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Lecture du chapitre 3 | |
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Nom de l'œuvre : Eter City [Election - 2017] | Nom du chapitre : La indulto or la muerte |
Écrit par Requiem | Chapitre publié le : 18/6/2017 à 23:51 |
Œuvre lue 5472 fois | Dernière édition le : 5/10/2017 à 15:56 |
Eter City - Avant les évènements Soleil et Lune - Séquence 01.00210 : La indulto or la muerte La lumière vive des projecteurs braqués sur moi. Les acclamations de la foule qui s’agite. Le sang qui bat contre mes tempes comme un tambour. Je lève les bras en signe de triomphe, mes doigts agrippés comme à une bouée à la ceinture que l’on vient de me remettre. J’ai gagné. Je suis le plus fort. Tous mes adversaires ont mordu la poussière à mes pieds. « AHOU ! AHOU ! AHOU ! » Les vivats de la foule se font plus intenses. Ça me fait tout drôle de les entendre scander en rythme mon nom. « AHOU ! AHOU ! AHOU ! » La lumière est aveuglante. Elle se reflète sur le métal doré qui recouvre ma ceinture de champion. J’ai réussi cette fois. J’en veux plus. « AHOU ! AHOU ! AHOU ! » Acclamez-moi ! Je suis le meilleur ! « AHOU ! AHOU ! AHOU ! » Oui. Comme ça. Regardez-moi. « AHOU ! AHOU ! AHOU ! » REGARDEZ-MOI !!! « AHOU ! AHOU ! AHOU ! AHOU ! AHOU ! AHOU ! AHOU ! AHOU ! AHOU ! AHOU ! AHOU ! AHOU ! AHOU ! AHOU ! AHOU ! AHOU ! AHOU ! AHOU ! AHOU ! AHOU ! AHOU ! AHOU ! AHOU ! AHOU ! » Et puis cette femme a tout gâché. Sept ans plus tard. Mon adversaire m’envoie un uppercut au moment où j’essaye de le feinter par la droite avec mon bras supérieur droit. Aucune importance. D’une main gauche j’arrête son poing ganté à quelques centimètres de mon menton et j’enchaîne avec un coup de pied latéral. Malin, le Tygnon recule d’un bond gracieux pour se mettre hors de portée. Nos regards se croisent et s’affrontent. Nous sommes comme deux Némélios en cage qui se tournent autour. Afficher une faiblesse c’est concourir à sa fin. Je n’ai plus conscience de ce qui se passe hors du ring alors que mes pieds raclent lentement le tapis élimé qui couvre à peine le sol de béton. Seuls existent mon adversaire, l’espace délimité par les barreaux de fer qui nous entourent et ma rage d’écraser l’avorton qui me fait face. Dans un cri je m’élance sur le Tygnon dans le but de le submerger par la force brute. Je sais qu’il est plus rapide que moi. C’est son avantage. Et il sait que je le sais. Je le vois dans ses yeux qui furètent en tous sens, cherchant inlassablement une issue pour éviter ma charge et prévoir le coup d’après. Ma masse imposante ne lui laisse pas beaucoup de choix : l’esquive par la droite ou par la gauche. Je parie qu’il va aller à gauche. Au dernier moment, sa tête se soustrait à ma vision alors qu’il plonge violemment en un roulé-boulé maîtrisé. Une seconde plus tard, il est à nouveau sur ses jambes. Il est parti à gauche ! Je le savais. Mes bras s’étendent dans sa direction tandis que je me jette sur le côté pour le plaquer au sol. Le Tygnon se met en position de défense, les bras croisés sur son torse. Il réagit vite. Ce n’est pas son premier combat. Le choc est violent, brutal. Mes muscles se tendent alors que j’abats mes mains de toutes mes forces sur ses épaules pour le projeter à terre. Ses genoux ploient légèrement mais il tient bon. Costaud, l’avorton. Soudain, une pluie de coups inonde mon abdomen. Quel idiot ! Dans la précipitation je n’ai pas pensé à ma garde et je suis totalement ouvert. Je recule malaisément, une main sur mon ventre meurtri tandis que mes trois autres membres font barrage aux coups de poings que m'expédie mon adversaire. Pas bon mon vieux. Je n’ai pas réfléchi assez loin. Et quand on ne réfléchit pas, on se retrouve par terre, les chicots tout autour de soi et le nez éclaté. Or, j’aime mon nez. Je tente un balayage pour le déséquilibrer. Il saute légèrement pour éviter mon coup. Tu m’étonnes. Ça sent les heures de corde à sauter en salle d’entraînement. Décidément, ce type-là , ce n’est pas un amateur. Skull m’avait prévenu pourtant. Paraît que c’est le favori d’un parrain du Syndicat des Team. Rien à voir avec le ramassis de bas-étage contre lesquels j’ai combattu ces dernières années. Mon ventre me fait vaguement souffrir. Après le combat je vais gerber. Du sang sûrement. Peut-être d’autres trucs aussi. Mais ça, c’est pour plus tard. Si j’arrive à l’entraver avec mes bras inférieurs c’en est terminé du Pokémon à jupette. J’ai besoin de réfléchir. Analyser la situation. Ne pas le laisser prendre l’ascendant. Je suis un champion bordel ! Enfin, je l’ai été. Il y a longtemps. Cette fois, c’est lui qui passe à l’attaque. Est-ce qu’il a décelé une faiblesse dans ma position défensive ? Je plisse les yeux, prêt à répliquer. Je ne vais pas te louper mon pote. Le Tygnon se précipite sur moi, gants rouges rentrés sur les flancs pour augmenter sa détente. Vas-y, envoie le jus. Je peux encaisser moi. Dépliant ses jambes maigrelettes, il bondit dans les airs. Erreur. Se risquer à une attaque aérienne c’est sacrifier sa défense. Et quand on a un type mastoc comme moi en face, ce n’est pas le truc le plus finaud à faire. Le Tygnon n’est peut-être pas si bon finalement. Je lève la tête pour le cueillir et mes yeux rencontrent la lumière des néons suspendus au-dessus de nous, à une dizaine de mètres. L’enfoiré ! Ses poings me fracassent le crâne. Je sens tous mes os vibrer alors que le sol tangue sous mes pieds. Pas grave. Ce n’est pas la première fois que je prends une mandale en plein dans la poire. Je doute que ce soit la dernière. Je boxe depuis trop longtemps pour me laisser déstabiliser. Je sais déjà ce qu'il me reste à faire pour m'en sortir. Avec ce coup, le Tygnon a joué à quitte ou double. S’il ne m’étale pas, c’est moi qui l’étale. Et il a perdu. Toujours à demi aveuglé, j’attrape la vague silhouette qui se découpe dans la lumière blanche des néons : sans appui pour se projeter hors de ma portée le Tygnon ne peut pas m’échapper. Son astuce aurait pu fonctionner avec la plupart de ses anciens adversaires, mais pas moi. Je suis d'une autre trempe. Mes bras inférieurs s’étendent de toute leur envergure pour se refermer sur leur proie. Je le tiens à la taille, ses bras coincés contre ses propres flancs. Il s’agite, se tortille. Il ne peut plus rien faire. Un petit sourire triomphant flotte sur mes lèvres. Mes yeux se réajustent finalement ; même si des tâches noires flottent ici-et-là . A nouveau nos regards se connectent l’un à l’autre. En lui, je ne décèle aucune peur. Juste de la rage. Une pointe de haine. Et derrière, loin derrière, un océan d’amertume. Ouais. On est tous comme ça dans le milieu. La vie. La mort. Le combat. C’est un peu la même chose. Allez. Il faut en finir. Je resserre les doigts de mes deux autres mains – celles qui ne sont pas occupées à maintenir le Tygnon contre moi. Poképoupée de chiffon dans les bras d’une petite humaine. J’élève mes poings monstrueux au-dessus de ma tête en contractant mes muscles. Bonne nuit les petits. Un craquement dans mon nez me fait presque lâcher ma prise. Précipitamment, je me remets sur mes appuis. Je sens un liquide chaud goutter sur mes lèvres, glisser entre mes dents. Du sang. Ça m’apprendra à vendre la peau de l’Ursaring avant de l’avoir tué. L’autre m’a envoyé un coup de boule en plein dans le pif. Enflure ! J’adore mon nez. Mais je crois l’avoir déjà dit. Je sais plus. Au pire, on s’en fout. Mais là , il m’a mis en rogne. Je suis comme un Tauros à qui on agite un leurre de tissu rouge sous le mufle. Je massacre mon ennemi en faisant pleuvoir mes poings sur sa face. Prends ça. Et ça. Et ça. Je ne m’arrête que lorsqu’il a eu son compte et moi aussi. Le visage du Tygnon n’est plus alors qu’une plaie tuméfiée. Ses paupières sont noires et ne laissent qu’à peine entrevoir le blanc de ses yeux révulsés. Des hématomes violacés commencent déjà à se former sous ses pommettes tandis que du sang s’écoule en filet entre ses lèvres explosées et ses dents brisées. Il ne s’agite plus. Et pour cause, l’adversaire est tombé dans les pommes. Ma poitrine se soulève à un rythme effréné. Je fais un effort pour reprendre une respiration plus régulière. Ça me calme un peu. Je desserre ma prise et la laisse lentement glisser sur le sol où elle reste à mes pieds comme un pantin désarticulé. Parfois un soubresaut la fait tressauter. Pathétique. « LAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAADIES AND GENTLEMEN !! WE HAVE A WINNEEEEEEEEEEEEEEEEER !! MUCHAS GRACIAS A NOS CONCURRENTS !! » La voix tonitruante qui s’exprime dans le patois local – un mélange barbare entre Unys, Alola et Hoenn – me vrille les oreilles et me ramène à la réalité. Brusquement j’entends des cris et des applaudissements. Je reprends conscience des gradins et des spectateurs qui entourent la cage dans laquelle nous avons livré combat. L’arbitre – si on peut appeler ça un arbitre puisqu’il n’y a pas de règle lors d'un match de la Ligue Clandestine du Syndicat des Team – s’approche de moi, un sourire jusqu’aux oreilles. Ses yeux, eux, sont aussi ternes que les miens. « VERY GOOD COMBAT. TRES BEAU ! AND NOW, THE MOMENT QUE VOUS ATTENDIEZ TOUS ! LA INDULTO… OR LA MUERTE !! » Je sens comme un frisson secouer la foule. Je la parcours des yeux, étudiant les visages. Des hommes et des femmes, parfois des enfants, au poing levé qui hurlent en postillonnant, une lueur affamée dans le regard. Je sais déjà comment tout ça va se finir. Comme à chaque fois. Il n’y a qu’une seule issue quand on combat dans la Ligue Clandestine. « LA MUERTE ! LA MUERTE ! LA MUERTE ! LA MUERTE ! LA MUERTE ! LA MUERTE ! LA MUERTE ! » Le jugement est sans appel. Je jette à peine un œil sur l’arbitre dont le sourire se crispe et le regard se fait, l’espace d’un instant, menaçant. Je sais ce qui m'arrivera si je n’obéis pas. Alors, lentement, je me baisse et ramasse le corps inerte du Tygnon. D’une main je le soulève par la gorge et le dresse au-dessus de moi. Le néon m’empêche de discerner les traits du Pokémon. Tant mieux. Je n’ai pas envie de voir ce qui va se passer ensuite. « QUOI ? WHAT DO YOU SAY ? UN POCO PLUS FORT ! JE SUIS UN POCO DUR DE LA FEUILLE. » L’arbitre continue son show, crachant des paroles répétées maintes et maintes fois dans son micro avec la même cadence qu’une mitraillette. J’attends. « QU’EST-CE QUE CE SERA ? LA INDULTO OR LA MUERTE ? » « LA MUERTE ! LA MUERTE ! LA MUERTE ! LA MUERTE ! LA MUERTE ! LA MUERTE ! LA MUERTE ! » Le public s’agite de plus en plus. Il est déchaîné ce soir. J’en vois qui broient leur canette de soda avec les mains tandis que d’autres se frappent les cuisses de leurs poings. L’odeur est rance. Ça pue le sang – sûrement parce que mon nez est en train de le pisser – mais aussi la décadence. Et la mort. Le spectacle s’éternise alors que je tiens toujours le Tygnon bien au-dessus de moi. A leurs hourras, je devine que notre auditoire se régale de son supplice. Ça fait partie d’un tout. La vie. La mort. Le combat. Il faut l’accepter. C’est seulement lorsque la galvanisation de la foule arrive à son paroxysme que l’arbitre semble satisfait. Il lève ostentatoirement son bras tenant entre deux doigts un petit mouchoir et offre au public son plus beau sourire. « VERY WELL. JE VOUS AI COMPRIS !! IF JE LÂCHE LE MOUCHOIR, IT’S LA MUERTE. IF JE LE REMETS IN MY POCKET, IT’S LA INDULTO. » « LA MUERTE ! LA MUERTE ! LA MUERTE ! LA MUERTE ! LA MUERTE ! LA MUERTE ! LA MUERTE ! » « LA MUERTE ! LA MUERTE ! LA MUERTE ! LA MUERTE ! LA MUERTE ! LA MUERTE ! LA MUERTE ! » Après une nouvelle poignée d’interminables secondes, le chauffeur de salle lâche finalement son mouchoir et celui-ci va doucement s’échouer sur le sol poussiéreux et maculé de tâches pourpres plus ou moins anciennes. Je sais ce que je dois faire. Mes doigts appuient contre la gorge du Tygnon. Autour de moi la foule n’est même plus en délire. Elle est en transe. Peu à peu, je me laisse gagner par sa frénésie. La muerte ! La muerte ! La muerte ! Ce mot raisonne dans ma tête. Je sers un peu plus fort. Le sang me monte à la tête. Comme autrefois… mais en différent. Ce n’est pas moi qu’on acclame. Ici, personne ne connaît mon véritable nom. C’est le spectacle de la mise à mort qui les met dans cet état. Je ne suis qu'un outil, le vaisseau, la main qui apporte la sentence. Je pense à Hoenn. A Alola. Les deux régions où j’ai brièvement rayonné. Avant de me consumer comme une étincelle. De finir ici. Dans ce trou à rat que le soleil n’éclaire jamais. Eter City, la ville où tout a le goût de la cendre froide. Les os craquent un par un. L’arbitre est surexcité. La foule hurle sa joie. Les borborygmes de mon ventre me rappellent que je vais passer une sale nuit. Le sang me bat les tempes. Et par-dessus tout ça, le bruit de ces néons qui m’agacent. Je voudrais rentrer chez moi. La vie. La mort. Le combat. Putain, mais qu’est-ce que je fous là ? |
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