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Lecture d'un chapitre



Lecture du chapitre 1
Nom de l'œuvre : Oiseaux de Nuit [SuperHeros] Nom du chapitre : L'Ombre Noire
Écrit par Elvic Chapitre publié le : 8/8/2016 à 01:37
Œuvre lue 5888 fois Dernière édition le : 8/8/2016 à 01:37
Nuit du 6 au 7 août 201X.

"Sont désormais interdites toutes les armes directement létales pour autrui, à commencer par les armes à feu, et ce sur tout le territoire de l'archipel."
Convention de la Ligue - 199X

********


Le vacarme est assourdissant. Les sirènes beuglent dans un torrent de lumière. C'est fatigant, tout ce bruit, tous ces flashes. Les pneus crissent, les voitures s'arrêtent toutes au même endroit, à quelques mètres de moi. On crie dans la nuit.
Je la vois.
Elle se tient un peu à l'écart des autres, elle est moins assurée. La proie parfaite. Ca sera facile.
Je m'approche, patiemment. Ils sont trop préoccupés par le macabre spectacle qui se déroule sous leurs yeux, un peu plus loin, pour me voir avancer. Trop facile.
La proie semble absorbée par ce qui se passe sur son téléphone portable. Ils ont du la laisser en retrait. Elle ne regarde même pas dans ma direction. Elle devrait. L'uniforme a l'air trop grand pour elle, à l'image de cette casquette qui lui retombe sans cesse sur les yeux. Ses mouvements gauches trahissent un manque d'expérience criant. Elle est jeune.
Plus que quelques mètres. Je me glisse furtivement derrière elle. Je laisse la brume se diffuser autour de moi. Une vapeur noirâtre, sombre, glaciale. Elle s'arrête net et déglutit, tandis qu'un frisson parcourt son échine. Elle tremble tellement que je le sens d'ici. Ca va être le moment. La proie regarde dans toutes les directions, elle sait que quelque chose cloche, mais elle ne me voit pas. Trop naïve. Sa main glisse vers l'arme qu'elle porte à la ceinture. Je réprime un gloussement: comme si ce genre de babiole pouvait m'effrayer...
Je suis très proche maintenant. Si je le voulais, elle pourrait sentir ma respiration balayer sa nuque. Je l'entends déglutir. Elle plaque son dos contre la voiture. Elle a peur, mais elle n'ose pas appeler à l'aide. Elle tient son arme dans sa main, maintenant: c'est un taser, un de ces jouets électriques sensé paralyser la cible. C'est l'heure.
Je me glisse en face d'elle, juste en face, les yeux dans les yeux. Elle me voit. Ses traits se figent dans une expression de terreur profonde, sa bouche est grande ouverte, elle regarde fixement le vide et respire à peine. Sa main est toujours cramponnée à son taser, sans pouvoir s'en servir. Je sais que c'est moi qui la terrifie ainsi. Elle ne peut même plus crier, maintenant, elle est tétanisée par la peur. Je finis le travail. Mes griffes viennent à sa gorge, et arrachent tout. Elle s'effondre. Il ne reste qu'une trainée de sang le long de la carrosserie et un corps gisant au sol.
Je m'éloigne. Pas de temps pour une nouvelle proie: le jour va se lever, et il n'aime pas ça. Il est temps de rentrer. J'entends des cris. Il ont du trouver le corps.

********

Le commissariat de police de Cramois'île était en ébullition, une vraie panique générale. Dans son bureau, l'inspecteur Joshu était abattu. Six de ses hommes avaient été abattus au cours de la semaine passée, dont deux la veille au soir. Depuis maintenant sept jours, quelqu'un - quelque chose - s'était mis en tête d'égorger des policiers en patrouille de nuit. Et depuis une semaine que durait l'enquête, ils n'avaient pas la moindre piste.
Pire encore, les grands médias du Kanto s'intéressaient à l'affaire. On parlait d'incompétence, mais ce qui inquiétait le plus l'inspecteur, c'était cette rumeur qui prétendait que le meurtrier était un être surnaturel. L'hypothèse était séduisante: les pokémons n'attaquaient pas les humains, quand à penser qu'un être humain était capable de commettre de telles horreurs... Joshu n'osait y songer. Il en avait la nausée.
Il ruminait de sombres pensées, lorsque l'interphone sur son bureau se mit automatiquement en marche. "Inspecteur, le chef Fujitsu vous demande!" dit une voix neutre de standardiste, sur un ton qui n'appelait aucune réponse.
Joshu soupira. Comme s'il avait besoin de nouveaux ennuis...

"Vous m'avez fait demander, Fujitsu-san?", grinça Joshu. Le chef de la police de Cramois'île était un personnage épais, dans tous les sens du terme. Par cette chaude journée d'été, la sueur ruisselait sur un double menton de belle taille, dominé par un visage bouffi, creusé par deux petits yeux porcins que surplombaient quelques cheveux épars, derniers rescapés d'une calvitie galopante. C'était l'archétype du bureaucrate. Fujitsu ne prenait jamais de risques, préférant assurer sa situation avec des décision consensuelles. Quant à sa connaissance du terrain, elle se résumait aux rapports qu'il recevait sur son bureau à la fin de chaque patrouille. Et c'était la première fois en vingt ans à la tête de commissariat que Fujitsu était confronté à une situation aussi grave.
Il faut dire que depuis la Convention de 199X, qui interdisait les armes à feu et une grande partie des véhicules motorisés dans tout l'archipel, au profit de lois protégeant les dresseurs pokémons, Cramois'Île, endroit à l'origine paisible, pouvait se targuer d'avoir une criminalité quasiment nulle.
"Joshu... Les nouvelles sont mauvaises, soupira le chef.
- Je ne le sais que trop bien, monsieur. C'est moi qui ai rédigé ces rapports, vous vous souvenez?, s'agaça l'inspecteur.
- Inutile de vous énerver, inspecteur. Il y a plus grave. Le ministère s'inquiète de notre capacité à faire face à la crise. Ils ne comprennent pas comment quelqu'un a pu s'attaquer à nos patrouilles d'Arcanins... On parle de laxisme, inspecteur. De laxisme, vous vous rendez compte? Alors que des gamins de dix ans traversent tous les jours le pays à pied!
- Chef, je vous assure que nos patrouilles sont correctement entraînées... J'y prends souvent part moi même et...
- Certains prétendent que des armes interdites sont peut-être rentrées sur le territoire, coupa Fujitsu. Que c'est la cause de ce massacre. On parle d'un nouveau Céladopole.
- C'est... C'est absurde... Les légistes sont formels, ce sont...
- Des coups de griffe, je sais. Vous allez me dire que d'odieux Magicarpes griffus sont sortis des eaux pour massacrer nos agents? - Fujitsu élevait peu à peu la voix. Des Tentacools peut-être?
- Non, non, restons sérieux s'il vous plait...".
Joshu était désemparé. Tous deux savaient qu'aucune explication logique n'expliquait les six meurtres de policiers. Aucun mobile, aucun message, aucun signe suspect sur les lieux de crime. Seulement un même mode opératoire, tout aussi inexplicable. Rien. Fujitsu reprit, le teint cramoisi.
"Ne me dites pas que vous croyez ces histoires d'Ombre Noire?
- L'Ombre Noire? Joshu haussa un sourcil.
- C'est comme ça qu'ils l'appellent. Les huit chaînes de TV principales ne parlent que de cela. Un petit malin de journaliste a trouvé amusant de "nommer la chose". Une histoire de comics, apparemment. Ils se moquent de nous, inspecteur.
- C'est de la folie... Les gens vont paniquer... Nous devons faire un communiqué. Demander l'aide fédérale. Repenser les patrouilles!, haletait Joshu.
- Nous? Je suis désolé, inspecteur, mais ils m'ont demandé votre tête. C'est pour ça que je vous ai fait venir. Vous quittez la maison. En ces heures difficiles, la police de Cramois'île a besoin d'hommes fiables, solides. Je suis désolé."
Fujitsu tendit une enveloppe à l'inspecteur. Ce dernier était estomaqué. Il desserra sa cravate pour mieux respirer. Il n'y avait rien à redire, l'ordre semblait venir d'en haut, et son supérieur n'était vraiment pas du genre à contester un ordre émanant du gouvernement du Kanto, voire du ministère. Joshu prit l'enveloppe en tremblant. Ce n'était même pas une lettre de démission: il était mis à pied, qu'il le veuille ou non. Douze ans de bons et loyaux services aux affaires criminelles de la région des Îles Ecume et de Cramois'île réduites en fumée. Il avait envie de hurler, de renverser le bureau de ce gros porc de Fujitsu, lorsqu'un éclair lui traversa l'esprit.
"Est-ce que... Est-ce que je peux au moins le garder? hasarda-t-il, chancelant.
- Garder quoi?
- Mon Arcanin... Je l'ai élevé... Depuis le début... Le n°9...
- Vous connaissez le règlement comme moi, Joshu, dit Fujitsu, inflexible. L'Arcanin appartient à l'état du Kanto. C'est ainsi. Vous pouvez disposer, trancha l'obèse commissaire, ne laissant à l'ex-inspecteur aucune possibilité de réplique."

********

Les images défilaient vite, dans un montage ultra-punchy: une vue d'hélicoptère confuse qui laissant entrevoir deux corps gisant, les visages des autres victimes de la semaine, un plan large aérien sur Cramois'île, le commissariat en effervescence... En dessous, sur un bandeau défilait donnait les dernière "conclusions" de la chaîne d'information sur l'enquête. Et en grosses lettres: "FLASH SPECIAL, LES DERNIERES INFOS SUR L'OMBRE NOIRE".
Kimy regardait distraitement l'écran, tout en lisant une bande dessinée. A seize ans, il faisait partie de ces dresseurs ayant quitté le nid familial dés sa dixième année, comme l'autorisait la Convention, et qui, faute de talent pour devenir professionnel, avait été contraint de rentrer en bercail à la recherche d'un travail. Mais pour l'heure, il se considérait lui même en stand-by, au grand désespoir de sa mère et de son frère.
"Et maintenant, en direct, le communiqué du chef de police Fujitsu!" Le sujet piqua la curiosité du jeune dresseur. Cette histoire d'Ombre Noire le fascinait. Il reposa le comic qu'il tenait à la main et se concentra sur l'écran.
"...Avons pris les dispositions nécessaires. La Ligue a par ailleurs été jointe, mais ne souhaite pas prendre part, et déclare, je cite, n'être concernée que par les affaires entre dresseurs, or il semble que le suspect n'en soit pas un. Nous sommes par ailleurs en mesure de vous annoncer un détachement de policiers fédéraux, qui arriveront de la capitale dés demain. Nous vous recommandons de ne pas céder à la panique, nous sommes proches de faire toute la lumière sur cette affaire. Quant à cette histoire d'Ombre Noire, nous sommes certains que nos citoyens n'y apporteront pas trop de crédit. Les patrouilles seront doublées, et je vous le garantis, demain nous n'aurons à déplorer aucune nouvelle victime dans nos rangs..."
A peine le dernier mot du communiqué avait-il été prononcé par le chef de la police, qu'il fut remplacé par un très agaçant écran pub. Kimy réfléchissait. L'Ombre Noire. C'était le héros négatif d'un vieux comic américain. Une véritable brute sanguinaire, capable de se fondre dans l'ombre pour dévorer ses victimes... Si le journal télévisé disait vrai, la comparaison, bien que de mauvais goût, était plutôt appropriée. Il reporta son attention sur la télévision. La publicité avait laissé place au témoignage de l'un des policiers en patrouille la nuit précédente, au cours de laquelle deux policiers, un patrouilleur et une nouvelle recrue, avaient été cruellement abattus.
"Il... Il s'est mis à faire froid, tout d'un coup, disait un homme d'âge mûr, livide, dans un décor austère de chambre d'hôpital. On sentait que quelque chose clochait. Les Arcanins étaient nerveux, ils grognaient. Au bout... Au bout d'un moment ils ont commencé à s'agiter... J'ai même eu du mal à rester sur le dos du mien... Et... Et elle est apparue... Je ne sais pas à quoi elle ressemblait. Une ombre, oui, une ombre ça pourrait convenir... Avec de grands yeux rouges... Et... Il a donné un coup de griffe... Joe s'est retrouvé au sol... Du sang, il y avait du sang partout... Les Arcanins crachaient du feu mais... Ils n'ont pas réussi à la toucher... On a été brûlés et... Elle a disparu... Ensuite les voitures sont arrivées... Mais... Trop tard... C'était horrible..."
Kimy éteignit la télévision. Ces histoires faisaient froid dans le dos...

********

J'attends que le soleil se couche. C'est fou comme ils peuvent d'agiter, là bas, dehors, sous cette chaleur et cette lumière écrasante. Cela m'épuise rien que d'y penser. Je suppose qu'ils méritent ce qui leur arrive. Je me dirige vers le réfrigérateur. Je sais que je dois manger, et pourtant je n'ai pas faim. Ni soif. Ni chaud. Ni froid. Il dit que c'est normal, que c'est toujours ainsi. Au fond, je ne me sens pas si mal.
Je termine mes restes de chili con carne. Je mange avec les mains, sans les réchauffer, c'est inutile. J'ai le temps, il fait encore trop jour pour sortir.
On sonne. Je ne réponds pas, qui pourrait vouloir parler à un type comme moi? On insiste. Ils ne peuvent pas savoir que je suis là. J'ai été trop discret. J'entends un bruit de clé qu'on tourne dans sa serrure, et la porte s'ouvrir. Je ne bouge pas. Quelqu'un vient. Non. Ils sont deux.

"Pouah... Cette odeur... Il est crevé votre type ou quoi?" C'est une voix d'homme. On sent qu'il n'a pas envie d'être là.
- Crevé ou non, ça fait trois mois qu'il n'a pas payé son loyer. Ca, c'est une femme. Une vieille. Elle a l'air agacé, aucune trace de compassion dans sa voix.
- 'Voulez jeter un oeil? C'est l'homme. Je le reconnais, c'est le concierge.
- Je vous rappelle que je suis chez moi, monsieur. Évidement que je vais jeter un oeil. Ce type me doit 7500 pokédollars, si je les trouve, je les garde. Elle aussi je la reconnais, c'est ma propriétaire. Jamais pu l'encadrer.
- C'est que c'pas vraiment légal m'dame! J'voudrais pas être complice...
- Oh la barbe, prenez ça et laissez moi un instant."
J'entends des pas. C'est la vieille. Elle se rapproche. J'hésite. Je ne veux pas la tuer. Si je la tue, je ne pourrai plus revenir ici. Si je la laisse fouiner chez moi, qui sait ce qu'elle peut trouver. Il me dit que tout va bien aller. Je me glisse dans l'ombre. La vieille est en face de moi. Elle rentre dans ma chambre. Je m'approche d'elle, très doucement. Elle ne me voit pas. Elle ne me sent même pas, trop occupée par ses basses oeuvres. Elle est comme les autres, ils ne savent pas voir ce qui est important.
Soudain, elle s'arrête. Elle m'a senti. Elle lève la tête du tiroir qu'elle fouillait. J'ouvre grand mes yeux, et je crie. Elle se met à hurler et prend ses jambes à son cou. Elle ne reviendra pas. Je m'assois sur le lit. Je m'assoupis. Quand je me réveille, il fait nuit.
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