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Lecture d'un chapitre
| Lecture du chapitre 4 | |
|---|---|
| Nom de l'œuvre : La dernière princesse de Chine | Nom du chapitre : Le projet "Gardien" |
| Écrit par Ze Thriller | Chapitre publié le : 25/6/2007 à 18:49 |
| Œuvre lue 6353 fois | Dernière édition le : 9/10/2007 à 10:37 |
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| C'est bien connu: tous les bons films sont immanquablement précédés d'un torrent de publicités. Celui-ci n'échappe pas à la règle. Les lumières sont encore allumées... que faire ? Oh, une idée. Je mets ma main droite quelques instants sous mes cuisses. C'est chaud... Je m'empare du prospectus et de cette même main, y trace des runes incompréhensibles aux simples mortels. - "Emissaire, je crois qu'un collaborateur vous cherche, là -bas, au fond...", lui dis-je en lui tendant mes jumelles." - "Monsieur je ne vois personne qui..." Je lui fais de ces signes... On pourrait hésiter entre un nageur débutant croyant qu'il coule et un magicien en train de confectionner le plus gros nœud du monde. Néanmoins, il colle les jumelles à ses yeux, regarde le prospectus, et de mes glyphes étranges, en dégage un mot: poulet. "Bien que ce ne soit pas de mon ressort, je ne pense pas qu'il y ait d'épidémie de grippe aviaire, cette année. Le gouvernement a pris les mesures nécessaires." L'instant magique: lorsque les lumières s'évanouissent et que le rideau s'ouvre, on a l'impression d'être entrainé dans un vortex menant à une dimension parallèle. Les premières images - en noir et blanc d'époque de la seconde guerre mondiale - feraient plus penser à un film d'espionnage qu'à un documentaire historique. Dans un sombre dédale de câbles, d'écrans télévisuels et de boue, des mineurs extraient dans des conditions déplorables ce qui ressemble à de l'acier. C'est incroyable, ces pauvres bougres conservent un sourire - certes de circonstance - face caméra. Et tous ces gens en blouse blanche, étrange... Tout cet attirail sert probablement à produire des armes... La caméra suit maintenant des wagonnets de lourdes pièces métalliques déjà usinées. Des chars ? Non, pas de cette forme, encore moins de cette taille ! Certaines, nous explique-t-on, dépassent 15m de long. La voix off débite: "La Chine Communiste est heureuse de vous présenter son bijou technologique, l'arme du futur. Fruit de la collaboration des travailleurs de la nation toute entière, cela représente..." Je jette un coup d'œil dans la salle. On sent les cœurs vibrer au rythme des chœurs de l'ex-Parti. La scène se passe désormais le long d'une des chaînes d'assemblage, une des rares sections automatisées. "... pour constituer le soutien de notre gloire et de notre prospérité. Ce robot géant, que vous voyez ici en construction, nous l'avons baptisé 'Le Gardien'. Cette unité d'un genre nouveau dispose d'un blindage spécial qui le rend invulnérable aux balles et aux explosifs. Entièrement autonome, équipé de puissantes mitrailleuses et de missiles guidés, il constitue l'équipier idéal du peuple pendant les opérations d'envergure !" Et c'est l'apothéose: après un fondu enchaîné, le défilé militaire de la fête nationale. Tous les dirigeants sont présents, raides comme des statues. Sur le boulevard, le "Gardien" parade en tête, encadré par de nombreux bataillons d'infanterie... C'est la fin. Le dernier plan a été rajouté postérieurement: "Le projet `Gardien` a tourné court. D'un budget exorbitant, seules quelques unités ont été produites sur les dizaines prévues. Personne ne les a jamais vues. Au printemps 1945, un groupe d'activistes sabota le complexe et fit s'effondrer les galeries. Nul ne sait si les robots sont restés enfermés à l'intérieur, ni s'ils sont toujours en état de marche. Sur les décombres des portes d'entrée, les activistes ont peint leur nom en rouge: `Les enfants du Styx`. Par manque d'information sur l'état de conservation des matières qui s'y trouvaient, le site n'a jamais été déblayé." Le rideau se ferme, retour au plancher des vaches. Nous sommes au XXIe siècle, bonjour. Une hà tesse fait son apparition: "Pop-corn, chouchous, dragées surprise !" Quelqu'un se met à lui crier: "Hep mademoiselle, par ici !" (C'est moi en fait...) - "Un sachet de dragées surprise, svp. Dites, pourquoi 'surprise' ?" - "Si la chance vous sourit, vous gagnerez une belle somme d'argent. Mangez-les, c'est peut-être dans l'une d'entre elles... Merci, au revoir !" Je suis fauché, alors autant y aller gaiement. Pendant que je m'empiffre, je regarde l'émissaire. Il n'est pas très loquace... Il a même l'air décomposé... - "Emissaire, vous semblez songeur. A quoi pensez-vous ?" - " *soupir* A ces milliers de gens enterrés vivants, prisonniers des décombres et d'un régime totalitaire. Parmi eux se trouvaient des scientifiques brillants, mais mon cœur éclate en larmes pour tous les anonymes qui travaillaient sur place, probablement de force, et dont les familles n'ont jamais pu revoir les corps. Jusqu'à la chute du Parti il y a une quarantaine d'années, il y avait un jour de deuil national pour commémorer ce tragique évènement, qui fut qualifié d' 'accident dramatique'.Maintenant, le site est oublié de tous..." - "Savez-vous ce qu'il est advenu des 'enfants du Styx' ?" - "Quelques semaines après leur action, un escadron des forces spéciales les interpela dans leur QG pour tous les conduire en prison, condamnés à perpétuité. On n'entendit plus jamais parler d'eux. Ils sont tous morts désormais..." - "Ce film m'a retourné le cœur. M'accorderez-vous une petite séance photo à l'extérieur ?" - "Avec joie. Monsieur... ?" - "Yin Tao, Emissaire. Mon grand-père était d'origine chinoise." - "Ha ha ha ! Bien, allons-y." Il me reste encore des dragées surprise. Bah, je les finirai plus tard... Au passage, je prends quelques notes sur le film. Après tout, si la Princesse m'a envoyé là , il y a sûrement une raison. |
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