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Lecture d'un chapitre



Lecture du chapitre 3
Nom de l'œuvre : Orphée et la vengeance du Darkrai (concours mythe) Nom du chapitre : Histoire éternelle
Écrit par Polux999 Chapitre publié le : 19/12/2015 à 20:09
Œuvre lue 7739 fois Dernière édition le : 30/12/2015 à 20:37
-Je t'avais dit de prendre un autre bateau ! Grogna Pijako.
-Oh tais-toi un peu, répondit Orphée, agacé.
Voilà trois longues semaines que le jeune homme et le maître à chanter étaient partis du Péloponnèse en direction de l'île de Crète. Orphée avait acheté un petit voilier dont un vieux marin voulait se débarrasser, au grand désarroi de Pijako qui préférait embarquer sur un navire. Quelques heures après leur départ en mer, une tempête avait éclaté, et leur voilier était devenu un radeau, emporté par les courants marins. L'oiseau avait râlé tout le long, n'hésitant pas à rejeter la faute sur le jeune homme.
-Si on avait pris le navire, nous serions déjà en Crète, et nous pourrions déjà partir en quête du troisième maître à chanter. Oh mes dieux, je vais mourir sur ce rafiot à cause de l’imbécillité d'un humain.
-L'humain t'a délivré du ventre du Némélios, il n'est pas si imbécile que ça, rétorqua Orphée. Et puis, on est pas si mal, regarde : le temps est calme et chaud, les pokémon poissons viennent nous apporter de la nourriture dès qu'on chante, c'est vraiment très agréable.
-N'importe quoi ! S'exclama Pijako. On ne peux pas rester ici indéfiniment. Et ce vent qui refuse de souffler … Tu n'as donc plus envie de sauver ta belle ?
Orphée lança un regard triste à l'oiseau :
-Plus que jamais, cependant râler ne nous mènera à rien dans cette situation. Oh, regarde là-bas ! Une île !
A l'horizon, un bout de terre semblait se rapprocher. Pijako s'envola dans les airs pour mieux voir.
-Oui, c'est bien une île ! Mais c'est étrange, je ne la reconnais pas.
-Ce n'est pas grave, répondit Orphée, on s'y arrête, on cherche de l'aide pour un nouveau bateau, et on repart !
Le jeune homme se mit à ramer avec les mains et fit avancer le radeau doucement.

En arrivant sur la plage, Orphée siffla d'admiration. L'île, toute petite, était composée de quelques collines sur lesquelles un immense palais aux pierres blanches et irisées s'étalait. Des oiseaux inconnus d'Orphée aux couleurs vives étaient perchés sur certains rebords, gazouillant des airs mélodieux.
-Tu crois qu'il y a quelqu'un ? Demanda le jeune homme le nez en l'air.
-Il n'y a pas un bruit, à part ces clowns de braisillon et d'heledelle. Je me demande où sont les serviteurs de ce palais.
-Moi je me demande qui sont les possesseurs de cet endroit.
Ils entrèrent dans la demeure, admirant chacune des immenses pièces où ils entraient. Il y avait partout de magnifiques fontaines à l'eau ruisselante. Dans certaines pièces, de splendides petits jardins aux fleurs et arbres à baies exotiques poussaient, paisiblement. Mais où qu'ils aillent, Orphée et Pijako ne croisaient personne. Ils n'avaient même pas fini de faire le tour du palais que le soleil commença à se coucher. C'est alors qu'un bruit résonna.
-Tu as entendu ? Demanda Pijako.
-Oui, répondit Orphée, on dirait des pleurs.
Ils suivirent les gémissements et arrivèrent dans une immense chambre, au lit entouré de fontaines aux cascades d'eau pure. Dans le lit, une jeune femme pleurait, le visage dans les draps.
-Madame, commença le jeune homme, vous allez bien ?
La jeune femme sursauta et cria de surprise.
-Qui êtes-vous ? Comment êtes-vous arrivé ici ?
Orphée la rassura calmement.
-Mon pokemon et moi avons échoué sur cette île ce matin. Nous avons cherché de l'aide, mais nous n'avons trouvé pas âme qui vive. Vous êtes la première personne que nous rencontrons. Pouvez-vous nous aider ?
La jeune femme regarda Orphée attentivement, semblant réfléchir intensément. Puis, reniflant bruyamment, elle sortit du lit et s'avança vers lui.
-Bien sûr que je peux, mais j'aurais besoin en échange que vous me rendiez un service.
-Oui naturellement, répondit Orphée, de quoi s'agit-il ?
-Je veux que vous démasquiez mon mari.
Orphée fut interloqué.
-Je ne comprend pas, qu'entendez-vous par démasquer ?
La jeune femme prit la main du jeune homme et l'invita à s'asseoir sur le rebord de la fontaine.
-Regardez dans le reflet, que voyez-vous ? Demanda-t-elle.
Orphée regarda, et répondit le plus sincèrement possible.
-Et bien, je me vois moi, ainsi que vous. Vous êtes ravissante, magnifique même.
La jeune femme ne put retenir une larme.
-Oui, je suis belle. Et cela n'a causé que mon malheur. Laissez-moi vous raconter mon histoire.

-Les hommes m'ont toujours admirée mais jamais aucun n'osait me demander en mariage. Ils se sentaient trop laids pour me mériter. Résultat, alors que je suis l’aînée de ma fratrie, mes sœurs se sont retrouvées mariées et moi je suis restée seule, chez mes parents. Finalement un jour, un miracle se produisit. Quelqu'un voulait m'épouser ! Mes parents ont tout de suite accepté, sans même réfléchir à qui cela pouvait être. L'inconnu a exigé que j'attende au bord de la falaise près de chez mes parents, et qu'il viendrait me chercher. Il a aussi expliqué à mes parents que personne ne devait le voir et que jamais je ne les reverrai. Mes parents ont été peinés, mais ils avaient tellement peur que je reste seule qu'ils acceptèrent. Ainsi, à l'aube, je suis partie au bord de la falaise. Là, un vent terrible m'a emportée et menée jusque sur cette île. Au soir venu, une ombre s'est glissée dans le lit, derrière moi. Il avait une voix chaude. Il m'a dit que c'était lui mon mari, et qu'il ne voulait que me rendre heureuse. Mais il avait une condition : je ne devrais jamais essayer de voir son visage. Il partirait à l'aube chaque matin et ne reviendrait que le soir à la nuit tombée pour dormir avec moi. J'ai accepté, trop envoûtée par sa voix si belle.
Les jours ont passé, et très vite je me suis ennuyée. Ce palais est magique : les serviteurs sont invisibles et répondent à tous mes besoins. Mais je n'ai personne à qui parler. Je me suis confié à mon mari et je l'ai convaincu de me laisser visiter mes sœurs. Elles furent ravies de me voir. Je leurs ai alors parlé de ma vie au palais, et elles furent très intriguées que je ne sache pas à quoi ressemblait mon mari. Elles me dirent que c'était peut-être un dragon, ou un monstre incroyablement laid. Depuis je ne cesse de me questionner, je n'arrive même plus à en dormir. Lors d'une deuxième visite, mes sœurs ont imaginé un plan : la nuit, je cacherai sous les draps un funécire. J'attendrai que mon mari s'installe dans le lit et alors je brandirai le funécire devant son visage. Le problème c'est que j'ai peur de la réaction de mon mari, je lui ai promis de ne pas essayer de découvrir son identité. Je ne sais plus quoi faire.

Et elle fondit en larmes. Orphée la prit dans ses bras.
-Allons, allons, dit-il, ne pleurez pas. Je vais le faire.
-Vraiment ? Demanda la jeune femme en levant ses yeux pailletés d'or pleins de tristesse.
-Bien sûr, répondit Orphée, je vous le promet : je découvrirai l'identité de votre mari. En échange, je ne demande qu'une chose : un bateau pour que je puisse reprendre la mer.
La jeune femme afficha un sourire angélique.
-Tout ce que vous voulez ! Au fait, je ne me suis pas présentée. Je m'appelle Psychée.
-Ravie de vous rencontrer, Psychée, je me nomme Orphée.

Quelques minutes plus tard, la nuit étant tombée, Psychée donna les consignes au jeune homme. Il devrait attendre à l'entrée du palais que le jour se lève et espionner le fameux mari. Ensuite il reviendrait la voir et lui raconterait tout. Orphée écouta attentivement, et partit comme convenu devant le palais, s'asseyant derrière un buisson. La nuit promettait d'être longue. Pijako ne cessait de se plaindre :
-Je ne lui fais pas confiance, moi à celle-là. Pourquoi elle ne peut pas se contenter de suivre les ordres de son mari, hein ? Tout ça finira mal, crois-en mon expérience.
-Arrête, répondit Orphée en baillant, elle est terrorisée. Tu l'as entendue : personne ne voulait l'épouser parce qu'ils se sentaient tous trop laids en sa présence. Je suis sûr que c'est la même chose ici. Son mari doit se trouver hideux à coté d'elle et il n'ose pas se montrer. Je vais le convaincre de changer d'avis et on pourra reprendre la route vers un nouveau maître à chanter.
Mais l'oiseau n'était pas convaincu.
-Je te le dis, c'est une histoire qui finira mal, je le sens.
Ils attendirent toute la nuit, se pinçant l'un l'autre pour éviter que le sommeil ne les emporte. Finalement, le soleil commença à poindre le bout de son nez. Orphée se ressaisit et s'accroupit derrière le buisson, attendant que le mari sorte du palais. Très vite, les dires de Psychée se révélèrent vrais. Une silhouette sortit de la demeure, se dirigeant vers la mer. Mais alors qu'Orphée allait voir son visage, la silhouette se mit à briller intensément. Le jeune homme dut fermer les yeux pour ne pas devenir aveugle. Quand il rouvrit les yeux, l'homme avait disparu. A la place, une petite créature rose lévitait au dessus du sol. Orphée s'élança et sauta sur la créature. Il atterrit lourdement sur elle, la coinçant au sol. La créature commença à protester.
-Eh, mais arrêtez ! Vous êtes qui vous ? Lâchez-moi tout de suite !
Orphée hésita quelques secondes puis finalement obéit. De toute manière la créature ne pouvait pas s'enfuir. Il recula et laissa à la chose le temps de reprendre ses esprits. Le jeune homme reconnut alors la créature : c'était un lovdisc, un de ces pokémon roses en forme de cœur qui vivent dans les eaux chaudes du sud. Le pokémon se retransforma en humain. Il regarda Orphée de haut en bas puis s'exclama :
-Mais, je te reconnais, tu es Orphée, Orphée le musicien !
-Vous me connaissez ? Demanda le jeune homme en haussant les sourcils.
L'homme esquissa un sourire de fierté.
-Bien sûr, tu es avec Eurydice l'un des mes plus beaux chefs-d'oeuvre. Je suis Eros, le dieu de l'amour.

Orphée n'en revint pas. Il venait de mettre au sol un dieu, rien que ça ! Voyant sa mine déconfite, le jeune dieu prit la parole.
-Et bien, tu es moins bavard que lors de ta rencontre avec ta belle ! Vous étiez si mignons tous les deux, j'ai su que je devais faire naître l'amour entre vous. D'ailleurs, je suis désolé pour ce qui s'est passé. J'ai appris la nouvelle, le Darkrai s'en est pris à ton Eurydice. Je suis de tout cœur avec toi. Au fait, que fais-tu ici ?
Orphée reprit ses esprits et raconta toute la situation au dieu. Le visage d'Eros se teint de tristesse.
-Je me doutais que ça arriverait un jour. Je n'aurais jamais dû la laisser rendre visite à ses sœurs, ce ne sont que deux commères jalouses de sa beauté.
-Pourquoi ne vous montrez-vous pas à elle ? Demanda Orphée. Je ne comprend pas, vous n'êtes pas laid pourtant.
-Non, en effet, mais le truc vois-tu, c'est que si je me cache, c'est pour son propre bien, expliqua Eros. Laisse-moi te raconter ma version de l'histoire. Psychée est dotée d'une beauté incroyable depuis sa plus tendre enfance. Les hommes l'admirent tellement qu'ils ont alors commencé à délaisser les autels en l'honneur de ma mère, la déesse Aphrodite, Milobellus de la beauté dont je suis l'une des écailles. Jalouse, elle m'a alors demandé de punir Psychée en la rendant amoureuse d'un homme horrible et mauvais. J'allais le faire mais à la seconde où je l'ai aperçue, je suis moi-même tombé amoureux. J'ai alors désobéi à ma mère et ait laissé Psychée tranquille. Cependant, si je révélais ma rébellion à Aphrodite, elle s'en prendrait elle-même à Psychée. Alors j'ai décidé de la mettre en sécurité. J'ai contacté ses parents en me faisant passer pour un prétendant. Grâce à mon ami Eole, le Tengalice dieu des vents, je l'ai emmenée sur cette île secrète dont ma mère ignore l'existence. Depuis je la cache. Orphée, si elle découvre mon identité, le sort cachant cette île sera détruit, et ma mère saura ce qui se passe. Pour son bien, tu ne dois pas lui révéler la vérité à mon sujet. Je t'en supplie.
Eros avait les larmes aux yeux. Orphée n'en revenait pas :
-Vous l'aimez vraiment alors.
-Oui, je l'aime comme je n'ai jamais aimé. Ne lui dis rien, et si tu veux, je t'aiderai pour ta quête. Ici au palais se trouve un maître à chanter, un Tarpaud que j'avais ramené pour distraire ma belle Psychée. Si tu ne lui dis rien, je te le donne. Je t'en supplie, fais-le pour elle.
Orphée se sentait mal. Il avait fait une promesse à la jeune femme. Le Pijako sortit de la besace.
-Orphée, accepte. Tu as besoin de Tarpaud. C'est pour son bien.
-J-je, d'accord, finit par dire le musicien. Partez, je vais la voir. Mais vous avez intérêt à me donner le Tarpaud.
-Oh merci Orphée, merci ! Le Tarpaud t'attendra là où vous vous êtes échoués. Encore merci !
Eros le prit dans ses bras puis, le sourire aux lèvres, se retransforma en Lovdisc et plongea dans l'eau. Orphée se retourna vers le palais et poussa un gros soupir. Le Pijako grommela :
-Je te l'avais bien dit que je la sentais pas celle-là !

En arrivant dans la chambre, Orphée vit que Psychée était déjà debout, trépignant sur place.
-Alors, alors ? Demanda-t-elle en lui sautant dessus. Comment est-il ? Il est beau ? Il est horrible ? C'est un humain au moins !
Orphée eut mal au cœur. Il prit les mains de la jeune femme et la regarda d'un ton grave. Elle s'arrêta de sauter sur place tout de suite.
-Psychée, je suis désolé, mais je ne peux rien vous dire.
La jeune femme aux yeux pailletés fronça les sourcils.
-Vous ne pouvez pas ? Ça veut dire que vous savez à quoi il ressemble mais que vous ne voulez pas me le dire ?
-Psychée, s'il vous plait, ne rendez pas ça plus dur. Je ne peux pas vous dire à quoi il ressemble.
La jeune femme libéra ses mains de l'étreinte d'Orphée et recula de dégoût.
-Alors pourquoi vous êtes revenu ?!
-Et bien, pour que vous remplissiez votre part du marché, expliqua Orphée.
-Quoi ?! Vous aviez promis de me dire qui était mon mari, le marché ne tient plus !
Le jeune homme sourit tristement.
-Je n'ai jamais promis ça. J'ai uniquement promis que je découvrirai l'identité de votre mari et je l'ai fait. Maintenant à vous de respecter votre part.
Psychée ouvrit la bouche de surprise. Puis quelques secondes après afficha un masque de dédain.
-Vous jouez sur les mots. Mais soit : je respecte toujours mes promesses, moi. Serviteurs ! Amenez un bateau pour cet homme sur la plage. Vous pouvez y allez, le bateau sera prêt quand vous arriverez. Maintenant partez.
Orphée commença à sortir de la pièce. Il s'arrêta au pas de la porte et se retourna.
-Psychée, je sais que vous ne voulez surement pas m'entendre, mais je vous le dit quand même. Faites confiance en votre mari, il vous aime de tout son cœur.
La jeune femme pleura de colère.
-S'il m'aime, alors qu'il se montre !
Orphée sentit qu'il allait pleurer, et prit congé. En arrivant à la plage, il aperçut un magnifique et solide petit bateau avec à son bord un gros Tarpaud tout vert. Pijako vola jusqu'à lui :
-Tarpaud ! Comment vas-tu ? Ça fait longtemps ! Tu as quitté ton vieux marais de Lerne on dirait !
-Pijako ! Tu n'as pas changé d'une plume ! Alors comme ça tu aides les humains maintenant ?
-Ah que veux-tu, dit-il, j'ai une dette envers lui. D'ailleurs qu'est-ce qu'il fait encore ? Orphée ! Dépêche toi, partons avant que cette fille ne change d'avis et fasse revenir le bateau !
Le jeune homme obéit sans dire un mot. Il poussa le bateau dans l'eau et ouvrit la voile. Le vent s'engouffra avec une force incroyable. Il n'avait même pas besoin de naviguer, le vent dirigeait le bateau tout seul. Orphée comprit que ce devait être un autre coup de pouce d'Eros, en remerciement. Il se retourna vers l'île qui disparaissait petit à petit.
-Pijako ?
-Oui Orphée ?
-Je n'aime pas ce que je deviens, je ressemble de plus en plus à ma marraine.
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