Le souffle commençait à lui manquer. Elle haletait et c´était avec difficulté qu´elle continuait cette course effrénée. Grenat n´osait pas regarder derrière elle le monstre qui les poursuivait sans relâche. A intervalles plus ou moins réguliers, le jeune homme dont elle venait d´apprendre le nom l´encourageait sans pour autant s´arrêter. Djidane ne semblait pas essoufflés. Il devait sans doute y être habitué à force de vagabonder dans la rue, se disait-elle. Pour une Princesse de son rang c´était une honte, un scandale que de courir ainsi en si mauvaise compagnie. Il était vrai que ces hommes étaient loin d´être galant et la jeune femme qui les suivait n´était pas non plus très distinguée. Tout en courant, Rubis dévorait Djidane du regard et ça ne plaisait pas à la jeune fille qui ressentait un sentiment qu´elle aurait assimilé à de la jalousie si elle ne se connaissait pas si bien… Mais pourtant elle prenait un étrange plaisir à être avec eux, elle se sentait enfin libre. Les soucis du monde ne pesaient plus sur ses fragiles épaules le temps de cette fuite. Elle avait toujours était plus mûre que les autres jeunes filles, peut-être était-ce dû à la solitude, aux responsabilités qu´on lui avait imposées alors qu´elle n´était qu´une enfant, au décès de son père tant adoré qui était aussi brutal et inattendu que douloureux ou encore à son manque d´amis. Elle ne le savait pas. En revanche, elle connaissait pertinemment la souffrance infligée par la mort du brave et aimé roi et la précipitation qu´elle avait entraînée. Dès lors tout le monde avait compté sur l´enfant de dix ans qu´elle était alors. Et elle n´était plus considérée comme une petite fille. Il y avait bien sûr Barnet mais cette vieille femme aigrie et revêche n´attirait de la sympathie à personne si ce n´était à la petite fille de son défunt époux. Puis bien sûr, Grenat n´avait pas vraiment d´amis, une future reine devait restait avec les personnes de son rang. Elle en avait beaucoup souffert. La solitude lui pesait surtout lorsqu´elle regardait les petites filles de son âge s´amusaient au pied du château. Du haut de sa chambre, elle les enviait. Elle pouvait les observer des heures durant. Personne ne pouvait la voir. Mais de son balcon la petite fille qui voulait tant être comme les autres s´amusait de leurs jeux et même de leurs disputes futiles et puériles. Perdue dans ses pensées, elle ne sentit pas le jeune Tantalas qui accélérait et ne l´entendit pas non plus lui criait qu´ils seraient bientôt sortit d´affaires.
Le corps de son père étendu devant ses yeux dans le grand lit incrusté de pierre précieuse ressurgit brutalement dans son esprit. La couronne posée avec désinvolture sur la table de nuit avait attiré son attention cette tragique nuit là . Son père avait toujours était un homme très soigneux et il tenait beaucoup à sa couronne. Un jour, étant enfant, la petite Princesse avait joué avec et elle ne se souvenait pas d´une colère plus grande que celle-là . Elle avait un souvenir très précis de la manière dont la couronne avait était placée mais elle n´y avait pas fait très attention du haut de ses dix ans. La Grenat adulte secoua la tête sentant les larmes lui monter aux yeux, chassant difficilement la Grenat enfant sanglotant face au corps déjà froid de son père qui comptait tant pour elle. Un écart assez conséquent s´était formé entre elle, Djidane et les autres Tantalas. Grenat di Alexandros sentit la culpabilité l´assaillir ce qui n´arrangeait pas son insoutenable envie de pleurer. Les autres étaient plus loin et Djidane risquait de les perdre de vu parce qu´il devait traînait une jeune fille de bonne famille qui n´avait pas vraiment couru depuis son enfance. Pourtant le Tantalas ne s´énervait pas et continuer à l´encourager du mieux qu´il pouvait malgré la lueur inquiète qui brillait dans ses yeux. On entendit au loin Bach hurler. Bientôt une forme se rapprocha d´eux, apparemment Rubis inquiète pour le garçon dont elle était éprise les avaient rejoint. Djidane fronça les sourcils. Au lieu d´une il devrait à présent se chargeait de deux filles ! Même si Rubis était de loin plus agiles que Grenat. La jeune Princesse capta alors le regard furibond de la jeune fille. Ses yeux lui en disaient long. Elle n´était pas la bienvenue parmi eux, Djidane était à elle, elle avait intérêt à se tenir à carreaux, et elle s´arrangerait pour se débarrassait de sa rivale probable le plus vite possible. Grenat ressentit un gouffre énorme se creuser sous ses pieds, de nouveau on la repoussait, elle n´aurait jamais d´amis, et elle était condamnée à la solitude… |