 5 – Autres 2
Top 8 : USA 17 – Japon 3 – Europe 3 – Autres 1

Classements finaux :
10- : USA – USA – USA – Belgique
11-14 : USA – Japon – USA – USA
15+ : USA – USA – Mexique – Japon

Il est plus qu’évident que le championnat du Monde 2005 a été largement dominé par les joueurs US qui pris leur revanche après la domination japonaise en 2004.

Et les Européens dans tout cela ?

Top 32 : 4 UK – 3 Norvège – 2 Hollande – 2 Belgique – 1 Danemark – 1 Finlande - 1 Italie
Top 16 : 2 UK – 1 Norvège – 1 Belgique – 1 Danemark
Top 8 : 1 UK – 1 Norvège – 1 Belgique

Inutile, je pense, de rappeler que le seul représentant français, notre ami Adrien Delambre, a terminé 90è en 15+ ce qui, vu la qualité des participants, est un excellent résultat.

Mais comment pouvons nous expliquer une telle domination des américains et, parallèlement, le résultat des Européens, résultat malgré tout très honorable compte tenu de certains éléments ?

En dehors bien évidemment de la qualité de base des joueurs, voici quelques pistes personnelles, dont certaines ont déjà été, et sont encore, débattues entre certains joueurs, juges et organisateurs Européens par exemple au sein de Team Europe.

1. lÂ’environnement

personne, je crois, ne me contredira sur l’idée qu’au plus on joue au plus on peut s’améliorer, surtout si on joue contre des adversaires de bon niveau.
Aux USA, il y a non seulement un réseau de ligues très performant, mais aussi un réseau de tournois bien plus important qu’en Europe.

De plus, les gros tournois (Main events) sont infiniment plus nombreux aux USA quÂ’en Europe. En dehors de nos championnats Nationaux et dÂ’un seul Gym en Autriche, lÂ’Europe nÂ’a vu aucun tournoi important lÂ’an dernier.
Par contre, les USA avec leurs 13 régionaux et leurs 53 Gym Challenges, en plus de leur championnat National et de grands événements comme par exemple le GenCon, ont bien plus de possibilités de jouer contre des adversaires d’un niveau élevé dans un environnement de grand tournoi.


2. le matériel

le matériel pour tout joueur est composé… de cartes.
Ici la différence se fait à 4 niveaux.

Tout d’abord le prix des boosters : quand aux USA on trouve des boîtes de boosters pour 70 USD (60 Euro), le joueur Européen doit payer le double, et même souvent plus dans son magasin local.

Ensuite les prix offerts en tournois. Pokemon USA a offert des centaines de boites de boosters (près de 30000 boosters au total) comme prix lors des Main events aux USA dans le cadre des Régionaux, Challenges et National. N’est il pas plus facile de construire un deck lorsqu’une telle quantité de prix est distribuée qu’avec les cartes gagnées au championnat de France ? lol

Enfin les échanges : le nombre de joueurs et le nombre de cartes sur le marché US facilite grandement les échanges de cartes par rapport à l’Europe, et donc facilite la recherche des cartes nécessaires pour son deck.

Le quatrième niveau est plus spécifique à la France qui, en raison des traductions, a un retard de plusieurs séries alors que les américains, comme la grande majorité des autres pays, ont la possibilité de jouer une série dès sa sortie.


3. l’entraînement

l’entraînement se fait, comme dit précédemment, en principe dans les ligues et en tournois.

Cependant, contrairement à ce qui se passe généralement en Europe, beaucoup d’américains travaillent en groupe.

Des groupes de joueurs créent, testent, modifient des decks en partageant leurs idées, leurs expériences, en discutant des aspects tactiques et techniques des cartes et des decks.

N’oublions pas que dans un tournoi du niveau d’un championnat du Monde, chaque détail a son importance et si, dans un tournoi comme le championnat de France par exemple, une erreur de jeu (carte jouée au mauvais moment, utilisation d’une mauvaise attaque, énergie placée sur le mauvais Pokemon, …) est en général rattrapable, ce n’est pas le cas avec des joueurs du niveau d’un Worlds.

J’ai parlé pendant un repas avec des membres de Neo, groupe de joueurs US (avec toutefois certains Européens) de très haut niveau qui ont entre autres crée le Turn 2 dont Medicham Ex est un exemple. Non seulement ils maîtrisent parfaitement leurs decks et l’influence et l’utilité de chaque carte qui le compose (ou qui, justement, n’est pas inclue dans le deck), mais de plus ils connaissent tout aussi parfaitement le metagame (decks les plus joués dans l’environnement) et la manière de composer avec cet environnement.
Comment y arrivent ils ? Par des centaines de parties en réel ou sur Apprentice, et aussi des heures passées à communiquer par mail, MSN ou AIM.

Deux joueurs peuvent tester un deck, mais quand il s’agit d’un groupe entier de joueurs, les résultats obtenus sont bien plus positifs et faciles à obtenir, sans oublier l’amusement de jouer et tester en groupe.
De plus, ils jouent aussi ‘dans l’avenir’. Je venais de jouer le prerelease Unseen Forces quelques heures avant de parler avec eux … les adaptations du Medicham Ex en fonction du nouveau format et de Unseen Forces étaient déjà prêtes.

Cet exemple de Neo est loin d’être unique et est même assez courant aux USA. Mieux vaut progresser en groupe en partageant ses idées et son deck que stagner tout seul en gardant jalousement ses petits secrets.

Et puis, si Zidane n’avait jamais joué que dans une équipe de quartier, aurait-il pu développer toutes ses qualités et son talent ?


Surtout, pas de panique et de découragement !!!

Nous n’arriverons pas, bien sur, à placer 66 joueurs dans les top 32 à Anaheim l’an prochain, mais je suis persuadé que le niveau général des joueurs Européens peut grandement s’améliorer.

Concernant l’environnement, une grande partie dépend des distributeurs comme Asmodée pour la France et des moyens qu’ils sont prêts à mettre pour développer le jeu dans leur pays.
Cependant, chacun peut, à son niveau, organiser des tournois locaux ou des rencontres de joueurs de manière à voir le jeu organisé se développer.

Les Main Events sont organisés par les distributeurs, et nous faisons le maximum pour que leur nombre augmente l’an prochain, mais ne nous faisons pas d’illusion, chacun n’aura pas un gros tournoi devant sa porte, des déplacements seront nécessaires. Se déplacer, rencontrer des amis, faire de nouvelles connaissances est aussi un des aspects positifs de notre jeu.

Le matériel … comme on sort du contexte strict du jeu pour entrer dans la partie commerciale, je laisse à chacun le soin de trouver ses propres solutions. '_^


L’entraînement : nous sommes ici seuls impliqués dans cet aspect et nous seuls, en tant que joueurs, pouvons nous investir ou pas dans notre jeu.
Ne rêvons cependant pas. Personne ne deviendra champion du Monde, ou ne gagnera même un tournoi important, sans investir du temps dans le jeu.
On a beau avoir les qualités de Zidane, sans entraînement on ne joue ni à Marseille ni au Real !

Surtout, après avoir lu cet article,ne rangez pas vos cartes dans une armoire.
Ce qu’a fait Adrien cette année, partir représenter la France au championnat du Monde, est à la portée de bien plus d’entre vous que vous l’imaginez.
Si vous êtes motivés pour progresser dans le jeu et pour tenter d'aller à Anaheim l'an prochain, vous avez déjà fait un pas important dans le bonne direction.

Je terminerai cet article avec un regret spécifique à la France … le choix d’un autre format que le Modified HLon (Hidden Legends et suivantes) tant comme format officiel que pour la ligue. Ce choix décale les joueurs français par rapport au jeu international et risque de les handicaper à ce niveau. Mais rien ne vous empêche de vous intéresser de très près à ce qui se passe dans le nouveau format !

Prochain article … les decks gagnants à San Diego. Un petit peu d’histoire Pokemon puisque le présent est déjà constitué d’une nouvelle série et d’un nouveau format.