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Lecture d'un chapitre



Lecture du chapitre 5
Nom de l'œuvre : Oiseaux de Nuit [SuperHeros] Nom du chapitre : Voltman
Écrit par Elvic Chapitre publié le : 12/8/2016 à 01:29
Œuvre lue 5893 fois Dernière édition le : 12/8/2016 à 01:29
14 août 201X

"Toute personne résidant sur l'archipel peut entamer une carrière de dresseur à l'âge de 10 ans. Entre leur dixième et leur vingt-et-unième année, les dresseurs sont placés sous la protection directe de la Ligue. Il est formellement interdit de refuser assistance à un dresseur mineur, qu'il soit ou non en difficulté manifeste."
Convention de la Ligue - 199X

********

Le chef de la police Fujitsu maugréait dans son bureau. Trois jours avaient passé depuis que celui qu'on appelait l'Ombre Noire avait été neutralisé. Ou plutôt abattu par des anonymes costumés. Il soupira. Malgré le corps presque intégralement détruit, on avait pu identifier l'auteur présumé des meurtres de neuf policiers de Cramois'île avec une relative certitude grâce à un fragment de sa mâchoire. Il s'appelait Auro Minamoto, 20 ans, natif de Safrania. Un dresseur sans histoire jusque trois mois auparavant, date à laquelle, pas un terrible concours de circonstance, il avait été pris à partie par les forces de l'ordre. Innocent, il avait eu le mauvais réflexe de s'enfuir, porté par son pokémon - un Tartard - avant de trouver refuge dans une cave d'immeuble abritant un générateur électrique. Le pokémon s'était jeté dessus, déclenchant une décharge électrique qui lui avait été fatale. Le jeune homme s'en était tiré sans trop de mal, physiquement en tous cas. Victime d'une dépression, il était arrivé dans la foulée sur l'île du sud du Kanto, chez des parents. A partir de là, on perdait sa trace dans les dossiers de la justice. La Ligue ne répertoriait aucun combat officiel depuis l'accident de Safrania. Cela pouvait constituer un mobile, mais un tel déchaînement meurtrier...

Fujitsu s'étira, et jeta un oeil aux autres dossiers qui jonchaient son bureau. Il y avait aussi ces drôles d'oiseaux costumés. Les premiers témoignages donnaient le signalement de l'un d'eux, celui qui s'était fait appeler le Rapace, la nuit du 9 août, mais c'est bien celle du 10 août qu'ils s'étaient dévoilés et avaient agi pour la première fois en collaboration avec les forces de police.
On en dénombrait trois. Ce "Rapace", donc, identité inconnue, dont le costume évoquait l'allure d'un Roucarnage, et qui avait agi de concert avec une jeune femme toute de rouge vêtue, qui semblait disposer d'une puissance de feu redoutable. Les médias la surnommaient "Louve Sanglante", et c'était elle qui avait porté le coup de grâce à Minamoto, selon les témoignages concordant des patrouilleurs et des civils.
Enfin, l'autre patrouille avait eu affaire à un homme monté sur un immense Arcanin. Le "Samouraï", selon les médias. Fujitsu n'était pas dupe, la description correspondait parfaitement à l'Arcanin n°9, surnommé "Arca9". Celui de Joshu, ancien inspecteur et patrouilleur en chef de la police locale, qu'il avait lui même congédié. Joshu qui s'était introduit dans le commissariat par effraction quelques jours plus tôt. Joshu qui semblait maintenant décidé à jouer les justiciers. Tous trois demeuraient introuvables, à ce jour.

Enfin, son regard glissa vers le troisième dossier, loin d'être le moins préoccupant. La Team Rocket avait à nouveau pointé le bout de son nez, en uniforme et avec des armes à feu... Depuis la disparition de leur leader charismatique, le "parrain" Giovanni, quelques uns de ses ex-lieutenants extrémistes tentaient de ressusciter le gang. En 200X, ils avaient tenté de prendre le Manoir Céladon par les armes. Corrigés par la Ligue, la Rocket été sensée avoir été définitivement dissoute. Et les voila qui revenaient, et à Cramois'île qui plus est. Ils étaient impliqués dans au moins six braquages de banques ou de boutiques depuis la fameuse nuit du 9 août, à chaque fois en s'enfuyant avant l'arrivée de la police. Certains rapports faisaient même mention de la Louve Sanglante, encore elle, mais son rôle dans ces affaires n'était pas clair. Jusqu'à la nuit du 12, où tout avait cessé, comme par miracle. Mais rien ne disait qu'ils n'allaient pas recommencer; si la Rocket avait décidé de refaire surface de façon aussi bruyante, c'est qu'ils préparaient quelque chose.
Fujitsu passa une énorme main dans ses quelques cheveux épars. Il se saisit du combiné de téléphone sur son bureau. "Oui. Oui. Bonjour. Oui c'est bien ça. Fujitsu. Oui passez-le moi. Merci." Il y eut un temps de latence. "Bonjour Maître. Oui. Je sais, je sais... Vous avez eu vent de leurs derniers agissements? La dernière fois qu'ils sont venus à Cramois'île vous n'êtes pas sans savoir que... Oui... Comme vous voulez, Maître. Mais tôt ou tard, il faudra prendre vos responsabilités... Oui. Vous aurez de mes nouvelles. C'est ça, à vous aussi Maître."
D'un geste rageur, Fujitsu raccrocha le combiné. Il venait d'être débouté par Peter, le Maître actuel de la Ligue. Le bougre se faisait vieux, et refusait toujours d'intervenir... Il soupira.

********

Allongé dans sa chambre, Kimy observait le plafond. Il n'arrivait pas à se défaire de l'image de l'homme en train de brûler, sous ses yeux, avant d'être finalement atomisé par un laser de la Louve. Il soupira. Cette nuit là avait été terrible. Il revoyait celui qui se faisait appeler le Samouraï, riant à gorge déployée devant les restes calcinés de l'Ombre Noire. Ensuite, tout était allé très vite. La Louve, descendue de son toit, l'avait attrapé par la manche, et, dans la confusion générale, l'avait emmené avec elle. Ils avaient couru dans la nuit, couru sans s'arrêter, à en perdre haleine, avant de terminer leur course sur les hauteurs de la ville, et s'étaient cachés dans les fourrés. Ils étaient restés là, sans oser bouger, des heures durant, avant de se rendre compte que personne ne les avait suivis.
La Louve l'avait raccompagné chez lui, et lui avait dit qu'elle le recontacterait, au besoin, et de surtout se tenir tranquille en attendant. Kimy avait obéi, et laissé son costume de Rapace au placard. Depuis, il le savait, la Team Rocket avait continué ses agissements. Il savait aussi qu'elle avait essayer de les contrer à plusieurs reprises. La télévision montrait des images où on l'apercevait. Chaque fois qu'une caméra s'arrêtait sur la jeune femme, elle semblait fière, bien plus forte que lui.
"Kimy, de la visite pour toi!" fit la voix de son frère, qui venait d'en bas. Incrédule, il se demandait qui pouvait bien lui rendre visite. Il se dirigea vers le porte... Qui s'ouvrit à la volée, laissant apparaître la Louve Sanglante! Il la reconnaissait, en vêtements de ville, comme le soir où il l'avait rencontrée, flanquée de ses Léviators. Vue de près, elle semblait plus âgée que lui, environ vingt-cinq ans. Elle était belle, avec son air mutin, ses cheveux bruns lui tombant en cascade derrière les épaules, sa peau mâte et son corps svelte...
"C'est quoi cette tête, fit-elle, le tirant de sa rêverie.
- Euh... Je...
- Désolée, j'ai mis du temps à enquêter, je suis un peu débordée en ce moment... Il se trame des trucs. Pas mal de trucs."
Elle parlait vite, tout en rentrant dans sa chambre, le bousculant presque.
"Euh... Mais de quoi tu parles? avança Kimy.
- C'est pas toi qui voulait lutter contre le crime, monsieur le Rapace? lança-t-elle avec un clin d'oeil.
- Si, si... Mais, l'Ombre Noire, on l'a vaincue, non? bredouilla-t-il.
- Pas vraiment... C'est un peu plus compliqué que ça. J'ai pas mal farfouillé à droite à gauche, et je crains qu'on ne soit pas débarrassés de l'Ombre.
- Mais... Et Minamoto? Le type qu'on a... Que tu as...
- J'ai fait ce qu'il fallait, trancha-t-elle sur un ton sans appel. Minamoto était possédée, j'en suis presque certain. Il y avait un pokémon avec lui. Un spectre. Tiens, attrape!"
Elle lança une sorte de paire de lunettes dans sa direction, qu'il agrippa au vol. C'était un Scope Sylphe, un appareil qui datait des années 90 et permettait de voir les pokémons de type spectre.
"On va le traquer, il ne faudrait pas qu'il fasse de nouvelles victimes. Minamoto a perdu un pokémon dans des circonstances dramatiques, probablement à cause de la police. Il est probable que le pokémon soit resté avec lui sous la forme d'un spectre... Il était psychologiquement instable, je pense que ça peut expliquer pourquoi il s'en prenait uniquement aux agents de police. On doit le retrouver. Tu marches? dit-elle, en le fixant droit dans les yeux.
- Je... Ouais, je marche! répondit fièrement Kimy.
- Bien, approuva-t-elle. Il y a autre chose. La Team Rocket est en ville, et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'ils n'ont pas cessé leurs agissements avec la disparition de l'Ombre Noire. J'ai commencé à les filer après leurs braquages, mais ils se tiennent tranquille depuis deux nuits. Ca m'inquiète...
- Ils sont vraiment armés? Enfin, je veux dire, avec des armes à feu?"
La fille le regarda d'un air grave. Elle acquiesça.
"Et... Tu veux vraiment t'attaquer à eux? Peut-être que la Ligue va...
- La Ligue ne bougera pas. J'ai parlé à Auguste. D'après lui, le chef de la police a déjà tenté de faire appel à eux par deux fois, et a essuyé deux refus. Peter est vieillissant, il devient moins... Aventurier.
- Mais... Des armes à feu...
- Ce n'est pas plus dangereux que l'Ombre, tu sais... tempéra la jeune femme. Tout ce que j'ai à me mettre sous la dent, c'est un type bizarre que j'ai croisé hier soir. Il m'a donné rendez-vous ce soir, au Manoir Pokémon, mais j'ignore ce qu'il veut... Il m'a parlé de la Rocket, de quelque chose de grave. Ca nous fait deux tableaux à gérer. Je vais vraiment avoir besoin de toi, si on veut éviter le chaos comme la dernière fois."

********

Accompagné de son Arcanin, Joshu marchait en bord de mer. Il ne pouvait plus retourner chez lui, maintenant, aussi dormait-il à la belle étoile la nuit, errant sans but le jour. Il était probablement recherché, surtout depuis le carnage sur les Rockets... Regardant l'océan, il se demandait s'il n'était pas devenu fou. Il l'était probablement, cette nuit terrible, lorsque, chevauchant l'Arcanin, il avait déversé toute sa rage sur l'ennemi. Lorsqu'il avait appris la mort de celui que l'on appelait l'Ombre Noire et éclaté de rire, sans trop savoir pourquoi.
Maintenant que la tempête s'était calmée, il se demandait ce qu'il pourrait bien faire. Cramois'île était une petite île, et si la ville n'était pas immense, les terres alentours ne s'étendaient pas à l'infini. Tôt ou tard, quelqu'un finirait par lui tomber dessus. Jouer les justiciers masqué toute sa vie? Il trouvait tout cela ridicule, désormais. Il s'était laissé emporter par l'ivresse, celle de l'alcool, celle du moment, celle de l'adrénaline, celle de la colère. Tout cela semblait tellement loin, désormais.
Tout cela lui apparaissait plutôt clairement, maintenant. Il fallait partir, retrouver sa fille, recoller les morceaux, reconstruire sa vie, ailleurs, pourquoi pas dans le Nord.
Il caressa la tête de l'Arcanin en regardant l'horizon.

********

La vague arrivait droit devant. Il fallait plonger dans le creux, surtout ne pas hésiter. C'est ce qu'elle fit, en plein dedans. A cet instant précis, le fond marin la souleva dans les airs. C'était Ator, d'humeur joueuse. "Tooooooooooooooooor" beugla-t-il. Lupa éclata de rire. Elle adorait ces moments, son coin de plage désert, jouer avec les Léviators... Elle plongea en saut de l'ange pour filer en nageant vers le rivage.
Le soleil se couchait. Elle avait choisi de mettre à profit le temps qu'il lui restait après être passé chez Kimy pour profiter un peu de la belle chaleur aoûtienne. Il y aurait du grabuge ce soir, elle le sentait.
Elle rappela les Léviators dans leurs balls.
"Ce sont tes amis." fit une voix derrière elle. Ce n'était pas une question, mais bien une affirmation, prononcée par une voix douce et neutre. Lupa se rendit soudain compte qu'elle était nue. Elle fit volte-face en masquant sa poitrine de sa sacoche, en ayant bien l'intention de foudroyer l'individu de regard. Mais c'est la surprise qui dut l'emporter lorsqu'elle le vit. A califourchon sur un rocher, la personne qui l'avait interpelée semblait d'un calme imperturbable. Mais c'est surtout son aspect physique qui frappait au premier regard. Il portait une sorte de combinaison ample et pourpre, dont les teintes et les motifs changeaient à chaque fois que le regard se posait dessus. Ses traits fins interdisaient toute supposition sur l'âge ou le sexe du nouveau venu. Enfin, des cheveux en bataille d'une couleur rose flashy venaient compléter un tableau pour le moins insolite.
"Oui. Oui ce sont mes amis." C'est tout ce que Lupa trouva à répondre. Son vis à vis dégageait une telle aura de mystère, ainsi qu'un genre de puissance tranquille, qu'elle n'osait pas le railler. "C'est bien, d'avoir des amis. J'en ai un moi. Mais il est parti se promener. Je m'ennuie quand il n'est pas là." La voix était monocorde, chaque mot était prononcé lentement, comme une sorte de mélopée, à la fois triste et mélodieuse. Lupa n'avait rien à répondre à cela, mais la scène la paralysait. Pourtant, l'autre reprit. "Toi, tu sais ce que sont les nobles fins. C'est bien. Un jour, tu aurais besoin de moi. Il faudra m'appeler, et peut-être que nous serons amis, nous aussi." Toujours la même mélopée, toujours la même voix, infaillible, inflexible, et pourtant si douce. "Oui... D'accord, je le ferai... Mais quel est ton nom?" La conversation était absurde, et elle le savait. Pourtant, l'autre ne semblait pas tiquer à ses réponses. Après tout, il lui avait dit de l'appeler, et comment l'appeler si elle ne connaissait pas son nom. "Je m'appelle Anaxagoras. Mais c'est un nom difficile, n'est-ce pas? Tu pourras m'appeler comme tu voudras." Il marqua une pause, comme absorbé par quelque chose, et leva les yeux vers le ciel. "Je suis désolé, mon ami m'appelle, là haut. Mais je reviendrai. N'oublie pas, appelle moi."
Et, aussi extraordinaire que cela puisse paraître, il bondit et fila vers la voûte céleste, droit vers les étoiles.

Lupa était médusée. Elle n'avait jamais rien vu, ni jamais entendu parlé de quoi que ce soit de ce genre. Subjuguée, elle resta sans bouger quelques temps, plantée au bord de l'eau, nue comme un ver, tandis que la nuit s'avançait dans le ciel de Cramois'île. Elle finit par secouer la tête; sans doute avait-elle rêvé. Il était temps de rejoindre les autres au Manoir Pokémon.

********

Marco était prêt. Il attendait dans l'ombre, à l'entrée du Manoir Pokémon. En 199X, cet endroit était devenu tristement célèbre, lorsqu'un jeune dresseur qui se faisait appeler Red avait rapporté des pièces à conviction dénonçant des expériences horribles et malsaines menées là bas sur des pokémons par la Team Rocket. L'affaire avait été étouffée, mais certains se souvenaient encore du peu d'informations qui avaient filtré sur le "Projet Jungle X". Depuis, rares étaient ceux qui osaient s'aventurer à l'intérieur, d'autant que l'endroit était truffé de pokémons sauvages.
Pourtant, c'est ici qu'ils auraient à faire. Il avait, en confrontant des données sur les ondes générées en ville et les informations dont il disposait à la centrale, mis à jour une activité très intense et clandestine ici. C'est tout naturellement qu'il suspectait l'endroit comme nouvelle planque de la Rocket. Et Marco en voulait personnellement à la Rocket. Il avait ses raisons.

C'est alors qu'il les vit. Les deux "super-héros" qui faisaient la une des médias depuis plusieurs jours, le Rapace et la Louve Sanglante, qu'il avait déjà rencontrée la veille, s'approchaient de façon furtive en direction du manoir. Ils faisaient leur possible pour rester discrets malgré leurs costumes bariolés, et ils y arrivaient avec plus ou moins de succès. Marco siffla pour attirer leur attention, en espérant que la Rocket n'avait pas installé trop de caméras de surveillance autour du manoir.
Ils vinrent à sa rencontre. Il espérait ne pas avoir l'air trop ridicule dans son propre costume. Il avait opté pour des vêtements pratiques, tout de noir vêtu pour l'infiltration, un gilet de sécurité et une ceinture à poches multiples pour stocker son matériel. Ses pinces et le générateur de poche bien fixés sur son dos devaient lui donner l'air imposant. Enfin, il avait complété le déguisement par un match de catch, entièrement noir à l'exception de deux éclairs qui lui barraient le front.
Il leur tendit la main. Elle la serra, l'air déterminé. L'autre hésita, il semblait circonspect. "Le Rapace", dit celui qui était en costume de Roucarnage, d'un air peu assuré.
"Voltman", répondit-il.
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