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Lecture du chapitre 16 | |
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Nom de l'œuvre : Tales Of Darkness | Nom du chapitre : Baignade interdite |
Écrit par Kazumi | Chapitre publié le : 23/7/2006 à 20:46 |
Œuvre lue 40999 fois | Dernière édition le : 23/7/2006 à 20:46 |
Lysa étendit ses mains bleuies par le froid au-dessus du feu qui crépitait dans l´âtre. Des courants d´air sifflaient à travers les planches disjointes des murs et elle grelottait dans sa couverture trop mince. Elle éternua. — Putain de voyage, grommela-t-elle en frottant vivement ses mains l´une contre l´autre. Cette phrase expéditive résumait plutôt bien les évènements de la nuit passée. Lysa et Chester avaient dû lutter contre le vent, les intempéries, et les sautes d´humeur de Calinà t Junior qui changeait tout le temps de direction. Lysa avait les talons de ses bottes usés à force d´avoir dû frapper le dragon pour l´obliger à suivre le bon chemin. En plus, elle avait chopé un vilain rhume. Et Chester lui faisait la gueule. « Que du bonheur ! » pensa-t-elle ironiquement en jetant un coup d´œil à Chester qui dormait, ou plutôt faisait semblant de dormir, roulé en boule sur son lit. Arrivée au village d´Izoold, Lysa avait tambouriné à la porte de l´auberge pour obtenir une chambre. L´aubergiste était venu lui ouvrir en râlant. Il avait d´abord refusé de leur louer une chambre, prétextant qu´il ne faisait presque plus nuit, et qu´ils n´avaient qu´à dormir dehors, pour le peu de temps qui restait. Les grognements menaçants de Calinà t Junior l´avaient vite ramené à la raison. L´aubergiste avait même accepté de leur donner sa meilleure chambre, la seule qui disposait d´une cheminée. « C´est fou ce que les animaux de compagnie ont un effet bénéfique sur les gens », avait pensé Lysa en regardant l´aubergiste multiplier les courbettes. Lysa bailla largement et se frotta les yeux. Elle lança un bref regard à Chester. Lysa ne cherchait pas à s´interroger sur les liens qui unissaient Chester et Lady Lyune. Même si elle ne pouvait s´empêcher de se poser des questions, quelque chose lui disait qu´il valait mieux ne pas trop fourrer son nez dans les affaires de Chester. Ainsi, il en ferait autant avec elle. Chester n´avait pas desserré les dents depuis qu´ils avaient quitté Palmacosta. Il s´était muré dans un silence massif, ne répondant aux questions de Lysa que par monosyllabes. Il semblait triste, désappointé, perdu, et ses grands yeux gris clairs semblaient se poser sur la jeune fille sans la voir. Aussi Lysa fut-elle très surprise d´entendre la voix de Chester monter du lit sur lequel il était allongé. — Pourquoi tu es venue ? demanda Chester d´une voix blanche. Elle savait de quoi il voulait parler, évidemment. — Parce que j´avais l´intuition que tu allais t´attirer des emmerdes. Chester se retourna sur sa couchette et fixa Lysa. Le feu éclairait délicatement son visage d´enfant, lui donnant l´aspect d´un farfadet. — Et alors ? Ça ne changeait pas grand-chose pour toi, non ? Je veux dire… On n´est pas vraiment amis… C´est pas comme si tu devais me protéger. Lysa considéra longuement Chester, l´air de méditer ses paroles. — C´est vrai. Mais, comme ça, je sais que le jour où j´aurai des ennuis, tu devras venir m´aider. Parce que tu auras une dette envers moi. — En fait, c´était très calculé. — Oui, fit Lysa avec un sourire. Si on veut. À nouveau, Chester s´enfonça dans un silence pensif. — Je ne peux rien te promettre, énonça-t-il d´un ton prudent, mais si, un jour, tu as des problèmes, et que je peux t´aider à les régler… Eh bien… J´essaierai. Lysa eut un petit rire. — C´est ta façon de me dire merci ? — Oui, dit Chester avec un léger sourire. Si on veut. Lysa se réveilla quelques heures plus tard. Elle s´était endormie sur le sol glacé, ce qui n´avait pas arrangé son rhume. Son nez avait maintenant l´aspect d´une tomate écrasée et ses yeux rougis la piquaient horriblement. Elle leva la tête et vit Chester qui avalait un bol de porridge avec d´horribles bruits de succion. Lysa se leva, épousseta ses vêtements et se commença à rassembler ses affaires. Elle jeta ensuite son sac devant la porte où il atterrit avec un bruit mat. — Bon, commença-t-elle, s´adressant à Chester, qu´est-ce que tu fais ? — Pardon ? — Ce n´est pas parce que tu as une dette envers moi que tu es obligé de me coller. Chester lui jeta un regard interrogateur. — Et… Où tu as l´intention d´aller ? — Isélia. — C´est loin. — Je sais, mais j´ai quelque chose d´important à faire. Chester prit alors ce petit air de supériorité écrasante qui agaçait prodigieusement Lysa. — Comme tu m´as entraîné de force avec toi, dit-il sèchement, je suis bien obligé de t´accompagner. Outrée par tant de mauvaise foi, Lysa faillit lui balancer sa main dans la figure, mais elle se retint et songea avec amusement qu´elle avait retrouvé le vrai Chester. — Ok, morveux, dit-elle dans un rire. Alors, tu te grouilles ? Quelques heures plus tard, alors que Lysa et Chester pique-niquaient au sommet du sentier d´Ossa, Lysa, tout en beurrant des sandwichs, se mit à observer la vue qui s´étendait devant elle. Un échiquier de mosaïques vertes s´étalait sous ses yeux, parsemé çà et là de bois touffus ; à l´ouest, une petite forêt formait une tache mordorée. Au loin, la mer moutonnait sur l´horizon. — C´est joli ! admira Lysa avec un émerveillement de petit enfant. Et en plus, cette Tour du Salut de merde ne vient pas nous pourrir le paysage ! — C´est parce qu´elle n´est pas consacrée à Sylvarant, expliqua Chester d´un ton docte en glissant un caramel entre les babines de son dragon. — Consacrée ? — Oui. Lorsque l´Elu commence le périple de la régénération, les Anges du Cruxis consacrent la Tour au monde auquel l´Elu appartient. C´est un acte symbolique, ça permet de prouver aux gens qu´ils sont sous la protection du Cruxis. — Super, tant mieux pour eux, grommela Lysa en étalant une tranche de jambon sur son pain. Elle lécha la moutarde qui dégoulinait sur ses doigts et mordit dans son sandwich. Elle ne put s´empêcher de jeter un regard furtif à Chester qui essayait sans enthousiasme de décoller les mâchoires de Calinà t Junior engluées par le caramel. — Hé, Chester. — Mouais ? — Qu´est-ce qu´il y a exactement entre cette Lady Lyune et toi ? Chester sembla se crisper instantanément, mais Lysa ne retira pas la question qu´elle estimait parfaitement justifiée. Elle avait le droit de savoir pourquoi Chester avait-il poursuivi cette fille, au point de mettre sa vie en danger. La réponse fut brutale. — Elle a tué mon frère, dit Chester d´une voix calme. Lysa sursauta. Elle ne s´attendait pas à ça. — Mais… Pourquoi ? demanda-t-elle d´un ton abasourdi. Pourquoi est-ce qu´elle a… — Je ne sais pas, répondit Chester d´un ton brusque. Je ne peux faire que des suppositions. Peut-être par convoitise. Je crois qu´elle lui a volé son katana… — Un peu léger, comme mobile de meurtre, fit Lysa fraîchement. Chester lui jeta un regard furieux et s´enfonça dans un silence boudeur. Lysa décida de l´ignorer et termina tranquillement son sandwich. Elle choisit de rompre le silence au bout de quelques minutes. — Elle est forte, cette Lyune ? demanda-t-elle d´un ton léger. Elle vit un imperceptible frisson parcourir le dos de Chester. — C´est la pire tueuse que j´ai jamais connue, répondit-il lentement. Lysa se demanda pourquoi alors Chester avait-il choisi de s´attaquer à elle. Décidément, Ce garçon avait des tendances nettement suicidaires. La traversée du désert de Triet fut sans doute la pire que Lysa et Chester eurent à affronter. La température devait frà ler les quarante-cinq degrés. À l´ombre, bien sûr. Sachant que seuls des cactus et des spiniflex parvenaient à pousser sur ce sol anémique, autant dire que les deux adolescents avaient rarement l´occasion de se protéger du soleil. Le soleil dardait sur eux son Å“il de cyclope, énorme, incandescent, les forçant à avancer les yeux à demi clos pour lutter contre cette luminosité d´une intensité inouïe. Parfois, Lysa voyait des taches de lumière exploser devant ses yeux. Les rayons du soleil cognaient sur sa nuque. Mais le pire restait sans doute la chaleur, une chaleur si violente que les deux adolescents en suffoquaient. Calinà t Junior ahanait et grognait derrière eux, ses écailles de reptile luisant sous la lumière. Chester n´avait pas l´air très affecté par la chaleur, mais ses joues habituellement pâles étaient devenues rouges et luisantes. Lysa transpirait tellement que ses vêtements se soudaient à son corps, façon seconde peau. Ses pieds marinaient dans ses bottes de cuir comme de la viande dans une marmite. Elle commit l´erreur de les enlever et posa le pied sur le sable brûlant. — AAAAAAAAAAAAAAAAARGHHHH !!! Le hurlement qu´elle poussa aurait pu réveiller les morts. Lysa, hurlant de douleur, se mit à sauter sur son pied droit tout en agrippant son pied gauche qui avait viré au rouge vif. Chester, croyant qu´elle exécutait une nouvelle danse, battit mollement la mesure en tapant dans ses mains. Lysa attrapa sa botte et y enfonça rageusement son pied meurtri tout en crachant un chapelet de mots que l´on apprenait probablement pas au jardin d´enfant. Ils poursuivirent leur route dans un silence de mort, Chester, traînant son dragon, Lysa, boitillant derrière eux. Alors que le cerveau de Lysa parvenait au dernier stade de la torréfaction, un palmier se dressa brusquement sur le chemin. Il se dressa si brusquement que Lysa faillit rentrer dedans. Des noix de coco ridées et poilues gisaient dans le sable autour du tronc. — Tu crois qu´il pourrait y avoir une oasis près d´ici ? demanda Lysa en s´essuyant le front. — Peut-être, répondit Chester d´un ton vague en dépliant sa carte. On devrait pas être loin de Triet. Lysa passa les doigts dans ses cheveux trempés de sueur. On aurait dit que de grosses algues bleues lui collaient au visage. Elle sortit sa gourde de son sac, dévissa le bouchon et glissa le goulot dans sa bouche. Lysa ressentit brusquement un choc au cÅ“ur. — Il vaudrait mieux qu´on arrive vite à Triet, murmura-t-elle d´une voix faible. — Pourquoi ? demanda Chester. Pour toute réponse, Lysa retourna la gourde. Deux gouttes d´eau tombèrent sur le sol et s´évaporèrent aussitôt. Vide. La gourde était tragiquement vide. — Je vois, répondit Chester, impassible. Ils reprirent leur route. La nuit tomba brutalement. Une nuit noire. Pas de lune, pas de lampe, pas même la plus petite lueur d´étoile dans ce ciel complètement bouché. Lysa avait l´impression qu´un sac de graviers avait élu domicile dans sa bouche. De larges auréoles de sueur barbouillaient ses vêtements. Elle avait tellement soif qu´il lui arrivait parfois de perdre connaissance, brièvement. Chester avançait mollement, en traînant son bâton sur le sol. De temps en temps, il s´arrêtait pour reprendre sa respiration. Il semblait au bord du malaise. Soudain, Calinà t Junior poussa un jappement et tira brutalement la corde des mains de Chester. Il se mit à galoper en soulevant de grands nuages de sable derrière lui. — Qu´est-ce qu´il lui prend ? demanda Lysa d´un air ahuri. Chester piqua un sprint derrière son dragon. Lysa, un peu abasourdie, lui emboîta le pas. Les deux compagnons filèrent à travers une rangée de palmiers pendant quelques minutes, avant de s´arrêter brusquement. Ils venaient de recevoir une gerbe d´eau fraîche en pleine figure. Lysa fit timidement un pas en avant… et s´étala de tout son long dans une mare d´eau tiède. Aussitôt, elle sentit un immense bien-être l´envahir. Elle avança en rampant sur le sable doux et plongea la tête dans l´eau en aspirant à larges goulées. Devant elle, le vélocidragon se vautrait de tout son long dans l´eau en lapant frénétiquement la surface. Lysa resta de longues minutes allongée dans l´eau, les vêtements trempés, le visage tourné vers le ciel. Quelques palmiers dessinaient une ombre longiligne sur fond de ciel noir. « On a vraiment eu de la chance, pensa Lysa. Quelques kilomètres de plus et on était morts. » — Putain, on a eu chaud, soupira Lysa en passant les mains sur son visage humide. — C´est le cas de le dire, fit Chester ironiquement. Il avait retiré ses chaussures et glissé ses pieds dans l´eau. Son visage avait retrouvé sa couleur pâle et il semblait respirer mieux. Leur bonheur fut cependant de courte durée. Des vociférations hystériques retentirent derrière eux. Lysa se releva, la main posée sur ses lames de coude. Une ombre vague gesticulait à quelques mètres d´eux, à travers les palmiers. Les traits de l´ombre se précisèrent alors qu´elle avançait vers eux, ses paroles aussi. Rien de très aimable, à ce qu´ils pouvaient entendre. Un homme ventripotent et rougeaud se dressa alors devant les deux adolescents, agitant une lampe à huile à bout de bras. Lysa se redressa complètement, cheveux et vêtements dégoulinants. — Un problème ? demanda-t-elle aimablement. — Qu´est-ce que vous foutez ici ?! riposta l´homme, l´air fou de rage. Chester se leva à son tour. — Comme vous pouvez le voir, fit-il de son habituelle voix narquoise, nous prenons un bain. L´homme poussa un rugissement de taureau furieux. — Il est strictement interdit de se baigner dans l´oasis !! beugla-t-il. Vous savez pas lire ou quoi ?! Il pointa un doigt boudiné vers un écriteau dont on devinait à peine les formes dans le noir. — Dans le noir, non, effectivement, répondit Lysa d´une voix froide. — Je m´en tape !! répliqua le type en agitant ses petits bras. Chaque semaine, c´est la même chose ! Je retrouve toujours des crétins qui s´imaginent que l´oasis est une piscine publique ! Il agrippa Chester par le bras et l´envoya valdinguer sur le sable. Le jeune garçon se redressa dignement en époussetant ses vêtements. Calinà t Junior se mit à grogner imperceptiblement. Lorsqu´il posa les yeux sur le dragon, le type beugla à nouveau. — Un dragon !! Un putain de dragon !!! — C´est mon animal de compagnie, répliqua Chester d´un ton irrité. — Dites-moi que c´est pas vrai, poursuivi l´homme, l´air dépassé, sans tenir compte de la remarque de Chester. Le mois dernier, des touristes, il y a deux semaines, cette petite greluchonne, et maintenant, un dragon. Un foutu dragon. Le type poussa un lourd soupir et fit un large mouvement du bras. — Suivez-moi, vous autres. Lysa obtempéra, attrapant au passage la laisse du vélocidragon qui se laissa entraîner à contrecÅ“ur. Tout en marchant, le type grommelait entre ses dents d´un ton rogue. — Chaque fois c´est la même chose. Toujours des dingues qui veulent se faire une petite baignade. Déjà , la petite conne, avec ses cheveux carotte, la dernière fois… « Je savais pas, je suis pas de la région », qu´elle m´a dit. Rien à foutre. Faut apprendre à lire, que je lui ai dit, c´est marqué noir sur blanc sur le panneau : « baignade interdite ». L´homme frappa une noix de coco d´un coup de pied. — « Je savais pas, je suis pas de la région », imita-t-il d´une voix de fausset. Avec son insupportable accent bourgeois… Lysa commençait à se demander où ce type les emmenait-il. Peut-être chez le maire, ou bien chez une autre personne officielle. Elle s´aperçut bientôt qu´ils venaient d´arriver en plein milieu d´une petite place faiblement éclairée par des lampes à huile et entourée de maisons qui se superposaient comme des cubes en bois. Lysa regarda autour d´elle, surprise de ne pas voir une horde de villageois furieux prêts à les passer à tabac. — Là , dit le type en s´arrêtant et en désignant un petit bâtiment sur sa droite, c´est l´hôtel. Si vous êtes touristes, vous feriez mieux de vous arrêtez là . Chambres pas chers, repas corrects, service agréable. Et ils acceptent les animaux, ajouta-t-il en braquant ses yeux sur Calinà t Junior. Lysa tressaillit. Elle s´attendait à ce que l´homme les amène tout droit chez le maire ou les lapide en place publique. Visiblement, il appartenait à cette catégorie d´individus qui parlaient plus qu´ils n´agissaient. — Ah, fit Lysa, un peu prise de court. Euh… Merci. — De rien, répondit le type avec un vague grognement. Et que je ne vous reprenne pas à traîner près de l´oasis, c´est clair ? Sur ces mots, il s´éloigna. Sans chercher à comprendre, avec un petit sourire complice au coin des lèvres, Lysa et Chester se dirigèrent vers l´hôtel. |
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