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Lecture d'un chapitre



Lecture du chapitre 8
Nom de l'œuvre : L'héritier de la foudre Nom du chapitre : Ch. 7: Débarquement
Écrit par supersianne Chapitre publié le : 19/5/2006 à 21:07
Œuvre lue 21707 fois Dernière édition le : 19/5/2006 à 21:07
La traversée se poursuivit.
Elle durait une petite semaine. Bien entendu, elle aurait pu être plus courte, mais la plupart des passagers de l'Aquaria n'achetaient pas un billet pour changer de continent, mais plutôt pour dire, plus tard: "je suis monté sur l'Aquaria". De la navigation de plaisance donc, à part pour quelques-uns...
Katman et Nicolas, en effet, attendaient eux avec impatience la fin de cet interminable trajet. Ils passaient leur temps sur le pont, où le musicien s'efforçait d'apprendre les rudiments de la guitare à son jeune ami, lequel, pourtant plein de bonne volonté, ne se révélait pas très adroit. Mais Katman était un professeur plein de patience...
-Il faudrait t'en acheter une, commenta le musicien, parce que la mienne est une guitare de gaucher, et utilisée par un droitier, les cordes sont inversées: les cordes graves sont normalement en haut, et les aigües en bas... Là, c'est l'inverse... Tu risques de prendre de mauvaises habitudes...
-On fait avec ce qu'on a... dit Nicolas, qui s'efforçait de faire un Do majeur.
Les pokémons, qui, sur la demande du jeune homme, restaient à présent toujours à l'extérieur, semblaient bien plus épanouis et heureux qu'avant, leur dresseur avait été obligé de le remarquer.


-Debout Nicolas!
L'adolescent se réveilla, encore à moitié endormi.
-Tu sais pas quoi? On dirait bien qu'on est arrivés... annonça Katman, en ouvrant les rideaux.
La lumière ne parut pas plaire au jeune garçon, qui se retourna, enfouissant son visage dans un tas de coussins.
-Ferme les rideaux... grommela t-il.
-N'y compte pas! claironna le musicien, en les ouvrant au maximum, ce qui inonda la chambre de soleil.
Le dresseur émit un vague grognement en guise de protestations.
-Je te laisse dix minutes pour me rejoindre dans le couloir. Je te signale que, moi, mes bagages sont déjà prêts... dit-il, avisant le sac de Nicolas, ouvert au pied du lit, mais encore vide.
Katman se baissa alors pour éviter un coussin, projeté sans grande conviction, et quitta la chambre, enjambant les divers pokémons qui dormaient n'importe où, sur ou à côté du lit.

-Mon coco, t'es à la bourre...
-Ça va... bougonna le dresseur, pas encore très réveillé.
Le musicien attendait devant la cabine de Nicolas, et celui-ci venait de l'y rejoindre, traînant son sac.
-Allez hop, on se dépêche! Jotho nous attend! claironna le guitariste, qui était de très bonne humeur.
-Ben, il va pas s'envoler... répliqua l'adolescent. Pas besoin de me faire me lever si tôt!
Katman ignora cette dernière remarque, et accéléra son allure, devançant le jeune garçon d'au moins trente mètres.
Arrivé sur la passerelle, le musicien inspira une grosse bouffée d'air, et s'élança, manquant de glisser sur le quai mouillé. Nicolas arriva peu-après, suivi de ses six pokémons, qui reniflèrent timidement autour d'eux, tentant d'identifier ces odeurs nouvelles.
-Bon, qu'est-ce qu'on fait? demanda le dresseur.
-Eh bien, soit on reste planté ici jusqu'à ce que mort s'ensuive, soit on met direct le cap à Rosalia, avant qu'un autre héritier potentiel ne te pique ta place...
-Va pour la deuxième solution.
-Parfait. Tu as une carte de Jotho?
-Ben... Non.
-Super. Bon, on va en acheter une.
-Si je puis me permettre...
-Permets-toi, permets-toi...
-Je pense qu'il faudrait plutôt acheter un pokématos...
-Un... Un quoi?
Nicolas savourait son triomphe. Enfin, il allait pouvoir bluffer Katman!
-Le pokématos est un genre de minuscule appareil multi-fonctions pour les dresseurs. Entre autres, il affiche les cartes... On n'en trouve encore très peu à Kanto, et leur prix est assez élevé, mais je sais qu'à Jotho, ils sont plus répandus et moins chers...
-Ah ah... approuva le guitariste. Bon, allons acheter ton pokéchose.
Et il se dirigea vers la ville.
Malgré l'heure matinale, le port était très actif. Divers pokémons s'appliquaient à décharger de nombreux bateaux, aidés par quelques dockers. Des créatures marines s'approchaient parfois avec prudence du quai, pour regarder ces colonisateurs de la surface en activité.
Au loin, se profilait un phare. Il était éteint, car le pharamp chargé de son éclairage ne travaillait que la nuit. Il ressemblait à une haute tour sans âme, alors que, une fois le monde plongé dans les ténèbres, il s'illustrait comme un guide inestimable.

-Bonjour Madame, vous avez des pokématos? demanda Katman à la vendeuse du pokéshop d'Oliville, tout en faisant un grand sourire charmeur.
-Oui, mais je ne peux en vendre qu'aux dresseurs. Vous avez une carte?
-Argh, c'est là que le bat blesse...
-Attends, j'arrive... Qu'est-ce que tu ferais sans moi... commenta Nicolas, en montrant sa carte de dresseur.
-Parfait. Le dernier modèle coûte 5 000 pokédollars. Les modèles plus anciens sont un peu moins chers.
-Glaps, j'ai pas pris beaucoup d'argent avant de partir... avoua l'adolescent, embêté.
-Qu'est-ce que tu ferais sans moi... répéta le guitariste en rigolant, tout en tendant la somme nécessaire pour l'achat du pokématos dernier cri.
-T'as de l'argent, toi? s'étonna le jeune garçon.
-Oui, m'sieur. Ce qu'il me reste après l'achat de mon billet, puisque je l'ai payé moins cher que prévu.
-VOUS VOULEZ UNE POCHE PLASTIQUE? cria la vendeuse, qui commençait à en avoir assez de ces deux bavards.
-Euh, non merci, madame.
-Au revoir madame.
Ils s'éclipsèrent, l'air penaud, Nicolas attachant à son poignet le pokématos.

Un magnifique hologramme, représentant une carte de Jotho, venait de surgir de la nouvelle acquisition de Nicolas.
-C'est excellent! s'extasiait Katman. Et tu peux zoomer? Ou la faire pivoter?
-Oui oui, on peut... approuva le dresseur, en effectuant un agrandissement de la zone située entre Oliville et Rosalia.
-Bon, parfait... Ça donne aussi le chemin le plus court?
-Euh... dit l'adolescent, en pianotant sur son appareil.
Un itinéraire s'afficha, clignotant d'une lumière bleutée.
-Sur mon écran, ça dit que c'est le chemin le plus rapide, il faut compter une journée et demie de marche. Par contre, on trouve pas mal de pokémons sauvages, donc mieux vaut disposer d'une bonne équipe reposée... lut le jeune garçon.
-Et ça fait machine-à-laver ou frigo? demanda le guitariste, avec un intérêt feint.
-Très drôle... Bon, on fait quoi?
-Tu fais soigner ton équipe au centre pokémon, et on prend la route! On achète à manger avant de partir, et si tout va bien, et si les affirmations de ton machin sont correctes, on sera à Rosalia demain soir...
Nicolas approuva, et tous deux prirent la direction du centre, qui se distinguait bien des autres bâtiments, de par son toit rouge.
L'ambiance d'Oliville était très semblable à celle de Carmin-Sur-Mer, et, en règle générale, à toutes les cités portuaires. Un genre de vent de liberté, apportant l'odeur de la mer, une excitation qui règne dans les rues, les sirènes des bateaux...

Les deux garçons venaient à peine de quitter Oliville, et marchaient depuis une demie-heure, dans des chemins de campagne plutôt agréables.
-Eh, toi, là!
Un dresseur venait d'interpeller Nicolas.
-On t'a jamais dit que les pokémons, ça devait rester dans ses pokéballs?
-Et toi, on t'a jamais dit que les pokémons détestaient y être enfermés? répliqua l'intéressé du tac au tac.
Le dresseur, qui devait avoir une vingtaine d'années, haussa les épaules.
-Viens te battre! acheva t-il.
L'adolescent se tourna vers Katman.
-Fais ce que tu veux, mais que ça aille vite, je te rappelle qu'on a du chemin à faire... lui conseilla celui-ci.
Or, en langage de dresseur, "faire vite" se traduisait par...
-Un contre un. exigea Nicolas.
-Comme tu veux. Sablaireau, go!
Le jeune garçon aurait dû s'en douter. Ses pokémons en liberté étaient tous visibles, donc le choix du type le plus avantageux était nettement moins difficile...
Mais il avait l'habitude de ce genre de problèmes, étant donné que les dresseurs qui se présentaient à l'arène, pas fous, prenaient très souvent avec eux des pokémons sols...
-Magneton, c'est à toi...
L'être magnétique vint s'installer sur l'aire de combat, ses vis sortant et rentrant dans leur orifices, comme une sorte de danse, de mouvement rituel.
-Allez, Sablaireau, dard-venin!
-Ultrason, Magneton!
Les projectiles empoisonnés du pokémon sol vinrent buter contre le corps lisse de la créature de Nicolas, qui riposta par une émission d'ondes qui rendit son adversaire moins maître de ses mouvements. Profitant du répit, et voyant sablaireau se cogner la tête par terre, le pokémon acier en profita pour se concentrer intensément, effectuant l'attaque dite "verrouillage". Mais déjà, l'espèce de hérisson se relevait, faisant sortir des rochers du sol. Ce n'était pas un problème pour Magneton, qui les esquiva sans difficulté.
-Allez, élécanon! ordonna Nicolas.
L'énorme boule jaune se précipita sur le sablaireau, qui ne fut pas assez vif pour l'éviter entièrement: une partie de l'attaque l'atteignit, le paralysant. Son dresseur jura, et ordonna un jet-de-sable. Le pokémon sol prit une poignée de terre, et l'expédia sur les trois yeux de son opposant, qui les ferma aussitôt. Compensant sa lenteur, engendrée par la paralysie, par l'aveuglement de son adversaire, le sablaireau se jeta sur le magneton, le plaquant au sol, tout en le labourant de copieux coups de griffes, qu'ils avaient si acérées qu'elles réussissaient à entamer la coque du pokémon acier.
-Magneton, dégage-toi avec un tonnerre!
Il s'exécuta: les étincelles firent reculer son opposant, et il s'élança alors avec fracas contre le sablaireau, qui atterrit un peu plus loin: l'attaque retour. Puis, le magneton émit un son très déplaisant, qui bloqua complètement son adversaire sur place: un genre de grincement.
-Triplattaque! décida Nicolas.
Un rayon de feu, de glace, et de foudre se mélangèrent, formant une boule d'énergie aux nuances de couleurs variées. Puis, un rayon fusa, expédiant le sablaireau immobile contre un arbre avec fracas. Le pokémon ne se releva pas.
-Emballez, c'est pesé... commenta Katman en commençant à partir. Merci d'avoir joué, vous pourrez tenter votre chance dans une prochaine émission! clama t-il à l'adresse du vaincu, qui, étonnamment bon joueur, vint serrer la main de son adversaire, sans mots-dire.
Nicolas félicita son Magneton, et emboîta le pas au musicien.

-N'empêche, c'est curieux... commença Katman, pensif.
-Quoi? s'inquiéta Nicolas.
-Cette façon de combattre... Il m'a toujours semblé que pour un match pokémon, on passait son temps à bourrer le crâne du combattant d'ordres dès qu'un brin d'herbe bougeait... J'y repense maintenant, mais ça m'avait déjà marqué lors des combats sur l'Aquaria.
-Oh... Eh bien, cela dépend... Les dresseurs débutants font comme ça... Puis, si on est vraiment proche de ses pokémons, on leur laisse une autonomie de plus en plus forte... Ça permet de ne pas laisser deviner à son adversaire ce qu'il va arriver... On ne leur donne des ordres que s'ils ont l'air perdus ou si on pense qu'ils ne vont pas faire quelque-chose d'approprié.
-Ah ah... Mouais, je crois que même si je voulais, je ne pourrai pas me convertir au dressage... conclut le guitariste.
Soudain, un ecremeuh à l'air énervé vint se planter devant la troupe.
-Il est sauvage? demanda Katman.
-Comment tu veux que je le sache? répliqua le dresseur.
-À Kanto, tous ceux que j'ai pu voir étaient domestiqués... Mais comme c'est un pokémon de Jotho, peut-être qu'ici il y en a des sauvages...
-T'es pas si nul... commenta l'adolescent.
-Qu'est-ce que tu crois? À l'école, on apprenait les bases du poképoké, c'est quand-même une... Euh... Culture.
-Vas-y.
-Quoi, vas-y?
-Bats-toi avec voltali. C'est celle qui t'aime le plus.
-T'es sérieux? demanda le guitariste.
-Oui. Et bouge-toi, parce que ton adversaire s'impatiente...
En effet, la vache frappait le sol avec insistance.
-Euh... Voltali, à l'attaque!
La pokémon électrique avait tout entendu, et approuvait la décision de son maître. Et puis, il serait peut-être amusant de combattre avec cet inexpérimenté... Elle alla se placer devant son opposante.
-Non... murmura alors Katman.
-Quoi, non? Tu m'as fait essayer ta guitare, laisse-moi te faire essayer le combat! Allez!
-Non. répéta le musicien en secouant la tête.
Pendant ce temps, la voltali faisait un magnifique saut pour esquiver la ecremeuh qui lui fonçait dessus.
-Mais pourquoi? Katman...
-Ma mère... J'ai tenu dix ans, je vais pas craquer maintenant...
Une larme coula sur la joue du jeune homme.
-Bon. Tant pis. Et... Désolé.
-C'est rien... dit le guitariste, en voyant la voltali expédier la vache au tapis d'une bonne décharge.
Il se souvenait... Devant la tombe de sa mère... Une tombe vide, parce que son corps, réduit en bouillie, n'avait jamais été retrouvé. Mais cela n'avait pas vraiment d'importance.
Un petit garçon, de neuf ans, levait sa main gauche, en jurant. "Maman, je serai jamais un dresseur"
Et non, résolument, jamais il ne serait dresseur.
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