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Lecture d'un chapitre



Lecture du chapitre 10
Nom de l'œuvre : Tales Of Darkness Nom du chapitre : Draco dormiens nunquam titillandus
Écrit par Kazumi Chapitre publié le : 17/4/2006 à 20:50
Œuvre lue 40997 fois Dernière édition le : 17/4/2006 à 20:50
Lysa courait le long d´un couloir blanc. Tout blanc. Il lui paraissait incroyable que les murs puissent être aussi blancs, mais elle ne s´arrêta pas pour tenter de comprendre la raison de ce mystère. Elle sentait, elle savait qu´elle devait continuer à courir. Jusqu´à en perdre le souffle si nécessaire.
Au moment où son cœur lui parut sur le point de lâcher, elle franchit une porte en bois sombre et pénétra dans une grande salle dans laquelle flottait une écœurante odeur de viande crue. Assis sur un pilier blanc, Chester Howard et Sélès Wilder dévoraient à mains nues une tranche de bœuf crue. Chester accompagnait sa viande de marshmallows qu´il enfournait dans sa bouche avec de gros morceaux de bœufs. Lysa eut un haut-le-cœur et faillit vomir.
D´horribles bruits de succion résonnaient dans la salle et l´odeur de viande se faisait de plus en plus forte. On se serait cru sur l´étal d´un boucher. Les bruits de mastication étaient tellement dérangeants que Lysa se boucha les oreilles.
â€" Pourriez-vous mâcher moins fort, s´il vous plaît ? demanda-t-elle, suppliante.
Chester et Sélès ne répondirent pas. Ils continuèrent à enfourner leur viande sans lui prêter attention.
â€" Pitié, répéta Lysa à nouveau. C´est vraiment agaçant…
Sélès mordit dans le gras de la viande pour en détacher de longs filaments de chair.
â€" S´il vous plaît… Arrêtez… S´il vous plaît… S´IL VOUS PLAÅ“T !!
Brusquement, Lysa se réveilla en sursaut. Son T-shirt humide de sueur lui collait au corps comme un seconde peau. Elle repoussa sa cape, puis, surprise par le froid, la ramena aussitôt autour de ses épaules. Bizarrement, l´odeur de viande crue qui l´avait gênée durant son rêve planait toujours dans l´air. Etrange. Lysa fouilla le sous-bois du regard pour tenter de localiser l´endroit d´où l´odeur émanait, et là, son sang se glaça.
« Oh non, pensa-t-elle ».
Un énorme vélocidragon, celui-là même qu´elle avait rencontré en début de soirée, était penché sur un reste de viande qu´il déchirait à grands coups de dent. Tout autour de lui, des lambeaux de tissu brun gisaient sur le sol. Il y avait aussi des légumes écrabouillés par les pattes puissantes du reptile, des morceaux de papier qui voltigeaient mollement dans les airs, et des vêtements complètement déchiquetés qui ornaient maintenant les buissons. Un long ruban de parchemin était plaqué sur l´armure du monstre : les restes de la carte de Sylvarant. Sur le sol, une outre remplie d´eau achevait de se vider de son contenu.
Lysa eut l´impression qu´on venait de lui enfoncer une lame glacée dans le cœur. Toutes ses affaires. Le dragon avait détruit toutes ses affaires.
Furieuse, elle chercha ses lames de coude à tâtons. Plus question de prendre la fuite. Elle allait le massacrer, comme il avait massacré l´intégralité de ses affaires.
Lysa aperçu un reflet brillant qui scintillait au pied d´un sapin touffu. Elle sentit sa gorge se serrer. Le dragon avait projeté ses lames de coude hors de sa portée : pour les récupérer, il fallait qu´elle passe près de l´énorme monstre qui continuait à mâchouiller une pièce de viande avec des grognements de plaisir répugnants. Lysa déglutit avec l´impression qu´une boule de plomb lui glissait en travers de l´œsophage.
Elle se leva lentement. Très lentement. Si elle attirait l´attention du dragon, elle signait son arrêt de mort.
Avec d´infinies précautions, Lysa fit un pas en avant.
Le vélocidragon semblait n´avoir rien remarqué. Il s´attaquait maintenant à un petit pochon de riz cru. Lysa s´approcha lentement de ses lames de coude qui reposaient au pied de l´arbre. Elle s´agenouilla et tendit le bras en avant. Trop loin. La longue queue du dragon fouettait l´air, tout près d´elle, la fràlant au passage. Lysa se releva à nouveau puis s´avança sur la pointe des pieds.
Un horrible craquement, extrêmement bruyant, se fit entendre. Lysa venait de marcher sur une branche morte. Elle tourna vivement la tête vers le dragon, mais celui-ci dévorait le riz cru qui craquait bruyamment sous la dent. Lysa poussa un soupir de soulagement.
Soulagement qui fut de courte durée.
Brusquement, la queue du dragon la frappa de plein fouet, l´envoyant au tapis d´un coup. Lysa eut l´impression qu´un bébé éléphant venait de se jeter sur elle, en plein dans l´estomac. Elle en eut le souffle coupé, au sens premier du terme : chaque respiration lui déchirait la poitrine. Suffoquant, crachant, haletant, Lysa tenta avec difficulté de reprendre son souffle. Un voile noir passa devant ses yeux et elle perdit connaissance.
Lorsqu´elle s´éveilla, à peine quelques secondes plus tard, le vélocidragon était penché sur elle. Il se pourléchait les babines, avec, au fond de son œil sombre, une lueur sardonique qui semblait la narguer.
â€" Dégage ! hurla Lysa.
Et elle lui envoya un violent coup de pied qui repoussa le dragon plusieurs mètres en arrière.
Lysa profita de son recul pour se relever d´un bond ; elle sauta sur ses pieds et se mit à courir.
Lysa courut comme jamais elle n´avait courut dans sa vie. Elle filait à travers les buissons dont les épines lui fouettaient violement les jambes. Il faisait nuit noire ; Lysa ne parvenait pas à voir où elle allait. Sa blessure lui faisait encore mal : elle avait l´impression que son cœur se scindait en deux à chaque foulée. Un filet de bile et de sang lui brûlait le fond de la gorge. Derrière elle, elle pouvait entendre le pas lourd du vélocidragon qui la poursuivait.
Brusquement, Lysa perdit pied et tomba durement sur le sol. À sa grande horreur, elle s´aperçut qu´elle roulait le long d´une pente, comme une balle jetée du haut d´un toit. Elle culbutait dans tous les sens en se meurtrissant les côtes. Lysa poussa un cri, tenta de s´arrêter, mais elle ne put ralentir sa chute et tomba la tête la première dans une mare d´eau glacée.
Lysa fut engloutie par les eaux sombres et boueuses. Elle resta plusieurs minutes la tête dans l´eau, hébétée, bras et jambes pendants. Du sang s´échappait de sa bouche en une kyrielle de petites bulles qui venaient crever la surface.
Lysa songea que le dragon n´irait jamais la chercher ici : ils craignaient l´eau pour la plupart. Elle décida de rester dans l´eau.
Jusqu´à ce qu´elle sente un léger picotement au niveau de la nuque.
« Sangsues ! » pensa-t-elle aussitôt.
Lysa creva la surface en poussant un long hurlement. Partout sur son corps, sur ses bras, sur ses jambes, sur sa nuque, et même sur son visage, de longues limaces plates lui pompaient le sang avec un plaisir évident. Lysa les repoussa en s´arrachant la peau au passage. Elle sentit son estomac se révulser alors qu´elle rejetait vivement les sangsues dans l´eau.
Lysa s´extirpa hors de l´eau en titubant et s´effondra sur le sol. À plat ventre. Son corps n´était plus qu´une masse douloureuse. Elle se retourna sur le dos, tenta de se relever. Sans y parvenir. Ses muscles refusaient purement et simplement de répondre.
Ce fut à ce moment-là que le dragon décida de pointer sa vilaine tête.
Le monstre s´avança vers elle. Il passa sa langue rose sur ses babines. Lysa lui jeta un regard indifférent. Elle n´avait même plus la force de se défendre. Elle sentait clairement qu´elle n´allait pas tarder à s´évanouir. Son corps ne pouvait supporter la douleur qui l´étreignait.
Avec un grognement sinistre, le vélocidragon ouvrit sa gueule, découvrant une longue rangée de dents tranchantes comme un rasoir…

Au moment où Lysa s´apprêtait à se faire charcuter les entrailles par un dragon affamé, Sélès contemplait l´horizon morne et plat qui s´étendait devant elle.
Elle se trouvait au dernier étage de l´abbaye du sud-est, vaste bâtiment en pierre de taille, piqué au sommet d´une falaise comme une cerise sur un gâteau. C´était une grande bâtisse, construite sur une île non loin de la vallée de Toïze, qui hésitait entre la fabrique et la forteresse. Percée de rares fenêtres, l´ensemble avait un air délabré et sinistre. L´intérieur de l´abbaye baignait dans une lumière glauque, les murs lambrissés de chêne dégageant un parfum d´encaustique, de lavande, et de médisances. Les sœurs qui y vivaient étaient pour la plupart des vieilles filles confites dans la dévotion, coupées du reste du monde depuis si longtemps qu´elles auraient été bien en peine de donner le nom de l´actuel roi de Tesséha´lla.
Lorsque les chevaliers pontificaux l´avaient capturée, près de la porte d´Outre-monde, le Pontife, furieux d´avoir vu son autorité ainsi bafouée, avait exigé son exécution sur-le-champ. Il était d´autant plus mécontent qu´à Altamira, des témoins avaient affirmé avoir vu Sélès en compagnie d´une Demi-Elfe qui ressemblait furieusement à celle qui avait tenté de le tuer. La réputation de l´Eglise en avait pris un sacré coup. Sans l´intervention de Zélos, Sélès aurait probablement eut la tête coupée. Le Pontife avait accepté de la laisser en vie à condition qu´elle reste enfermée dans l´abbaye du sud-est, en guise de punition.
Réflexion faite, Sélès se demandait s´il n´aurait pas été préférable de passer sous la guillotine.
Elle détestait cette bâtisse pleine de courants d´air, ces vieilles sœurs aux genoux brisés par des heures de prières, la nourriture dégueulasse et la statue efféminée de Martel qui semblait se moquer d´elle du haut de sa niche. Elle détestait les visites condescendantes de Zélos qui la regardait toujours avec un sourire affligé. Elle détestait Lysa qui l´avait plaquée sans se retourner. Elle se détestait aussi, tant qu´à faire.
Sélès s´était carrément prise de haine pour Zélos dont la simple existence l´empêchait de mener sa vie comme elle l´entendait. Si Zélos n´était jamais venu au monde, son escapade à Altamira n´aurait même pas attiré l´attention. Le Pontife l´aurait excusée avec bonhomie, comme il excusait Zélos à chaque fois que celui-ci se débauchait en public.
Sélès se tordait les mains nerveusement en regardant par la fenêtre. Au loin, les vagues moutonnaient sur la mer bleutée. Sélès soupira longuement. Elle ne supportait plus l´enfermement, surtout après avoir goûté à la liberté. Elle exécrait les sœurs qui la houspillaient toute la journée. Elle aurait donné n´importe quoi pour sortir d´ici.
On frappa à la porte. Trois coups lancés de façon énergique.
â€" Entrez, murmura Sélès d´une voix sans timbre.
Elle allait regretter amèrement son invitation. La porte s´ouvrit avec un grincement, et Zélos Wilder entra dans la pièce.
Sélès manqua de s´étouffer d´indignation en voyant son demi-frère entrer dans la pièce d´un pas martial. Il osait. Il osait venir la voir malgré l´énorme part de responsabilité qu´il avait dans son emprisonnement. Oubliant qu´elle ne serait sans doute plus de ce monde si Zélos n´était pas intervenu en sa faveur auprès du Pontife, Sélès lui jeta un livre à la tête.
Zélos esquiva le livre en se baissant et jeta à sa sœur un regard de chien battu.
â€" Sélès, ma petite sÅ“ur chérie, pourquoi me détestes-tu à ce point ?
â€" Tire-toi, cracha-t-elle.
Zélos eut un rire. Il prit place très naturellement sur une chaise sans y avoir été invité.
â€" Si tu savais ce qui m´amène ici, tu m´accueillerais à bras ouverts, dit-il d´un air décontracté.
â€" Ça m´étonnerait, fit Sélès d´un ton buté.
â€" Ne sois pas trop sûre de toi.
Zélos planta son regard dans celui de sa sœur. Celle-ci ne cilla pas. Elle lui jeta un regard méchant et lui tourna résolument le dos. Il y eut un silence, troublé seulement par le bruit des bagues qui s´écrasaient sur les rochers.
Zélos, avec un soupir navré, se leva de sa chaise.
â€" Tu t´en vas ? demanda Sélès, pleine d´espoir.
Elle ne s´attendait pas à ce qu´il abandonne aussi facilement.
â€" Je crains que oui, petite sÅ“ur. J´ai des obligations, moi, pas comme certaines…
Il eut un léger sourire devant l´air interloqué de Sélès, puis poursuivit :
â€" …Qui peuvent glander toute la journée, bien au chaud dans leur petite abbaye…
â€" Je préfèrerais mille fois mieux être dehors que de rester enfermée ici ! explosa Sélès. Tu ne sais pas ce que c´est que de passer sa vie en compagnie de vieilles folles irascibles complètement dévouées à une déesse qui n´existe même pas !
De grosses larmes s´empilaient dans ses yeux verts.
â€" Tu passes ta vie à Meltokio en compagnie de tes pouffiasses de copines alors que je suis coincée ici, à la merci du Pontife qui…
Sa voix se brisa. Elle jeta à nouveau un épais traité de grammaire à la tête de Zélos puis enfouit son visage dans ses mains pour pleurer.
« Quel salaud, pensa-t-elle. Il vient me voir juste pour narguer… Il sait très bien que je donnerais n´importe quoi pour foutre le camp… »
Sélès sentit une pression légère sur son épaule. Zélos venait de poser sa main sur son bras. Pour la première fois depuis longtemps, il avait l´air vraiment désolé.
â€" Je suis vraiment désolé, souffla-t-il. Je me doute que ta vie ne doit pas être marrante tous les jours, avec ces vieilles connes, ta maladie, et notre mère qui…
â€" C´était plus supportable quand Lysa était là, murmura Sélès en s´essuyant les yeux. Elle me tenait compagnie. Mais maintenant, elle est partie et je n´ai plus personne.
Sélès essuya ses yeux humides de larmes. Zélos lui sourit gentiment.
â€" Justement, dit-il. J´ai un plan pour remédier à ça.
Sélès le regarda d´un air méfiant.
â€" Un plan ?
Il était rare que Zélos rende service gratuitement. Les deals, pour lui, c´était cinquante-cinquante, sinon il ne marchait pas.
â€" Oui, un plan. Pour te faire sortir d´ici. Et même échapper au Pontife sans problème.
â€" Et qu´est-ce que tu y gagnerais, toi ?
â€" Le droit de ne plus t´avoir dans les jambes.
Sélès renifla d´un air dédaigneux.
â€" Dis toujours…

Le dragon avait commencé à déchirer les vêtements de Lysa à grands coups de dent. Sa cape n´était plus qu´un amas de tissu informe et le cuir de ses bottes retombait lamentablement sur ses chevilles. Lysa ne s´en aperçut pas. Elle était évanouie depuis trois minutes déjà.
Ce fut lorsque le dragon commença à lécher son visage à coups de langue gourmande que Lysa s´éveilla. Aussitôt, la douleur revint dans ses muscles, la mettant au supplice. Les marques laissées pas les sangsues saignaient abondamment. Elle poussa un cri. Le vélocidragon venait de lui mordre la main. Lysa se recula précipitamment en rampant sur le sol.
La dragon referma ses crocs sur sa ceinture et la tira en arrière. Dans un effort désespéré, Lysa s´agrippa à une racine qui dépassait du sol. Les veines saillaient de son bras torturé par l´effort alors que le dragon tentait de l´entraîner en arrière.
Il se passa alors quelque chose d´incroyable â€"quelque chose d´inimaginable, quelque chose que Lysa n´aurait pas osé espérer dans ses rêves les plus fous. Le dragon lâcha prise.
Il poussa un mugissement de douleur. Lysa se retourna vivement et sentit son cœur faire un bond.
Le vélocidragon était entièrement entortillé dans un filet de longues lianes vertes qui le maintenaient prisonnier. Il était couché à terre et les lianes le plaquaient au sol comme des chaînes de métal. Une liane était enroulée autour de sa gueule, bloquant sa mâchoire. Il se débattait en agitant furieusement la queue, essayant d´arracher les lianes, mais, dès qu´il parvenait à en déchirer une, une autre repoussait immédiatement à sa place.
Lysa se releva lentement et effleura l´une des lianes. Le vélocidragon se tourna brusquement vers elle, tenta de se redresser, mais ses liens le maintenaient à terre.
Un rire aigrelet et méchant se fit entendre. Lysa fit volte-face. Bizarre. Il n´y avait personne.
â€" Alors, ma grande, on joue les éleveuses de dragons ?
La voix, moqueuse, chargée d´ironie mauvaise, semblait venir de l´un des arbres. Lysa leva la tête. Assis à califourchon sur une grosse branche, un long bâton en bois à la main, un gamin l´observait avec un sourire narquois. Lysa étouffa une exclamation.
C´était Chester Howard.
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