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Lecture du chapitre 4 | |
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Nom de l'œuvre : L'héritier de la foudre | Nom du chapitre : Ch. 3: Départ |
Écrit par supersianne | Chapitre publié le : 17/2/2006 à 22:19 |
Œuvre lue 21709 fois | Dernière édition le : 19/5/2006 à 21:40 |
Une semaine passa. Nicolas allait tous les soirs écouter une petite demie-heure les mélodies du guitariste du parc. Il était parfois le seul auditeur, parfois ils étaient plus. Mais jamais il ne réussit à lui adresser la parole. Pourtant, toute la journée, il ressassait dans sa tête les sujets de conversation les plus anodins, ou une phrase à dire qui n'ait pas l'air stupide ou déplacée, voire même un mot, qui pourraient lui faire établir une liaison avec le jeune homme. Mais si certains lui semblaient plausibles, il ne parvenait pas à ouvrir la bouche devant le musicien, lequel l'accueillait en souriant légèrement chaque fois qu'il venait s'installer sur le banc en face. Une fois, le jeune homme s'arrêta de jouer quelques secondes pour gratter la tête de la voltali de Nicolas, laquelle venait à chaque fois s'asseoir à côté de lui. Mais à part ça, aucun autre signe encourageant ne se présentait. L'obsession étrange du dresseur pour ce parfait inconnu lui faisait négliger quelques détails qui étaient loin de ne pas avoir d'importance... En effet, à l'arène, tous ses collègues l'avaient pris en grippe, à part peut-être la fille du même âge que lui. Mais Nicolas ne s'en était pas même rendu compte. Pourtant, tous fixaient un œil noir sur ce jeune garçon, qui avait les faveurs du Major... Cela allait faire une semaine que le militaire mangeait avec lui, tous les midis... Et ils étaient tous au courant, par des sources confidentielles, d'une possibilité d'héritage de la foudre, nouvelle loin d'être négligeable pour eux... Le champion n'allait tout-de-même pas... Pas Nicolas, pas lui... Trop jeune, pas assez méritant... Bref, ils étaient jaloux. Le dresseur enfourna ses tartines du matin, empoigna sa ceinture, et sortit en vitesse de son studio. Il était en retard, et le Major détestait que l'on soit en retard. Nicolas l'avait déjà expérimenté une fois, et ne gardait pas un bon souvenir de l'engueulade à laquelle il avait eu droit. Mais, alors qu'il allait dévaler les escaliers (il n'habitait qu'au premier étage), une voix l'appela. L'adolescent se retourna, espérant que l'entretien ne serait pas long. Mais une expression totalement incrédule se fixa sur son visage: le Major était en face de lui. Et le militaire affichait un air grave. -Euh... balbutia le jeune garçon. Il y a un problème, monsieur? -Nicolas, j'ai un service à te demander. Et pas n'importe lequel... On peut rentrer chez toi? -Ou... Oui... parvint à dire le dresseur. Incroyable: le militaire était dans son immeuble, et, encore plus incroyable, il avait fait une phrase sans vanne et sans vulgarité. L'homme entra, et s'écrasa sur le lit de l'adolescent, lequel en fut réduit à prendre une chaise. Un silence perdura quelques secondes, bientôt rompu par le Major. -Bien... Vois-tu, quand je t'ai parlé du remplacement... Et bien, les choses ont changé... Nicolas se mordit les lèvres, tentant de cacher sa déception. Pas de remplacement? -Ce que je te demande est autrement plus inhabituel... Je ne sais pas si tu es au courant de l'histoire de l'héritier de la foudre... Elle est surtout connue des dresseurs électriques plutôt expérimentés... Le jeune homme répondit d'un signe de tête négatif. -Bien... Par où commencer... C'est que c'est le foutoir à raconter, ce truc... Bref, tu connais l'existence de trios légendaires, protégeant les différentes régions... Ici, à Kanto, c'est Electhor, Sulfura et Artikodin, trois oiseaux, et à Jotho, c'est Raikou, Suicune et Entei, trois félins... À Hoen, un continent plus lointain, il y a également un trio, mais on s'en branle... Nicolas était depuis longtemps blindé à ce genre d'expressions de la part de son supérieur. Là , il était surtout impatient que l'homme en vienne au fait, mais le militaire s'obstinait à tripoter ses pokéballs. Enfin, il reprit: -Entre Kanto et Jotho, une liaison éternelle agit. Elle a divers effets, et se caractérise de différentes manières, mais elle existe. Ce qui nous intéresse est plus particulièrement le lien qui unit Raikou et Electhor... Les deux légendaires, une fois par siècle, s'envoient un genre de message, qui a pour but de garder intacte la relation entre les deux régions. Je ne sais ce que ce message contient, mais apparemment, que ce soit des insultes ou des mots doux, il est indispensable à la sauvegarde de la fameuse liaison. Or, pour correspondre, les deux pokémons doivent envoyer un terrible orage l'un à l'autre. L'orage doit traverser les deux régions, avant de se déchaîner en frappant de sa foudre le destinataire du message, lui délivrant les informations en question. Ce moyen de communication s'observe entre les pokémons électriques, qui s'électrocutent pour se parler... Et Dieu inventa la poste... se dit l'adolescent, tentant de réprimer le sourire qui lui montait aux lèvres. -Bref, il peut arriver que, à l'approche du jour où le message doit être délivré, l'un ou l'autre des pokémons ne soit pas en état de créer un orage, car cela demande beaucoup d'énergie. C'est là qu'intervient l'héritier... Nicolas tendit l'oreille. -Quand Raikou n'a pas assez de forces pour envoyer son message, il se fait voir des humains, et le nuage sur son dos, d'ordinaire violet, devient noir. Alors, n'importe qui peut se présenter à lui, et tenter de devenir l'héritier de la foudre. Là , le félin concentre sa puissance électrique, qu'il envoie sur le volontaire. Celui-ci doit alors aller trouver Electhor avant que le délai pour transmettre le message ne soit passé, et l'oiseau se charge de décoder les étincelles qui crépitent dans le corps de l'héritier pour reconstituer le fameux message. Ce moyen est plus lent et beaucoup moins sûr que l'orage, mais demande bien moins d'énergie. C'est pour cela qu'il n'est utilisé que pour les situations extrêmes... -Et vous vouliez être l'héritier, c'est ça? C'est pour ça que vous vouliez vous absenter? interrompit Nicolas. -Oui, je voulais, oui... Cela aurait été un grand honneur pour moi, bien sûr... -Mais alors, pourquoi...? -J'ai appris récemment que tout-le-monde ne pouvait pas réussir... Seul un cœur captivé par sa mission pourrait réussir à hériter, paraît-il... Quelqu'un de pur et de déterminé... Et, ça m'emmerde de le dire, mais je crois que j'me fais un peu vieux pour jouer les héros... Et niveau pureté du cœur, je pense bien que c'est rapé... Alors que toi., tu es jeune, et pas encore perverti, enfin, tout ça quoi... Le dresseur crut justement être frappé par la foudre. Lui? -Vous voulez que je... Que moi? -Ouais, t'as tout pigé. J'pense que tu ferais un très bon héritier... Si tu acceptes, je te permettrai de quitter l'arène suffisamment longtemps pour mener à bien ta mission. -Mais, peut-être que l'héritier a déjà été trouvé... Cela fait une semaine... -Queudal! J'ai des correspondants à Rosalia. Ils ont aperçu Raikou encore hier, et son nuage était toujours noir... -Et mettons que j'accepte... Comment je trouverai Raikou? Il doit se cacher... Et peut-être qu'il se méfiera de moi... -C'est pas un problème. Si tu veux être l'héritier de la foudre, il le sentira, point final. -Et si je ne peux pas être héritier? Si je ne suis pas assez... Qualifié? -Bah tu te prends la foudre, ça marche pas, tu rentres, et c'est tout. Tu pourras toujours attendre le prochain siècle. Nicolas réfléchit. Finalement, cela semblait tellement simple, et pas trop risqué... De toutes façons, ses pokémons seraient avec lui... Des vacances, presque. Il serait bête de refuser... -Laissez-moi en parler avec mes pokémons. demanda l'adolescent. -Comme tu veux... répondit le Major, qui ne semblait pas éprouver beaucoup d'intérêt à la méthode dite de la concertation. Le jeune garçon libéra ses six compagnons, et leur résuma la situation. Tous semblèrent surpris, mais approuvèrent avec joie. -C'est d'accord. certifia Nicolas au militaire. -Ben tiens. répondit celui-ci. Le jeune homme regardait enfin son destin en face. Le gigantesque bateau se profilait devant lui, à peine porté par les vagues légères de ce milieu de matinée. Saisissant son billet d'embarquement, il s'avança sur la passerelle, où un marin vérifia qu'il était bien un futur passager du bâtiment. C'était le cas: le jeune homme fut invité à rentrer. L'intérieur était splendide: le bateau était sans conteste très luxueux. Il venait de pénétrer dans un immense endroit, aussi grand et haut qu'une cathédrale, qui accueillait des boutiques de toutes sortes: on se serait cru dans la rue commerciale d'une grande ville. Des pancartes indiquaient "cinéma", "restaurant", "bibliothèque", "stade pokémon"... Le jeune homme était stupéfait. Jamais il n'aurait cru pouvoir faire une traversée sur l'Aquaria, non, jamais. Il se mit à la recherche de sa cabine, la 541. Il lui fallut marcher, emprunter des escalators, se diriger grâce à un fouillis d'indications plus ou moins précises, mais il la trouva enfin. Sa cabine était à l'image du reste du bateau. Un lit qui aurait pu accueillir quatre personnes attendait dans sa chambre, offrant une variété de coussins qui aurait suffi à fournir tout un hôtel. Une salle de séjour immense, meublée par une table pour huit personnes, et d'autant de chaises, d'un canapé, d'une télévision (158 chaînes disponibles, pourrez-vous toutes les essayer? affirmait un papier posé là , comme par hasard, sur le canapé), et d'un placard qui avait tout l'air de contenir diverses boissons était éclairée par une fenêtre lumineuse, qui donnait une magnifique vue sur la mer. Le jeune homme s'assit, tout étourdi, sur une chaise. Il s'était trompé non? Il gagna sa chambre, et s'écrasa sur son lit. En face de lui se tenait une gigantesque armoire, probablement vide, et qui allait d'ailleurs le rester, parce que le jeune homme n'avait pour seuls bagages que sa guitare, et les quelques vêtements de rechange qui tenaient dans la housse en même temps que l'instrument. Il ferma les yeux, bercé par le roulis presque imperceptible du bateau... Jotho l'attendait. On frappait à la porte. Le jeune homme émergea. Le réveil de la table de nuit indiquait 12 heures. Midi ou Minuit? Il était complètement perdu, et aurait été bien incapable de le deviner. Mais un coup d'œil par la fenêtre le renseigna: le Marina avait commencé son voyage, et il faisait grand jour. D'ailleurs, pour certifier le fait qu'il soit midi, le jeune homme sentait qu'il avait faim. Il ouvrit la porte: les gens qui se tenaient devant le seuil n'avait rien de commun avec lui: ils étaient bien habillés, et semblaient choqués par l'apparence quelque peu négligée de l'occupant de la cabine. -Excusez-nous... Monsieur? Mais nous avons dû nous tromper de cabine... expliqua une dame, qui regardait dédaigneusement les cheveux longs et mal peignés du jeune homme. Elle et l'homme qui l'accompagnait tournèrent des talons. Une nouvelle fois, le jeune homme s'interrogea: que venait-il faire ici? Ces personnes étaient tellement différentes de lui... Et le Marina était certainement rempli à ras-bord de gens de cet ordre... Mais la mémoire lui revint vite: il était là pour accomplir son rêve, bien sûr... Au propre comme au figuré, d'ailleurs. En soupirant, il alla chercher sa guitare, et sortit de sa cabine: il avait beau être dans un monde étranger et presque hostile: il crevait la dalle. Ou plutôt, il avait au ventre une faim irrasasiable... (ça faisait chic comme cela non?) Le jeune homme dénicha enfin un restaurant, après s'être retrouvé trois fois de suite avec un air ahuri devant une des toilettes pour dames, ce qui lui avait valu des regards mauvais de celles qui y passaient non-loin. N'y songeant plus, il commanda du roucoups avec des haricots verts, au grand effarement de ses voisins, qui eux savouraient lentement leur œufs de poisson qu'ils semblaient manger un par un, et mâcher précautionneusement, comme par peur de s'étouffer avec. Quand il eut fini son repas, le musicien chercha l'accès au pont, qu'il trouva plus facilement, car il suffisait simplement de monter des escaliers, et pas de choisir une quelconque direction dans des couloirs identiques. Là , en prise avec le vent, dominant avec plaisirs l'étendue bleue, il s'installa sur un des sièges. Peu de passagers s'aventuraient là , tous étant encore en train de déjeuner, ou n'ayant pas le courage de se trouver face à la mer. Seul avec la nature, seul avec lui-même, le jeune homme sortit sa guitare, et joua, plus inspiré maintenant qu'il ne l'avait été ses derniers jours. Son but se rapprochait... |
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