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Lecture du chapitre 7 | |
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Nom de l'œuvre : Tales Of Darkness | Nom du chapitre : Chester Howard |
Écrit par Kazumi | Chapitre publié le : 1/1/2006 à 16:43 |
Œuvre lue 41004 fois | Dernière édition le : 1/1/2006 à 16:49 |
La porte d´Outre-monde, lieu de mille et une légendes, de secrets et de mythes, était beaucoup moins impressionnante que Lysa ne l´avait cru. Dans les livres, elle était décrite comme un endroit sacré, d´où émanait une indéfinissable aura de mystère. Un lieu où les profanes ne pouvaient pas percevoir la magie qui, aux dires des écrivains, vibrait dans l´air. Toujours selon les écrivains, les runes mystiques gravées sur les roches détenaient un pouvoir caché. Quelle blague. Lysa voyait juste deux, trois gros rochers en forme de doigt plantés dans l´herbe, d´une taille impressionnante, certes, mais pas de quoi en faire un plat. Et si elle percevait une quelconque aura, ce n´était sûrement pas une aura de mystère, mais une aura d´ennui. Ce lieu avait quelque chose de profondément banal. Lysa fit quelques pas en direction des dolmens, puis s´arrêta aussitôt. Son oreille fine avait perçu des murmures derrière elle. Elle fit brusquement volte-face, et là , s´immobilisa net. Un enfant d´environ huit ans, les cheveux châtains clairs et le visage émacié, se tenait à genoux devant les dolmens. Il murmurait à voix basse des phrases entrecoupées de longs râles saccadés. Il avait des yeux d´un extraordinaire gris clair, mais ce n´était pas ses yeux, ni même son visage, qui attira l´attention de Lysa. L´enfant portait un grand kimono noir, semblable à celui dont étaient vêtus les sorciers de Mizuho. Sur des hommes d´un âge avancé, de type asiatique, le costume tombait plutôt bien, mais, sur un gosse de huit ans aux cheveux blonds et aux yeux clairs, ces vêtements paraissaient franchement incongrus. Le gosse avait les bras étendus en croix, et ses longues manches noires traînaient sur le sol. Sa taille étaient enserrée par une large bande de tissu qui retenait tout le haut du costume. Il portait des chaussons en tissu léger. Lysa s´approcha et s´immobilisa à nouveau en croisant le regard du môme. Ses yeux semblaient fixés sur un point bien au-delà de Lysa, au niveau des dolmens. Machinalement, elle se tourna vers les grands rochers, mais il n´y avait rien. L´enfant avait l´air complètement halluciné. Les bras étendus, à genoux sur le sol humide, le regard vide, il avait l´air d´un prêtre fanatique frappé de folie. Lysa prit peur. Sans qu´elle ne sut très bien pourquoi, ce môme l´effrayait. L´enfant prit la parole. Lysa crut qu´il s´adressait à elle, mais il n´en était rien. Il parlait dans le vide, mais semblait s´adresser à des personnes situées autour de lui. La Demi-Elfe tendit l´oreille. â€" S´il vous plaît, murmura-t-il. Je n´y peux rien, moi… Il poussa un gémissement et plaqua ses mains sur ses oreilles. â€" Arrêtez, s´il vous plaît… Je vous en supplie, arrêtez… L´enfant semblait en proie à une souffrance intérieure et déchirante. Lysa vit avec effarement un flot de sang couler abondamment de son nez et glisser vers ses lèvres. Elle chercha machinalement un mouchoir dans ses poches, tout en observant le gamin qui criait maintenant de douleur. â€" ARRÊTEZ ! hurla-t-il alors que de gros sanglots lui secouait la poitrine. Je n´ai rien fait, rien du tout ! Brusquement, l´enfant s´abattit sur le sol et martela la terre de ses poings. Son corps était secoué de convulsions. Il avait le visage crispé par la douleur et poussait de longs hurlements. Du sang coulait maintenant le long de son menton, tachant son costume, tombant goutte à goutte sur l´herbe… Lysa courut vers le gamin. Il roulait sur le sol, tant et si bien qu´il manqua de se cogner la tête contre un rocher. Lysa l´attrapa par l´épaule au moment où il allait rouler au pied de la colline. Alors qu´elle posait sa main sur l´épaule de l´enfant, elle ressentit une vive et fulgurante douleur au creux de sa paume. Elle poussa un cri et le lâcha aussitôt. L´enfant se releva lentement. Il cligna des paupières, regarda autour de lui, et finit par se tourner vers Lysa. Son expression de souffrance profonde avait disparu. Désormais, il semblait complètement indifférent. De toute évidence, il n´était pas le moins du monde étonné de se retrouver au milieu d´un assemblement de menhirs couverts d´inscriptions runiques, aux côtés d´une Demi-Elfe qu´il n´avait jamais vue auparavant. Il bailla largement, s´avança en direction de l´un des dolmens et ramassa un bâton qu´il fit tourner habilement entre ses doigts. C´était une longue baguette de bois clair et effilée, qui, étrangement, n´était taillée que sur une extrémité. Sur l´autre bout du bâton se trouvait un cercle en bois qui ressemblait vaguement à une auréole, entourée de deux ailes vertes, qui se révélèrent constituées de feuilles. Des rubans étaient noués sur le cercle de bois. L´enfant coinça son bâton sous son aisselle, ramassa son sac appuyé contre l´un des menhirs et le cala sur son dos. Il s´approcha de Lysa et la dévisagea longuement. Son regard était complètement vide, et son visage n´affichait qu´une expression de profond ennui. Il avait l´air de s´emmerder souverainement. â€" Est-ce que ça va ? demanda Lysa, vaguement inquiète. L´enfant fronça les sourcils, puis détourna la tête en pinçant les lèvres. Assez charitablement, Lysa préféra penser qu´il n´avait pas entendu. â€" Tu n´es pas blessé ? demanda-t-elle à nouveau. L´enfant s´éloigna, comme s´il ne voulait pas être vu en sa compagnie. â€" Hé, morveux ! appela Lysa en abandonnant ses manières doucereuses. Tu pourrais répondre quand on te parle ! Pour la première fois, l´enfant en kimono la regarda franchement. Droit dans les yeux. Lysa soutint le regard gris clair. â€" Je ne parle pas aux êtres impurs, lâcha le gosse. De la part d´un gamin de sept ans, cette profession de fois avait quelque chose de choquant. Lysa haussa imperceptiblement les épaules. La discrimination, elle connaissait, parfois même chez les jeunes enfants. Lysa évalua brièvement le taux de mana de l´enfant. Un léger sourire se dessina sur ses lèvres. â€" Tu es un Demi-Elfe aussi, tu sais, dit-elle d´un ton calme. â€" C´est faux, répliqua-t-il. â€" Menteur. Ton empreinte de mana est bien trop marquée pour être celle d´un Humain et trop faible pour être celle d´un Elfe. Tu es un Demi-Elfe. Le gamin secoua la tête. â€" C´est n´importe quoi, lança-t-il sèchement. Je ne suis ni un Humain, ni un Elfe, et encore moins un Demi-Elfe. â€" Ah ouais ? Et tu es quoi, alors ? Un dragon à pois roses ? â€" Non, à pois violets. Il se moquait d´elle. Ouvertement, en plus. Lysa lui aurait bien réglé son compte, mais elle avait mieux à faire. Elle se demanda brusquement ce que cet enfant faisait ici. Consciente du fait qu´elle n´obtiendrait pas la réponse en lui demandant directement, elle décida de se limiter aux présentations d´usage. â€" Comment tu t´appelles ? demanda-t-elle distraitement. â€" T´es lourde… répondit le môme de sa voix traînante. Lysa serra les poings si fort que ses jointures blanchirent. â€" Espèce de sale… commença-t-elle. â€" Chester Howard, l´interrompit-il. Coupée dans son élan, Lysa ne trouva rien à répondre. Chester Howard s´engouffra dans la brèche. â€" J´ai huit ans, quatre mois et six jours. Je suis né dans un petit village loin d´ici ; mon papa est pêcheur et ma maman, couturière. J´aime les guimauves au citron, la musique de chambre et le bruit que fait la bouteille de savon quand on la presse au-dessus du bain. Je n´aime pas les haricots à la sauce tomate, les chamans qui friment avec leurs techniques et le violet. Il ajouta à voix basse, la mine renfrognée : â€" Et les emmerdeurs dans ton genre. Chester se tourna vers Lysa, qui le regardait d´un air abasourdi. â€" Contente ? lança-t-il d´un ton moqueur. Vexée, Lysa se replia dignement dans un silence offensé. Elle décida de ne plus prêter attention à Chester qui, de toute manière, semblait peu enclin à engager la conversation. Elle avait mieux à faire que de se préoccuper d´un gosse bizarre qui se croyait supérieur aux Demi-Elfes et qui venait visiter la porte d´Outre-monde comme un enfant un parc d´attractions. Avec un ridicule costume de magicien du troisième âge en guise de fringues. Lysa leva le nez et contempla le ciel, obscurci par des nuages noirs et touffus masquant le disque pâle de la lune qui apparaissait par transparence. Parfois, un éclair blanc venait éclairer la voûte nuageuse. L´air était lourd, moite, et il régnait une chaleur étouffante. « Temps de cochon », pensa Lysa, qui fixait la lune masquée par les nuages cotonneux, vaguement agacée par le souvenir d´une information capitale à propos de la pleine lune et qu´elle n´arrivait pas à se remémorer… Lysa, soucieuse, s´assit sur l´herbe et sortit son calepin de son sac. Elle se mit à compulser les pages studieusement, tout en observant à la dérobée le gamin qui, lui, regardait le ciel d´un air mauvais. Lysa le vit grimacer lorsque des nuages vinrent se superposer au-dessus de la lune. Il frappait nerveusement le sol de son bâton, l´air contrarié. Lysa haussa les épaules et se replongea dans sa lecture. â€" Ah ! s´exclama brusquement Chester. Pas trop tôt ! Lysa releva la tête de son calepin. Elle s´apprêtait à lui demander pourquoi avait-il brusquement l´air si heureux mais elle ne put terminer sa phrase… Devant elle, juste sous ses yeux, se déroulait un spectacle hors du commun… Abasourdie, Lysa regardait bêtement un rayon de lune â€"enfin dégagéeâ€" qui venait mourir sur le haut des rochers qui se dressaient hors de terre. Puis, lentement, un disque d´argent qui apparaissait sur le sol, au milieu du cercle de dolmens, recouvrant l´herbe comme une flaque d´argent fondu… Reflétant les gros rochers dont les inscriptions s´étaient éclairées d´une douce lueur orange… Lysa avait vu beaucoup de choses extraordinaires dans sa vie, mais rien ne pouvait égaliser avec la beauté du spectacle qui avait lieu devant elle. Les rochers dont les inscriptions brillaient d´une lueur magique, l´odeur de mana qui s´élevait dans l´air et, tout autour d´elle, de minuscules particules dorées qui flottaient paresseusement telles des lucioles… C´était magnifique… C´était tellement joli que Lysa comprenait enfin les charlatans qui avaient noirci tant de papier pour déblatérer sur la Porte d´Outre-monde… Lysa avait l´impression d´avoir réussi quelque chose de fantastique, comme chevaucher un dragon. Elle se sentait également toute petite, comparée à la puissance magique des lieux. Fascinée, Lysa s´approcha de la flaque de lumière. Une violente odeur de mana montait du disque d´argent, si forte que Lysa crut qu´elle allait s´évanouir. Bravant sa peur, elle tendit la main vers le miroir liquide, où son propre reflet la regardait d´un air ahuri. Lysa aurait voulu toucher l´argent fondu, y plonger la main comme dans un bain tiède… S´y vautrer toute entière… Ses doigts avaient à peine effleuré la surface liquide qu´elle sentit une violente douleur entre les omoplates. Du bout de son bâton, Chester la repoussait du cercle de lumière, comme une fourmi indésirable sur un gâteau d´anniversaire. â€" Pousse-toi, grommela-t-il en s´avançant vers le cercle. Sonnée par le coup, Lysa regarda stupidement Chester s´avancer vers le cercle de lumière, le tâter du bout du pied, et s´élancer à l´intérieur. Il y eut un éclair d´une blancheur aveuglante, et le gamin disparut. Lysa eut l´impression qu´un bloc de béton armé venait de lui tomber dans l´estomac. Son front se couvrit immédiatement de sueur et ses mains se mirent à trembler violemment. Terrifiée, elle recula vivement comme si le cercle lumineux s´était brusquement transformé en une flaque de lave. « C´est impossible, pensa-t-elle. Impossible. » Lysa s´aperçut que son cÅ“ur cognait si fort dans sa poitrine qu´elle en avait presque mal. La disparition brutale de Chester la fit brusquement revenir sur terre. La Porte d´Outre-monde n´était pas une légende. Le mythe de Sylvarant n´était pas un conte pour endormir les gamins. Au contraire. Tout cela était terriblement réel… Se rendre à Sylvarant pour échapper aux chevaliers pontificaux lui parut soudain ridicule. Elle s´aperçut qu´elle n´avait jamais vraiment cru au mythe de Sylvarant, et que la fatigue due à ses recherches ininterrompues l´avait carrément rendue folle. « J´ai complètement perdu la tête, pensa froidement Lysa. Et dire que je pensais que ce n´était qu´un tissu de conneries… » Elle se releva lentement, les jambes flageolantes. Partir. Revenir à Altamira. Puis prendre de nouveau la fuite. A cette seule pensée, Lysa sentit la tête lui tourner. Elle pivota néanmoins sur ses pieds, ramassa son sac et fit un pas en avant. Elle s´apprêtait à recommencer, un peu à contrecÅ“ur, lorsqu´un bruit la fit s´immobiliser net. C´était un bruit de moteur, léger tout d´abord, puis qui allait en s´amplifiant, comme si le bateau s´approchait de l´île. Le bruit continua pendant quelques secondes qui parurent interminables à Lysa, avant de s´arrêter. Lysa poussa un soupir de soulagement. « Le bateau a dû s´éloigner, pensa-t-elle. Tant mieux. Mieux vaut pas qu´on me trouve ici. » Elle n´allait pas tarder à déchanter. Un nouveau bruit se fit entendre, et cette fois, les jambes tremblantes de Lysa manquèrent de se dérober sous elle. Il s´agissait d´un bruit de pas pesant, marqué, accompagné d´un cliquetis, comme si la personne portait un objet lourd et métallique. Une armure, par exemple. Effrayée, Lysa fit un bond en arrière, et ses pieds effleurèrent le disque d´argent. Elle lui jeta un regard apeuré par-dessus son épaule. Devant elle, les cliquetis augmentaient, tandis que le pas cadencé des chevaliers pontificaux résonnait fortement dans le silence. Tout le sang se retira de son visage. Non. Pas eux. Elle ne voulait pas crever ici, encerclée par les chevaliers qui s´acharnerait sur elle comme des chiens affamés sur un cadavre. Elle ne voulait pas mourir, point. Pas maintenant. Pas tout de suite. Lysa fit volte-face et regarda froidement la flaque de lumière. Les chevaliers se rapprochaient. Elle prit sa décision. Elle tâta le disque du bout du pied, puis, lentement, comme un condamné à mort gravissant les marches de l´échafaud, s´avança à l´intérieur. La peur annihilait complètement ses sens et Lysa était incapable de décrire la sensation étrange qui s´emparait d´elle. C´était comme si elle n´avait plus de corps, que ses membres, sa tête, ses muscles ne lui appartenaient plus. Elle était en train de se dissoudre en une multitude de particules atomiques. Elle se sentait tirée vers le bas, vers le haut, étirée dans tous les sens comme une écharpe humide. Ce n´était pas vraiment désagréable… Juste terrifiant. Il y eut un éclair d´un blanc vif. Lysa s´évapora vers Sylvarant. À quelques mètres de là , Sélès était immobilisée par les chevaliers pontificaux qui empoignaient fermement ses membres, gloussant joyeusement, ravis de lui avoir enfin mit la main dessus. Ils la serraient si fort que ses mains étaient devenus complètement blanches. La douleur était atroce. Sélès ne protesta pas. Elle ne se débattit même pas. Son regard était fixe. Elle ressemblait étrangement à un cadavre. Tandis que les chevaliers pontificaux l´entraînaient vers leur bateau, Sélès, tétanisée, regardait sa seule amie disparaître dans un rayon de lueur doré. |
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