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Lecture d'un chapitre



Lecture du chapitre 19
Nom de l'œuvre : Horyshia I: "Les écrits de Flore" Nom du chapitre : Fleurs de sang
Écrit par Silver_Altaria Chapitre publié le : 13/10/2007 à 14:30
Œuvre lue 27742 fois Dernière édition le : 13/10/2007 à 14:30
-Quoi ? Qu´est-ce que tu me veux ?
Je fis valser le gnome du lit pour la énième fois. Dis minutes que ce boulet, entré je ne sais comment dans ma chambre, me tapait sur les nerfs ! En plus, il faisait toujours nuit, à croire qu´il aimait ennuyer le monde.
Bref, le gnome finit par ouvrir la porte avec de grands signes pour que je le suive. Histoire qu´il me fiche enfin la paix, je lui emboîtai le pas. Le plancher craquait un peu sous nos pieds mais, vu la tempête qui régnait dehors, personne ne s´apercevrait de rien.
On descendit l´escalier. J´entendis alors un crépitement au rez-de-chaussée. Le gnome aussi le perçut et accéléra l´allure, ne faisant même plus attention au plancher qui souffrait au rythme de nos pas. Arrivé au bas des marches, il recula subitement, repoussé par des langues de feu. Ce crépitement, c´était un incendie qui démarrait !
Je remontai aussitôt à l´étage réveiller les aubergistes. Le gnome se chargea des autres, le plus important étant de trouver une source d´eau pour éteindre l´incendie avant qu´il ne s´étende. Les aubergistes se faufilèrent derrière le comptoir en évitant soigneusement les flammes pour atteindre un gros tonneau, dans un coin de la pièce. La femme dégagea de dessous le comptoir ce qui, dans le noir, ressemblait à une lance à incendie et la rattacha au robinet du tonneau, puis sollicita de l´aide pour maintenir la lance. Florian et moi l´aidâmes et le mari ouvrit le robinet. La faible force de propulsion de l´eau, dans ce cas, nécessitait de se rapprocher des flammes mais il y en avait encore peu et l´eau en eut vite raison.
-Gloub, m´man, fais attention !
-Tu vas nous noyer !
L´aubergiste ferma le robinet sur-le-champ. En effet, derrière les jets d´eau que nous projetions sur les flammes, Maow et Peiw s´étaient recroquevillés, légèrement brûlés par le feu.
-Bande de petits... Ca ne va pas de mettre le feu à l´auberge ? vociféra leur père.
-Mais p´pa, s´expliqua Maow, on était juste descendus boire un peu d´eau, on avait soif...
-Et le feu a mystérieusement pris pendant que vous étiez en bas, bien sûr... Mais vous allez arrêter de vous moquer de moi ? C´est la deuxième fois ce mois-ci qu´il arrive un accident de cette ampleur ! Et cette fois encore vous allez essayer de vous disculper ? Non, ça ne prend pas, montez immédiatement dans vos chambres !
-Mais p´pa, on sait qui...
-Pas de discussion !
Les deux garnements montèrent les escaliers d´un pas traînant, laissant leurs parents ranger le peu qu´il y avait à ranger.
-Heureusement, dit la femme, que le feu ne prend pas rapidement ici... Vous savez, les jeunes, on a installé ce système après qu´un incendie ait entièrement détruit la maison de nos voisins, il y a quelques mois. Les pauvres, on les avait hébergés ici à l´époque, ils étaient drôlement secoués... Bon, ce n´est pas tout ça, mais je crois que tout le monde ici a encore besoin de quelques heures de sommeil. Allons nous recoucher.
Pendant que nous remontions les escaliers, le gnome vint se percher sur l´épaule de Florian.
-Je crois qu´il veut dormir avec toi, plaisanta Kévin.
Je réprimai un éclat de rire tandis que Florian faisait descendre le gnome de son piédestal.
-Eh bien qu´il aille dormir tout seul, je n´ai pas besoin d´un doudou...

Je me réveillai à peine une heure plus tard, parvenant à peine à garder les yeux ouverts. A la lueur de l´aube, je pouvais remarquer les toiles d´araignées parsemant le plafond : visiblement, on n´avait pas (encore ?) fait le ménage.
J´attrapai ma montre qui traînait sur un meuble à côté, fràlant la lampe poussiéreuse (et qui ne marchait pas de surcroît, j´avais cogné sur bien des meubles cette nuit-là en allant me recoucher). Tiens, dans mon monde on était le vingt mai... Hein, le vingt mai !?
-Lakade, réveille-toi ! criai-je à la porte de sa chambre.
Florian me rejoignit, les yeux bouffis de sommeil, se demandant ce que je fabriquais à sept heures du matin en faisant un tel boucan. Enfin Lakade daigna m´ouvrir ; manifestement, elle aussi venait tout juste de se lever.
-Joyeux anniversaire !
Comme Lakade me regardait sans comprendre, je lui montrai ma montre en mettant la date en évidence. Dès qu´elle la vit, elle sourit et m´invita à entrer dans sa chambre. Florian retourna vers la sienne en marmonnant.
-Pas bien dormi, disait-il, vais encore me reposer un peu...
Je pénétrai dans la chambre de Lakade, en tout point semblable à la mienne, excepté pour les toiles d´araignées quasi inexistantes. Elle avait ouvert les fenêtres, laissant entrer la bise matinale.
-Avant que je n´ouvre, il faisait étouffant, c´est vachement paradoxal. Alors comme ça on est déjà fin mai ? Je n´avais même pas vu passer le solstice d´hiver et encore moins l´équinoxe de printemps... Je me doutais bien que j´avais déjà passé quelques mois ici, mais de là à ce qu´il soit passé tant de temps... Enfin bon, j´ai quinze ans, on ne va pas en faire tout un plat vu qu´on a des choses à faire aujourd´hui !
Ca, pour sûr. Le clan des traîtres (ou ce qu´il en restait, une minorité d´entre eux avait dû rester à Gejazbourg pour assurer la couverture) était arrivé dans la nuit. On aurait encore dû compter un ou deux jours pour les renforts du nord de dernière minute, mais le temps pressait trop.
L´un des soldats avait amené une missive d´Aphso, une espèce d´encouragement pour les événements à venir :

Les armées d´Altar sont en route. Bonne chance pour ce combat, mais aussi pour rétablir la véritable identité de ce monde...

Le reste du message avait été rendu illisible par la pluie.
Florian a fini par se montrer, légèrement débraillé, et on a pu commencer à partir. Commencer, parce qu´il avait fallu régler tous les préparatifs en moins d´une heure, genre le transport de la nourriture et autres futilités qui ne le sont pas tant que ça. Ca m´a laissé le temps de traîner Lakade et Shizuka à l´écart pour leur parler un moment :
-Y´a quelque chose qui cloche.
-Qu´est-ce qui peut bien clocher dans le fait qu´on parte pour la bataille, tu peux me le dire ? m´apostropha Shizuka. Certes, on n´a pas d´expérience dans le combat, certes Kévin a perdu les Ordi-cartes, certes on ne sait même pas si on va en réchapper mais à part ça, franchement ?
-Non non, ce n´est pas ça... J´ai l´impression qu´on a un traître quelque part.
-Vraiment ? s´inquiéta Lakade.
-Une taupe quoi. Je me souviens de ce que Kévin avait dit juste avant qu´on ne revienne dans l´Autre Monde, sur le contràle qu´avait Altar sur le corps et l´esprit, tout ça... En fait, je commence à me demander s´il ne peut pas posséder plusieurs corps en même temps. Son corps d´emprunt là-bas, le Juge Suprême â€"si toutefois il est encore possédé- et sa taupe ici.
-Oui bon, ce ne sont que des suppositions…
-Seulement, si c´est vrai, ça pèse lourd dans la balance, précisa Shizuka.
-Ca risque surtout d´être dangereux, pas seulement pour nous mais pour tout le monde !
J´ai marqué une pause, histoire d´observer leurs réactions. Lakade se mordait la lèvre et Shizuka réfléchissait intensément.
-Il n´y a pas moyen de le repérer ? lâcha-t-elle enfin.
-Je ne sais pas trop… Il doit essayer de se comporter normalement, ça va être difficile de savoir.
Cette idée m´était venue comme ça, parce que ce genre d´adversaire veille toujours à caser une taupe dans le camp adverse. Oh bien sûr, cela aurait pu être l´un des membres du clan des traîtres, mais pour moi, ça ne collait pas !
Et pourtant, j´aurais tellement, tellement aimé que ce soit ça. Au moins là, on aurait su qui surveiller...

Ah ah, ils ont tous gobé tes numéros comme des mouches... Maintenant, il va falloir faire plus, beaucoup plus…
Pourquoi vous m´avez choisi moi, qu´est-ce que j´ai fait ?
Oh, rien du tout... Tu es seulement une proie facile, un esprit où se mélangent le doute, la tristesse, la colère ; ce genre de personne est tellement facile à manipuler...
Vous êtes détestable !
Pas tant que ces gens qui croient pouvoir changer la face du monde à la seule faveur de leur volonté. Ceux-là n´ont pas idée de leur ignorance. A eux seuls, tout ce qu´ils peuvent faire, c´est convaincre un mince paquet d´hommes !
Ce n´est pas vous.
Quoi donc ?
Ce n´est pas vous qui me parlez, ce sont les phrases de quelqu´un d´autre. Vous n´êtes qu´un élément du décor qui a pris vie, comme tout le reste, comme ce monde...
Certes, mon jeune hàte. Mais maintenant que l´on m´a enfin permis de penser et d´agir par moi-même, qu´est-ce qui m´empêche de faire ce que je veux de ma destinée ? Tant que ce peuple aura oublié le nom d´origine de l´Autre Monde, tant que mon créateur n´aura pas décidé pour lui-même de me détruire, alors j´existerai.
Flore vous a créé ?
Ah ah, que ce petit jeu serait simple si je te le confirmais ! Tu es comme tous les autres, un humain qui ne voit pas au-delà du simple aspect esthétique et des apparences. Ca te perdra, mon jeune hàte, oh que oui... Manque de chance, je ne suis qu´une création extérieure. Je suis un être innommable à qui l´on a donné un nom par défaut...
... alors que ce monde avait un nom, et que l´univers l´a oublié.
Ils oublient tout ce qui leur est inutile... Mais toi tu t´en souviens, n´est-ce pas ?
Je sais ce que l´univers ignore...
Quelqu´un voulait qu´une personne au moins s´en souvienne. En ce qui me concerne, personne ne doit s´en souvenir, jamais. Sinon ils se souviendraient de bien d´autres choses... C´est pour cela que tu ne dois plus exister.
Je ne mourrai pas.
Mais qui t´a parlé de mourir ?


Vers ce qui me semblait neuf heures, nous avons enfin pu partir. Les habitants ne s´étaient pas pressés pour nous et Shizuka décrocha un regard noir à leur attention.
La tempête de la nuit s´était un peu calmée mais, lorsque le soleil fut au zénith, elle décida de se réactiver avec de la neige en prime, rendant notre progression tellement difficile que nous avions dû nous arrêter pour la nuit. Moment que la tempête a choisi pour régresser en simple brise nocturne, comme par hasard...
Betral ordonna aux troupes de planter leur tente près d´une forêt, au cas où l´on se ferait attaquer. Une retraite en se servant de la forêt serait plus facile, sans doute. Puis il nous fit un petit descriptif des lieux :
-La forêt derrière nous, c´est ce qui reste d´une bien plus grande qui ornait tout le sud-ouest du continent. Mais avec tout ce qu´on a abattu pour construire les maisons et tout ce qui s´ensuit, elle a diminué. Regardez les souches, là â€"il désigna des masses sombres devant nous-, seules elles ont survécu à ça. Celle-ci surtout, celle qui est deux fois plus grosse que les autres, est le vestige d´un arbre qui a survécu ici pendant des centaines d´années dit-on, jusqu´à ce qu´on s´en serve pour construire le palais de Gejazbourg. On n´a pas ici toutes les matières dont vous vous servez chez vous, mais d´un autre côté le bois est un bon isolant.
-Dites, vos soldats ils s´ennuient un peu là, je me trompe ? le coupai-je.
Il jeta quelques regards autour de lui, surpris.
-J´en ai l´impression oui, mais quel rapport avec la souche ?
-Lakade, tu vas monter dessus et pousser la chansonnette !
-Quoi !?
-Bah oui, tu as une super voix...
-Oui mais... C´est gênant...
-Mais non. Et puis tu ne m´avais pas dit qu´il y avait une traduction d´une chanson japonaise que tu voulais essayer sur la musique de la version originale ?
En plus d´avoir le rouge qui commençait à lui monter aux joues, elle faillit carrément s´étrangler.
-Tu ne voudrais quand même pas que j´interprète une chanson d´amour !?
-Pourquoi pas ?
-Mais c´est encore plus gênant !
-Il est vrai que, dans le cas où il y a une majorité d´hommes dans l´assistance, elle n´a pas tout à fait tort. Même si quelques uns ici ont bien envie d´entendre sa voix ! clama Betral.
-Oh oui Lakade, supplia Florian, chante une petite chanson !
-Bon d´accord, si ça peut te faire plaisir...
Elle se leva d´assez mauvaise grâce et grimpa sur la grande souche. Le trac la faisait trembler encore plus que d´habitude et elle rougissait toujours, mais elle commença tout de même à chanter. Timidement d´abord puis, comme elle voyait que ses spectateurs appréciaient, elle prit plus d´assurance et continua ainsi sur quelques autres chansons dont je lui avais glissé l´idée en douce.
-Tu avais raison Flore, me dit Florian, elle chante vraiment bien !
-Tout à fait d´accord, acquiesça Betral.
Quand Lakade revint, je lui fis part des impressions des autres. Conformément à ce que je pensais, ses yeux s´agrandirent.
-Ils ont tous dit ça ?
-Tu te sous-estimes tant que ça ? Bah t´as tout faux ! Sur ce, on va peut-être aller dormir, non ?
Je bâillai. Suivant mon exemple, Lakade bâilla aussi et se frotta les yeux avec un air amusé.
-Mon petit doigt me dit que tu n´as pas tort...
Nous éclatâmes de rire. Le sommeil gagna vite Lakade. Or, personnellement, une pensée fugitive traversa mon esprit, ce qui me fit sourire. J´avais peut-être fait des heureux ce soir en organisant cette veillée à l´improviste. En tous cas, cela avait fait du bien à tout le monde avant ce qui nous attendait. Ce fut sur cette pensée que la nuit m´emporta au pays des rêves, le gnome somnolant à mes pieds.
Pendant la nuit, une ombre se leva et prit un petit sac dans nos poches. Elle alla disperser son contenu sur les armes des soldats, jeta le sac dans un buisson et, retournant dans sa couchette, plongea dans un sommeil profond.

Ce matin-là, Lakade manqua de provoquer involontairement ce qu´on appelle couramment « homicide involontaire » : elle m´a secouée comme un prunier, ou plutôt devrais-je dire comme un prunier qu´on déracine, sans même faire attention à la pierre qui m´avait servi d´oreiller et qui se trouvait toujours à quelques centimètres derrière ma tête...
-Réveille-toi, quelqu´un s´est servi des sacs de poudre !
-Tu pourrais commencer par arrêter de me secouer, non !?
Elle me relâcha avec un air penaud et je pus enfin me redresser.
-Bah merci, je vois toute la Voie lactée maintenant !
-Désolée...
Outre cet amoncellement d´étoiles, je distinguais quand même quelques silhouettes : celle de Kévin qui, tenant un petit sac en main, l´examinait attentivement. Florian et Numen jetaient un coup d´œil à leurs armes, l´air décontenancé.
-Y´a un problème ? leur demandai-je.
-Pas vraiment, répondit Numen, je dirais même que c´est le contraire !
Florian me montra son arme avec un air proche de l´hilare. Comme je ne comprenais pas, il la retourna dans tous les sens.
Non, je n´y croyais pas...
-Tu es en train d´essayer de me faire avaler que quelqu´un a nettoyé nos armes pendant qu´on dormait ?
-Pas seulement nos armes, confirma Numen, mais celles de tout le monde !
-Et je sais avec quoi ! clama Kévin qui venait à nous.
Il montra l´icàne sur le sac qu´il regardait, puis l´étiquette qui allait avec. Dessus, il était marqué « Nettoyage et aiguisage des armes toutes marques confondues. Ne sont pas compris les gnomes au lance-pierres. »
-Gromf ! lança le gnome niché sur l´épaule de Kévin.
Il y avait aussi un mot de la main d´Eziel (même si je soupçonnais plus celle son père) : « Z´avez intérêt à bien l´utiliser hein ! ».
-En fait, je crois que quelqu´un a voulu utiliser le sac du « Brasier instantané » mais qu´il a eu tellement de mal à l´ouvrir â€"faut dire que j´ai pas mal resserré le nÅ“ud- qu´il a fini par renoncer et choisir un autre sac !
-Dire que je croyais que c´était drôle... Hé du calme, je blague !
-Allez les fanfarons, nous apostropha Betral, on part !

Puis nous finîmes par arriver aux Vallées Fleuries.
L´ennemi s´était déjà installé en contrebas, vers l´autre versant. A vue de nez, ils étaient aussi nombreux que nous, ce qui n´était vraiment pas normal : là-bas, à la capitale, ils disposaient de plusieurs milliers d´effectifs alors pourquoi en envoyer seulement trois cents ?
Betral devait se faire la même réflexion car il alla au devant de ses troupes :
-Soldats, comme vous le voyez, seulement quelques centaines de militaires se sont déplacés pour nous faire face. Même si l´on peut repérer des hauts gradés parmi eux, vous en conviendrez tout de même, il y a quelque chose qui cloche. Cela ne peut signifier qu´une chose : un traître se cache dans nos rangs ! Surveillez donc bien vos arrières et ne vous séparez pas de votre formation sauf en cas de force majeure.
Il laissa la nouvelle voyager dans les troupes et reprit :
-Cependant, nous avons un avantage sur eux : l´altitude ! Ils contreront moins facilement des coups qu´ils ne voient pas arriver. C´est pour cela que les arches vont passer devant avec une première salve de flèches puis prendre les armes à leur tour. Avec un peu de chance, nous pourrons profiter de la surprise des opposants pour les attaquer. Peu importe la façon dont vous vous y prenez ; n´oubliez pas que nous protégeons nos terres et nos familles et que nous combattons en mémoire du général de Santelme.
Pendant ce temps, les militaires d´en bas mangeaient, indifférents à la centaine de flèches qui leur tomba soudain dessus. Quatre-vingts d´entre eux furent touchés, dont une trentaine qui moururent sur le coup, l´archétype des hommes qui enlèvent leurs armures pour le repas...
Malgré tout, la bataille allait être difficile. Très.

J´étais parmi les archers. J´avais hérité d´un tout petit couteau style couteau suisse, néanmoins pratique pour donner des coups en douce. Mais eux là-bas avaient des armes du genre grosses épées, boules à pics ou que sais-je encore !
C´est pour ça que je n´attendis pas. Je plongeai quasi immédiatement dans la mêlée, me cachant derrière un peu n´importe quoi pour frapper l´ennemi devant sans qu´il puisse répliquer. L´unique problème, avec un couteau pareil, c´était que ça ne faisait pas grand mal, surtout avec de la chair humaine comme cadeau.
Ce fut alors que je me retrouvai face à un bleu. Un débutant. Ca se voyait qu´il n´en était qu´à son coup d´essai : il tremblait tellement fort qu´il ne tenait plus son épée ! Il n´avait même pas le courage de faire un pas, le pauvre.
Il allait lâcher son épée quand... un caillou traversa l´air et l´atteignit au flanc sans le blesser pour autant. Deux secondes après, une flèche traça le même chemin que le caillou et pénétra dans les chairs du bleu, qui hurla de douleur, toujours plus fort au fur et à mesure que le sang coulait.
-Ha, j´ai gagné ! Hey le gnome, tu me dois une salamandre !
Quelques mètres plus loin, il grognement coléreux se fit entendre, suivi de près par le fou rire et les remarques facétieuses de...
-Eziel !?
Le nain m´adressa un grand sourire et me rejoignit, esquivant deux soldats en pleine joute au passage.
Salut ! On a mis du temps à arriver mais on a été bloqués par une tempête de neige. Tu sais, maintenant je sais compter jusqu´à vingt !
-Minute, qui ça « on » ?
-Bah moi, mes congénères, puis quelques amis aussi...
Je regardai autour de moi. Des soldats, des nains et... des elfes ?
-Ce sont eux tes amis ?
-C´est vrai qu´au début on n´était pas vraiment copains, mais quand l´intérêt du continent est en jeu, personne ne fait plus attention à la taille ! Bon, j´dis ça j´dis rien, mais si on allait casser du méchant ?
C´est là que ça me fit tilt : le soldat, derrière moi, il s´était écroulé en deux secondes ! Et si c´était un darksanan ?
Et si... tous les autres étaient comme lui ?
Je revins sur le champ de bataille pour essayer de me rassurer là-dessus. Je remarquai alors que plus on éliminait de soldats, plus d´autres sortaient de leurs cachettes pour les remplacer ! Cette confrontation était en fait une blague à elle seule !
Vu le nombre qui surgissait ainsi, même avec les renforts, on n´y arriverait peut-être pas !
Soudain, je vis Florian me doubler. Quelque chose m´interpella.
-Hé Florian, tu t´es brûlé ?
-Ah oui, me répondit-il en examinant son bras, j´ai failli ramasser une torche qui ne m´a pas tout à fait évité... Ce n´est pas grave, ne t´inquiète pas.
-Allà la terre, tu es censé avoir peur du feu, tu es sûr que ça va ?
Son visage perdit quelques couleurs : une simple question lui avait fait peur !
-Mais oui, je suis toujours en état de combattre ! Ce n´est pas une petite brûlure qui va m´arrêter !
Et mince... Il fallut que j´ose une remarque dont je craignais la véracité...
-Ce n´est pas à Florian que je parle, mais à celui qui le possède ! Montre-toi si tu es un homme, Altar !
Il s´arrêta de trembler et me regarda bien en face. Un sinistre rictus se dessina sur son visage. On non, j´avais raison...
-Bonsoir, me dit l´esprit. Je ne suis pas vraiment un homme mais vu que tu m´as découvert, autant que je me montre...
-Libère Florian de ton emprise où je te massacre !
-Oh, sans blague ? Dommage que tu l´élimines en même temps que moi si tu le touches... J´oubliais, d´un moment à l´autre, on risque de retrouver le corps du Juge Suprême dans son bureau, j´imagine que j´ai dû lui faire un peu mal en quittant son corps...
Il jubilait, cette espèce d´ordure. Encore plus quand je réalisai qu´on en était au point de non-retour. En élisant domaine son corps, il savait ce qui allait arriver.
Quoi que je choisisse de faire, Florian allait mourir.
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