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Lecture du chapitre 15 | |
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Nom de l'œuvre : Tales Of Darkness | Nom du chapitre : In extremis |
Écrit par Kazumi | Chapitre publié le : 14/5/2006 à 11:26 |
Œuvre lue 41012 fois | Dernière édition le : 14/5/2006 à 11:26 |
Chester se balançait au-dessus du vide. Entre la vie et la mort. Retenu à la vie par la main de celle qui s´apprêtait à le tuer. Qui le tenait par le col de ses vêtements. Et qui n´allait pas tarder à le lâcher. Chester n´attendait plus grand-chose de la vie. Elle ne lui avait rien donné, à part des emmerdes en cascade, qui pleuvaient sur sa tête comme les gouttes d´eau qui tombaient actuellement sur ses cheveux. Il ne s´attendait donc pas à ce qu´un deus ex machina ou une autre connerie dans ce genre vienne le sauver des mains de cette folle. Il réservait ça aux crétins persuadés qu´une gentille déesse avec des fleurs dans les cheveux veillait sur eux, sans savoir que cette même déesse était l´unique responsable de leur petite vie de merde. Elle et la bande d´emplumés à laquelle appartenait la fille qui tenait sa vie entre ses mains. Chester ne s´attendait vraiment pas à ce qu´un deus ex machina vienne le sauver. Ce fut pourtant ce qui arriva. Il la vit avant même que Lyune ne s´en aperçoive. Il la vit distinctement, mais il refusa d´y croire. Il vit également la lame brillante qu´elle glissa sous la gorge de Lyune, et là , il fut bien obligé d´y croire. — On va en rester là , si vous le voulez bien. Chester faillit pleurer de joie en reconnaissant la voix sarcastique de son amie. Il savait pourtant que la partie n´était pas terminée. La situation avait quelque chose de grotesque. Chester se balançait au-dessus du vide, retenu par Lyune qui le maintenait à une main, et qui, elle-même, était menacée par Lysa, qui avait glissé l´une de ses lames de coude sous sa gorge. C´était presque comique. Ça aurait pu l´être si cela n´avait pas été aussi grave. — Lâche-le, ordonna Lysa. — Si tu veux… Lyune desserra légèrement sa prise. Chester poussa un hurlement. Il agita frénétiquement ses jambes qui balayaient le vide. — Je n´ai pas l´impression qu´il soit d´accord, lança Lyune d´une voix faussement désolée. Lysa ricana. — Je pensais qu´une fille aussi intelligente que toi comprendrais tout de suite ce que je voulais dire. Pose-le par terre. Contre toute attente, Lyune obtempéra. Pas de la façon qu´ils espéraient, cependant. Elle agrippa Chester par ses vêtements, raffermit sa prise, et, avec une force prodigieuse, l´envoya sur Lysa. Celle-ci eut tout juste le temps de lâcher ses lames de coude pour rattraper Chester. L´enfant atterrit dans ses bras comme un paquet de linge sale. Ils s´écroulèrent ensemble sur le sol, bras et jambes entremêlés. Chester se redressa aussitôt et attrapa son bâton qui avait roulé par terre. Quelque chose lui disait qu´il pourrait lui être utile dans un proche avenir. Lyune observa Lysa et Chester qui lui faisaient face avec un intérêt clinique. Lysa lui décocha un sourire carnassier. Brusquement, la trappe se mit à s´agiter, comme secouée par un vent violent. Visiblement, quelqu´un essayait de la soulever. La soirée avait été riche en coups de théâtre, aussi personne ne s´étonna d´entendre une voix filtrer à travers la trappe. — Mademoiselle Virgin ? appela une voix masculine. Mademoiselle Virgin, vous êtes là ? Lysa et Chester se regardèrent d´un air paniqué, mais Lyune se tourna calmement vers la trappe. — Je suis là , gouverneur Dorr, répondit-elle. Je voulais simplement observer la superbe vue qu´on avait d´ici. Se disant, elle jeta un regard appuyé à Lysa et Chester. Il y eut un moment de silence. — Mais, mademoiselle Virgin, poursuivit l´homme d´un ton incertain, il pleut, dehors. — Justement, j´aime beaucoup la pluie. Nouveau silence. — Vous préférez que nous poursuivions notre réunion ici ? demanda le dénommé Dorr d´une voix mal assurée. Attendez juste un instant, je vais vous rejoindre… — Inutile, je vais descendre. Mais Dorr avait déjà soulevé la trappe et s´engageait sur la terrasse. Il était suivi de près par deux gardes du corps et un jeune homme dont le visage fin et les yeux d´un noir profond devaient en faire craquer plus d´une. Lorsqu´il remarqua Chester et Lysa, le gouverneur s´immobilisa net. Sa bouche s´arrondit de surprise. Il détailla longuement les cheveux bleus mouillés de Lysa et le costume bizarre de Chester. — Vous connaissez ces… gens ? demanda-t-il à Lyune, se demandant sans doute si le terme « gens » convenait pour désigner les deux adolescents. — Non, répondit Lyune. Lysa tressaillit violement. Si les deux gardes du corps les considéraient comme des intrus, Chester et elle risquaient de s´attirer de graves ennuis. L´enfant jeta un regard haineux à Lyune qui l´ignora. Elle s´éloigna à pas lents du petit groupe et se dirigea vers la trappe qu´elle souleva, avant de se glisser dans l´ouverture. — Ah, fit le gouverneur en zoomant vers les deux adolescents. Et… pourriez-vous m´expliquer ce que vous faites sur ma terrasse ? Si le ton que Dorr employait pour s´adresser à Lady Lyune était mielleux à souhait, celui qu´il utilisait pour parler à Lysa et Chester était supérieur et dédaigneux. Lysa connaissait bien ce genre de gros bourge et elle les détestait. Elle lui aurait volontiers foutu une bonne raclée mais elle pressentait que ce n´était pas le moment. — On prenait un peu le soleil, fit Lysa aimablement. Le temps est superbe. Dorr lui jeta un regard dégoûté, comme s´il venait de poser les yeux sur une limace. Le jeune homme qui se tenait à ses côtés s´approcha, l´air empressé. — Gouverneur Dorr, dit-il précipitamment, il est possible que cette fille soit celle qu´ils recherchent… Dorr braqua aussitôt son regard sur Lysa qui essaya d´avoir l´air le plus innocent possible. — Effectivement, dit le gouverneur à voix basse, c´est une possibilité… — Elle correspond bien à la description, Gouverneur… poursuivit le jeune homme. — Exact, reconnut Dorr en promenant son regard sur Lysa. Celle-ci se mit à frissonner violement, et pas seulement à cause du froid. — Je n´ai rien fait, murmura-t-elle d´une petite voix. Dorr ne lui prêta pas attention. — Je n´aime pas beaucoup l´idée de les aider, marmonna-t-il pensivement, mais… La prime nous serait utile pour renflouer les caisses… Dorr marmonna dans sa barbe couleur paille quelques instants, puis il trancha. — Capturez-les, lança-t-il à ses gardes. Les deux malabars s´avancèrent d´un pas lourd vers Lysa et Chester qui se figèrent. — Gouverneur Dorr, souffla le jeune homme d´un ton pressant, êtes-vous sûr que… Mais déjà , l´un des hommes avait empoigné Lysa par le bras et tentait de la tirer en avant. La jeune fille lui attrapa le poignet, le tordit vivement et lui envoya un coup de genou dans le ventre. — Aïe ! L´homme poussa un cri, les bras repliés sur son ventre. Le deuxième type fonça sur Lysa mais il fut brusquement arrêté dans son élan. Il tomba à plat ventre sur le sol. Chester venait de lui faire un croche-pied. Le gouverneur et son sous-fifre regardaient la scène sans réagir, les bras ballants. — Qu´est-ce qu´on fait ? demanda Chester à voix basse. Sans lui répondre, Lysa l´agrippa par le poignet et se mit à courir en direction de la rambarde. Chester lui jeta un regard incrédule puis poussa un cri de terreur. Il venait de comprendre. Mais il avait compris trop tard. La main toujours serrée sur le poignet de Chester, Lysa enjamba la rambarde et sauta dans le vide. Derrière eux, Dorr et Neil poussèrent un cri de surprise lorsque Lysa et Chester plongèrent droit vers le sol. L´enfant hurla, terrorisé, essayant de toutes ses forces de ne pas s´évanouir alors que le sol se rapprochait à une vitesse vertigineuse. Brusquement, Chester ressentit un violent choc qui se répercuta dans tout son corps. Il roula plusieurs fois sur le dos avec l´horrible impression qui ses os s´entrechoquaient contre ses muscles. Il tenta de se relever mais tomba en arrière. Une main l´attrapa par le col et le retint de justesse. Chester, déséquilibré, tomba en avant, à quatre pattes. Il se releva à grand-peine, les jambes si douloureuses qu´il eût l´impression qu´elles étaient brisées en plusieurs endroits. — Tu es complètement malade, souffla-t-il à Lysa en essuyant un filet de sang qui lui barrait le menton. — Je sais. Chester grogna et regarda autour de lui. Ils se trouvaient sur le toit d´un petit immeuble de trois étages. À côté de lui, une grosse cheminée crachait un panache de fumée grise. Au-dessus d´eux, le gouverneur, penché au-dessus du vide, semblait crier quelque chose. L´enfant l´ignora. Alors qu´il observait vers Lysa qui semblait chercher quelque chose, Chester entendit brusquement un grognement rauque. Il fit volte-face et étouffa un cri de surprise. — Calinà t Junior ! s´écria-t-il. — Ah, fit Lysa, l´air soulagé. Je le cherchais, justement. Les ailes du dragon étaient luisantes de pluie et sa gueule était maladroitement muselée à l´aide d´une grosse corde de chanvre. Son dos était harnaché de deux grands sacs en cuir visiblement remplis d´affaires appartenant à Lysa et Chester. L´enfant caressa pensivement le museau reptilien de Calinà t Junior qui essaya de lui arracher la main. — Tu t´es servi de lui pour monter jusqu´ici ? demanda-t-il, intrigué. — Bien sûr. Je ne pouvais pas vraiment faire autrement, répondit Lysa avec une grimace. On a volé au-dessus de la ville, et quand je t´ai vu sur la terrasse du gouverneur, je l´ai fait descendre pour que je puisse sauter sur la terrasse. Ensuite, il s´est posé tout seul sur le toit de l´immeuble. Mais c´est bizarre… Je pensais qu´il en profiterait pour s´enfuir. Chester ne répondit rien et se contenta de remonter machinalement l´un des sacs sur le dos du dragon. Soudain, Lysa poussa un cri et plaqua Chester sur le sol. Il y eut un sifflement aigu, puis le bruit de graviers tombant sur le sol. Chester marmonna un juron, repoussa Lysa qui le maintenait toujours à terre et se redressa. — T´es vraiment atteinte, ma pauvre fille, grommela Chester. Qu´est-ce qui t´as pris de… — Regarde donc, petit crétin ! Lysa lui attrapa le menton entre son pouce et son index et le força à tourner son visage. Chester ne put retenir un cri de surprise. Sur la cheminée, à l´endroit précis où se trouvait sa tête quelques secondes plus tôt, une flèche était enfoncée dans la pierre. Une deuxième vint aussitôt la rejoindre, manquant le nez de Chester de peu. — Mais… balbutia-t-il, abasourdi. — Il nous tirent dessus ! cria Lysa en pointant sa main vers la terrasse. En effet, cinq tireurs étaient regroupés sur la rambarde et visaient les deux adolescents. Ils étaient armés de grands arcs de guerre, à l´efficacité redoutable. Des carquois bien garnis étaient disposés autour d´eux. — C´est de la folie, souffla Chester, les lèvres tremblantes. On a rien fait de mal… Puis il se tourna vivement vers Lysa, l´air furieux. — Enfin, disons plutôt que je n´ai rien fait de mal, dit-il en la foudroyant du regard. Parce que toi, c´est moins sûr… Tu leur as volé quelque chose, pas vrai ? Lysa sentit ses joues s´enflammer. — Non, bien sûr que non ! se défendit-elle. Je n´ai rien volé depuis que je suis à Sylvarant ! — À part ma carte et ma boussole… — Ça, c´est différent. À eux, je ne leur ai rien volé, je te le jure ! — Alors pourquoi ils nous tirent dessus ? C´est toi qu´ils recherchent, je te signale ! Lysa s´immobilisa. — Je ne sais pas, avoua-t-elle. Brusquement, une deuxième flèche fusa dans leur direction. Lysa fit un écart pour l´éviter mais la flèche lui érafla la joue au passage. Une vilaine coupure apparut sur sa peau. — Fichons le camp ! cria-t-elle. Lysa attrapa Chester par le col et le jeta sur le dos de Calinà t Junior. L´enfant commençait à en avoir mal d´être traité comme un paquet de linge sale mais il songea que le moment était mal choisi pour protester. Lysa monta en croupe et tira vivement les rênes du dragon qui déplia ses ailes. Le vélocidragon rugit et prit son envol. Une grêle de flèche transperça la cheminée et faillit s´enfoncer dans la queue de Calinà t Junior. Lysa fit claquer les rênes. — Grouille-toi, saleté, ordonna-t-elle entre ses dents. Le vélocidragon rugit à nouveau. Avec un grand battement d´ailes, il s´éleva dans les airs, Lysa et Chester sur son dos, étrange silhouette se découpant en noir sur le disque pâle de la lune. Vingt mètres plus bas, le gouverneur Dorr poussa un horrible juron en les regardant s´enfuir. — Qu´est-ce qu´on fait ? demanda Neil, anxieux, le nez en l´air. Vous croyez que l´on devrait prévenir Lord B… — Ce serait signer notre perte, vous ne croyez pas ? — Oui, admit Neil. Il ajouta à voix basse : — On dirait qu´ils ont mis le cap sur Izoold. On devrait peut-être prévenir le chef du village. Le gouverneur Dorr baissa la tête et poussa un lourd soupir. — Je m´en lave les mains, dit-il en se dirigeant vers la trappe. |
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