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Lecture d'un chapitre
| Lecture du chapitre 8 | |
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| Nom de l'œuvre : Horyshia I: "Les écrits de Flore" | Nom du chapitre : Reminiscences |
| Écrit par Silver_Altaria | Chapitre publié le : 18/2/2006 à 11:37 |
| Œuvre lue 27738 fois | Dernière édition le : 23/4/2007 à 21:00 |
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| Une atmosphère différente régnait dans le portail, peut-être parce c´était la dernière fois qu´elle le retrouvait. A la différence qu´elle ne voyait rien, qu´elle n´entendait rien. Elle avait pris la décision de revenir directement à la transition après avoir conclu ne pas pouvoir aider les villageois d´Heria. Je ne savais pas comment elle avait fait, je croyais qu´elle reviendrait beaucoup plus tard. Raison pour laquelle j´étais en train de regarder par la fenêtre de sa chambre, mélancolique, sans savoir qu´elle se sentait désespérément seule et que la peur l´envahissait : jusque là , elle avait toujours cru que c´était moi qui la faisait voyager d´un monde à l´autre. Elle fut prise de nausées tellement son angoisse lui était insupportable, tomba sur les genoux et haleta, peinant à respirer. Son cœur oppressé appelait à l´aide toutes les choses auxquelles elle pouvait penser… Elle allait payer le prix de son acte, involontaire certes, mais éprouvant pour elle, pour ce qu´elle avait vécu, tant ses souvenirs étaient douloureux. Son corps, insensible à la douleur, libérait encore et toujours le même message… Encore aujourd´hui il était revenu aux cachots de l´ombre meurtri de blessures infligées par il ne savait quel objet, mais il préférait ça plutôt que de se faire lire ses pensées (au sens large, son passé) à son insu. Ici, à Nosdena, c´était monnaie courante. Des esprits errants, darksanan dans le jargon des voleurs des monts, passaient leur temps à essayer de voler la mémoire des gens pour agrandir leurs pouvoirs. Mais demain ce serait terminé : les juges des Profondeurs lui avaient accordé ce qui équivaut à notre non-lieu et il pourrait quitter cet enfer. Mais pour aller où ? Il ne connaissait de cet endroit que ces cachots en plus de ce que avaient bien voulu lui dire les gardes. Il connaissait le nom du pays (pour l´appeler ainsi), certains mots de jargon et il savait aussi qu´il ne serait pas seul pour sa dernière nuit dans le noir. Quelqu´un arrivait par l´ouest, une troupe qui avait trouvé quelqu´un qui lui ressemblait. Une fille. Peut-être venue de la Terre elle aussi. Une présence humaine ne serait pas de refus ; il avait croisé tant de créatures étranges par leur apparence et leur personnalité ! Elle ne serait sans doute pas pareille. Tout du moins l´espérait-il. Il supportait tout sans jamais dire quoi que ce soit et il avait besoin de parler. Il essayait de mettre un peu d´ordre dans ses courts cheveux bruns lorsque du bruit se fit entendre à la surface. Les troupes. Ils apportaient la fille qu´ils enfermèrent dans les cachots, avec lui. Elle était endormie, sûrement. Il n´avait aucune perception de ce qu´il arrivait mais il avait senti à l´odeur du sang qu´elle avait été souillée par les eaux de la mer de glace avant que certains protagonistes des troupes ne lui prennent un peu de sang. Pour lui ça avait été pareil, à la différence qu´on l´avait frappé parce qu´il résistait. Celle-ci avait dû arriver inconsciente. Ils étaient deux, seuls au milieu de milliers d´autres… C´était décidé, il l´emmènerait avec lui pour qu´elle ne vive pas la même chose. Ils iraient en dehors de Gejazbourg et seraient livrés à eux-mêmes certes, mais vivants et exposés à la lumière comme jamais auparavant avant d´atteindre une ville alliée… -Humain ? Les juges ont décrété que tu pouvais sortir tout de suite. Ils t´accordent cependant la possibilité de prendre des vivres avec toi lorsque tu quitteras la ville. Le garde se retourna, provoquant un courant d´air avec sa longue cape noire. Malgré l´obscurité, le jeune homme pouvait l´apercevoir lui sans savoir comment. Il ne pouvait même pas se voir lui-même… -Attends ! Que deviendra la fille ? L´homme se retourna et sourit. Il devait connaître ses intentions. -Elle est humaine. Contrairement à toi, elle peut quitter cette prison tout de suite si elle le veut. Parce qu´elle arrivée comme ça. Si elle est arrivée dans les mêmes conditions que toi, il est probable qu´elle se soit évanouie lors de son atterrissage. Je crois qu´il vaudrait mieux qu´elle parte tout de suite vu son état. Il s´interrompit, entendant des pas au-dessus. Mais ils s´éteignirent bientôt et il reprit : -Je préfère que tu ne parles pas de notre entretien. Les consignes des juges et d´Aphso sont claires : rien ne doit sortir de nos bouches. Tu ne dois pas te faire voir, c´est pour cela que je vais te guider dans le souterrain qui t´amènera dans les champs. Seulement, elle s´est fait aspirer une partie de sa mémoire par les darksanan, j´ai bien peur qu´elle ne sache plus grand-chose de votre monde. Viens, je te donnerai quelque équipement avant de partir. Il recula à tâtons afin de saisir la fille et sortit avec le garde. Après avoir récupéré deux arcs souples, ils sortirent à la lueur de la lune, dans les champs avoisinant Gejazbourg. -C´est ici que l´on se sépare. Voilà le sac avec les victuailles. Bonne chance dans ta… disons nouvelle vie. Il allait repartir par le souterrain mais il se retourna une dernière fois. -A propos, elle s´appelle Lakade. Il le regarda s´éloigner. Nombre de gens étaient comme lui. Humains de nature mais darksanan de cœur… Seule. Enfermée dans les ténèbres de mon âme. De mes souvenirs. Quand je regarde autour de moi, je ne vois que la lumière des yeux d´une créature s´approchant lentement. Elle s´incline en entendant un sifflement. Regarde derrière elle. Quelque chose d´autre s´approche. Je peux deviner son profil, avec son costume masquant tout sauf son visage. Ses yeux me rappellent quelqu´un, mais qui ? La Terre est loin maintenant, je ne sais plus trouver mes réponses là -bas. L´autre se rapproche. Une grande silhouette, je le vois. J´ai l´impression de le connaître. D´avoir déjà vu cette personne. Mais tout s´efface. Le noir emplit mon cerveau et me pousse à me réveiller. Seule, avec cette personne inconnue… Jusqu´à l´aube il était allé vers le nord pour s´éloigner autant que possible de la ville. Finalement épuisé, il déposa la fille sur un rocher et s´allongea dans l´herbe. Elle avait ouvert les yeux peu avant et il n´avait pu s´empêcher de pleurer. Aurélie. Sa petite sœur. Des bribes de son passé lui revinrent d´un coup. La maison en flammes. L´armoire s´abattant sur Aurélie, suffocant à cause des cendres emplissant l´atmosphère. Il ne savait pas soulever l´armoire, trop lourde pour lui. Obligé de fuir. Vite. Avant de mourir lui aussi. Aller loin. Voir à l´horizon la fumée de l´incendie s´élever tandis que les secours arrivent. Trop tard. Déjà partis, tous, sans exception. Papa et maman morts dans une dernière étreinte. Avait lu le journal le lendemain. Tout le monde mort. Des incendies déclarés partout, toute sa famille partie… Il était le seul survivant, le seul à croire que ce n´était pas un hasard. Un jour, il trouva. Mais il avait oublié, sa mémoire lui avait été volée. Aujourd´hui il était là , presque seul, regardant les dernières étoiles disparaître pour laisser les premiers rayons du soleil éclairer la vallée. Il se leva, réveilla Lakade et essaya de trouver parmi les provisions quelque chose de potable pour un petit déjeuner. Il finit par dénicher quelques fruits d´aspect douteux mais néanmoins comestibles. Il l´était même pas sûr d´en avoir déjà vu comme ça sur Terre. Il en donna un peu à l´autre tout en lui racontant pourquoi il avait pleuré en la voyant. A Lakade de lui raconter ce qu´elle savait. -On est dans le même bateau, termina-t-elle avec un sourire gêné. -Les croisières, très peu pour moi. Ils éclatèrent de rire. L´avenir paraissait si sombre qu´ils en avaient bien besoin ! Abandonnant mon poste près de la fenêtre, j´allai reprendre mon ordinateur et l´allumai, certaine de trouver un autre message. Mais il n´y avait rien. Bizarre, c´était la première fois qu´il n´y avait pas de message spécial un soir. Je soupirai et me rendormis. Cette nuit-là , nulle apparition de mon amie dans mes rêves. De plus en plus étrange. Et le matin, un message sur l´ordinateur : Inutile de chercher, elle est en notre pouvoir. Sans elle, vous n´êtes rien. Vous le savez. Aujourd´hui, rien ne vous appartient. Assistez au règne des créatures de l´autre monde, ce sera sans doute la dernière chose que vous verrez… Au coucher du soleil, ils atteignirent une ville non loin de montagnes du nom de Lesthi. Ils trouvèrent rapidement une auberge et, avec l´argent que leur avait donné le garde, ils purent s´assurer d´une bonne nuit. Après avoir copieusement mangé, vu le temps qu´ils avaient marché, ils montèrent dans leurs chambres et s´endormirent aussitôt. Moi, Lakade. A nouveau là . Prisonnière d´un autre part. Encore cette créature, cette haute silhouette. Elle me sourit. Elle semble me connaître. Mais je ne sais pas qui elle est. Elle retire doucement, comme le doux vent d´été, la capuche qui lui masque le visage. Elle a des yeux d´une pureté absolue et des cheveux d´ange. Voilà que je peux faire le rapprochement. L´image de la personne qu´elle me rappelait se précisa dans mon esprit. Un enfant. La personne qui se tenait en face de moi… Non, ce n´était pas possible… J'étais la copie grandie de cette image… -Céline ? |
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