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Lecture du chapitre 13 | |
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Nom de l'œuvre : En attendant la lumière | Nom du chapitre : Fuyons |
Écrit par ze_gobou | Chapitre publié le : 23/10/2007 à 19:25 |
Œuvre lue 16631 fois | Dernière édition le : 8/12/2007 à 16:39 |
(Note : je ne sais pas si celui-là vaut grand-chose, étant donné que je suis très influencée par ce que je lis en ce moment... Comme d'habitude, j'aimerais beaucoup des avis par MP.) Rendors-toi. Cette nuit n'est pas la nôtre, elle n'est même plus vraie. Tu vois les lumières ? Ils nous ont volé la nuit. Il n'y a rien de bon ici. Ne te réveille pas. Rendors-toi. Des étoiles ? Oui, je sais. Je les vois aussi. Mais ne les regarde pas trop. Ce sont des mots. Elles te prennent ton coeur, tu sais. Elles te prennent ton âme et tu ne veux plus exister. Elles sont belles, n'est-ce pas ? Tu vois la lune ? Ce sont des mots aussi. Elle nous dit des choses. C'est juste un fantà me. Je crois qu'elle est là pour nous. A quoi elle sert ? A rien, ils ne savent pas la voir. Elle te prendra ton âme aussi, c'est pour cela que j'aime la regarder. Non, il n'y a rien à voir ici. Rendors-toi. Oublie la nuit, notre vie interdite. Ils ne savent pas la comprendre. Oublie-la surtout, avant qu'ils ne nous la prennent. Dors. ... Il est trop tard, n'est-ce pas ? Il est trop tard pour s'endormir. Je suppose que cela devait t'arriver, comme cela devait m'arriver à moi. Allons, lève-toi et suis-moi. Il ne me reste plus qu'à te guider dans ce monde dont je voulais te préserver. Le seul dont nous ne connaissons pas tous les secrets, tu sais. Ici, dans nos esprits, demeurent toutes ces choses qu'ils ne nous ont pas prises. Tout ce qu'ils n'ont pas vu. Devons-nous rester ici ? J'aime ces nuits, tu sais, même si elles sont interdites, même si nous aurions dû accepter les jours de cauchemar où ils règnent. Ils savent, nous désobéissons. Ils se proposent de nous aider, nous nous détournons d'eux. Nous sommes ainsi, je suppose. Je n'y comprends rien, mais je l'accepte, comme une nature. Partons. Allons-nous en là où il n'y a pas encore leurs marques de lumière, là où l'âme de la vie est pure et où nous pourrons la retrouver telle que nous l'avons oubliée. Viens. Les jardins sont beaux et inquiétants sous la lune, ils recèlent la vérité, nos vieux rêves. Car c'est ainsi que les choses devaient être, non ? Elles portent encore nos illusions. Ce sont des mots. Regarde. Tu sens ? Aime-les. Suis-moi. J'ai quelque chose à te montrer. Il fallait que tu me suives, n'est-ce pas ? Il ne fallait pas que tu te rendormes. Je ne sais plus. Peut-être que cela devait se passer ainsi. Alors, suis-moi. Tu entends la rivière couler dans la nuit ? Ils n'ont pas su la voler. Où elle mène ? Je n'en sais rien. Justement. Suis-moi. Là , sur cette rive, les fleurs blanches éclairées par la lune disent que ces nuits sont le seul refuge qu'il nous reste. Le seul qui ne leur appartienne pas encore. Elles disent que nous espérons toujours. Si elles mentent ? Peut-être bien. Ce n'est pas la question. Viens. Il y a un pont là -bas, sur la rivière. De l'autre côté ? Les mêmes mensonges qu'ici. C'est pour cela que je t'ai attendu : pour te mener jusqu'ici. Je voulais te préserver ? Oh, sans doute. Notre situation n'est pas enviable, tu sais. N'en fais pas la difficile expérience. Allons-y. ... Essayer de changer les choses ? Oh, j'ai essayé, tu sais. Mais c'est impossible. C'est contraire à notre destin. Ne ris pas. Il est là , tu vois ? Il nous guette. Des mots ? Oui, évidemment. Il n'empêche. Il nous prendra. Allez, viens. Je te dis que nous n'avons pas le choix. Tu veux rester ici ? La nuit interdite est pleine de pièges qui nous prennent un jour ou l'autre. Le silence ? Oui, je sais. Mais il t'attendront. Ils voleront ce que tu aimais, ce que tu sembles déjà aimer, comme je l'ai fait. Le silence te prend ton âme et ne te la rend pas. Nous avions le droit de vivre, tu sais ? Nous avons le droit de ne plus souffrir. De choisir notre destin, s'il y a encore un choix. C'est ce que j'ai fait. Oui, c'est dangereux ici, car nous aimons le danger. Que les feuilles des arbres bruissent sous la lune, car ce sont des mots, des mots qui ne voulurent jamais qu'on les répète. Nous aimons les rives quand les fleurs roses et blanches se referment dans la nuit, nous aimons ces souvenirs comme la seule vie qu'il nous reste, au milieu de ce qu'ils ne surent pas voler, et qui nous emporte quand nous lui rendons hommage. Notre avenir n'est pas ici. Je crois qu'ils nous attendent. Tu ne sais pas ? Moi non plus. Se rendormir ? Impossible. Il est trop tard. Regrettes-tu de m'avoir suivi ? Allez, viens. Montons sur ce pont. La rivière porte les reflets de l'aube. La lune n'est plus la même : bientôt, elle s'en ira. Je te l'avais dit, ils ne savent pas la voir. Elle aussi est un souvenir : celui du soleil qu'ils ont fait leur. Et il va bientôt se lever. Tu comprends ? Nous sommes prisonniers au beau milieu de leur royaume. Nous devons partir, avant qu'ils ne nous reprennent. Nous sommes des fugitifs, mais je crois que nous le sommes depuis toujours. c'est un appel inscrit en nous. L'avons-nous choisi ? Il n'est plus temps de le renier. Le temps, ils nous l'ont pris. Nous n'avons plus le choix. Partons. Nous n'avons plus le temps de nous cacher ailleurs ? Je sais. C'est dommage, mais ça ne change rien. Pourquoi ? Parce que cet endroit porte un secret. Ils n'ont pas su nous le voler, n'est-ce pas ? Juste nous l'interdire. Je crois, je sais, que notre but est ici. Regarde l'eau profonde, sous les lueurs renaissantes de leur royaume, elle fuit. Fuyons avec elle. Où allons-nous ? Je n'en sais rien. Faisons confiance à ce qu'il nous reste, tant que nous l'avons encore. Il est temps de choisir. Suis-moi et scellons ensemble notre fuite dans le néant. Oui, faisons confiance à ce qu'il nous reste. Nous sautons dans la rivière glacée, nous fuyons dans les courants du temps qui passe, de notre destin. Nous partons. Si nous avions un autre choix ? Regarde, le jour se lève. Ce sont des mots ? Je ne sais pas, je ne sais plus. Nos questions ne servent à rien, ils ne savent pas les entendre. Je n'ai pas compris. Il suffisait de comprendre ? Oui, sans doute. Nous n'aurions pas su, nous avons fui. Où allons-nous ? Je ne sais pas. Vers le néant ? C'est possible, c'est notre destin. Il est juste là : tu sens ? Il nous emporte. Allons, rendors-toi. Mourons. |
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