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Lecture d'un chapitre



Lecture du chapitre 1
Nom de l'œuvre : Premières neiges [OS] Nom du chapitre : Premières neiges
Écrit par GeRMiDARK Chapitre publié le : 3/8/2016 à 22:14
Œuvre lue 588 fois Dernière édition le : 3/8/2016 à 22:14
Le balancement des flots se calma. L'ancre rejoignit le fond des océans, les humains s'agitèrent sous les ordres de leur capitaine... et une par une, les nombreuses caisses remplies de sphères rouges et blanches furent débarquées sur le pont de bois flottant.

Voilà plusieurs semaines qu'ils les avaient embarquées sur ce bateau de contrebande, arrachant chacune des créatures qu'elles contenaient à leur habitat naturel en vue de les revendre aux plus offrants. Kanto n'était déjà plus qu'un lointain souvenir pour eux. Un rêve, une utopie qu'ils ne reverraient sans doute jamais. Depuis leur capture, ces pokéballs et ces caisses entassées les unes sur les autres furent leur seul univers. Un univers qu'ils ne quittaient qu'une à deux fois par jour, au profit d'une salle sombre où les humains les laissaient se nourrir juste assez pour subsister.
Affaiblis aussi bien moralement que physiquement, les Pokémon avaient abandonné toute forme de résistance. Même les plus titanesques d'entre eux laissaient leurs geôliers agir sans se rebeller, conscients de leur impuissance face à ces prisons bicolores. Il ne leur restait qu'à attendre. Attendre, et espérer que l'avenir leur soit plus favorable que ce présent d'inexistence.

L'espoir regagna le cœur de nombre d'entre eux lorsque la lumière du soleil caressa de nouveau les contours de leurs prisons sphériques. Hélas, comme ils le réalisèrent bien assez vite, cette île ne fut qu’une nouvelle étape de leurs tourments :
Surplombée d'un immense mont enneigé, l'excroissance de terre qui s'extirpait de l'océan n'avait rien d'un eldorado. Les braconniers s'en servaient comme dépôt, l'endroit étant isolé du reste du monde et suffisamment petit pour ne pas attirer l'attention des terres avoisinantes. D’autre part, le climat n'y était pas propice à la vie humaine : la violence récurrente de l’océan repoussait les habitations vers les hauteurs, là où la neige recouvrait chaque centimètre de terre de son manteau glacial. On n'y trouvait que quelques chaumières abandonnées la majorité de l'année, et de gigantesques entrepôts dans lesquels les Pokémon furent à nouveau entassés.

Atterrés d'un tel constat, ces derniers redevinrent aussi passifs que sur le bateau, conscients qu'ils resteraient ici des mois durant dans l'attente qu'un autre malandrin n'accepte de payer quelques piécettes pour obtenir le droit de les enchaîner à son tour.
Toutefois, il en est une qui ne pouvait se résoudre à un tel avenir. Une magnifique Feunard au pelage luisant de beauté, et dont la caractéristique la plus évidente était son ventre arrondi témoignant d’un heureux événement à venir. A ses côtés, un Sablaireau au regard inquiet et aux griffes acérées l'aidait à avancer sous les jurons incessants de leurs geôliers. Affaiblie par la faim, même se traîner jusqu'à ses maigres repas était devenu un calvaire pour elle. Pourtant, elle continuait d'avancer, insensible aux menaces de ceux qui l'enchaînaient, le regard fier et le cœur empli d'espoir pour sa future progéniture. Elle voulait voir ce petit bout naître. Elle voulait le voir vivre, et le voir sourire... Mais pour cela, elle devait survivre... et surtout l'emmener loin d’ici.

Ses pensées lui firent tourner la tête en direction d'une échappatoire. L'esprit embrumé par la fatigue, elle oublia jusqu'à la présence des humains et s'abandonna à son rêve, laissant ses pattes l'entraîner sur quelques pas vers l'unique sortie de cet entrepôt de malheur. Hélas, son corps la reprit immédiatement sur son choix, avant même qu'un humain n'ait besoin de le faire. Tourmentée par la faim, la renarde s'effondra au sol dans un couinement misérable.
Presqu’aussitôt, tous les humains de la pièce accoururent jusqu’à elle. Certains l'insultaient pour son incompétence, d'autres s’enquéraient de son état... Mais tout cela n’était rien à côté du véritable cauchemar qu’elle percevait à travers les plus maléfiques d’entre eux. Ceux dont un simple regard l’horrifiait… Ceux qui l'observaient avec ce sourire malsain au coin des lèvres, parfaitement conscients de ce qui arriverait dans les prochains jours.
Car si une Feunard seule valait son pesant d'or... son bébé Goupix, quant à lui, n'aurait en prime aucune méfiance envers l’être humain à sa naissance, ce qui le rendrait tout aussi onéreux. Elle ne pouvait pas le laisser naître ici. Pas sous les yeux de ces tyrans assoiffés d'argent. Hélas, dans son état, elle serait déjà bienheureuse de pouvoir achever le trajet jusqu'à cette gamelle de nourriture dont sa progéniture avait tant besoin.

Désespérée, la renarde balaya des yeux l'entrepôt à la recherche du soutien de celui qui l'avait accompagnée jusqu'ici. Mais curieusement, il ne restait plus aucune trace du Sablaireau : ce dernier avait profité de l'agitation causée par la Pokémon gestante pour prendre la poudre d’escampette. Un trou creusé par ses soins était d’ailleurs visible à même le sol, dans un coin de la pièce. Les ordres fusèrent, les humains s'agitèrent à nouveau… Certains envoyèrent même leurs propres esclaves à la recherche du déserteur. Mais malgré tant d’efforts combinés, personne ne remit la main sur ce fuyard opportuniste.

Désormais seule avec sa faiblesse, la Feunard fut renvoyée parmi les autres après s'être maigrement rassasiée. La pauvre se sentait épuisée après cette simple marche, comme incapable de reprendre des forces, et ce, au point de s’affaler sur le sol de tout son long en voyant l’humain lui présenter sa pokéball. Elle caressa son torse bombé avec délicatesse du bout du museau, laissa échapper un profond soupir d’épuisement, puis ferma les yeux en sentant le rayon rouge l’atteindre pour la ramener dans cet univers d’enfermement…

*******

La nuit fut plus courte qu’à l’accoutumée. La pauvre renarde se sentit comme jetée du lit, tandis que le rayon rouge la projetait à l’extérieur de sa pokéball. Face à elle, un Sablaireau au regard déterminé, qui l’enlaça de ses bras griffus en soupirant de soulagement. Autour d’elle, un vacarme assourdissant, union chaotique des cris de dizaines d’autres Pokémon évadés qui s’éparpillaient dans tous les sens. Et derrière elle, l’entrepôt délaissé, duquel un brasier ardent s’élevait jusque dans les cieux.

Il était revenu. Pour elle. Certes, beaucoup d’autres allaient profiter de l’occasion pour regagner leur liberté, mais elle seule importait aux yeux du mâle. Elle, et cette vie qui grandissait dans son ventre. Le Sablaireau était couvert de terre, tout particulièrement ses griffes, tant il avait passé de temps à creuser sa route entre l’entrepôt et l’extérieur afin d’éviter la vigilance des humains et de leurs sous-fifres. Il portait sur son dos un sac de nourriture volée qu’il présenta aussitôt à la renarde, laquelle s’empressa d’y plonger la gueule pour son premier repas conséquent depuis fort longtemps.
Hélas, rien n’était encore joué. Une alarme raisonna sur l’ensemble de l’île, et bien rapidement, tout un attroupement d’humains firent leur apparition pour rattraper les fuyards et éteindre les feux. Prise de panique, la renarde voulut s’élancer à son tour, fuir les humains et rattraper le troupeau de Pokémon sauvages qui se formait sur la berge, mais son camarade l’en empêcha. Du bout de ses griffes, il pointa la cime de la montagne et s’élança en direction des sommets sous le regard médusé de sa partenaire.
L’épais manteau de neige qui recouvrait leur destination fit tressaillir la renarde de feu. Toutefois, il ne lui fallut qu’un bref regard en direction des côtes pour comprendre qu’ils n’avaient pas le choix : bloqués sur la plage, les autres Pokémon se firent rapidement encercler par les humains sans autre échappatoire qu’un raz-de-marée plus dangereux qu’autre chose. Plusieurs créatures aquatiques se risquèrent au grand bleu, mais la majorité d’entre eux furent contraints d’abandonner leur fuite après quelques mètres seulement. Seuls les plus courageux ayant fui en direction des montagnes, comme eux, eurent une chance d’échapper à leurs poursuivants.

Plus ils progressaient, plus la renarde se sentait faiblir face à la rudesse des lieux. Devant elle, le Sablaireau en boule roulait dans la neige, creusant une tranchée pour permettre à sa bien-aimée de l’y suivre sans qu’elle n’ait à trop souffrir du froid. Elle l’en remerciait, mais serait-ce suffisant ? Elle avait besoin de chaleur. De calme. De repos. Hélas, elle devait se contenter de ce froid mordant, d’une panique omniprésente, et d’une fatigue qui la harcelait sans qu’elle n’ait le droit d’y céder.
Son ventre la tenaillait. Ses pas ralentissaient. Elle ne devrait pourtant pas être déjà à bout de souffle ni épuisée… malgré tout, elle se sentit obligée de prendre une pause pour s’allonger de tout son long dans la tranchée glaciale. Après tout ce temps passé à rêver du jour de leur fuite, l’accumulation de stress avait provoqué ce moment si redouté qu’espéré. Bientôt, un œuf tâché de motifs roux ferait son apparition, condamnant les deux Pokémon à s’arrêter pour en prendre soin.

Une série d’aboiements se firent entendre au loin. Inquiet, le Sablaireau contourna la renarde et grimpa sur le rocher le plus proche pour observer en contrebas : accompagnés de leurs meilleurs Arcanin pisteurs, les humains poursuivaient les derniers fuyards en direction du sommet enneigé. Même le froid ne les protégerait pas... et cette tranchée qu’il avait creusée jusqu’ici offrait une piste de choix pour leurs poursuivants. Ils devaient fuir.
Le Sablaireau prit un temps pour réfléchir, observant tour à tour la Feunard épuisée, leurs poursuivants, et le trajet qui les séparaient du sommet. Il n’avait pas le choix…
L’animal repassa devant sa bien-aimée, s’accroupit à ses côtés, et enlaça une dernière fois la magnifique créature couleur crème entre ses pattes. Une larme coula le long de sa joue, rejoignant celles de la Feunard qui gelaient dans la neige. Et sans qu’elle ne s’y attende, la renarde se sentit de nouveau absorbée par le rayon rouge de sa pokéball.
Il l’avait gardée. Malgré tout son dégoût envers cette abomination d’humains, l’opportuniste qu’il était avait su y voir une dernière chance pour la femelle de leur échapper. L’objet collé contre son cœur, le Sablaireau s’élança de nouveau, traversant la neige à pleine vitesse. Il frappait les obstacles face à lui de sa griffe libre et créait son propre chemin aussi vite qu’il le pouvait en direction du sommet.
Sa course faiblit après de courtes minutes : le froid avait fini par lui engourdir les griffes. Poussé par la volonté de protéger sa famille, il changea de patte et s’acharna sur sa tâche, ignorant la douloureuse morsure des neiges. Hélas, chacun de ses pas l’entraînait vers un froid toujours plus mordant, jusqu’à ce que ses griffes ne soient plus que de longs glaçons grelottants incapables de creuser le moindre trou. Derrière lui, les chiens se rapprochaient. Et face à lui… rien qu’une immensité neigeuse à perte de vue, et ce, jusqu’à ce sommet inaccessible.

Désespéré, le Pokémon s’avança jusqu’à ce qui lui semblait être un précipice formé par une succession d’avalanches. La montagne avait creusé un renfoncement inaccessible dans la neige qui lui apparaissait subitement comme un paradis sécuritaire au milieu de cet enfer de glace. Malheureusement, la principale caractéristique de ce lieu était justement qu’il était inaccessible, y compris pour lui. Le cœur gros, le Pokémon serra une dernière fois la pokéball contre son cœur, murmurant quelques paroles qui se voulaient réconfortantes à l’intention de celle qui y était prisonnière. Puis, les yeux embués de larmes et les bras encore tremblants, il prit un maximum d’élan, appuya sur le bouton supposé déclencher l’objet humain… et le propulsa au loin aussi fort que possible. Ses yeux suivirent l’objet tout au long de sa chute. Son sourire s’étira peu à peu en voyant la sphère voler jusqu’à sa destination. Et lorsqu’enfin, le rayon rouge libéra sa bien-aimée de l’autre côté du précipice qui les séparait, l’animal se laissa tomber dans la neige, comme subitement vidé de toute son énergie. Les chiens arrivèrent. Les hommes l’attrapèrent. Et comme des dizaines d’autres, il retourna à sa vie de prisonnier, le cœur soulagé d’avoir sauvé celle qui portait leur enfant.

*******

La Feunard rouvrit les yeux. Et aussitôt, un froid terrible l’envahit. Elle était allongée seule dans la neige, loin de tout. Vivante, mais abandonnée. Toutefois, elle se sentait comme libérée d’un poids depuis son réveil. Intriguée, la renarde tenta de se redresser, grimaçant tandis que ses pattes s’enfonçaient dans le manteau blanc. C’est alors qu’elle le sentit rouler sous son torse jusqu’à buter contre l’une de ses pattes. Un œuf. Son œuf. À la fois la plus grande réussite de toute sa vie et le meilleur cadeau de ce Sablaireau. Et désormais, la seule chose qui lui importait dans ce monde. Son amour avait su lui transmettre sa force en l’envoyant jusqu’ici. Il avait su tout donner pour lui permettre de mettre au monde cet enfant. À son tour… elle donnerait tout, et transmettrait cette même énergie au petit être qui sortirait de cet œuf.

Mais comment permettre à un petit être au cœur de feu de naître en ces lieux ? Comment pourrait-elle réchauffer cet enfant dans un univers de glace ? Continuellement secouée par le froid mordant du mont enneigé, la renarde se roula en boule autour de l’œuf pour le protéger des vents glacials qui la harcelaient. Ses larmes formaient de petits cristaux de glace au creux de ses paupières, tandis qu’elle fixait cet œuf avec cette même volonté qui lui permettait de persévérer. Son beau pelage se perdait sous la blancheur de la neige, plus onduleux qu’à l’ordinaire. Elle avait l’impression de geler sur place, de se transformer peu à peu en une créature de glace, dépourvue de la moindre petite flamme qui constituait son corps d’antan. Et pourtant… elle survivait, donnant tout ce qu’elle avait pour protéger cet être fragile qu’elle couvait au prix de sa propre vie.
Toute grelottante du froid qui la harassait, la renarde approcha son museau de l’œuf. Elle y déposa une léchouille empreinte de tout son amour pour ce renardeau en attente d’une vie prochaine, puis lui offrit le reste de ce qui brûlait encore en elle : elle ouvrit sa gueule et souffla sur l’œuf une simple buée chaleureuse dépourvue de flamme, et ce, plusieurs minutes durant, jusqu’à ce qu’il ne sorte plus de sa gueule qu’un vent aussi glacial que celui qui l’entourait.
Il ne lui restait plus la moindre flamme. Plus la moindre chaleur. Plus rien ne brûlait en elle… Plus rien, excepté son cœur, qui s’enflammerait jusqu’à son dernier battement pour cet œuf qu’elle avait mis au monde.

*******

Les recherches durèrent plusieurs jours. De longues journées d’exploration durant lesquelles les humains ratissèrent chaque centimètre de l’île à la recherche des derniers fuyards de l’entrepôt avant de reprendre la mer. Toutefois, jamais personne ne retrouva la moindre trace de cette Feunard, ni même de sa progéniture. Certaines légendes racontent qu’elles se seraient échappées jusqu’au cœur de la montagne, là où aucun humain n’avait osé s’aventurer, et qu’elles y auraient vécu heureuses jusqu’à la fin de leurs jours.
Toujours est-il qu’aujourd’hui, plusieurs siècles après que cette histoire soit tombée dans l’oubli, de nouvelles créatures feraient parler d’elles sur cette île isolée du reste du monde. Certains les décrivent comme de splendides renards en tout point similaires aux Goupix qui peuplent Kanto… Mais dotés d’un pelage de glace ondulé et de magnifiques yeux cristallins. Toutefois, jusqu’à présent, aucun humain n’a jamais eu l’occasion de les approcher. Le mystère reste donc complet… et la légende entre les mains de ceux qui désirent y croire.
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