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Lecture du chapitre 8 | |
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Nom de l'œuvre : Chroniques | Nom du chapitre : KAO-II-4 "Le labyrinthe de ses souvenirs..." |
Écrit par RAIDEMO | Chapitre publié le : 5/1/2007 à 23:14 |
Œuvre lue 21054 fois | Dernière édition le : 2/4/2008 à 19:25 |
Chapitre 4 : « Le labyrinthe de ses souvenirs... » Le trajet en Jeep jusqu´à Parmanie fut bien moins calme que les précédents. Le militaire tentait de rester concentré sur la route tout en répondant machinalement aux remarques cinglantes qui lui parvenaient de l´arrière. Koga avait emprunté le walkman de Daman et maintenait le casque sur ses oreilles, volume au maximum. Morgane s´évertuait à créer un harnais de sécurité avec tout ce qui lui passait sous la main, afin de ne plus glisser et se cogner contre le surface métalliques de la Jeep à chaque fois que le grand champion manquait de sortir de la route. Léon avait trouvé le moyen de se rendre indispensable à l´excursion puisqu´il connaissait le terrain et qu´il était plus facile pour lui que pour Daman d´accompagner le groupe. Il restait accoudé à l´ouverture qui communiquait avec l´avant du véhicule, appréciant par-dessus tout le caractère facilement irritable du champion de Carmin. « Dis donc Major, c´est tout de même la cinquième fois que tu nous loupes. Tiens, un autre fossé, il te reste peut-être une chance... - Mais ferme-la ! rageait le champion tout en essayant de ne pas détourner le regard du chemin. - Inutile de t´énerver, sourit Léon. C´est le meilleur moyen pour rater ton coup. - Léon, fiche-lui la paix, soupira Morgane. Il va vraiment finir par nous foutre en l´air. » Le motard tourna la tête et sourit à la jeune femme tandis que le militaire grognait des insultes. « Bien ma Reine ! » Il quitta enfin le rebord de l´ouverture et le Major en profita pour la fermer à la volée, faisant vibrer le dur plastique de la vitre. Léon vint s´asseoir près de Ikeda et lui fit un signe de la main pour voir s´il était apte à discuter. Morgane soupira encore. Ce type était un véritable emmerdeur. « Salut ! Alors vous non plus n´avez rien d´autre à faire que de suivre ces trois asociales à la recherche d´une boule de glu ? » Ikeda lui sourit et Morgane se dit qu´il était sans doute capable de supporter à peu près n´importe quel imbécile. « Sì, c´est ma mission. - Mon pauvre ami, soupira l´homme aux longs cheveux bleu ciel. Comme je vous plains... » Tout en parlant, Léon avait passé un bras autour des épaules de Ikeda, et la championne avait senti, presque imperceptiblement, un frisson parcourir le dos du dresseur. Mais il garda son sourire et répondit gentiment au motard qu´il n´était pas à plaindre. Et je ne suis pas votre ami... Créature abjecte et répugnante ! Morgane sursauta. La voix dure et implacable avait résonné dans son crâne comme lorsque le militaire l´avait agrippé la veille, dans le couloir. Un ennemi ! avait dit la voix. Et elle n´avait pu s´empêcher alors de le considérer comme tel. Elle fixa Ikeda, d´un air mi-ébahi mi-effrayé. Est-ce que c´était sa voix ? Est-ce que c´est lui qui m´envoie... tous ces « ordres »? Elle se calma, et reprit un visage inexpressif. Léon s´était finalement éloigné du dresseur pour s´adosser à une paroi du camion. Il avait sorti de sa veste une sorte de grande baguette en ébène et remontait ses cheveux à l´arrière de son crâne pour les attacher à l´aide du morceau de bois, afin qu´ils ne s´écoulent plus dans son dos. La jeune femme le regarda faire attentivement. C´était pourtant bien vrai, cet homme était très beau. Mais trop féminin à son goût (même si son visage, aussi fin qu´il soit ne l´avait jamais trahi), c´était d´ailleurs pour cela qu´elle savait n´avoir aucune chance. C´est pas plus mal, songea-t-elle. Puis elle ne put s´empêcher de sourire en songeant que ses deux compagnons seraient sans aucun doute plus aptes à entrer dans la ligne de mire du motard. Son sourire finit par disparaître. Elle n´arrivait jamais à sourire bien longtemps. Sa main droite caressait avec hésitation la pokéball de Ptera. Le reptile était arrivé le matin, un peu avant 7h00, comme Peter l´avait promis. Il lui avait confié des documents dissimulés dans une sacoche en cuir accrochée à son torse, ainsi que sa propre pokéball. Les liasses de feuilles concernaient les ruines de Ihien et quelques explications sur les mythes et légendes de cette région. Elle n´avait pas encore eut le temps de tout feuilleter, mais elle était bien décidée à s´exiler dans la soirée pour pouvoir s´y concentrer. Elle devait aussi parler à Koga pour savoir s´il serait capable de filmer les faits et gestes de Ikeda pendant un combat. Elle réfléchissait déjà à la manière de déclencher ce combat. Proposer un défi à Ikeda ? Sûrement pas. Trop dangereux. Elle n´avait aucune envie de combattre ce type. Elle observa la pokéball de Mentali. Est-ce qu´elle pensait la même chose ? Est-ce qu´elle serait d´accord pour combattre cet homme ? Elle sentit soudain l´esprit de la féline l´envahir. Une aura chaude et douce vint la réconforter. Sa tension s´évapora. N´ai pas peur. Je veille sur toi... La championne sourit à nouveau, d´un sourire plus sincère que tous ceux qu´elle exhibait en publique. Elle finit par s´endormir. « Pourquoi Daman n´a pas pu nous accompagner ? demanda soudain Ikeda, rompant le silence qui s´était installé à l´arrière depuis que la championne s´était endormie. - C´est trop dangereux pour lui, répondit Léon. Il est hémophile, il ne bouge pas souvent de Céladopole. Je vois. » Ikeda baissa la tête, comme pour réfléchir. Le motard le toisait, les bras derrière la tête, installé contre la surface qui les séparait de l´avant du véhicule. Il ne pouvait s´empêcher de penser que ce dresseur avait quelque chose d´étrange dans sa façon d´être, de parler, dans ses gestes. Et surtout, il ressentait en sa présence une sorte de nostalgie. Léon le fixait maintenant avec un sourire étrangement mauvais, dans ses yeux brillait l´Envie. Lorsqu´ils s´arrêteraient à Parmanie, il lui lancerait un défi. Il voulait à tous prix combattre cet homme. Ikeda releva la tête, et fixa à son tour ses yeux noirs dans ceux aux couleurs divergentes du motard. Celui-ci sentit une lame transpercer son corps de part et d´autre lorsque les lèvres du dresseur étranger s´étirèrent dans un rictus malveillant. Un malaise inexplicable l´assaillit face à ce regard acerbe, meurtrier. Ses yeux s´écarquillèrent sous l´effet de la surprise et de la peur. Ses pupilles glissèrent rapidement vers Morgane sans que son visage ne puisse bouger ; la championne dormait sereinement. Le petit rire de Ikeda rappela son attention. L´homme aux cheveux pourpres se mit soudain à lui parler dans une langue inconnue, cette langue dont il tenait l´accent, et à sa plus grande surprise ces mots étrangers lui apparurent aussi accessibles et limpides que s´il n´avait parlé dans sa propre langue. « N´ai pas peur « Bête aveugle ». Toi aussi tu connaîtras l´Eveil. Ne compte pas sur la fille, elle n´est pas ton alliée. Mais elle pourra peut-être nous aider a amener la « Bête sans chaînes » à être muselée et asservie à notre cause. - Qu... Qu´est-ce que vous dites ? Je ne... - Tu comprendras quand il le faudra. Pour l´instant je n´ai pas besoin de toi. Mais ne t´en fais pas, bientôt tu serviras comme moi ton vrai maître. » Le bruit sec de la vitre qui s´ouvrit fit sursauter Léon alors qu´il sentait sa raison l´abandonner. « On s´arrête dans dix minutes pour la pause déjeuner, fit la voix sans timbre de Koga. » La vitre se referma. Léon fixait toujours le dresseur dont le visage était à nouveau doux et souriant, comme s´il était sorti d´une transe démoniaque. Le jeune motard sentit une goutte de sueur glisser sur sa tempe, le ramenant à la réalité. Il fronça les sourcils en lorgnant Ikeda d´un regard méfiant. Celui-ci observa Morgane, puis retourna la tête vers lui. « Il serait temps de réveiller votre amie vous ne croyez pas ? » Morgane s´assit en face du militaire en se frottant les yeux. Elle aurait voulu dormir un peu plus longtemps, mais tant pis. Elle attrapa un des sandwichs préparés par Daman et Léon avant leur départ, et commença à manger lentement. Son regard glissa sur les grands arbres entourant l´aire de repos sur laquelle ils s´étaient arrêtés, puis s´attarda sur le motard. Celui-ci s´était éloigné du groupe, assis à l´une des tables en bois, et leur tournait le dos. La jeune femme le regarda s´asseoir dans l´herbe, sortir de son sac les deux sandwichs qu´il s´était gardé, puis une seringue. Comme avant chaque repas, elle le vit enfoncer la fine aiguille en haut de son avant bras. Une forme de diabète lui avait-il dit un jour. Morgane n´y connaissait pas grand chose. Le jeune homme rangea la seringue dans son sac puis entama son repas en silence. La championne sentit un regard se poser sur elle et elle abandonna Léon pour se tourner vers le Major. « C´est si dégueulasse que ça ou t´as vraiment pas faim ? » Morgane observa son sandwich qu´une seule bouchée venait amoindrir. Elle soupira. « Je n´ai pas très faim. - Tu devrais tout de même te forcer à manger un peu. - Merci ma chère nounou, maugréa-t-elle. » Le grand champion se mit à rire, et la jeune femme continua son repas, s´efforçant de faire passer la nourriture avec un peu d´eau. Elle n´avait vraiment pas faim. Lorsque Koga eut fini son repas, il commença à marcher vers la forêt. Morgane observa Ikeda et le militaire qui mangeaient en silence, puis elle suivit le ninja. Elle le fit s´arrêter lorsqu´elle jugea qu´ils étaient suffisamment éloignés des autres, dissimulés par les grands arbres emplis de chants d´oiseaux. « Je t´écoute, lança le ninja en soupirant. Qu´est-ce que tu veux ? - Tu saurais comment filmer Ikeda pendant un combat sans te faire remarquer ? » Koga haussa un sourcil. « Oui... pourquoi ? - Le ferais-tu même si je ne te donne aucune raison ? - Ça dépend, répondit le ninja après réflexion. Est-ce que tu serais capable de retrouver quelqu´un pour moi ? Je sais que tu as des relations et pas mal de connaissances nécessaires à ce genre de recherches... - Qui veux-tu que je retrouve ? demanda la championne, très étonnée d´une telle requête. - Une petite fille. Elle doit avoir huit ans maintenant. Elle s´appelle Jeannine Bachmann. - ... C´est... - Je veux juste savoir où elle se trouve, rien de plus ! » gronda le champion avec exaspération. Morgane se tut. Elle scruta longuement le visage d´habitude si imperturbable de son compagnon. Puis elle soupira finalement. « Très bien. Je ferais ces recherches pour toi. - Parfait, sourit Koga. Compte sur moi pour surveiller ton prince charmant. » Ils entrèrent dans Parmanie trois heures après leur halte. La Jeep s´arrêta à quelques mètres du Centre et ses occupants en descendirent. Koga disparut aussitôt en disant qu´il avait des choses à faire et qu´il reviendrait pour 19h, heure à laquelle ils partiraient pour les Iles Ecume. Le militaire avait maugréé quelques paroles fatiguées et était allé s´allonger sans gêne sur l´un des grands canapés du Centre, profitant du fait qu´il y ait peu de dresseurs présents à cette heure de l´après-midi. Léon était resté silencieux, observant toujours Ikeda comme s´il venait de découvrir en lui quelque raison de s´en méfier. Mentali atterrit silencieusement aux pieds de sa dresseuse et leva ses yeux bleus sur son visage. Morgane la prit dans ses bras et la caressa entre les oreilles. La présence du corps du félin contre le sien la rassurait et la calmait. Son regard se détourna un instant de celui de Mentali pour balayer la ville paisible. Elle était jolie cette ville, elle donnait envie de se promener dans ses rues parfumées et ensoleillées. Ils ne partiraient pas avant deux heures, il lui restait bien assez de temps... Le son de deux pokéballs qui s´ouvrirent la tira de ses pensées, et elle se retourna vivement pour apercevoir le visage tendu et agressif de Léon face à celui, indifférent, du dresseur étranger. Entre les deux hommes, deux monstres prêts au combat : un Machopeur énorme aux bras ornés de deux poignets de cuir noir, et un Tyranocif plus imposant encore, portant une sorte de buste en gros cuir marron qui formait des accroches dans son dos, sans doute pour permettre à son dresseur de s´y agripper pour le chevaucher. Le dinosaure soufflait bruyamment une fumée verdâtre pour tenter d´intimider le monstre humanoïde, mais celui-ci ne se démonta pas et prit une position de combat. Merde..., jura intérieurement Morgane. Heureusement qu´elle avait pu voir Koga durant leur pause déjeuner et que celui-ci lui avait remis une caméra miniature qu´elle avait dissimulée sur ses vêtements. Néanmoins, pour ce qui était de la qualité, le ninja lui avait promis d´aller récupérer à son arène de quoi satisfaire pleinement ses besoins, aussi aurait-elle préféré que ce genre d´événement ne débute qu´après le retour du champion de Parmanie. Mais il était trop tard, elle devrait apparemment se contenter de ce qu´elle avait. Elle n´avait aucune envie de s´interposer dans ce combat, aussi s´éloigna-t-elle pour laisser assez de place aux deux dresseurs. Elle s´adossa à un mur, caressant toujours la féline qui observait aussi avec intérêt ce qui allait se dérouler sous leurs yeux. Plusieurs personnes qui passaient par là s´arrêtèrent à leur tour pour assister à l´affrontement. Le combat débuta. La fraîcheur du bois, les odeurs anciennes, décidément le ninja adorait cet endroit. Il traversa ces couloirs qu´il connaissait si bien pour se diriger vers le jardin intérieur, au centre de l´arène, là où le toit disparaissait pour laisser apparaître ciel et soleil au-dessus d´une végétation luxuriante. Le jeune garçon était toujours là , infatigable, son Migalos à ses côtés. Ils s´entraînaient. Koga s´approcha de lui et le gamin se retourna vivement avant de le saluer. Il lui dit que l´arène avait été fermée, qu´aucun dresseur n´était entré depuis son départ. Le champion lui intima simplement de la rouvrir et de prendre sa place. Le jeune garçon parut surpris. Koga ajouta qu´il était bien assez puissant pour le remplacer durant les quelques jours qui suivraient, qu´il ne s´absenterait pas plus longtemps. Le gamin acquiesça, puis observa le champion s´éloigner à nouveau. Koga se dirigea vers l´aile habitable, vers le salon où il passait le plus clair de son temps lorsqu´il ne combattait pas. Un battement d´ailes accompagné d´un tintement effleura ses oreilles, une voix légère s´en échappa : « Je ne pensais pas que tu ferais confiance au gamin... ». Nouveau son bref d´un fouettement de l´air. Le ninja tourna la tête vers le vampire qui partit s´accrocher au bois d´un des murs, dans un coin de la pièce. « C´est mon affaire. Ça ne te regarde pas... - Nosfé... (ça ne me regarde pas...) - ... Descends-moi le disque com. » Le petit mammifère reprit son envol et atterrit sur un vieux meuble de ses gestes qui semblaient toujours peu sûrs et tremblants. Ses griffes se faufilèrent dans l´interstice des deux portes et ses mâchoires fouillèrent un instant l´étagère avant de ressortir en tenant une petite boîte plate et fine. Nouveau battement d´ailes. Il se posa sur le bras du ninja. Celui-ci prit la trouvaille du vampire entre ses mains et l´ouvrit difficilement. Il observa les différents petits éléments de plastique, de métal, ou d´autres matériaux inconnus. Ses doigts glissèrent sur la surface soyeuse qui tapissait l´intérieur de la boîte, puis s´arrêtèrent sur un petit renfoncement. Il sentit contre sa peau le corps invisible de la lentille et la sortit précautionneusement, sans la salir. Il porta l´objet à son Å“il droit, et le posa contre son iris. La sensation désagréable qui s´en suivit le fit grimacer. Il cligna des yeux plusieurs fois, puis abaissa à nouveau son regard sur la boîte, toujours ouverte dans sa main gauche. Il récupéra la disquette creuse servant à lire les données du disque com, puis referma l´emballage. Il tendit la petite boîte noire à Nosferalto, et celui-ci alla la remettre en place. Koga scruta la disquette sous tous les angles, puis la glissa dans une poche interne de son costume. Il se dirigea vers le miroir qui stagnait dans un coin du salon et s´y observa avec attention. Son iris couverte du disque ne dévoilait rien d´anormal, et sa vue n´était en aucun cas troublée. Il soupira. Les griffes du vampire se firent à nouveau sentir douloureusement sur son épaule. « Pour ta fille ? reprit la voix. Ou pour toi ? ». « Mêle-toi de tes affaires, grinça Koga. - ... sféééé... (... ce ne sont pas mes affaires...) - Je saurai où elle est... elle ne me verra pas. Je n´influencerai pas sa vie, ça te va ? » Un sifflement qui semblait indigné s´échappa de la gorge du mammifère volant qui se mit à griffer l´air frénétiquement avant de se calmer à nouveau. « Nosfé, nosss ! (ce qui te va me va, c´est toi le maître !) » Koga ricana, et caressa la tête du vampire. « Imbécile... je ne suis le maître de personne, tout comme personne n´est mon maître. - Nooosfé, sfé ! (tant mieux, je préfère cette position !) » Le ninja sourit à nouveau. Ses yeux parcoururent la pièce. Il lui restait un peu de temps. Il reprit sa marche pour rejoindre la salle de bain. Malgré les douches qu´il avait pu prendre aux différents Centres dans lesquels ils s´étaient arrêtés, il se sentait sale et infecté par les vapeurs immondes des véhicules à essence. Il s´enferma dans cette nouvelle pièce et se déshabilla. Il sortit la disquette de sa tenue et la posa sur l´évier ; il avait besoin d´autres vêtements, des vêtements propres. Nosferalto alla s´installer sur le tas de serviettes que venait de découvrir son dresseur en ouvrant les portes d´un meuble blanc. Le ninja entra dans la petite cabine et alluma l´eau. Très vite, la pièce s´emplit d´une buée épaisse due à la chaleur du liquide translucide qui venait frapper la peau du champion avec insistance. Il resta quelques minutes sans bouger, visage levé vers le tuyau d´où s´écoulait l´eau, savourant la chaleur apaisante. Puis il entreprit de savonner son corps entier. Tandis qu´il frottait lentement ses épaules, puis sa gorge, ses mains s´arrêtèrent soudain sur l´anneau noir qu´il portait à l´oreille gauche. Il ferma les yeux, puis le frà la pour le faire tinter faiblement, afin de s´assurer que les vibrations du bijou n´étaient pas brouillées. Une image se forma aussitôt dans son esprit, la silhouette du vampire qui s´était assoupi. Sa position lui apparut clairement, à quelques mètres de lui, dans son dos, sur le tas de serviettes, là où il l´avait laissé. Ses yeux se rouvrirent, il se retourna et frotta la vitre de la cabine pour voir au travers. Nosferalto était bien là , il n´avait pas bougé. Le militaire somnolait, allongé sur l´un des grands canapés du Centre, les bras croisés derrière la tête. Ses iris océans s´étaient perdus dans la surface blanche du plafond, ignorant les messes basses et les regards furtifs qu´on lui portait. L´image de Ikeda ne voulait quitter son esprit. Elle se profilait sous ses yeux comme un écran qui projetterait une ombre sur le fond blanc qu´était ce plafond immaculé. Ses sourcils se froncèrent. Plus il observait cette silhouette, moins il la reconnaissait. Il se dit simplement que son esprit embrumé par la fatigue déformait l´image de l´homme tandis qu´il plongeait dans ses rêves. Néanmoins, malgré l´acharnement de son cerveau fatigué, il restait pleinement conscient, à l´affût du moindre son, du moindre changement de lumière, de la moindre idée. Peu à peu, la silhouette floue laissa apparaître des formes plus sûres, plus distinctes. Le sommeil tentait de l´emporter, mais il gardait malgré tout les yeux ouverts, toujours fixés sur cette image changeante qui se faisait plus précise. Il observait cette évolution comme un film dont la bande ne pouvait être stoppée. Au bout d´un certain temps, les cheveux pourpres de l´homme s´étaient mués en une longue chevelure grise, comme un rideau de fils argentés, ses iris d´un noir profond avaient laissé leur place à deux disques de la même couleur d´acier que sa toison, son corps déjà grand s´était fait plus élancé, comme celui d´un prédateur, et sa peau auparavant bronzée bien plus pâle qu´à l´origine. Toutes ces formes glissaient et flottaient comme dans un rêve. Il ne devait surtout pas être rappelé à la réalité, il devait ignorer ces messes basses et ces regards furtifs pour que l´image de l´homme ne puisse pas fuir. Il sentit quelque chose se raidir contre sa hanche gauche : le petit corps du rongeur qui s´était pelotonné contre lui et lançait des regards peu engageants à chaque dresseur jugé trop proche pour qu´il passe sa route. Il restait concentré. La silhouette d´Ikeda, visible pour lui seul ne bougeait presque plus. Il la voyait, sa vraie forme, sa vraie personnalité, sa véritable apparence. A cet instant son visage bougea, son expression changea. Le champion sursauta ; l´image du dresseur étranger le fixait de son regard froid comme le métal. Il eut juste le temps de lire la folie, la supériorité, et surtout la convoitise dans ses yeux argentés, avant de détourner les siens, échappant ainsi à ce regard et faisant disparaître l´image de l´homme. Il se redressa brusquement, s´asseyant sur le long canapé. Un haut-le-cÅ“ur le secoua violemment et il sentit un liquide amer remonter dans sa gorge. A ses côtés, Raichu se redressa lui aussi en le fixa d´un air perdu. « Rai rai ! (qu´est-ce qui se passe !) » Les yeux bleus du champion glissèrent lentement vers le rongeur qui semblait affolé. Il avala difficilement sa salive, se passa une main sur le front, et réussit enfin à lui sourire. « Nèh, je vais bien..., murmura le militaire. » Raichu se calma, mais il fronça les sourcils. Il observa son dresseur se lever pour se diriger vers la porte des WC. L´homme s´y engouffra sans un mot de plus. Le pokémon souris soupira en s´asseyant sur les coussins du grand fauteuil. Cela faisait plusieurs années que son dresseur ne lui avait parlé dans cette langue. Il ne l´utilisait que quelques fois pour calmer certains Electriques, mais jamais face à lui. La tristesse l´envahit à nouveau ; le Major était en train de changer et il ne savait pas pourquoi. Un jeune dresseur s´avança avec un regard mauvais et Raichu le fixa d´un air tout aussi hostile. Sans doute le garçon voyait-il la possibilité de s´approprier un bon combattant en l´absence de son dresseur car il sortit une pokéball d´une de ses poches. Sans lui laisser le temps de faire un mouvement, le rongeur libéra une décharge avec un cri de colère. Il n´était pas d´humeur à jouer le simple d´esprit. Le garçon recula en poussant un grognement de douleur et tomba à terre en tenant son poignet complètement paralysé. La sphère rouge et blanche qu´il tenait roula au sol. Raichu grinça des dents en voyant l´infirmière approcher en courant. Elle réprimanda le garçon tout en l´entraînant vers une salle de soins. Le rongeur électrique se coucha sur le canapé, les oreilles en arrière, le poil hérissé, montrant les dents à qui osait l´approcher. Trop de sentiments se mêlaient en lui et il ne pouvait plus les maîtriser, il sentait son petit cÅ“ur battre à tout rompre dans sa poitrine. Il voulait quitter cet endroit. Le champion réapparut enfin, la tête basse, les yeux fermés. Il semblait avoir reprit le contrà le sur son corps et revint vers l´endroit où il avait laissé le rongeur. Son visage exprima la surprise en le voyant dans une position si agressive. Il s´approcha un peu plus et Raichu fixa ses yeux noirs sur lui, sans pour autant faire taire le léger grondement continu qui s´échappait de sa gorge. Le militaire comprit rapidement et sentit la honte et la peine l´envahir ; si même sa présence ne suffisait plus à calmer le pokémon souris, c´est qu´il avait donné toute la patience dont il était capable. Il avança jusqu´à lui et le prit lentement dans ses bras. Il maintint contre lui le corps tendu et grondant du rongeur pour tenter de le réconforter. Le grand homme vit l´infirmière revenir dans leur direction. Elle le salua, s´excusa en lui demandant de faire quitter le Centre au petit monstre trop agressif. Le militaire jeta un Å“il à tous les dresseurs dont le regard était fixé sur eux, puis il acquiesça. Il sortit du bâtiment, serrant toujours son compagnon contre lui et le caressant lentement. Aussitôt, quelque chose attira son attention ; un peu plus loin, avant la petite plage qui s´étendait au bord de Parmanie, il vit Léon, debout, le regard perdu et terrifié. A quelques mètres de lui était étendu son Machopeur, inerte, et plus loin un Tyranocif aux côtés duquel se dressait Ikeda, toujours souriant, toujours serein. Sur l´un des bords du terrain improvisé, Morgane les observait encore, les bras croisés, adossée à un arbre dont l´ombrage dissimulait le haut du visage de la jeune femme. Seuls ses yeux pourpres étaient visibles. |
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