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Lecture du chapitre 6 | |
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Nom de l'œuvre : Tales Of Darkness | Nom du chapitre : L'heure des adieux |
Écrit par Kazumi | Chapitre publié le : 11/12/2005 à 16:40 |
Œuvre lue 41000 fois | Dernière édition le : 11/12/2005 à 16:40 |
Sélès, allongée sur un transat, un verre d´orangeade à portée de main, regardait défiler devant elle les touristes venus passer leur vacances à Altamira. Son attention était particulièrement concentrée sur les garçons de seize à vingt ans, qui évoluaient sous ses yeux avec l´assurance nonchalante des hommes habitués à draguer quinze fois par jour. À Altamira, les mÅ“urs strictes de Tesséha´lla n´avaient plus prise. Ici, on flirtait, draguait, embrassait sans complexe ni tension. Ça changeait agréablement. En deux semaines de séjour, le physique de Sélès avait considérablement évolué. Elle avait forci, sa peau avait pris la couleur du pain d´épice. L´enfant malingre du couvent de Meltokio n´était plus qu´un souvenir. Sélès avait foutu ses robes de religieuse au feu dès le premier jour, et avait écumé les magasins de la ville pour faire l´acquisition de fringues dignes de la ville d´Altamira. Des robes légères, aux couleurs vives, qui lui allaient remarquablement bien. Des maillots aussi. Sélès passait la majeure partie de sa journée à la plage. Le soir, elle rentrait à l´hôtel pour se changer et se maquiller, puis elle se rendait ensuite au casino et au théâtre, où il lui arriver de croiser les pèlerins qui semblaient avoir définitivement abandonné leur campagne religieuse. Le regard vide, une bouteille à la main, les pèlerins dévoués de la caravane déambulaient au milieu d´un tourbillon de débauche et de plaisir. La déesse Martel pouvait aller se rhabiller. Sélès et Lysa avaient loué une chambre dans l´un des hôtel les plus prestigieux de la ville. Les ressources financières de Lysa semblaient inépuisables. Sélès préférait ne pas en savoir plus sur la manière dont son amie avait obtenu cet argent. Elle donnait de bons pourboires, c´était l´essentiel. En d´autres circonstances, Sélès se serait probablement indignée de la manière dont Lysa gagnait sa vie : le vol était sévèrement réprimandé par les enseignements de l´Eglise de Martel. Désormais, l´ex-couventine s´en moquait. Sélès avait progressivement cessé de croire en Martel au contact de Lysa. De plus, la religion lui rappelait son passé au couvent de Meltokio, ce qu´elle préférait oublier. Sélès se leva lentement et s´avança vers les vagues qui venaient lécher ses pieds nus. L´eau était délicieusement tiède. Elle entreprit de faire quelques brasses, malgré la morsure du sel qui lui picotait la peau. Le vent marin soulevait des gerbes d´écume, et Sélès jugea plus prudent de fermer les yeux. Elle fit quelques longueurs dans l´eau. Puis, épuisée par cet important exercice physique, Sélès rejoignit son transat et se laissa sécher au soleil. Alors qu´elle sirotait son orangeade devenue chaude sous l´effet de la chaleur, elle songea à Lysa. Dès leur arrivée à Altamira, la Demi-Elfe s´était aussitôt précipité à la bibliothèque de la société Lézaréno, qu´elle ne quittait plus depuis bientôt deux semaines. Elle passait ses journées à exécuter de pénibles recherches, prendre des notes, qu´elle compulsait ensuite pendant des heures, dans leur chambre d´hôtel. Lysa ne mangeait presque pas et ne prenait pas une minute de repos. Les touristes la croisaient dans les couloirs de l´hôtel à des heures impossibles, les yeux dans le vague, marmonnant une suite de mots inaudibles dans sa barbe. Les pages de son carnet vert qui ne la quittait plus étaient couvertes de croquis alambiqués, de gribouillis indéchiffrables, d´annotations en rouge. Lorsque Sélès avait tenté de se renseigner sur le sujet de ces incessantes recherches, elle s´était fait rabrouer. Lysa faisait souvent l´aller-retour entre le magasin d´équipement et la chambre d´hôtel, pour acheter des objets dont elle disait avoir impérativement besoin. Sélès se demandait pourquoi son amie aurait-elle l´absolue nécessité d´une paire de bottes polaires et d´un chandail alors qu´il faisait quarante à l´ombre, mais, depuis plusieurs jours, elle avait cessé de bombarder Lysa de questions. Il devenait évident que la jeune fille se préparait pour un long, long voyage. Restait à savoir où. Lysa n´adressait presque plus la parole à Sélès. Leur rares discussions se limitaient à un bref « Bien dormi ? », le matin au réveil, et à un « Bonne nuit », le soir, avant de se coucher. Lysa passait ses journées le nez plongé dans ses bouquins, tandis que Sélès alternait entre bains de plage, flirts d´un soir et sorties au casino. Une vie de rêve dont elle n´avait jamais pu profiter jusqu´à maintenant. Sélès s´interrogeait. Deux semaines plus tôt, elle aurait suivi Lysa jusqu´au bout du monde. À présent, elle n´en était plus si sûre. Après tout, la vie à Altamira était plus qu´agréable. Sélès profitait pleinement du parc d´attraction, de la plage et du restaurant. Pourquoi aller s´embarquer dans une des histoires tordues dont Lysa avait le secret alors qu´elle était très bien ici ? Sélès était consciente du fait que leur relations se dégradaient. Mais elle se doutait aussi que Lysa se détachait d´elle exprès pour rendre l´inévitable départ moins douloureux. Le message était clair. Leur routes se séparaient ici. Sélès s´étira longuement, noua sa serviette autour de sa taille, et se dirigea vers l´hôtel en se remémorant son emploi du temps. Ce soir, spectacle de Minouz au théâtre, puis dîner au restaurant. Ensuite, poker au casino avec le charmant jeune homme rencontré au parc d´attraction. Bain de minuit à la plage. Dodo. Satisfaite, Sélès pénétra dans le hall de l´hôtel. Elle jeta un coup d´œil circulaire sur la grande salle, et remarqua Lysa adossée au bar, le visage enfoui dans un énorme livre qui semblait peser plus qu´elle. Sélès s´approcha d´elle et tapota son épaule. Lysa releva immédiatement la tête, et la jeune fille fut frappée en voyant à quel point son amie était fatiguée : des cernes se dessinaient sur son visage d´une pâleur spectrale, ses cheveux étaient ternes, et ses lèvres crayeuses tremblaient continuellement. Elle respirait avec difficulté. Lysa avait l´air d´une junkie privée de cocaïne. â€" Ça va ? demanda Sélès d´une voix pleine de sollicitude. T´as pas l´air bien… Lysa mit plusieurs secondes avec de répondre. Elle semblait ne pas s´être rendue compte que son amie lui adressait la parole. â€" Je vais bien, marmonna-t-elle. Sur ces mots, elle bailla longuement. Sélès la considéra d´un Å“il moqueur. â€" Ben voyons, dit-elle. C´est vrai, tu pètes le feu. Ça se voit tout de suite. Lysa frotta ses yeux embués de sommeil. Elle se replongea dans son bouquin. Sélès lui agrippa le bras et lui jeta un regard sévère. â€" Arrête tes conneries, ordonna-t-elle. Tu n´es pas obligée de bosser vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Va te reposer. Tu en as besoin. La Demi-Elfe secoua la tête, mais son geste manquait de conviction. Sélès poussa un soupir exaspéré, et entreprit de la traîner de force vers leur chambre. Lysa protesta mollement. Elle avait encore du travail, ses recherches n´étaient pas terminées, et la bibliothèque fermait à vingt heures… Sélès l´ignora. Elle l´entraîna jusqu´au deuxième étage où elles logeaient, ouvrit en grand la porte de la chambre 49, et poussa Lysa à l´intérieur. Celle-ci avait cessé d´opposer une quelconque résistance : elle dormait littéralement debout. Ses yeux étaient clos et sa respiration, douce et régulière. Sélès l´amena jusqu´à son lit et, immédiatement, Lysa s´y écroula. Elle se roula en boule machinalement, comme à chaque fois qu´elle s´endormait. Quelques minutes plus tard, elle dormait profondément. Sélès s´apprêtait à quitter la chambre pour laisser Lysa se reposer, lorsqu´elle avisa le mystérieux carnet vert que son amie trimballait partout avec elle, posé sur le bureau. Il s´agissait d´un simple calepin en cuir, qui débordait de feuillets et de documents. C´était là que Lysa renfermait toutes les recherches qu´elle effectuait avec acharnement depuis bientôt deux semaines… Là que se trouvaient les informations relatives à son prochain voyage. Sélès hésita. Lire le carnet de quelqu´un sans sa permission, c´est vraiment salaud. Mais d´un autre côté… Lysa ne lui disait plus rien. Elle ne lui confierait probablement pas sa prochaine destination. Sélès devait l´apprendre par elle-même. Elle respira un grand coup, et ouvrit le carnet. Les notations étaient rédigées en termes précis, froids, militaires. Sélès reconnaissait bien là le style de Lysa. Ses sourcils se froncèrent alors qu´elle tentait de déchiffrer les gribouillis de la première page. « Objectifs : â€" obtenir une exsphère â€" échapper aux chevaliers pontificaux » Suivait un long paragraphe écrit en pattes de mouches indéchiffrables. Sélès ne s´y attarda pas. « Moyens : â€" prendre contact avec un Nain forgeron â€" se cacher dans un endroit où personne n´oserait se rendre â€" se rendre dans le dernier endroit où il en resterait â€"> Aller à Sylvarant, le monde en déclin, par la porte d´Outre-monde. » Sélès resta longuement immobile, les yeux rivés sur la première page du carnet. Incapable d´esquisser le moindre geste, elle restait plantée au milieu de la pièce, le carnet dans les mains, près de Lysa qui ronflait. Dehors, on entendait le murmure continuel des vagues, et des touristes qui profitaient de leurs vacances… Ça ne pouvait pas être vrai… Lysa croyait vraiment à cette histoire de monde en déclin ? « C´est des conneries, songea Sélès pour se rassurer. Ce n´est qu´une légende… » Elle parcourut rapidement les pages du calepin. Il s´agissaient principalement d´informations sur Sylvarant, avec des cartes, des croquis de monstres, des informations sur les villes… En effectuant ses recherches sur Sylvarant, Lysa avait, en quelque sorte, préparé son itinéraire. Depuis deux semaines, elle compulsait des ouvrages écrits par des charlatans illuminés pour préparer un voyage dans un monde qui n´existait pas ! Quel délire ! Sélès y vit la preuve concrète que Lysa ne tournait pas rond. L´avis de recherche avait dû lui foutre un coup au cerveau, elle ne voyait que ça… Terrifié par la perspective d´être mise à mort par les chevaliers pontificaux, la Demi-Elfe s´était renfermée dans un monde imaginaire. Elle s´était inventé une échappatoire à partir de cette vieille légende. Un projet qu´elle ne mettrait jamais à terme, mais un projet quand même. Comme tous les hommes et femmes qui s´étaient renfermés dans leurs rêves improbables pour échapper à la triste réalité, Lysa aurait eu plus sa place dans un asile. Elle était en train de virer barjo. C´était la seule explication, et Sélès, malgré toute sa répugnance à l´idée qu´elle considérait son amie comme une dingue, dut bien admettre que Lysa avait un sérieux problème mental. Sélès avait toujours cru qu´elle désirait rentrer à Exire… et elle n´aurait jamais imaginé une seule seconde que la calme Lysa puisse perdre la tête. Sélès reposa le carnet et considéra longuement son amie qui dormait en travers du lit, ronflant comme à son habitude. Elle réfléchit et passa une main lasse dans ses cheveux rouges. Après tout… Qu´est-ce qu´elle en avait à foutre, que Lysa aille à la porte d´Outre-monde faire ses petites expériences ? Elle se casserait le nez, et puis voilà … Rien de bien méchant. Ça lui filerait un électrochoc, et ça la ferait revenir sur terre. Sélès songea qu´elle ferait tout de même mieux de la surveiller, au cas où… Folle ou pas, Lysa restait son amie. Quoi qu´il advienne. Sélès et Lysa dînaient toutes les deux au restaurant de l´hôtel. Elles avaient passé le repas à se regarder en chien de fusil, sans échanger un mot. Sélès avait commandé une soupe de poisson spéciale Altamira â€"avalée en cinq minutes à peineâ€", tandis que Lysa avait opté pour un pressé d´artichauts aux épices à laquelle elle n´avait pas touché. Elle avait froidement disséqué son plat avec le bout de sa fourchette sans oser regarder Sélès. Ce qu´elle avait à lui dire n´était pas facile à avaler… Elle-même reconnaissait que son plan était risqué. Le pire, c´est que Lysa savait que ce n´était pas la perspective du danger qui rendrait furieuse Sélès, mais le fait que son amie refuse de l´emmener avec elle. De son côté, Sélès s´amusait grandement de la situation. Depuis le début du repas, Lysa se tâtait pour lui annoncer son départ pour un voyage qu´elle n´effectuerait jamais. Une fois que la Demi-Elfe aurait compris que la légende de Sylvarant n´était qu´une vaste blague, elle reviendrait aussitôt à Altamira, et les deux filles trouveraient une autre solution ensemble. Sélès se demanda si elle réussirait à lui épargner le « Je te l´avais bien dit » de rigueur. Elle décida finalement de faire semblant d´ignorer sa destination. En voyant Lysa qui triturait nerveusement sa serviette, l´air de plus en plus mal à l´aise, Sélès entreprit de lui donner un coup de pouce. Elle reposa sa fourchette sur le bord de son assiette et lança : â€" Tu t´en vas, c´est ça ? Les épaules de Lysa s´affaissèrent. Sélès eut un léger sourire. â€" Je m´en doutais un peu, tu sais… murmura-t-elle. â€" Vraiment ? â€" Ouais. Lysa rougit, but une gorgée d´eau et s´étrangla à moitié en avalant de travers. Sélès repoussa son assiette sur le bord de la table et se renversa sur sa chaise. â€" Et… Tu vas où ? demanda-t-elle nonchalamment. â€" Je retourne à Exire. Sélès étouffa un rire dans sa serviette. Lysa mentait très mal. â€" Je vois… Et tu pars quand ? La Demi-Elfe ferma les yeux et respira profondément. â€" Ce soir. Sélès accusa le coup. Elle avait l´habitude que Lysa annonce ses départs en voyage à la dernière minute, mais là , quand même, elle abusait un peu. Elle tâcha toutefois de ne rien laisser paraître. â€" Euh… balbutia Lysa. Exire, c´est un village réservé aux Demi-Elfes, et… je… â€" Tu ne peux pas m´emmener avec toi. Lysa hocha la tête et darda son regard sur son assiette à peine entamée. â€" Je comprends, fit Sélès. C´est pas grave. â€" Tu es sûre ? La jeune fille eut un rire forcé. La gêne de Lysa avait quelque chose de comique. â€" Bien évidemment. Lysa ne comprenait plus rien. Elle s´était attendue à une crise de colère, à des larmes et des cris, mais Sélès restait remarquablement calme. Elle prenait la nouvelle avec sérénité et semblait presque détachée de la situation. C´était étrange. Si étrange que Lysa aurait dû y voir un signal d´alarme. Trop heureuse d´échapper à son engueulade, Lysa se contenta de sourire aimablement à son amie, et la soirée s´acheva presque gaiement. La Demi-Elfe mangea avec appétit et commanda deux desserts. Sélès évoqua avec elle les bons moments passés ensemble en adoptant un ton nostalgique qui s´adaptait assez bien à la situation. Elle n´était ni attristée ni mécontente : Lysa serait obligée de revenir. La porte d´Outre-monde n´était qu´une légende, et Sylvarant, un mythe vieillot qu´entretenait un goût immodéré des habitants de Tesséha´lla pour les contes de fées. Lysa ne franchirait pas la porte. C´était impossible. Après avoir réglé l´addition, Lysa se leva de table. Sélès la suivit, prétendument pour l´aider à faire ses bagages, en réalité pour garder un Å“il sur elle. Elle avait décidé de la suivre discrètement lorsqu´elle irait à la porte d´Outre-monde. Simple mesure de prudence. Elles montèrent dans leur chambres. Lysa vida les placards en vrac, puis fourra ses affaires dans son sac, laissant la moitié de ses fringues derrière elle. Elle voulait emporter le strict minimum : gelées, nourriture, quelques habits, et, surtout, ses lames de coude. Ces armes seraient ses plus précieux atouts dans ce monde hostile qu´était Sylvarant. Lysa glissa son serti-rune et ses exsphères dans la poche de sa cape. Elle fourra ses trois sertis-clé dans son sac. Sélès, vautrée sur le canapé, observait ces préparatifs d´un air indifférent. Lorsque Lysa posa la main sur la poignée de la porte, Sélès se leva. Elle s´aperçut que les mains de son amie tremblaient. Elle lui administra une grande claque dans le dos, lui adressa un large sourire et lui ordonna : â€" Epargne-moi la scène des adieux déchirants, ok ? Lysa hocha faiblement la tête. Elle aurait voulu sourire, mais elle n´y arrivait pas. Elle avait l´impression d´avoir un bac à glaçons vidé dans l´estomac. â€" Au revoir, Lysa, lança la jeune fille en souriant toujours. â€" Au revoir, Sélès, souffla-t-elle en évitant de croiser son regard. Sur ces mots, Lysa, les lèvres tremblantes, abaissa la poignée de la porte. Elle salua son amie d´un signe de tête, puis s´engagea dans le couloir. Dehors, près du port, l´attendait le pêcheur qu´elle avait payé pour l´emmener jusqu´à l´île de la porte d´Outre-monde. Lysa quitta l´hôtel en évitant de se retourner, de peur de voir Sélès penchée à la fenêtre. « Au revoir, Sélès, pensa-t-elle. Et pardon. » La nuit tombait lentement sur Altamira. Le soleil se muait en une grosse boule orangée qui descendait sur l´horizon, traînant derrière lui une multitude de petits nuages roses. Sur fond de ciel couleur pêche, quelques planètes apeurées clignotaient, toutes pâles. La mer s´assombrissait, et les vagues ne moutonnaient plus depuis plusieurs heures. La température était idéalement tiède. Ce soir-là , c´était la pleine lune. |
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