Pokemon-France.com

Navigation : Passlord > FanFics
[FanFics] [Mes FanFics] [Rechercher] [FAQ] [Connectés]
[FanFics générales] [FanFics Pokémon]

Lecture d'un chapitre



Lecture du chapitre 13
Nom de l'œuvre : Tales Of Darkness Nom du chapitre : Vol organisé
Écrit par Kazumi Chapitre publié le : 30/4/2006 à 13:16
Œuvre lue 41005 fois Dernière édition le : 30/4/2006 à 13:16
— Comment ça, impossible ?
— Comme j´te l´dis, ma grande. C´est pas possible. Je peux pas.
— Mais pourquoi ?
— Parce que c´est d´la folie, voilà pourquoi. Le chenal est infesté de monstres, et quand c´est pas les monstres, c´est les Désians ! Aller à Izoold maintenant, c´est du suicide.
— Un voyage. Un seul voyage ! Et je suis prête à vous payer. Votre prix sera le mien.
Lysa pensait que cet argument allait emporter les réticences du marin, mais celui-ci secoua la tête.
— Même s´tu m´proposais tout l´or du monde pour aller là-bas, je refuserais, affirma le marin. Et pis d´abord, pourquoi tu tiens tant à aller là-bas ? Izoold, c´est plutôt moche, comme bled. Et ça pue le poisson toute l´année.
Lysa se mordit les lèvres pour ne pas lui faire remarquer que lui-même ne sentait pas la rose, puis répliqua sèchement :
-— Ce n´est pas Izoold qui m´intéresse, mais le continent. Je dois rejoindre Isélia.
— Alors là, tu peux faire une croix dessus, ma jolie ! s´esclaffa le marin. Pour aller à Isélia, tu devras traversa le sentier d´Ossa, le désert de Triet, et après tu auras encore une longue route à te taper jusqu´à Isélia. Aucun marin n´acceptera de t´y emmener !
— Vraiment ? Désolée, mais je ne pense pas que vous représentiez la totalité des navigateurs de Palmacosta. Bonne journée, monsieur.
Sur ces mots, elle pivota sur ses talons et s´éloigna de l´homme.
Cependant, au bout de trois heures de recherches, Lysa dut admettre à contrecœur que le marin avait raison. Aucun des navigateurs qu´elle avait rencontrés n´avait accepté de l´amener jusqu´à Izoold, même avec une forte somme d´argent à la clé. Elle avait même proposé un acompte à certains d´entre-eux, mais ces derniers avaient refusé tout net.
Plantée devant un petit bateau à voile, —« Ça existe encore, ces trucs là ? » pensa-t-elle— Lysa se demandait vaguement si elle devait carrément les menacer pour qu´ils acceptent de l´emmener. Elle renonça devant les muscles et l´air particulièrement borné du capitaine. Avec un gros soupir, elle quitta le port à pas lents.
À leur arrivée à Palmacosta, Lysa et Chester avaient décidé de prendre deux jours de repos. Ils avaient loué une chambre à l´Auberge de l´Albatros avec les fonds de Chester. Celui-ci ne semblant pas s´en formaliser, la jeune fille avait largement profité de cette source de revenus : elle avait racheté des vêtements au marché et fait le plein de provisions. On trouvait de tout à Palmacosta. Lysa avait notamment dégoté une très jolie cape bleue nuit et une paire de bottes à lacets à des prix défiant toute concurrence.
Palmacosta était la plus grande ville de Sylvarant. Lorsque l´aubergiste le lui avait révélé, non sans fierté, Lysa avait dû se retenir pour ne pas éclater de rire. Comparée au proportions gigantesques de Meltokio, Palmacosta faisait office de petite bourgade. C´était une ville portuaire où les gens vivaient principalement de la pêche et des cultures en eau salée. Siège du gouvernement, Palmacosta jouissait d´une réputation de centre politique important. La ville était dirigée par Dorr, le gouverneur, un homme très sage, aux dires des habitants de Palmacosta. Il y avait aussi une grande académie, un peu ridicule comparée à celle de Sybak, rassemblant des étudiants de tout âge. Lysa vit de jeunes enfants sortir du bâtiment, un écritoire à la main, aux côtés d´étudiants bien plus âgés qu´eux.
Malgré les charmes de Palmacosta, Lysa n´avait qu´une envie : se tirer d´ici le plus vite possible. Il fallait absolument qu´elle rejoigne Izoold. Puis Isélia. À Palmacosta, Lysa avait tenté de trouver un autre Nain susceptible de fabriquer son exsphère â€"en vain. Elle était maintenant condamnée à rejoindre Isélia. Et à trouver ce Nain dénommé Dirk…
Son serti-rune et ses exsphères cliquetaient dans la petite bourse en cuir qui battait contre ses hanches. Lysa rêva du jour où elle pourrait enfin poser son exsphère complète sur sa main. Et s´en servir.
Sans savoir que ce jour serait sans doute le pire de toute son existence.

Lysa, pensive, déambulait à travers les rues de Palmacosta sans vraiment savoir où elle allait. Complètement absorbée dans ses pensées, elle bouscula sans le faire exprès une jeune fille qui tomba aussitôt en arrière. Elle fit de grands moulinets avec les bras pour ne pas tomber mais elle s´écrasa quand même sur le sol. Il y eut un craquement de verre brisée et un liquide rouge semblable à du vin s´étala sur le sol.
— Ma potion de Palma ! s´exclama la fille, scandalisée.
— Désolée, fit Lysa, gênée, en l´aidant à se relever.
La jeune fille se dégagea avec brusquerie et lui jeta un regard furieux. Une voix s´éleva alors derrière elle et Lysa s´aperçut que la fille était entourée d´une bande d´amis : une jeune fille blonde en costume de magicienne, un type aux cheveux rouges et à l´air arrogant, et un garçon à l´air particulièrement stupide, qui ressemblait à un grand singe sans poils.
« Trop nombreux pour prendre la fuite », pensa Lysa qui recula de quelques mètres en arrière.
— T´as vu ce que t´as fait ? demanda le type aux cheveux rouges, l´air agressif.
Ce n´était pas une question. Lysa haussa les épaules.
— Cette potion de Palma m´a coûté une fortune ! gémit la fille que Lysa avait bousculée.
— Je t´ai déjà dit que j´étais désolée, dit-elle, vaguement agacée.
— On s´en tape, de tes excuses, grinça le type aux cheveux rouges.
— Ouais, on s´en tape ! fit en écho le garçon qui ressemblait à un singe.
— Boucle-la, Jimmy, ordonna la magicienne qui n´avait pas encore parlé. Désolée, poursuivit-elle en se tournant vers Lysa, mais tu vas devoir nous en racheter.
— Si vous voulez… répondit l´intéressée. Et… Où peut-on en trouver, de cette potion de Palmatruc ?
La petite bande se consulta du regard.
— Suis-nous, fit la magicienne, on va te montrer.
— Et pas d´entoru… d´entourlp… d´entourlou…
— Boucle-la, Jimmy.
Lysa suivit les quatre jeunes à travers un dédale de petites rues qui serpentait dans toute la ville. Elle se demanda pourquoi ne la conduisaient-ils pas dans le quartier marchand, mais peut-être préféraient-ils prendre un raccourci. Certaines rues avaient l´air franchement mal famées et Lysa éprouvait une méfiance grandissante à l´égard des quatre jeunes. Finalement, ils arrivèrent devant une impasse où s´entassaient des tonneaux de poissons avariés. Lysa regarda autour d´elle, mais elle se doutait qu´aucun commerçant n´aurait voulu installer sa boutique dans un coin aussi moche, à moins d´avoir un sens des affaires très limité.
La petite bande forma un cercle autour d´elle et Lysa sentit son cœur plonger au sous-sol. Elle venait de comprendre. Mais trop tard.
— Tu es vraiment idiote, dit le garçon aux cheveux rouges en retroussant ses lèvres sur un sourire carnassier. Les gens comme toi sont trop faciles à berner…
— Epargne-nous tes discours, trancha la fille à qui appartenait la potion. On la dépouille et on fout le camp, point.
Lysa s´en voulut amèrement de ne pas avoir amené ses lames de coude avec elle. Si elle les avait eu sur elle, elle n´aurait fait qu´une bouchée de ces quatre connards.
— Ok, ok, les gars, dit-elle en riant, comme s´il s´agissait d´une bonne plaisanterie et non pas d´un vol organisé. Je vous donne mon fric et on en reste là, d´accord ?
Ce qu´elle craignait par-dessus tout, c´est qu´ils lui volent la bourse qui contenait ses exsphères et son serti. Elle avait environ 500 Flouz au fond de ses poches et elle espérait que cet argent suffirait à satisfaire les quatre voleurs. Si elle le leur donnait, peut-être qu´ils renonceraient à l´idée de la fouiller.
Lysa tendit quelques pièces d´or au type au garçon qui semblait être le chef, mais celui-ci la repoussa et tendit sa main vers la bourse en cuir qui ballottait à sa ceinture. Il était tout près d´elle et Lysa en profita pour lui envoyer un bon coup de genou à l´entrejambe.
— Aaaaarghh ! hurla-t-il avec une voix suraiguë.
Le type tomba à genoux sur le sol, la respiration sifflante. Il poussa un couinement de bête blessée, les yeux exorbités, la mâchoire pendante. Le type avait viré au bleu et il criait grâce avec le filet de voix que lui laissait un souffle défaillant.
-— Tu en fais trop, déclara Lysa avant de lui envoyer un coup de pied magistral qui l´expédia directement au tapis.
Le garçon mordit le plancher avec un hululement. Il resta allongé sur le sol, sonné pour le compte.
Il y eut un instant de flottement. Puis, contre toute attente, la magicienne éclata de rire.
— Idiote ! lança-t-elle à Lysa avec amusement. Comme si on avait besoin de lui pour te coller une raclée…
Elle sortit un long poignard des plis de son manteau et s´approcha de Lysa, épaulée par ses deux comparses qui affichaient un sourire cruel. Lysa se recula et alla percuter un gros tonneau de poisson qui tomba sur le sol avec fracas. Les autres tombèrent en cascade. Lysa espéra que tout le bruit finirait par attirer quelqu´un…
Lysa crispa sa main sur sa bourse en cuir. Elle ne devait surtout pas laisser ces trois crétins â€"pas si crétins, d´ailleursâ€" s´en emparer… Pas après tout ce qu´elle avait fait pour en arriver là…
« Pourvu que la police vienne… pensa-t-elle alors que son cœur cognait fortement dans sa poitrine. Quelqu´un, n´importe qui… Quelque chose… »
Et, pour la deuxième fois depuis qu´elle était à Sylvarant, l´inimaginable se produisit.
Brusquement, le type à tronche de singe adopta une expression comique : les yeux étrécis dans ses petites orbites, le front très rouge, les joues gonflées comme s´il était sur le point d´étouffer. Ce qui était visiblement le cas : une main l´avait saisi à la gorge et serrait fortement son cou de chimpanzé atrophié. Puis le type poussa un beuglement terrifié. La main l´avait soulevé et rejeté violement en arrière. Le type fit un vol plané à trois mètres au-dessus du sol et atterrit dans un tonneau de homards avariés qui explosa sous l´impact. Assommé, il resta vautré au milieu des langoustes qui dégageaient une forte odeur d´embruns. Exit Tronche de macaque.
Lysa cligna des yeux. À trois reprises. Une fille, à en juger par la taille gracile et par les jambes fines gainées de collants noir, était en train de « s´occuper » des voleurs avec des méthodes quelque peu expéditives.
La fille sortit un long katana de son fourreau tandis que la magicienne pointait son couteau sur elle avec des gestes maladroits. La beauté de l´épée trancha la grossièreté du poignard émoussé. La fille en noir fit fendit l´air de haut en bas avec son katana. Il y eut un craquement de tissu déchiré, puis un hurlement. La magicienne plaqua une main sur son bras en un geste de protection dérisoire : profondément entaillé, celui-ci pissait le sang allègrement. Elle s´écroula sur le sol en pleurant.
La fille en noir décida de la jouer cool avec le dernier membre de la bande. Elle glissa la lame de son katana sur la gorge de la fille bousculée par Lysa, qui était tombée à genoux sur le sol, terrorisée.
— Va-t-en, dit-elle simplement d´un ton très calme. Tire-toi. Et fais passer le message : si vous et vos connards de copains les détrousseurs continuez à prendre cette ville pour votre terrain de jeu, ce seront les Désians qui se chargeront de rétablir l´ordre.
La fille hocha faiblement la tête en se relevant, les jambes tremblantes.
— Maintenant casse-toi, je t´ai assez vue.
La fille ne se le fit pas dire deux fois. Elle prit la fuite en abandonnant derrière elle son chef, son copain à tête de singe et la magicienne qui sanglotait toujours, prostrée sur le sol.
Sans leur prêter attention, la jeune fille en noir rangea son katana dans son fourreau puis se tourna vers Lysa qui la contemplait d´un œil méfiant. Ce n´était pas le fait que la fille ai pu régler le cas des quatre crétins avec tant de violence qui gênait Lysa, mais plutôt son style de combat, froid et désinvolte, qui lui rappelait vaguement quelqu´un…
Cette impression dérangeante de déjà-vu s´accentua lorsqu´elle détailla la jeune fille. Mignonne, belle même, dans le genre ténébreuse, avec son visage long et diaphane à demi dissimulé derrière des cheveux d´un brun presque rouge. Elle était probablement un peu plus jeune que Lysa mais son visage pâle et trop sérieux lui donnait cinq ans de plus. Pour renforcer l´impression de mystère, elle était toute de noir vêtue, avec des vêtements discrets, visiblement destinés à priver le public des charmes dont elle ne manquait pas… Lysa imagina aussitôt une mère sévère ou un père possessif qui l´obligeait à s´envelopper dans des fringues banales pour ne pas attirer le regard. Mais cette idée collait mal avec son style de combat violent et sa façon de parler.
L´œil exercé de Lysa remarqua le médaillon en or et la chaînette coûteuse cachés dans les plis de ses vêtements.
— Est-ce que ça va ? demanda la jeune fille en noir.
La voix était grave, agréable, mais manquait de curiosité.
— Très bien, répondit Lysa. Merci. Si tu n´avais pas été là…
Elle fit le geste de se passer le doigt sous la gorge. La jeune fille aux cheveux bruns baissa les yeux sur le sol et remarqua le chef étalé sur le pavé, l´air toujours hagard.
— Ils vous ont piégée ? demanda-t-elle. En ville, les voleurs font souvent ça. Ça leur évite de se faire repérer par une patrouille de police…
« Bizarre, le vouvoiement ! », pensa Lysa, un peu gênée par cette fille dont le vocabulaire, tantôt ordurier, tantôt ampoulé, semblait dénoter de nombreuses faces.
Lysa choisit de ne pas répondre et se pencha sur la magicienne qui venait de s´évanouir. Elle lui fit discrètement les poches et eu le plaisir de s´apercevoir que les voleurs avaient amassé un butin assez conséquent. Elle émit un long sifflement en recomptant l´argent. Presque 10 000 Flouz. Bonne pioche.
Lysa se releva en fourrant l´argent dans sa bourse en cuir. Elle s´aperçut que la fille en noir la regardait avec insistance.
— Vous habitez où ? demanda-t-elle.
— À l´Auberge de l´Albatros, pour le moment…
— Vous sauriez y revenir ?
Lysa eut un instant d´hésitation. Elle jeta un coup d´œil en direction du labyrinthe anarchique de ruelles dans lequel les voleurs l´avait entraînée.
— Euh…
— Je peux vous y conduire, si vous voulez.
La jeune fille en noir ajouta, avec l´air emprunté de quelqu´un qui a un emploi du temps surbooké mais qui est prêt à vous caser un rendez-vous de treize heures à treize heures cinq :
— Enfin, je peux au moins vous ramener sur la place.
Le visage de Lysa s´éclaira.
— Ça m´arrangerait beaucoup. Merci.
Sans un mot, la jeune fille pivota sur ses pieds et s´engagea dans le dédale de ruelles. Lysa la suivit. Elle continuait à fixer la fille avec une sensation grandissante de malaise. Engoncée dans son long manteau noir, elle marchait vite, tête baissée. Ses yeux verts et tristes étaient scotchés sur le pavé sale. Plus Lysa la regardait, plus il lui semblait que la fille lui rappelait quelqu´un. Mais elle n´arrivait pas à se souvenir qui, et, en fin de compte, elle ne tenait pas tellement à le savoir.
Finalement, au bout d´un quart d´heure de marche dans des ruelles qui empestaient le poisson, les deux filles arrivèrent sur la place principale. Aussitôt, deux hommes bardées de cuir, un peu ridicules dans leurs costumes militaires, fondirent sur Lysa qui fit un bond en arrière.
— Lady Lyune ! s´exclama l´un des soldats. Nous vous avons cherchée partout !
Lysa se demanda d´abord si le type en costume de soldat avait écorché son nom, puis elle s´aperçut qu´il s´adressait à la fille en noir.
— J´étais occupée à examiner le taux de criminalité de cette ville, répondit la dénommée Lyune, désinvolte. Rentrez à la base.
— Mais, protesta le soldat, Lord Magnius nous a demandé de…
— Rentrez à la base, répéta Lyune avec insistance. Et prévenez Lord Magnius que je rentrerai pas à la ferme ce soir. Je dîne avec le gouverneur Dorr.
— B-bien, balbutia le militaire en s´inclinant.
Et les deux hommes repartirent aussi vite qu´ils étaient venus.
Lady Lyune se tourna vers Lysa et la salua d´un léger signe de tête. Celle-ci lui rendit son salut maladroitement, un peu impressionnée par cette fille d´à peine seize ans et qui lançait des ordres comme si elle avait vingt ans de carrière militaire derrière elle.
Les deux filles se séparèrent. Lysa se hâta de rentrer à l´auberge pour raconter à Chester sa rencontre avec cette fille extraordinaire qui maniait le katana avec une dextérité forçant l´admiration. Elle espérait au moins qu´il daignerait l´écouter…
Ce qu´elle ne savait pas, c´est que Chester serait particulièrement attentif à son récit.
Plus attentif qu´il ne l´avait jamais été.

Chester était occupé à enfoncer des guimauves dans les naseaux de Calinàt Junior lorsque Lysa déboula dans l´écurie de l´auberge.
Pour une fois, Lysa se réjouissait de la présence de Calinàt Junior. Celui-ci ayant fait fuir la totalité des chevaux de l´écurie â€"s´il ne les avait pas dévorésâ€", elle pouvait donc parler tranquillement avec Chester sans être dérangée par le piaffement incessant des canassons.
En détaillant avec un dégoût affiché le corps de lézard boulimique du dragon, Lysa remarqua qu´il ne portait plus son armure métallique. Elle voyait maintenant le vélocidragon distinctement, et, franchement, ce n´était pas beaucoup mieux. Sa silhouette de dinosaure avait quelque chose de grotesque. Il avait des écailles argentées sur le dos et Lysa remarqua avec stupeur qu´il portait des ailes. Deux ailes repliées et froissées, de couleur verte, pas très grandes, et qui s´accordaient mal avec son allure de lézard. Chester surprit son regard interrogateur.
— Elles étaient cachées sous son armure, expliqua-t-il. Le dragonnier à qui il appartenait devait préférer se déplacer à pied.
Chester ajouta d´un air de triomphe :
— Il peut voler !
— Génial, fit Lysa avec un enthousiasme suspect.
Elle n´avait aucune intention de monter sur le dragon, fusse-t-il capable de se déplacer à la vitesse d´une fusée nucléaire.
— Tu as passé un bon après-midi ? demanda Lysa, impatiente qu´il lui retourne la question.
— Pas trop mal. J´ai passé toute la journée à essayer de retirer l´armure de Calinàt Junior, mais comme il se débattait, j´ai dû aussi passer à l´auberge pour leur demander de me prêter des pansements…
Il ajouta d´un air placide :
— Et toi ?
— Je me suis faite agresser par quatre crétins.
— Des voleurs ?
— Ouais. Ils m´avaient attirée dans un piège… J´avais peur qu´ils me volent mon exsphère, alors j´en ai assommé un, mais ils étaient trop nombreux…
Elle repensa en frissonnant à la lame aiguisée avec laquelle la magicienne l´avait menacée.
— Et là, une fille a rappliqué et les a dégommés les uns après les autres !
— Une fille ? répéta Chester qui se contentait de faire écho aux paroles de Lysa.
— Très douée en combat, visiblement. Elle a attrapé l´un des types et l´a envoyé voler au-dessus du sol avec une seule main !
— Waouh, fit Chester d´un ton morne.
— Ensuite, elle a sorti un katana et a ouvert le bras d´une des filles… Shlack ! dit Lysa en mimant le geste. Elle s´est mise à pisser le sang, la pétasse !
Elle eut un rire féroce.
— Et ensuite ? demanda Chester.
Il s´était légèrement redressé et regardait Lysa en fronçant les sourcils.
— La dernière, elle ne lui a rien fait. Dommage !
— À quoi ressemblait-elle ?
— La voleuse ?
— Non. La fille qui t´a sauvée.
Lysa fut un peu prise de court par la question.
— Plutôt jolie, dans le genre ténébreuse… Grande, très grande. Un mètre soixante-quinze, je dirais. Cheveux bruns, mais d´un brun bizarre, presque rouge. Des fringues banales.
— Ses yeux ?
À présent, Chester semblait fébrile. Il fixait Lysa avec intensité et avait même renoncé à nourrir Calinàt Junior par les voies nasales.
— Ses yeux ? répéta Lysa, un peu gênée par le regard insistant de Chester. Vert. Vert foncé.
Le visage du gamin était brillant de sueur, ses mains tremblaient.
— Tu n´as pas remarqué de détail particulier ? demanda-t-il d´une voix vibrante. Sur son épée. Genre, la lame un peu tordue, un symbole, un détail sur la garde…
Lysa fouilla sa mémoire.
— Si ! dit-elle finalement en claquant des doigts. Il y avait deux ailes en métal ouvragé qui partaient de la garde pour se recourber sur la lame. C´était plutôt joli, d´ailleurs…
— Est-ce que… Est-ce que tu sais où elle habite ?
Chester regardait Lysa avec des yeux désespérés, comme si sa réponse jouait le cours de son existence. La Demi-Elfe avait la désagréable impression de subir un interrogatoire de police.
— Tu sais, on a pas vraiment sympathisé…
— Mais…
— Et d´ailleurs, pourquoi tu me bombardes de questions, là ? Tu la connais, cette fille ?
Chester baissa chastement les yeux. Il grommela une réponse inaudible. Lysa croisa les bras sur sa poitrine et prit l´air réprobateur d´une grande sœur qui s´apprête à gronder son petit frère.
— Ok, ok. Je veux bien te donner une info, â€"Chester releva la tête, l´air plein d´espoirâ€", mais si tu t´attires des ennuis avec cette fille, tu ne me connais pas, d´accord ? J´ai suffisamment de problème sans en plus devoir rajouter…
— D´accord, fit l´enfant précipitamment. Alors, si tu sais où…
— Je ne sais pas où elle habite, répondit Lysa en haussant les épaules, mais je sais que ce soir, elle dîne chez le gouverneur Dorr.
Elle se tourna ensuite vers Calinàt Junior et observa un moment le dragon qui mâchouillait mollement des guimauves en agitant sa longue queue.
— Tu sais, Chester, je ne pense pas que les bonbons représentent un régime alimentaire adapté pour…
En entendant un froissement de tissu derrière elle, elle se retourna vivement, puis se figea. Stupéfaite, Lysa fixait l´endroit où se tenait Chester quelques instants plus tôt.
Chester n´était plus là. Il avait disparu.
[ Chapitres : 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 | Retour | Haut de page ]