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Lecture d'un chapitre



Lecture du chapitre 7
Nom de l'œuvre : Oiseaux de Nuit [SuperHeros] Nom du chapitre : Starman
Écrit par Elvic Chapitre publié le : 6/9/2016 à 18:07
Œuvre lue 5890 fois Dernière édition le : 8/9/2016 à 01:09
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Nuit du 14 au 15 août 201X.

"Il est interdit de pratiquer à des fins de recherche scientifique, autre que vétérinaire, des interventions, de quelque nature que ce soit, pouvant potentiellement engendrer des souffrances, des dénaturations ou la mort chez un pokémon."
Convention de la Ligue - 199X.

********

Celui qui s'appelait Riel sourit d'un air satisfait. C'était certain désormais, Mori avait réussi. Il avait récupéré les capacités de Mewtwo, le clone du dieu pokémon Mew. Cela fonctionnait à la perfection, en témoignait le cadavre fumant du jeune garçon sous ses yeux. Il reporta à nouveau son regard vers Mori et lui sourit d'un air carnassier.
"Monsieur? s'enquit le scientifique.
- Tu m'as bien servi, Mori, fit-il sans remuer les lèvres. Je suis pleinement satisfait. Il y avait des risques, mais le jeu en vaut la chandelle...
- Je... J'en suis ravi, monsieur. Et... Et mon salaire?
- Ooooh... Mon bon Mori... Je sais, c'est affreusement cliché, mais vois-tu... Un homme intelligent comme toi... Tu devrais savoir pourtant...
- Que voulez-vous dire?
- Hé bien, quand on sert sur un plateau à un désaxé mégalomane l'objet de ses désirs, à savoir une forme de toute puissance, on sait comment ça se finit... C'est dans tous les comics!
- Non... Monsieur...
- Allons, un peu de dignité Mori. Je ne peux pas te laisser en vie avec cette technologie qui permet de s'accaparer les pouvoirs d'un pokémon. C'est tout bonnement impossible."
Riel envoya de violentes ondes psychiques en direction de son interlocuteur. Celui-ci s'effondra, foudroyé par la violence de l'attaque, un simple filet de sang lui sortant de la narine droite. Ces pouvoirs étaient prodigieux, l'espace n'était plus une contrainte, personne ne pouvait lui résister. Il rit aux éclats.
Lorsqu'il reprit ses esprits, il put constater que ses hommes avaient tous reculé de quelques pas, témoignant la terreur qu'il leur inspirait. C'était parfait. Un bon chef devait en imposer, tant mieux s'ils le craignaient. C'est alors qu'il la vit. La jeune femme au masque de loup. Elle s'était redressée et lui faisait face. Voila qui devenait intéressant.

"Vous!" lança-t-elle d'une voix forte, emplie de colère. "Vous êtes un monstre!" Il ne s'attendait pas à la suite: d'une sorte de récepteur jaillit un énorme laser qui partait dans sa direction! D'un bond, il s'écarta, tout en générant un bouclier d'énergie. L'ultralaser vint percuter le bouclier de plein fouet, avec suffisamment de violence pour le faire éclater! Fort heureusement pour lui, il s'était déplacé à temps... Mais la chaleur de l'attaque passant à quelques centimètres de son visage lui rappela qu'il n'était en fait pas invincible.
Il avisa la jeune femme. Elle était en garde de combat. Ca allait devenir intéressant. Allait-il l'abattre tout de suite, et réduisant son cerveau à l'état de bouillie, ou bien était-il temps de s'amuser un peu? Ses attaques étaient dangereuses, mais tout ce temps passé dans la cuve l'avait engourdi, et il avait besoin d'exercice. L'homme qui s'appelait Riel choisit la deuxième option. Il était l'égal d'un dieu, il n'allait pas se démonter devant une jeune femme mieux armée que la moyenne.
Sans bouger, il fit exploser le sol sous les pieds de l'adversaire. Elle dut le sentir, car elle put se retirer juste à temps avant d'être annihilée. Le souffle la projeta en arrière, et elle se restabilisa à l'aide d'un salto d'une grande souplesse. Bon niveau, songea-t-il.
Il ne lui laissa pas de répit, et envoya un nouveau rayon d'énergie pure dans sa direction. La jeune femme roula sur le côté pour l'éviter, et avec une vivacité surprenante, dégaina à nouveau un ultralaser.

********

La peur au ventre, le coeur battant à mille à l'heure, Lupa tira à nouveau. Elle s'était entraînée à ajuster ses tirs, et désormais, sa précision était mortelle. Elle était confiante. Le tir partit à pleine vitesse vers celui qui se prenait pour un dieu. Il semblait surpris! Cloué sur place, l'attaque fonçait droit dans sa direction... Il tendit la main et arrêta son laser à l'aide sa simple paume. Lupa déglutit. Sa puissance était prodigieuse, connaissant la violence des ultralasers de ses Léviators.
Elle n'eut pas le loisir de tergiverser, car déjà l'ennemi attaquait à nouveau: il fonçait vers elle à toute vitesse. Son sang ne fit qu'un tour, et elle se prépara à éviter une attaque de front. Mal lui en prit, car le "dieu" se téléporta au dernier moment dans son dos, d'où il la frappa avec la légèreté d'un train de marchandises... Elle roula sur le sol, le souffle coupé par la violence du choc.
"Alors tu as voulu me défier?" fit-il, en parlant pour de vrai cette fois-ci. "Tu as cru pouvoir défier un dieu vivant? Tu vas le regretter. Et quand j'en aurai fini avec toi, je m'occuperai du Kanto..." Lupa ne répondit pas, préférant le laisser à ses divagations. Elle attendit qu'il s'approche, à plat ventre, se forçant à respirer bruyamment. Il fallait qu'il la pense à bout. "Je sais à quoi tu penses.", poursuivit-il. "Tu espères que je m'approche assez pour me surprendre avec un de tes lasers. Bien essayé, petite, mais je ne suis pas né de la dernière pluie..." Au même instant, quelque chose de pointu pénétra dans ses côtes et l'envoya valser un peu plus loin. Une vive douleur irradia dans sa poitrine. Elle avait vraiment du mal à respirer cette fois-ci. Elle toussa, et un voile noir se matérialisa devant ses yeux. Elle entendit ricaner. Par réflexe, elle tira un nouveau laser, dans la direction où elle pensait se trouver l'agresseur... Un hurlement lui confirma qu'elle ne s'était pas trompée.
"Hé mais... C'est que tu m'as presque fait mal!" fit la voix. Elle le sentait qui s'approchait. "Fini de jouer, petite, il est temps de se dire au revoir. Rendez-vous en enfer, babe!" Lupa haleta. Tout semblait perdu. C'est alors que lui revinrent les énigmatiques paroles de l'étranger venu des étoiles, quelques temps auparavant. "Toi, tu sais ce que sont les nobles fins. C'est bien. Un jour, tu aurais besoin de moi. Il faudra m'appeler, et peut-être que nous serons amis, nous aussi. Tu pourras m'appeler comme tu voudras."
Sans trop savoir pourquoi, rassemblant ses forces, elle hurla: "Starman!"

********

Le chef de la police Fujitsu grogna. La voiture qui le menait vers l'ancien aérodrome, en bord de mer, n'avait de cesse de rebondir cahin-caha sur la route accidentée. La veille, on avait repéré des traces d'activité inhabituelles là bas. Pis, un avion avait effectué des demandes pour pouvoir s'y poser à l'aube. Quelqu'un semblait vouloir quitter l'île rapidement. Quelqu'un qui ne possédait pas de pokémon capable de le transporter sur l'océan. Quelqu'un en fuite. Joshu.
La voiture s'arrêta au bord de la falaise, à quelques dizaines de mètres de l'aérodrome. Fujitsu attendit que les deux hommes en uniforme qui l'accompagnaient descendent de la voiture pour leur emboîter le pas. De nuit, l'a-pic demeurait grandiose: on distinguait en contrebas la masse de l'océan, en perpétuel mouvement, que venait ponctuer le bruit des vagues s'échouant sur les récifs. C'était une belle et chaude nuit, et le chef de la police éprouvait une certaine nostalgie à avancer dans cet endroit à la fois impressionant et calme.
Ses deux acolytes balayaient la zone avec leurs lampes torches, espérant dénicher quelque chose d'anormal. Ils étaient nerveux, Fujitsu le savait... Si la présence de Joshu se confirmait, la situation allait devenir complexe... Son Arcanin était d'une grande puissance, et tous avaient pu constater que l'ancien inspecteur n'hésitait pas à tuer...
"J'ai vu quelque chose chef." fit l'un des deux policiers. "Vers la vieille tour de contrôle, quelque chose a bougé!" Fujitsu fit un petit signe de tête dans la direction indiquée. La prudence était de mise. Il sortit arme, le taser régulier des forces de police, et vit les deux autres faire de même. Ils avancèrent d'un pas décidé vers le vieux bâtiment, les lampes braquées vers l'avant. D'ici, on distinguait une vague forme adossée au mur...

L'un de ses hommes rendit son déjeuner. La "chose" était abominable. Contre le mur de la tour était littéralement crucifiée une bête formidable, que Fujitsu identifiait sans aucun doute comme étant le nº9. Son corps, carbonisé par endroit, était ouvert de haut en bas, laissant pendre ses viscères dans une odeur insoutenable. Et à ses pieds gisait l'inspecteur Joshu, le cou lacéré d'étranges traces de griffes, comme si l'aggresseur éprouvait une rage immense à son égard.
Le chef déglutit. "Appelez le central, vite! On a une scène de crime compatible avec le mode opératoire de... Du tueur de la semaine dernière." Il se refusait à utiliser le terme d'Ombre Noire. Il se pencha pour mieux examiner le corps. Il avait vu ses victimes, et il savait que le doute n'était pas permis. Qui donc aurait pu se livrer à un tel déchainement de violence? En outre, les blessures semblaient toutes fraîches, et il était probable que l'assassin se trouve encore dans les parages. D'un revers de main, Fujitsu s'essuya le front.
"Fujitsu san! Impossible d'appeler le central! Quelque chose semble brouiller notre appel!
- Comment ça? s'enquit-il, inquiet.
- On n'a qu'un signal monotonal, un genre de long "biiiiip", vous voyez?
- À la voiture, vite!"
Joignant le geste à la parole, Fujitsu se mit à courir en direction du véhicule. Il espérait qu'il ne soit pas trop tard... Soudain, un cri déchira la nuit. C'était un hurlement de terreur. Le hurlement d'un de ses hommes. Il courut sans se retourner, maudissant ce foutu malade... La voiture n'était plus très loin, il l'apercevait, là bas, le long de la falaise! Vite! Il courut comme un dératé, aussi vite que le permettait sa corpulence. En arrivant à la porte de l'estafette, il éprouva un immense sentiment de soulagement... Avant de se rendre compte qu'il n'en avait pas les clés. Il sentit le froid irradier dans sa nuque. Fujitsu se retourna, lentement. La dernière chose qu'il vit fut un horrible visage aux yeux rouges et au sourire carnassier.

********

"Starman!"
Lupa s'apprétait à mourir. Elle vit le poing de son aggresseur filer vers son visage, prêt à faire éclater sa tête comme une vieille pastèque... Les secondes s'étiraient pour devenir des heures. Un voile apparut devant ses yeux, quelque chose de brillant et lumineux... Quelle ne fut pas sa surprise de voir le poing du "dieu" venir le percuter de plein fouet, arrêté net par la chose. "Content de te revoir, mon amie, fit l'étrange mélopée qu'elle avait déjà entendue auparavant. Starman, c'est un joli nom. Une jolie chanson. Ça me plait." Lupa manquait trop d'air pour répondre, ou même exprimer ne serait-ce que de la gratitude ou de la surprise. Elle avait des côtes cassées, et ses poumons devaient être sérieusement endommagés. Elle entendit l'autre hurler, de douleur ou de rage, elle n'aurait su le dire. Elle vit un rayon d'énergie venir à nouveau s'échouer sur le voile brillant. "Tu as l'air mal en point... Nous allons arranger cela." Le visage du "Starman" passa dans son champ de vision. Il souriait! Dans un moment pareil! Elle sentit le contact de sa main contre sa poitrine. C'était doux et chaud. Sa respiration se fit plus calme, sa vision plus claire. Les douleurs commencèrent à s'apaiser.
"Va-t-en vite, amie. Il est très méchant, cette homme que tu vois là, fit l'étranger, toujours sur le même ton monocorde.
- Mais... Et toi? répondit Lupa en se redressant.
- Ne t'inquiète pas pour moi. Mon ami me protège.
- Je refuse de te laisser seul ici. Je..."
Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase. Elle se retrouva au beau milieu de la campagne, le bruit des vagues parvenant à ses oreilles. "Nous nous reverrons. Mais il y a quelqu'un qui a besoin de toi ici. Va, amie. À bientôt."

********

Starman - puisque c'est son nom ici - regarde son adversaire. Il semble plein de colère. Il se précipite sur son Bouclier, sans doute espérant le briser. Starman le supprime instantanément, et voila que l'autre balourd va percuter de plein fouet le mur derrière lui. L'autre semble fort, mais ne pas savoir très bien maîtriser ses pouvoirs... Tant mieux. Starman n'aime pas se battre. Si c'est facile, la fin arrivera plus vite. L'autre sort des décombres du mur qu'il vient de détruire. "Tu me ressembles un peu." Il ne répond pas et se contente de grogner. Il se calme. Sans doute a-t-il compris que l'attaquer de front n'est pas une bonne idée. Starman lui sourit, et lui tend une main amicale. "Soyons amis".
Soudain, l'autre déverse sur lui une attaque psychique d'une violence incroyable. Plein d'images insoutenables, dont me but est d'endommager son esprit jusqu'à la mort. Starman n'a pas le choix: il réagit, il surenchérit. Alors c'est ainsi que le combat va se jouer... Immobiles, dans leurs esprits respectifs... Très bien. Ils ne font qu'un désormais, et c'est à celui qui prendra me dessus sur l'autre. Starman ressent des pensées qui appartiennent à l'autre. Il voit son histoire, comment il a vécu une enfance paisible dans une grande ville, loin au nord d'ici. Comment il aimait torturer les pokémons des autres enfants, lui qui n'en avait pas, lui que l'on n'écoutait pas. Il voit comment il a grandi ainsi, comment il est devenu un Rocket. Comment il a rapidement gravi les échelons pour devenir l'un des leaders. Comment il a participé à des dizaines et des dizaines d'atrocités de ce genre, toujours en éprouvant beaucoup de plaisir. Ainsi est l'autre. Il a ses joies, ses peines, ses choix, ses colères... Il est l'autre.
Starman voit aussi sa propre vie, il ressent des souvenirs venus d'un lointain passé, très loin d'ici, sur un autre continent. Il sait qu'il a été un être humain comme les autres. Il sait comment sa rencontre avec son ami, le petit chat rose, a tout changé. Il sait qu'il était malheureux, et que tout a changé alors, quand il a décidé de vivre comme lui... Starman rit à l'idée de ces souvenirs joyeux. Quel dommage que l'autre refuse de les partager. Dans son opposition à vouloir le comprendre, il s'en isole, et, seul, tout perd peu à peu son sens. Jusqu'à sa propre existence. Starman regrette cela, mais autre n'a aucune chance. Trop fermé. Trop pauvre en la seule richesse que connaisse Starman: l'empathie.

Il regarde le corps inanimé de l'autre, gisant sur le sol de l'odieux laboratoire. Il est triste, car il a ôté la vie d'un autre être. Il n'avait pas le choix. Il fait quelques pas parmi les cuves: il n'y a plus grand chose à sauver. Les pokémons qui les occupent sont morts, ou bien leur vie est trop horrible pour devoir se prolonger. Il soupire. Un seul d'entre eux semble viable: Mewtwo, le pokémon créé à partir des gènes de son ami. Mais Starman sait qu'il est dangereux... Il ne sait que faire. Soudain, quelque chose gronde. C'est le Manoir qui s'effondre, trop abîmé par les combats qui viennent de s'y dérouler. Starman est soulagé: il n'aura pas à faire un choix. Il se téléporte et disparaît dans la nuit.
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