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Lecture d'un chapitre
| Lecture du chapitre 3 | |
|---|---|
| Nom de l'œuvre : Je suis un Évoli [concours Let's Go] | Nom du chapitre : Il est temps |
| Écrit par Shiny Cyan | Chapitre publié le : 29/10/2018 à 20:32 |
| Œuvre lue 1427 fois | Dernière édition le : 31/10/2018 à 01:57 |
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| Mes coussinets me font mal, mais ça ne m'empêche pas de continuer à grimper. Les pentes bordant le Mont Sélénite sont assez glissantes, surtout lorsqu'il pleut...comme maintenant à vrai dire. Je n'ai jamais été aussi près du but qu'à présent, je n'ai pas le droit d'abandonner. L'instant de vérité se rapproche à grands pas. Malgré la tempête s'acharnant sur moi, je trouve tout de même la force de résister et de continuer à grimper. Les Mélofées du Mont m'ont prévenu qu'une tempête arrivait, qu'il valait mieux s'abriter dans les grottes, mais ce n'est pas dans une grotte que j'aurais la chance de rencontrer Mew. S'il doit se trouver quelque part, à Kanto, c'est bien dans un endroit hors de portée des humains et des pokémons. Cette tempête, violente et faisant danser les arbres, je la vois davantage comme une ultime épreuve plutôt qu'un barrage impénétrable. Je suis petite, inutile en combat et n'ayant aucune intention d'évoluer, certes, mais ma volonté est bien plus forte que n'importe qui. Sans vouloir me vanter. D'après les dresseurs, les Évolis sont faits pour évoluer en Aquali, Pyroli ou Voltali. Mais je ne suis pas du même avis. Ces dresseurs, au lieu de forcer leurs Évolis à évoluer, devraient d'abord être à leur écoute et avoir leur autorisation avant de faire n'importe quoi et de jouer au petit génie, à manier les pierres d'évolutions comme s'il s'agissait de simples jouets à usage unique. Soudainement, une roche dévale la pente que j'escalade, me frôlant de très près. Je l'entends continuer sa chute jusqu'à ce que le tintamarre de la pluie et du vent soufflant sur le Mont Sélénite ne rende le tout inaudible. Le cœur battant à un rythme effréné, je garde mon calme et déglutis. Je dois me concentrer davantage, je sens que je suis à deux doigts du sommet ! Ma patte arrière dérape sur un tas d'herbes mouillées, me faisant perdre l'équilibre. Je me rattrape sur la branche d'un buisson, la serrant entre mes minuscules crocs. En poussant avec mes pattes avant, je parviens à me remettre sur mes quatre pattes et ainsi je continue mon ascension. Malgré le vent froid soufflant sur mon pelage, j'ai chaud, horriblement chaud. Tous les efforts que je fournis me réchauffent, tous mes muscles sont en pleine activité et je suis moi-même étonnée que mon corps réussisse à garder la cadence malgré tout ce que je lui demande. J'ose jeter un regard par-dessus mon épaule, espérant au moins voir une partie du paysage de Kanto, mais il n'en est rien. Tout est brouillé par la tempête. Peut-être qu'une fois que j'atteindrai le sommet, y verrais-je plus clair ? Plus le temps passe, plus je me retrouve exposée à davantage de situations dangereuses : Un coup de vent violent qui me désoriente, une branche d'arbre qui se brise et m'érafle le dos, des chutes de roches que j'évite de justesse... Les conditions météorologiques aussi se font plus extrêmes, le vent est plus fort et la pluie plus virulente. Des éclairs dansent et illuminent les nuages qui m'entourent, le tonnerre les accompagne quasi-instantanément, provoquant une symphonie des plus perturbantes pour mes pauvres oreilles. Je n'ai pas peur des orages, ni des tempêtes et encore moins de la pluie, sinon je ne serais certainement pas là , à escalader le Mont Sélénite, seule. Mon ascension ralentit quelque peu, mais je ne me stoppe en aucun cas. Malgré la fatigue qui se fait sentir, je ne dois pas abandonner. De longues minutes passent, voire des heures, je n'ai malheureusement plus la notion du temps depuis le début de mon ascension. Tout ce que je sais, c'est que le soleil était encore haut dans le ciel lorsque je suis arrivée au pied du Mont Sélénite. En m'y rappelant, je repense à l'agent Jenny, cette femme si attentionnée qui m'a accompagnée jusqu'à Azuria. Le trajet à moto fut trop court à mon goût, je m'étais faite au ronronnement de cette machine et à vrai dire, je me sentais bercée, sereine et en sécurité. Cette sensation, j'aurais voulu qu'elle dure un peu plus longtemps. Mais la route fut plus courte que ce dont je pensais. Une fois arrivées à Azuria, l'agent Jenny m'a dit au revoir, me conseillant de faire attention aux pokémons sauvages et aux dresseurs traînant près du Mont Sélénite. Sans attendre plus longtemps, je quittais Azuria, cette fois seule, pour faire face à mon destin. Mais... La réalité... Finit toujours par nous rattraper... Un très court moment d'inattention me fait trébucher, et cette fois, je ne peux pas me rattraper. Mes pattes ne parviennent pas à rester sur l'herbe et la terre, mes crocs ne parviennent pas à saisir quoi que ce soit et mon corps, fatalement, chute du Mont Sélénite. La pluie m'accompagne dans ma chute, de même que le vent qui semble même l'accélérer. Au moins, étais-je près du but ? Le sommet...était-il encore loin ? * Tu es sûre de vouloir partir ? * * C'est dangereux pour un Évoli de partir seul. * * Tu es folle ! Tu n'y arriveras jamais ! * * Complètement inconsciente ! * * Elle va se faire capturer avant d'atteindre la première ville. * * Idiote ! Reviens ! * * Laissez-la, elle reviendra quand elle se rendra compte de sa bêtise. * Fermant les yeux et me rappelant des dernières paroles entendues par mes semblables avant de partir en voyage, je me sens étrangement bien tout à coup. Comme si mon corps était enveloppé d'une bulle protectrice... - « Évoli... » J'ai presque l'impression d'entendre une voix. Une voix extrêmement pure. Une voix comme j'en n'ai jamais entendue... - « Il n'est pas encore l'heure de sombrer... » J'ouvre les yeux, lentement, avant de les écarquiller. Je pensais mon corps entouré d'une bulle, mais il s'agissait d'une image, pas de la réalité ! Qu'est-ce qu'il m'arrive ? Quelle est cette sphère rose dans laquelle je me trouve ? - « N'aie pas peur, Évoli, tout va bien. » Cette voix, à qui appartient-elle ? Je me tourne. Et je vois. Est-ce réel ? Ou suis-je dans une illusion ? Tout cela me paraît trop beau, trop merveilleux, trop idéal pour être vrai ! Cet être n'est pas issu de mon imagination. Alors...le Persian de Céladopole avait raison... A l'intérieur de la bulle se trouve l'ancêtre de tous les pokémons, un ancêtre dont l'existence a maintes fois été remise en question. Je ne peux y croire...non, je dois y croire ! Ce n'est pas le moment de douter. L'heure n'est plus au doute. - « Je comprends que tu sois confuse, que tu ne comprennes pas vraiment ce qu'il t'arrive. Mais... » Mew. Le corps rose. Les yeux grands et bleus. On dirait qu'il lévite dans cette bulle, bulle qui, à mon avis, doit être de sa création. - « Tu as vraiment eu du sang-froid, n'est-ce pas ? » Me demande-t-il en fermant les yeux. « Tu as escaladé le Mont Sélénite, toute seule, en pleine tempête, tout ça pour me rencontrer. » Comment sait-il ? Par quel prodige peut-il savoir que je suis venue de l'autre bout de la région pour lui ? Cet être me fascine. Complètement. - « Mais crois-tu que tout cela en valait la peine ? Tu as risqué ta vie pour me rencontrer... - Mew ! » Je l’interromps, sentant le moment venu pour enfin lui parler. « Je...je suis... » Mew penche la tête sur le côté et me sourit, son aura m'apaise et me permet de calmer ma respiration précipitée due à l'adrénaline que je ressens en ce moment précis. Rencontrer l'ancêtre de tous les pokémons, ce n'est pas quelque chose de commun. - « Ce n'est pas la peine de te présenter, Évoli, je sais qui tu es, les épreuves que tu as traversé, les risques que tu as encouru, les rencontres que tu as faites. Je t'ai secrètement observé, depuis ton départ jusqu'ici. - Pourquoi ? » Ce mot est le seul que je parviens à prononcer. Ce mot plein de sens et plein d'incertitude à la fois. - « Pourquoi ? » Je me répète en baissant légèrement les oreilles. « Pourquoi moi ? Pourquoi suis-je si faible ? Pourquoi ai-je du mal à accorder ma confiance aux humains ? Pourquoi ne puis-je pas évoluer normalement, comme les autres pokémons ? Pourquoi je... » Mew s'approche de moi et recouvre ma bouche de sa patte, le tout d'une douceur que je n'ai jamais connu jusqu'à présent. - « Évoli, toutes les réponses à ces questions ne peuvent être répondues par un pokémon comme moi. » Il se stoppe un instant, me laissant le temps de digérer ce qu'il vient de m'annoncer. « Tu as fait tout ce chemin pour me poser des questions, des questions dont les réponses ne se trouvent pas en les demandant. Ce sont des réponses que tu cherches seul, au gré du temps qui passe et des aventures que tu vis. Il n'y a point de réponses à ce genre de questions. » Point de réponses...à ce genre de questions ? Que veut-il dire ? Est-ce que cela signifie que ce voyage...n'a servi à rien ? - « Tu as l'air perdue. » Remarque Mew avant de regarder ailleurs. « Peut-être que ceci t'aidera à y voir plus clair. » Soudainement, la bulle dans laquelle nous nous trouvons éclate. Mes pattes se posent délicatement sur de l'herbe verdoyante, un vent léger souffle sur mon pelage et ce qui se dévoile devant mes yeux dépasse tout ce dont je pouvais espérer. Devant mes yeux ébahis, un coucher de soleil sur une mer de nuages comme j'en ai rarement vu des semblables. Un coucher de soleil aux teintes chaleureuses, rouges, orangées et apportant avec lui les premières étoiles du soir. Les nuages au-dessous du soleil ressemblent à une immense prairie de cotons dont les couleurs s'apparentent à celles du feu. Mais pas le feu qui détruit, non, le feu qui réchauffe lors des nuits d'hiver, le feu qui nous fait sentir vivants, qui fait battre notre cœur et apaise jusqu'à notre âme. Ce coucher de soleil, majestueux au possible, me fait presque oublier la présence de Mew à mes côtés. Sans détourner la tête de la vue, je murmure doucement : - « Je pense que...je comprends à présent. » Je sens le regard bleuté de mon interlocuteur se poser sur moi. « Je me suis trop longtemps posée des questions auxquelles je pensais trouver une réponse auprès de la seule personne qui, d'après moi, pouvait la détenir. Je sais qui je suis, ce dont je suis capable et incapable. Certes, j'ai encore du mal à avoir confiance aux humains, au dresseurs, mais après ma rencontre avec l'agent Jenny et l'infirmière Joëlle... » En repensant à elles, je ne peux m'empêcher d'éprouver de la joie. « Je me sentais si bien, si tranquille, en paix avec moi-même...à leurs côtés, j'avais l'impression que plus rien ne pouvait me faire de mal. Je crois que...si un jour, je rencontre une personne comme ces deux humaines...je pense que je serais prête à partir à l'aventure avec elle... » Respirant profondément, je redresse la tête et me tourne finalement vers l'ancêtre des pokémons. Ce dernier hoche doucement la tête tout en continuant de léviter dans les airs, à ma hauteur. - « Et concernant ta force, ne la sous-estime jamais, Évoli, tu as su gravir le Mont Sélénite par tes propres moyens, tu dis être faible mais rends-toi compte de ce que tu as accomplis, pas seulement aujourd'hui, mais tout le long de ton voyage...non, de ta quête initiatique. » Mew se met à voltiger, sa grâce me laissant sans voix. Il s'arrête face à moi, les rayons du soleil derrière-lui l'enveloppent et accentuent son côté fabuleux, légendaire et mystique, le hissant au même niveau qu'une divinité. « Bien entendu, tu auras encore beaucoup de questions en tête, tu vas rencontrer d'autres dangers, d'autres personnes te voulant du mal comme des personnes te voulant du bien, mais n'oublie jamais que tu n'es pas un pokémon faible. Nul pokémon ne l'est véritablement, à moins que tu décides de l'être... » Un halo lumineux commence à entourer l'ancêtre des pokémons, que se passe-t-il ? Va-t-il partir ? Non, pas maintenant ! Pas tout de suite ! Tout va beaucoup trop vite pour moi ! Je... - « Ton voyage est loin d'être terminé, Évoli, il vient à peine de commencer. Je vais au moins te faire descendre d'ici, histoire que tu ne tombes pas une nouvelle fois, ce serait cruel de ma part de te laisser toute seule au sommet du Mont Sélénite, n'est-ce pas ? » Mew éclate de rire avant que le halo de lumière cache totalement le coucher de soleil. « Blague à part, je ne me fais pas de soucis pour toi. Tu es forte, tu as certes encore beaucoup à apprendre, mais n'est-ce point le désir de connaissances qui rend ce voyage qu'est la vie plus intéressant ? Et puis...nous nous reverrons bientôt... » La lumière finit par nous entourer tous les deux, une lumière blanche, vive et m'obligeant à fermer les yeux. Mew...merci pour tout. Quelques jours plus tard... J'entends du bruit dans les fourrées. Que se passe-t-il ? Je me redresse, tous mes sens aux aguets. Mes oreilles essaient de capter la provenance de ce bruit. Ce sont des bruits de pas. Je les entends, ils se rapprochent. Décidée, je me dirige vers la provenance de ces sons. Je sors des hautes herbes. Une silhouette se dresse devant-moi. Nos regards se croisent. Une étincelle. Un déclic. Cette personne... Non. Pas n'importe quelle personne. Depuis longtemps. J'attendais cette rencontre. Après tout ce temps. Enfin. L'aventure commence. Fin |
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