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Lecture d'un chapitre



Lecture du chapitre 11
Nom de l'œuvre : L'héritier de la foudre Nom du chapitre : Ch. 10: Héritage (bis)
Écrit par supersianne Chapitre publié le : 19/5/2006 à 21:19
Œuvre lue 21703 fois Dernière édition le : 19/5/2006 à 21:19
La foudre frappa pour la deuxième fois.
Katman tremblait de peur en la voyant descendre sur lui. L'espace d'un dixième de seconde, il eut l'idée de s'écarter vite, et de s'enfuir, pour ne plus jamais se retourner. Mais il savait ce qu'il devait à Nicolas: peut-être la vie. Alors il resta figé, terrorisé. La mort lui apparaissait d'autant plus effrayante qu'il l'avait vue frapper plusieurs fois...
Il entendait les étincelle crépiter au dessus de sa tête. Il ferma les yeux, s'attendant au choc. Mais il les rouvrit bien vite: il ne sentait rien. Avec soulagement, il vit que la foudre le frappait sans lui occasionner la moindre douleur. Il avait réussi!
C'est alors que Raikou rugit, dégageant encore plus d'électricité. Apeuré, le jeune homme manqua d'esquisser un pas en arrière, mais se retint, éprouvant une sensation nouvelle, qui ne s'avérait pas être de la souffrance. Non, il sentait plutôt comme quelque-chose qui gagnait son corps, l'envahissant. Mais ce n'était pas quelque-chose de négatif, ça ne tentait pas de lui nuire, ça s'implantait simplement en lui, dans sa chair, dans son sang, dans tout son être. C'était étrange et indéfinissable.
Puis, le félin arrêta sa foudre. Le musicien, encore tout hébété, regarda autour de lui. Sa peur devant la mort lui avait fait passer tout le reste en arrière-plan... Il vit que les six pokémons le regardaient avec espoir et lassitude, heureux de ne pas se trouver en présence d'une nouvelle victime, et toujours affligés par la perte de leur maître. Katman posa son regard sur le corps de Nicolas, et sa fureur refit aussitôt surface.
-Bravo, Katman. Tu as réussi. Transmets le message à Electhor, et dépêche-toi. Le délai est bientôt dépassé... Bonne chance, héritier. dit Raikou, d'un ton plat, comme s'il récitait cette phrase pour la centième fois.
-Je n'ai pas besoin de tes encouragements. répondit le musicien d'un ton dégoûté. J'espère ne jamais te revoir, à part pour venger mon ami.
Puis, le jeune homme fixa intensément le regard désintéressé de l'assassin.

Katman retourna au centre pokémon, portant le corps de Nicolas sur ses épaules. Sa rage passée, il maudissait Raikou encore et encore... La nuit régnait toujours, mais l'orage s'était estompé, comme par magie. Bientôt, les rues s'animeraient, les volets s'ouvriraient, les gens vivraient... Comme si rien, absolument rien ne s'était passé.
Le guitariste rentra discrètement dans la chambre, et déposa le cadavre de l'adolescent sur son lit. Les pokémons, silencieux, se lovèrent contre ou sur ce corps tant aimé, pendant que le jeune homme réfléchissait.
Il fallait qu'il prévienne les parents de l'adolescent du décès de leur fils, ainsi que le Major de la mort de son poulain... Il fallait qu'il prenne soin des pokémons de Nicolas... Il fallait qu'il aille trouver Electhor pour lui transmettre ce stupide message... Il fallait aussi qu'il invente un moyen pour transporter le corps de Nicolas jusqu'à Bourg Palette sans attirer l'attention...
Le musicien se leva rageusement. On lui en demandait trop! Des larmes amères ruisselèrent encore, tombant au sol les unes après les autres.
C'est alors que les pokémons électriques quittèrent le corps de leur ancien maître pour venir réconforter le nouveau. Ils n'avaient pas eu besoin de se concerter: si il se trouvait une personne, un humain digne de s'occuper d'eux, comme le faisait Nicolas, c'était bien Katman. Pour sa part, le guitariste regarda avec étonnement les créatures s'approcher de lui. Il n'avait pas l'habitude d'une telle humanité chez les pokémons. Ils n'étaient pour lui que des animaux de compagnie, des êtres vivants, qu'il respectait comme tels, mais nullement des êtres de même intelligence.
S'il avait demandé à Nicolas de libérer ses monstres, c'était uniquement parce qu'ayant lui-même une âpre envie de liberté, il n'aurait pas supporté qu'une autre conscience ne puisse en profiter également. Mais il ne s'était jamais dit que les pokémons éprouvaient autant de souffrance emprisonnés que les hommes.
Son aveuglement ancien l'étonna. Ces êtres venaient se frotter contre lui avec douceur. Ils l'aimaient, ils lui témoignaient de la sympathie, de la compassion, alors que lui-même ne leur en avait même pas montré un seul signe...
Avec une joie nouvelle, il ouvrit grand ses bras, tentant d'y serrer ses six nouveaux amis.
-On y arrivera... promit-il tout bas. On y arrivera.
Les corps chauds se rapprochèrent encore, l'enveloppant d'un intense sentiment, qu'il commençait à éprouver de plus en plus souvent ces derniers temps. C'était l'exact inverse de sa solitude passée.
-On y arrivera... répéta t-il. Tous ensembles.


-Mon dieu, c'est horrible!
L'infirmière Joëlle tournait autour du corps de Nicolas, osant à peine le toucher.
-Et vous dites que vous l'avez entendu se lever, que vous l'avez suivi, qu'il est sorti du centre, et que là, il s'est fait foudroyer?
-Oui, madame. objectiva Katman, assez mal-à-l'aise: son histoire était complètement nulle. C'était un ami à moi, on voulait faire la league Jotho ensembles... Et...
Il s'arrêta, pour feindre le désespoir, et s'aperçut que les larmes qui se mirent à couler n'étaient absolument pas fausses.
-Bien. Ma foi, c'est assez... Difficile à accepter, comme histoire... fit la nurse, qui pleurait un peu, elle-aussi. Il était si jeune... Je vais appeler la police, ils se chargeront de le ramener à ses parents... Il faut que vous restiez aussi, pour qu'ils puissent entendre votre déclaration, et certifier l'accident... conseilla t-elle à Katman. Ce sont ses pokémons? demanda t-elle en regardant les six créatures qui entouraient le cadavre.
-Oui. J'ai, euh... Je leur ai proposé de rester avec moi, et... Ils ont accepté. Vous comprenez, pour moi, ils sont comme mes propres pokémons...
Les concernés se tournèrent avec un air affectueux vers le musicien.
-Je vois. Mais c'est à la famille de décider du devenir de ces pokémons. Puisque votre ami n'a pas pu faire parvenir de volonté à propos de ceux-ci...
-Ah...
Le jeune homme réfléchit. Si la police arrivait, elle appellerait les parents de Nicolas, et ceux-ci diraient bien qu'ils ne le connaissaient absolument pas, et qu'il n'avait pas à s'occuper des pokémons de leur enfant.
Décidément, rien ne serait simple.


-Qui êtes-vous?
Il faisait nuit, et Marc venait d'ouvrir la porte d'entrée, car la sonnette avait retenti quelques secondes plus tôt. Mais qui était cet homme qui arrivait chez eux à cette heure-ci, alors qu'il était notoire que lui et sa femme sortaient d'un horrible drame?
-Condoléances. Je suis désolé de vous déranger après un pareil événement, mais j'ai des choses à vous dire, qu'il faut que vous sachiez... commença l'inconnu, planté sur le seuil.
-Désolé, mais je n'ai absolument pas le cœur à résoudre des énigmes. Bonsoir Monsieur.
-Attendez! Cela concerne... Nicolas.
Une larme coula sur les joues de Marc. Et puis après tout, pourquoi pas?
-Entrez.

Lucie leva les yeux.
Son mari Marc revenait au salon: il n'était pas seul. Derrière lui, marchait un jeune homme, portant sur son dos une guitare, ainsi qu'une ceinture de pokéballs autour de la taille. Elle nota que ses cheveux étaient retenus par un bandeau aux couleurs de l'arc-en-ciel sur la tête, et qu'un pendentif, taillé à partir d'une pierre foudre, était attaché à son cou.
Mais cela, Lucie le voyait comme à travers un voile, à travers ses yeux embués de larmes.
Cela faisait une semaine que son fils unique Nicolas, avait disparu. La police avait appelé, pour leur annoncer la nouvelle: le dresseur avait été foudroyé, et mort sur le coup, alors qu'il était sorti du centre pokémon de Rosalia où il logeait, en pleine nuit, en plein orage. Ajoutée à cette mort suspecte, la police, se basant sur le témoignage de l'infirmière Joëlle du centre, leur avait confié qu'un mystérieux guitariste était arrivé en compagnie de leur fils le soir-même, et qu'il s'était enfui avant l'arrivée de la police, emportant avec lui les pokémons de Nicolas.
Il n'était pas impossible que cet homme ait tué leur fils pour s'emparer de ses monstres de combat, faisant passer la mort de l'adolescent pour un accident. Néanmoins, la nurse avait confié à la police que l'individu avait semblé très affecté par la perte de Nicolas, et que les pokémons du dresseurs avaient l'air réellement attaché à cet homme.
Lucie ne savait que croire, mais elle se doutait que ce soir, le mystère serait résolu: le mystérieux individu qui avait échappé à la police ne pouvait être un autre que celui qui venait de sonner à leur porte, et que son mari Marc venait de faire pénétrer dans le salon.
Katman s'installa sur un fauteuil, et contempla un instant le couple assis devant lui. Marc et Lucie devaient avoir une quarantaine d'années, mais là, leur traits creusés par le chagrin, ils en paraissaient dix de plus.
Le musicien réfléchit un moment, se sentant affreusement de trop dans ce salon, cette pièce banale d'une maison classique du Bourg Palette.
Enfin, il décida de commencer: il prit ses pokéballs, et les ouvrit une par une: leur occupants jaillirent: les six pokémons, à peine libérés, allèrent saluer les parents de leur ancien maître, car Nicolas venait revoir sa famille presque chaque week-end, et il ne manquait jamais de les libérer: les créatures aimaient beaucoup les parents de leur entraîneur.
Lucie et Marc serrèrent avec joie ces six monstres, tant liés à leur cher disparu, qu'ils n'avaient cru ne plus jamais revoir. Mais bientôt, leur regards se tournèrent de nouveau vers leur visiteur.
Katman s'éclaircit la gorge. Il allait tout leur dire. Sur lui, sur Nicolas, sur l'héritage, sur tout.
Il leur devait la vérité.

Un silence pesa un instant après que le musicien a fini de raconter l'histoire.
Ce fut Lucie qui parla la première.
-Alors ainsi, notre fils a été tué? Par Raikou?
-Il nous avait parlé d'une mission en cours, qui exigeait qu'il aille à Jotho, sur ordre du Major Bob, mais pas un mot sur cette histoire d'héritier... avoua Marc.
Le couple avait l'air perdu, et méfiant.
-Je sais que c'est difficile à avaler... concéda Katman. Mais les pokémons de Nicolas étaient là, ils vous diront la vérité...
Les six créatures entourèrent le jeune homme, faisant "oui" de la tête, ou alors regardant fixement les deux parents.
-D'accord. Je vous crois. affirma Lucie.
-Moi de même. renchérit Marc.
-Merci. répondit Katman, très sincèrement.
-Qu'allez-vous faire à présent? demanda alors la mère de Nicolas.
-Je vais achever ce que j'ai commencé. Je vais trouver Electhor pour lui transmettre le message... J'en profiterai pour lui toucher deux mots à propos d'un certain compère électrique à lui, qui s'amuse à tuer des enfants pour rien...
Le guitariste serra les poings.
Le couple souhaita bonne chance à Katman, le remerciant pour ce qu'il faisait en mémoire de leur fils par la même occasion. Puis, Marc et Lucie décidèrent d'avertir eux-même le Major Bob de l'histoire, afin que l'héritier ne perde pas de temps, et puisse délivrer son message avant que le délai ne soit dépassé.
-Et, à propos des pokémons de Nicolas... commença le jeune homme.
-Ah oui. Eh bien, s'ils sont heureux avec vous, ils n'ont qu'à vous accompagner... suggéra Lucie, aussitôt approuvée par les six monstres.
-Je suis d'accord. Je vais téléphoner à la police, pour leur demander d'arrêter leur recherches: on tente désespérément de vous mettre le grappin dessus, à Jotho. On vous suspecte du meurtre de Nicolas, surtout avec votre fuite... déclara Marc.
Le jeune homme approuva d'un air grave.
-On dira qu'on ne se souvenait pas de vous sur le moment, mais que vous étiez un grand ami de Nicolas, et que vous vous êtes enfui par peur... continua l'homme.
-Autre chose... commença Lucie. Vous savez, nous avons reçu le corps de Nicolas deux jours après sa mort. Nous l'avons enterré dans le cimetière de la ville, un peu plus haut... Si vous voulez... Enfin, si...
Elle s'interrompit, sanglotant.
-Vous pouvez... Aller... Le voir. Je suis sûr qu'il n'attend que ça... Votre visite, et celle de ses pokémons.
-J'irai. promit Katman.
Puis, les trois humains se regardèrent un instant en silence. Le musicien se leva, serra la main de Marc, fit la bise à Lucie, et sortit du salon, suivi des six créatures.


La nuit flottait comme une brume glacée dans le cimetière.
Les tombes, alignées, entourées d'herbe, semblaient dormir paisiblement. Pour l'éternité.
Katman venait, à la lueur de sa lampe torche, de trouver la dalle de marbre qui surmontait le trou où l'on avait glissé le corps de son ami.
Il s'agenouilla devant la pierre, les six pokémons entouraient la tombe. Ils pleurèrent tous, quelques larmes, submergés par une pareille émotion, devant la nouvelle demeure de leur ami.
Puis, le musicien sortit sa guitare, regarda avec hésitation autour de lui, se demandant si cela était le meilleur endroit et le meilleur moment pour ce genre de chose. Mais les regards amicaux des pokémons, ainsi qu'un coup d'œil sur la tombe de Nicolas lui enlevèrent toute réticence.
Il joua la chanson qu'il savait être la favorite de son ami décédé, celle que l'adolescent était arrivée à jouer, à force d'obstination sur l'instrument à six cordes.
Quand le morceau fut fini, Katman se leva, imité par les six créatures.
Il effleura son collier, qu'il avait subtilisé au corps de Nicolas, avant de s'enfuir du Centre Pokémon. La pierre foudre, gagnée par le dresseur à la compétition de L'Aquaria.
-Tu vas manquer à beaucoup de gens, Nicolas, moi le premier. Puisses-tu être heureux, ou que tu sois. dit solennellement le jeune homme. Et ne t'avise pas de m'oublier, sinon, tu pourrais bien le regretter... ajouta t-il d'un ton plus anodin. Adieu. acheva t-il.
Les pokémons avaient également adressé leur dernières paroles à leur maître, dans leur langage.
Les sept êtres se rendirent alors compte qu'il faisait froid.
Mais peu leur importait.
Le musicien partit sans se retourner, marchant vers le Sud, vers Les îles Oranges.
Vers Electhor.
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