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Lecture d'un chapitre



Lecture du chapitre 2
Nom de l'œuvre : Le Chant de l'Aube [concours Let's Go] Nom du chapitre : Une Amitié Rêvée
Écrit par FeelReal Chapitre publié le : 31/10/2018 à 21:07
Œuvre lue 1767 fois Dernière édition le : 13/1/2019 à 02:47
Voici à présent plusieurs jours que Pikachu passait ses fins de journées au bord de l’étang, et voici également plusieurs jours qu’il attendait l’arrivée de son mystérieux ami Évoli. La solitude qui avait place entière dans sa vie sauvage, lui semblait maintenant d’une langueur peu accommodante depuis sa rencontre avec Évoli qui l’en avait tiré le temps d’une nuit. « Peut-être que tout ceci n’était qu’une divagation, peut-être que tout n’était que songe et mensonge » se dit-il, amer, au bord de l’eau.

L’après-midi touchait à sa fin. La poussière s’élevait de la route principale, sous les sabots des Tauros qui regagnaient le village. Un Yanma se posa d’un pied léger sur un nénuphar qu’éclairait un rayon orangé du couchant. « La libellule rouge, comme le Yanma, ouvre la saison de l’automne et marque la fin de l’été » dit une voix familière. Pikachu se retourna et vit le Démolosse qu’il avait su leurrer l’autre soir. Il en tressaillit et se figea. « Inutile de se mettre dans de tels états, je ne suis pas venu pour me battre » dit calmement Démolosse en s’avançant à la rive pour s’abreuver. « Tu as eu du cran l’autre jour, il faut l’avouer, et j’apprécie cela. Tu ne manques pas de génie non plus » reprit Démolosse en s’asseyant avec fierté. « Tu n’étais pas vraiment sérieux lorsque tu disais vouloir faire de ce point d’eau ton territoire, dit Pikachu un peu craintif. — Eh bien cela se voyait à ce point ? dit Démolosse avec un sourire gêné, quand on est chef d’une troupe, on est parfois soumis à la pression de la meute, il faut de temps en temps apporter du nouveau, satisfaire le clan, et garder l’emprunte de son autorité. C’est la loi du plus fort qui nous guide comme elle guide certains autres clans. Mais ce point d’eau, je l’admets, ne devrait appartenir à personne. » Il se leva et s’en retourna.

Le soir tomba, la dernière lueur du jour expira à l’horizon derrière les roseaux de l’étang. « Inutile de s’attarder ici, se dit Pikachu en se levant. — Oui, allons-y, répondit une voix. » Pikachu tourna la tête d’un mouvement aussi vif que prompt, et vit, assis à la place où fut Démolosse, Évoli l’air jovial, la queue et les oreilles en brèves vibrations saccadées. « Mais depuis quand es-tu là ? dit Pikachu — Depuis un bon bout de temps, répondit l’autre, eh bien il faut dire tu en passes du temps à rêvasser en solitaire dis-moi. — Je me languis dans l’attente depuis longtemps et tu ne trouves pas mieux à faire que de te faufiler à côté pour me narguer ?! s’exclama le naïf Pikachu — Pardon, pardon, répondit Évoli en exécutant une vive pirouette, je ne t’ai jamais oublié, moi qui te cherchais aussi depuis si longtemps. Allons, partons ! — Où donc ? — À l’aventure, bien sûr ! rien de tel qu’une escapade nocturne. Suis-moi. ».

Ils quittèrent l’étang et s’en allèrent par les plaines et les champs ; la demi-lune et les étoiles qui scintillaient d’une lueur à la fois pâle et ardente éclairaient la terre, projetant les ombres de nos deux amis sur le sol. Évoli s’ébattait folâtrement parmi les champs de lavande au parfum envoûtant, on aurait cru qu’il dansait avec son ombre. Des Ortide, des Rafflesia et des Chétiflor se promenaient ça et là parmi les plantations, se livrant à l’exercice de leur Croissance, Doux Parfum, Synthèse et Rayon Lune, apportant par là leurs bienfaits aux cultures. Pikachu appréciait la vie nocturne, c’était un spectacle différent que celui du jour avec les pokémons en pâturage et les Piafabec piaillant d’émoi. La nuit se pourvoit d’une harmonie apaisante, car le silence est tel que le moindre son, le moindre hululement d’un Hoothoot, ou le moindre coassement d’un Cornèbre résonne longuement à travers les plaines avant de s’éteindre comme un langoureux soupir. Parfois un Rattata cheminait furtivement à travers les herbes.

Après avoir tous deux longuement batifolé, il s’allongèrent sur une colline voisine du village. « Il y a bien longtemps que je ne m’étais plus autant senti aussi enjoué, aussi heureux, dit Pikachu, pas depuis l’époque où j’étais à la forêt… ou bien avec mon ancien maître. » Puis il devint mélancolique, il se souvint de son abandon, alors la méchanceté des hommes lui parût se présenter dans toute sa laideur. « Raconte-moi… dit Évoli, raconte-moi tout. » Alors Pikachu parla en ces termes :

« Je vivais autrefois dans une forêt auprès de mes semblables, je ne manquais de rien. Un jour, je fus capturé, mis en captivité, puis remis à un jeune dresseur qui initiait alors son voyage. Cela m’a semblé l’occasion rêvée pour m’enfuir et retrouver ma liberté, j’en ai même eu l’occasion à plusieurs reprises ; mais je n’ai jamais fui car j’ai peu à peu appris à connaître mon maître ; ça n’a pas été facile mais beaucoup d’épreuves et de routes traversées ensemble nous ont liés. J’étais son seul et unique pokémon, et bien que je n’aimais pas le combat, il ne m’a jamais forcé à me battre ; il me considérait plutôt comme un compagnon de voyage. Découvrir le monde et les villes, voir du paysage et des nouveautés c’était là le but de son périple auquel je prenais goût. J’ai passé presque un an en sa compagnie, et la dernière fois que je l’ai vu était à Céladopole… c’était un jour sombre et pluvieux, lorsque nous nous apprêtions à sortir du Centre Pokémon où nous avions passé la nuit. Je ne connais pas les circonstances exactes de notre séparation, mais lorsque je sortis de ma pokéball, j’étais alors entre les mains d’un autre dresseur odieux et tout de noir vêtu. Mon dresseur originel m’a sans doute échangé ou alors confié à ce nouveau maître. Mais ce dernier, s’apercevant très vite de mon inaptitude au combat, comme de ma désobéissance, me relâcha bien vite sous prétexte que je lui étais inutile. C’est ainsi que je vis depuis aux abords de la citadelle de Céladopole. »

Les yeux débordant de larmes, Pikachu contemplait le ciel de nuit. À ce discours, la jovialité d’Évoli se teinta de mélancolie ; il regardait fixement le sol. « Tout ce temps passé auprès de mon premier maître me revient souvent en rêve, ajouta Pikachu. Mais il faut bien que je m’y fasse : j’ai été abandonné ; mon second maître, lui, a été plus franc. — Ton premier maître tenait réellement à toi, dit Évoli, peut-être que des circonstances inattendues vous ont mené à la séparation. — C’est ce que j’aimerai croire, dit Pikachu. Mais qu’en sais-tu ? Toi qui erres le soir à ta guise, qu’en sais-tu des liens qui nous unissent aux humains, de ces mêmes liens qui se renforcent par le voyage ? — Oh, mais j’ai également eu plus d’un dresseur, dit Évoli, et j’ai beaucoup voyagé avec mon dernier maître. — Mais, alors toi aussi, tu es abandonné ? » supposa Pikachu sidéré. C’est alors qu’il se tut et écouta l’histoire d’Évoli.

« Mon maître originel habitait le manoir Céladon, c’était un homme en embonpoint qui menait une vie oisive et casanière ; et, d’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été à ses côtés. Il disait m’avoir vu éclore de l’œuf. Quant à moi, je lui tenais compagnie dans sa demeure, et bien que je ne manquais de rien, les jours étaient parfois longs et ennuyants quand il était absorbé dans son travail. En voyant ma santé se dépérir peu à peu par manque d’activité, il s’est résolu à me confier à un jeune voyageur venu lui rendre visite. C’est ainsi que je quittai pour la première fois le manoir Céladon et découvris la ville et le monde extérieur par-delà ses murs. C’était un nouveau souffle d’aventure insufflé à ma vie. Bien que j’étais également le seul et unique pokémon de mon nouveau dresseur, il me traitait avec beaucoup d’affection. Je ne l’oublierai jamais... »

La silhouette d’Évoli, immobile, parut à présent pâle, et ses yeux s’assombrirent. Pikachu comprit qu'Évoli fut également séparé de son maître, et peut-être même très récemment. Un sentiment d’empathie solidaire naissait peu à peu des les cendres ravivés de son cœur. Évoli se reprit et redevint à nouveau enjoué : « Allons, cessons de ressasser le passé ! Viens, partons, il faut que je te montre quelque chose ! » Après s’être redressés promptement, Évoli rejoignit la route principale en direction du village, Pikachu le suivit. « Nous courons comme le Cerfrousse, enivré de son propre parfum, court après son ombre sous la lune ! lança Évoli tout fou. — Il ne peut perdre sa route s’il erre déjà à la poursuite de sa propre silhouette, répondit Pikachu dans leur course. — On cherche ce qu’on ne peut trouver, et on trouve ce qu’on ne cherche pas ! » compléta Évoli.

Nos deux amis arrivèrent au seuil de l’entrée du village. Le silence de la nuit régnait en ces lieux endormis. Sous le ciel étoilé, les étables et les chaumières étaient tous confondus dans une demi-teinte générale ; quelques nuages de fumées s’émanaient des toits, et une odeur agréable et chaleureuse de foin et de fourrage embaumait l’air environnant. Évoli suivi de Pikachu s’engagèrent dans le village ; des deux côtés de la rue, les maisons sont silencieuses et semblaient paisiblement rêvasser. À travers les portes entrouvertes des étables, Pikachu apercevait les Wattouat, et les Écrémeuh plongés dans un somme tranquille. Après un détour par une ruelle encombrée d’une charrette chargée de flacons de lait, Évoli et Pikachu arrivèrent devant l’entrée d’une grange remplie de foin.

« Tu couches à la belle étoile sur ton arbre, moi c’est ici, dans ce palais, que je niche » dit Évoli en feignant de mimer un air noble. Ils pénétrèrent dans la grange et montèrent les escaliers de pierre jusqu’au dernier étage ; là, près de la fenêtre, la lune donnait sur les carreaux et projetait dans la pièce sa blême lueur bleutée. D’étranges formes et silhouettes se dessinaient sur le sol entre les amas de foin. Le lieu était, à vrai dire, d’un charme rustique sinon quelque peu sinistre. « Il se fait très tard maintenant ; après nos joyeux efforts, vient le réconfort ! » dit Évoli qui se jeta à corps perdu dans un tas de foin et s’y roula en boule, s’apprêtant à dormir. Pikachu fit de même, tout heureux de s’endormir auprès de la chaleur d’un ami. Pour une fois depuis longtemps, il se couchait satisfait, le coeur léger et ravivé, avec l’espoir d’un lendemain paisible.

À l’aube, il s’éveilla avec les chants des Passerouge. Après s’être frotté les yeux, il promena un regard à demi éveillé sur les alentours de la pièce qu’éclairaient maintenant les premiers rayons du soleil. Évoli n’était plus là. Alarmé, Pikachu crut d’abord à une farce de sa part, il commença par l’appeler ; après quoi il commença à fureter dans tous les sens, à explorer tous les recoins jusqu’au moindre meuble. En vain. Évoli avait disparu. Encore une fois, à nouveau. « Tout ceci n’était peut-être qu’une vaste rêverie, une vaine illusion, une chimère trop réelle pour pouvoir en douter lorsqu’elle apparaît » se répéta Pikachu éperdu, stupéfait, et épouvanté. Il s’assit à la fenêtre ouverte de la grange. Une jeune voyageuse cheminait le long de la route du village, à travers la brume et la rosée du matin. Une ceinture à pokéball était à sa taille, et le rayonnement du soleil levant se reflétait sur ses cheveux d’un doux châtain qui se séparaient au dessus de son front et lui tombaient des deux côtés du visage. Ses prunelles étaient d’un vert de jade tirant sur le bleu le plus pur par moment. C’était un regard plein de vie ; c’étaient des yeux qui avaient une vivacité, une ardeur, une transparence resplendissante, qui à eux seuls réunissaient l’azur du ciel et la verdure des plaines d’un beau jour de Mai. Elle s’arrêta devant l’étable des Écrémeuh, s’assit au seuil de la porte, et commença à tresser ses cheveux.

Pikachu ne perdit pas une minute. Il devait sortir du village avant que l’activité des hommes ne reprenne son effervescence. Il quitta la grange, et arpenta la rue principale en direction de la sortie. C’est ainsi qu’il passa près de la jeune voyageuse toujours assise à l’entrée de l’étable. Leurs yeux se rencontrèrent, leurs regards s’aimantèrent. Pikachu interrompit sa course un instant. La main de la jeune demoiselle, brassa l’air avec une grâce, une sensibilité toute particulière en lui faisant signe de venir. Pikachu, de nature craintive et naïve, hésita un instant, puis s’enhardit et s’approcha farouchement d’elle. Elle sorti de sa sacoche quelques provisions et les lui tendit. Pikachu se servit et picora les quelques granulés. « J’ignorais qu’un Pikachu s’aventurait dans les parages, si loin de sa forêt », dit la jeune fille avec un sourire doux et charmant encadré de ses fines lèvres rosées. Sa main caressait délicatement la tête de Pikachu en plein régal. « Moi je suis de la grande ville voisine, j’habite Safrania. Je passe de temps en temps ici pour rapporter du lait frais à la maison. » À peine eut-elle finit sa phrase que notre intrépide Pikachu termina son repas, et se faufila en direction de la sortie du village. Laissant la jeune dresseuse debout, le regardant s’éloigner.

Pikachu arriva au pied de son arbre, essoufflé et pantelant. Un tourbillon d’émotions et de pensées défilaient dans son esprit ; déchiré entre ses souvenirs du passé, sa confiance meurtrie pour les humains, son amitié peut-être irréelle avec Évoli de nouveau disparu. Tous ces ressentis en son coeur le rendaient amer et affligé. Le jour était bel et bien levé à présent. Mais Pikachu avait besoin de replonger dans le sommeil pour récupérer de son abattement. Il rejoignit sa nichée dans le creux de son arbre, s’y installa, et s’y sentit un peu à l’étroit. Il scruta alors des yeux sa niche. Quelle stupeur ! quel étonnement ! c’est là qu’il croit y voir Évoli endormi ; il le voyait bien en effet, car c’était lui-même. Son coeur, âpre et glacé il y a peu, se réchauffa alors en un instant ; puis ses paupières devinrent lourdes et se fermèrent dans la chaleur de cette retrouvaille.

À midi, Pikachu se réveilla, seul dans sa niche. Il sortit la tête par dehors son creux pour regarder aux alentours. « Enfin réveillé ? » dit une voix. C’était Évoli depuis la cime de l’arbre. Alors Pikachu reprit espoir et se refit en sa force usée, il se sentit semblable au Héliatronc des champs qui se clôt et se penche au gel de la nuit, puis qui se redresse sur sa tige et s’épanouit quand le jour l’éclaire. Nos deux amis descendirent au pied de l’arbre. Ils se regardèrent un instant dans les yeux en silence ; les rayons du soleil perçaient à travers les feuillages et éclairaient leur visage. Pikachu, souriait et levait des yeux pleins de larmes. Ainsi, depuis ce jour, nos deux pokémons ne se quittèrent plus pendant un long moment ; ils vécurent ensemble au sein du grand arbre pendant ce mois de Septembre rougissant à mesure que passent les jours. Il partageaient vagabondage, nourriture et bon temps ensemble. C’était une amitié idyllique.
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