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Lecture du chapitre 14 | |
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Nom de l'œuvre : Tales Of Darkness | Nom du chapitre : Esprit de vengeance |
Écrit par Kazumi | Chapitre publié le : 14/5/2006 à 11:25 |
Œuvre lue 41024 fois | Dernière édition le : 14/5/2006 à 11:25 |
Il pleuvait. De véritables trombes d´eau qui tombaient sur le sol avec un bruit de cataracte. La pluie avait chassé les passants et les rues de Palmacosta étaient désertes. De grandes flaques d´eau se dessinaient sur le sol. Les nuages avaient hermétiquement recouvert le ciel nocturne et les étoiles avaient disparu derrière la masse cotonneuse. Chester courait à travers les rues de Palmacosta. Les pans de son costume voltigeaient derrière lui, la pluie lui fouettait le visage, le vent semblait tout donner pour le pousser en arrière, mais il était bien décidé à ne pas se laisser arrêter. Personne ne l´empêcherait de rejoindre le manoir du gouverneur. Trois mois ! Trois mois passés à parcourir ce pays de merde, trois mois passés à faire l´aller-retour entre Sylvarant et Tesséha´lla, trois mois de recherches vaines. Trois mois de sa vie foutus en l´air. Trois mois passés à rechercher la garce qui avait bousillé sa vie. Il lui en avait, fallu, du temps, pour retrouver cette ordure ! Il avait d´abord parcouru Tesséha´lla, songeant avec naïveté qu´il avait plus de chance de la retrouver là -bas que dans le monde décadent. Après des semaines de recherches sans suite, Chester avait dû renoncer, et se résoudre â€"à contrecÅ“urâ€" à regagner Sylvarant. Sylvarant, sa patrie, le monde qui l´avait vu naître. Foutaises. À la porte d´Outre-monde, les démons protecteurs de son clan avaient bien tenté de le retenir, mais Chester les avait repoussés. On lui avait reproché sa traîtrise, l´abandon de son clan pour partir en quête de vengeance. Il avait plaidé non-coupable. Il n´était pas responsable du déclin de sa famille, pas plus que de la mort de sa mère qu´on avait essayé de lui coller sur le dos. Sa mère qui ne s´était jamais remise de la mort de son fils aîné. Sa mère qui s´était laissée mourir… Maintenant, Chester allait les venger. Il pilla net devant la résidence du gouverneur, qui dressait une façade arrogante en dépit de ses murs décrépis. Chester leva les yeux et aperçut une douce lumière qui émanait d´une fenêtre à guillotine, au troisième étage. Elle était probablement en train de dîner avec Dorr… Il zooma ensuite sur la porte d´entrée et grimaça. Deux gardes fidèles au poste malgré la pluie se passaient une cigarette en battant des mains pour se réchauffer. Chester imaginait mal qu´ils le laissent passer. Surtout s´il leur donnait la raison de sa présence ici… Chester entreprit de longer le bâtiment. Il suffirait d´une fenêtre entrouverte, d´une porte mal fermée, et il aurait tôt fait de se faufiler à l´intérieur. Malheureusement, il dut se rendre à l´évidence : les domestiques avaient dû verrouiller porte et fenêtres pour éviter que la pluie ne trempe les meubles et les tapis. Chester jura entre ses dents. Il allait devoir recourir à une solution qu´il n´aimait pas employer. Mais le temps pressait. Chester fit à nouveau le tour du bâtiment pour se placer tout à l´arrière, là où se trouvait l´entrée des domestiques. Il pointa ensuite son bâton sur une mauvaise herbe qui émergeait du sol dallé et attendit. Au bout de quelques secondes, la plante se mit à enfler, puis à grossir, jusqu´à se transformer en une longue pousse verte qui fusa vers le toit. La tige était énorme, et grimpait jusqu´à l´immense terrasse qui se trouvait sur le toit. La pointe de la tige s´enroula ensuite autour d´une petite colonne dodue qui délimitait la terrasse. On aurait dit une énorme glycine sans fleurs qui ne recouvrait qu´une partie du mur. Il n´y avait heureusement pas de fenêtres de ce côté du bâtiment. Avec la pluie, les gens s´étaient terrés chez eux, et il y avait peu de chance que l´on remarque cette plante bizarre qui courait le long de la façade. Chester poussa un soupir et cracha dans ses mains. Il allait devoir faire un peu d´escalade. Chester agrippa la tige et cala ses pieds de part et d´autre de la plante. Il poussa sur ses jambes, attrapa la tige avec sa main droite et se mit à grimper. La pluie glaciale lui cinglait le visage avec acharnement et, arrivé au premier étage, Chester avait l´impression que son visage était en feu. Son nez coulait abondamment et ses mains glissaient. Il tenta de les essuyer sur son costume, s´accrochant à la tige d´une main, mais le tissu était également trempé. Il poussa un grognement et continua à grimper. Seule la pensée de son frère aida Chester à tenir pendant cette montée infernale. Le visage d´Hayate dansait devant ses yeux. Hayate, le plus grand chaman que le village n´eût jamais connu. Hayate, son grand frère, son modèle. Mais Hayate était mort. On l´avait retrouvé au petit matin, au pied des marches qui menaient au temple. Le visage en sang. Les membres bizarrement écartelés. Un long katana planté dans le ventre. L´épée de son élève. Personne ne s´était méfié de cette gamine de dix ans au visage pâle et fermé, qui disait venir de très loin pour pouvoir suivre l´enseignement chaman. On l´avait même accueilli à bras ouverts. Le village manquait de sang neuf. L´arrivée de cette enfant était apparu comme une bénédiction. Elle était sage, bien élevée, calme. Autant de qualités qui avaient poussé Hayate à la prendre comme disciple. Elle avait été bonne élève, naturellement douée pour le combat. Et Hayate était patient. Ensemble, ils avaient fait des miracles. En quelques mois, elle maîtrisait parfaitement les techniques de combat chamanes. De plus, ils s´entendaient bien. Hayate était un jeune homme séduisant, personne ne s´étonnait que la fillette soit tombée sous son charme. C´est pourquoi, lorsqu´on avait identifié le katana planté dans le corps d´Hayate comme étant celui de l´enfant, tout le monde avait refusé de croire à la thèse de l´assassinat. Une enfant si jeune ! Et si gentille ! Pourquoi aurait-elle voulu porter atteinte à la vie de son maître ? C´était ridicule ! En réalité, ils refusaient tous d´admettre que Hayate aurait pu se laisser avoir par une gamine. Plusieurs rumeurs avaient éclos, puis enflé, comme le font d´ordinaire les rumeurs. Hayate aurait très bien pu se suicider en utilisant le katana de son élève. La théorie était un peu tirée par les cheveux, mais plausible. Ou bien, elle aurait pu se blesser mortellement son maître lors d´un entraînement, et, horrifiée ses actes, aurait pris la fuite. Déjà plus improbable. Ou encore, l´assassin d´Hayate aurait pu utiliser le katana de la fillette pour faire accuser celle-ci. Cette théorie avait été adoptée par le chef du village, car les blessures d´Hayate ne correspondaient pas à des entailles faites par un katana. On notait plusieurs impacts de balle, probablement causée par une arme utilisant la magitechnologie. Et des traces de mana. Hayate avait été tué par la magie. Toutefois, cela n´expliquait pas pourquoi le katana d´Hayate avait disparu. Ni pourquoi son élève avait pris la fuite. Mais Chester s´en foutait. Il n´avait que trois ans au moment des faits. Il avait vu l´histoire avec les yeux de sa mère. Pour lui, l´affaire était claire : c´était la fille qui avait tué Hayate. Chester se hissa une dernière fois en poussant sur ses jambes et passa la jambe droite derrière la rambarde. Il resta à califourchon quelques instants sur le muret, le temps de reprendre son souffle. La terrasse, en pierres grises, était balayée par le vent. De grosses jarres renfermaient des plantes flétries et, sur le sol, une trappe en bois devait mener à l´étage du dessous. Chester sauta sur la terrasse et… se vautra lamentablement sur le sol. En tombant, il renversa une jarre qui s´éclata sur le sol en libérant une grosse motte de terre. Chester jura entre ses dents. Bonjour l´effet de surprise. Il s´avança prudemment sur la terrasse, et se figea aussitôt. Il fut parcouru d´un grand frisson, et pas seulement à cause du froid. La trappe venait de s´entrouvrir en grinçant. Une tête brune apparu dans l´interstice, et Chester eut l´impression qu´une main de fer venait de se refermer sur son cÅ“ur. C´était elle. Lady Lyune « A » Virgin. Chester saisit courageusement son bâton et prit une posture de défense. Il sentait ses jambes danser des castagnettes. Il était au bord de la nausée. Lyune se dressa lentement hors de la trappe et fit un pas sur la terrasse. Elle s´immobilisa en reconnaissant Chester. Son regard se porta sur le visage de l´enfant, les traits crispés par la haine, les lèvres qui tremblaient. Elle ne cilla pas. « Un animal à sang-froid », pensa Chester. — Bonsoir, Chester, souffla Lyune d´une voix douce. Chester manqua de s´étrangler. Comment avait-elle pu le reconnaître ?! Comment ? Ils ne s´étaient pas vu depuis cinq ans. À l´époque où Lyune vivait parmi les chamans, Chester n´avait que trois ans et elle, à peine onze. D´ailleurs, accaparée par l´entraînement, elle ne le voyait pratiquement jamais. Alors comment avait-elle bien pu… — Le chef des chamans m´a envoyé une lettre pour me prévenir que tu t´étais lancé à ma poursuite, expliqua Lyune en voyant l´air interloqué de Chester. Il m´a donné ta description. Elle le jaugea du regard. — Tu n´as pas beaucoup changé, fit-elle à mi-voix. Lyune fit un pas dans sa direction et Chester dut retenir une furieuse envie de reculer. — Comment as-tu pu savoir que j´étais là ? lança-t-il. — Je te retourne la question. Chester sentit un frisson de rage le parcourir. Le petit air supérieur qu´elle prenait pour lui adresser la parole commençait à l´agacer prodigieusement. — Oooh, pardonnez-moi, Lady Lyune, dit l´enfant d´une voix de fausset. Je suis désolé d´avoir interrompu votre repas. Lyune tiqua. — Lady Lyune ? répéta-t-elle lentement. Chester ricana. — J´ai cru comprendre que c´était comme ça que votre majesté aimait être appelée par ses humbles serviteurs. -— Visiblement, tu en sais beaucoup plus que moi que je ne l´avais imaginé, riposta-t-elle, glaciale. — J´ai fait quelques petites recherches. Je sais que tu es à la tête des Désians. Et je sais pour qui tu travailles. Lyune haussa ses épaules minces. — Dans ce cas, tu dois savoir que je suis quelqu´un de très occupé. Bonne soirée, Chester. Sur ces mots, elle pivota sur ses talons et se dirigea vers la trappe. Elle s´apprêtait à l´ouvrir lorsqu´une grosse liane creva la pierre sous ses yeux et recouvrit la trappe comme une couverture végétale. Lyune fit volte-face et regarda Chester qui pointait son bâton dans sa direction, l´air triomphant. Cette fois, la jeune fille avait l´air singulièrement agacée. — Chester, je n´ai pas le temps de jouer. — Moi non plus. — Laisse-moi partir. L´enfant refusa d´un mouvement de tête. — Chester, je crois connaître la raison pour laquelle tu es ici, dit Lyune d´un ton posé. — Tu crois seulement ? — Oui. Et je n´ai qu´une seule chose à dire à ce sujet : tu te trompes complètement. Chester lui jeta un regard incrédule. — Hein ? Lyune inspira profondément. On aurait dit qu´elle était déchirée par une souffrance intérieure. Elle ferma les yeux et murmura du bout des lèvres : — Chester, je n´ai pas tué Hayate. L´enfant demeura interdit. Son visage impassible. Bien campé sur ses pieds, l´air très calme. Mais à deux doigts d´exploser. — Je n´ai pas tué Hayate, Chester, répéta Lyune d´une voix triste. Chester sentait la rage qui dévorait ses entrailles comme un feu intérieur. — Je n´ai jamais voulu attenter à sa vie… — Mais tu l´as fait. Lyune sursauta. — C´est faux, répondit-elle, nerveuse. — Si, c´est vrai. Chester fut surpris lui-même du ton étonnamment calme qu´il avait employé. Compte tenu de sa haine, c´était presque un exploit. — Tu as tué Hayate, poursuivit l´enfant. J´ignore pourquoi tu l´as fait, et, très sincèrement, je ne tiens pas à le savoir. Mais tu l´as fait. Tu as tué Hayate. Lyune secoua la tête. Elle reculait. À présent, c´était elle qui avait peur. -— Je n´ai pas… — Si. — Non. Je n´ai jamais voulu… — Si, tu l´as fait. Parce que, si tu était innocente, tu ne te serais jamais enfuie. Lyune émit un petit rire. Le plus triste que Chester n´eût jamais entendu. — Pauvre imbécile. Tu ne sais même pas ce qui s´est passé. Lyune posa la main sur la garde de son katana. Chester effleura brièvement son bâton. — Tu ne connais même pas la vraie version de l´histoire. Tu n´as entendu que le tissu d´âneries que ta mère t´a fourré dans le crâne. Chester lui jeta un regard où se mêlaient le dégoût et le mépris. — Ah ouais ? — Sers-toi de ta tête, Chester, répliqua Lyune d´un ton tranchant. Tu me vois, moi, gamine de dix ans à l´époque, essayer de tuer Hayate, le plus grand chaman que le monde eût jamais connu ? Chester regarda fixement Lyune et tenta de s´en rappeler telle qu´elle était à dix ans. Bien évidemment, il ne s´en souvenait pas. Une gamine malingre, avait dit sa mère, l´air sournois. Les membres grêles. La peau blanche comme une endive. Mais rapide, et agile, capable de vous embrocher un monstre à dix mètres. — Peut-être, répondit Chester. Lyune eut un soupir exaspéré. — Je n´ai pas tué Hayate. Même si je l´avais voulu, je ne l´aurais pas fait. — Alors qui ? fit Chester d´un ton ironique. Qui a pu planter un katana très semblable au tien dans le ventre d´Hayate et venir te chercher ensuite pour te dire de foutre le camp ? — Ça ne s´est pas passé comme ça. — Je suis impatient d´entendre ta version des faits. Lyune ferma les yeux, comme si, en pensée, elle essayait de rassembler les pièces du puzzle que constituaient ses souvenirs. — C´était un matin de juin. Il faisait froid. J´étais partie le chercher, parce que c´était le jour où devait aller s´entraîner dans la forêt… Je… Je l´ai retrouvé au pieds des marches du temple. Couvert de sang. Le visage tout blanc. Blanc comme de la craie. Les yeux révulsés comme si… — Epargne-moi les détails, coupa Chester qui n´avait pu retenir un frisson. Il n´avait pas cru un mot de ce qu´elle disait. Sa colère à l´idée qu´elle osait mentir au sujet de la mort d´Hayate en était d´autant plus forte. Elle le bouffait de l´intérieur comme une flaque d´acide. Mais il devait garder son calme. C´était une combattante hors pair, elle tirerait parti de son manque de self-control s´il s´énervait. Chester ajouta en croisant les bras sur sa poitrine : — Ça ne me dit pas qui est l´assassin. Lyune fit une pause étudiée avant de répondre. « Cette fille joue très bien la comédie », pensa Chester. — Les Désians, murmura Lyune. — Qu´est-ce qu´ils viennent foutre là -dedans ? Lyune planta son regard dans celui de l´enfant. — Ce sont eux qui ont tué Hayate. — Foutaises ! La jeune fille cilla. Chester pu voir à quel point sa réponse avait choquée Lyune. Visiblement, le fait qu´il refusât de la croire semblait la blesser profondément. Lentement, elle haussa les épaules. — Tu n´es pas obligé de me croire. — Et je te ne crois pas. Pourquoi les Désians s´en seraient-ils pris à Hayate ? C´est stupide ! Lyune se massa les paupières du bout des doigts, l´air excédé. — Chester, tu te comportes vraiment comme un idiot. -— Et toi, comme une sale garce. Lyune releva brusquement la tête, le regard flamboyant, l´air aussi furieux que Chester quelques instants plus tôt. — Bon sang, Chester, sers-toi un peu de la masse gélatineuse qui te sert de cerveau ! Tous les chamans savent pour qui les Désians travaillent ! Tous ! Stupéfait, Chester fixa Lyune. Il dut admettre qu´il n´avait pas pensé à ça. Il tenta de se ressaisir. — Ils travaillent pour la même personne que toi, riposta-t-il d´un ton aigre. — Ne mélange pas tout, rétorqua Lyune d´une voix lasse. J´ai mes raison de travailler pour Lord Yggdrasill. Et Lord Yggdrasill avait de bonnes raisons de souhaiter la mort de ton frère. Elle agita une main accusatrice en direction de Chester. — N´imaginez pas que ce prétendu traité de paix à deux balles a permis de régler définitivement la question des guerres avec le Cruxis. Lord Yggdrasill est rancunier. Et la mort d´un chaman aussi puissant qu´Hayate aurait bien arrangé ses affaires, crois-moi. Chester se figea. « Logique, pensa-t-il. Ça se tient. » — Je vois, murmura-t-il pour lui même. — Tu me crois, maintenant ? demanda Lyune d´un ton presque suppliant. L´enfant hocha la tête. « Elle va être salement déçue », pensa-t-il en voyant l´expression de soulagement qui se peignait sur le visage de la jeune fille. — Je comprends, dit-il d´une voix froide. Yggdrasill a commandité l´assassinat d´Hayate. Et les Désians et toi avez obéi à ses ordres. Les yeux de Lyune s´écarquillèrent. Puis son regard s´éteint. Une expression de mépris apparut sur son visage. — Tu délires, Chester. Tu es comme tous les chamans, incapable de reconnaître la vérité quand elle ne t´arrange pas. — Et toi, tu es incapable de reconnaître tes fautes. — C´est vrai, je l´admets. Je reconnais difficilement mes erreurs. Surtout quand je suis accusée à tort. À nouveau, Lyune tourna le dos à l´enfant. Elle dégaina son katana et fendit la grosse liane qui bloquait la trappe. Elle s´agenouilla pour soulever la trappe. Elle avait baissé sa garde. « Maintenant ou jamais », pensa Chester. Et il se jeta sur elle. Chester comptait sur l´effet de surprise pour la plaquer sur le sol. Il lui exploserait ensuite la tête avec son bâton ou l´étranglerait avec les lianes. Dans tout les cas, il la tuerait. Dans d´atroces souffrances si possible. C´était sous-estimer Lady Lyune. Contrairement à ce que Chester pensait, Lyune n´avait pas baissé sa garde. Elle s´était contentée de le lui faire croire. Au moment où Chester se jeta sur elle, Lyune se releva vivement. Avec une violence inouïe, elle lui balança son pied dans le ventre. Chester fut projeté à cinq mètres en arrière. Le souffle coupé, il s´écrasa sur le dos et se cogna durement la tête contre le sol. À travers le feu d´artifice de taches jaunes qui lui brouillait la vue, l´enfant pu voir son ennemie se pencher sur lui pour l´attraper par le col. Il sentit qu´elle le traînait sur le sol. À sa grande horreur, il s´aperçut que Lyune le trimballait jusqu´au bord de la terrasse. Elle allait le jeter du toit. Chester se mit à hurler. Lyune le souleva à une main et le maintint au-dessus du vide. Chester sentait ses jambes brasser l´air alors qu´ils les agitait frénétiquement, terrorisé. Ses pieds n´était plus en contact avec le sol. Il agrippa le poignet de Lyune à deux mains. Elle le maintenait toujours par le col et ses vêtements lui sciaient la nuque. L´enfant hoqueta. — Je te donne une dernière chance, Chester ! cria Lyune pour couvrir le bruit du vent. Je n´ai pas tué Hayate, et tu le sais fort bien. Reconnais-le, et je te promets que je t´enverrai pas le rejoindre. Chester planta son regard dans celui de Lyune. Les yeux verts et tristes de la jeune fille n´exprimait aucune pitié. « Tant pis », pensa-t-il. — Je ne te crois pas, lança Chester avec un air de défi. — Tu m´en vois navrée, répondit Lyune en relâchant sa prise. |
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