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Lecture d'un chapitre



Lecture du chapitre 20
Nom de l'œuvre : Horyshia I: "Les écrits de Flore" Nom du chapitre : L'autre visage de l'innocence
Écrit par Silver_Altaria Chapitre publié le : 27/10/2007 à 14:11
Œuvre lue 27741 fois Dernière édition le : 5/11/2007 à 17:32
Autour de nous, les combattants s´arrêtèrent brusquement, comme s´ils avaient compris. Soldats, nains et elfes, tous à présent nous regardaient, Florian et moi. La nuit tombant, quelques loups-garous cachés dans les rangs se transformèrent sans pour autant nous quitter du regard.
Altar, lui, arborait toujours ce sourire mauvais.
-Regarde-toi, regardez-vous tous, avec vos airs de merlans ! Vous croyiez franchement que j´allais envoyer aussi peu d´effectifs au casse-pipe, sur une telle mission, sans intervenir ? Alors que nous devons gagner cette bataille ?
Il n´avait pas tort. Bien sûr, nous aurions dû prévoir ça. Nous en étions arrivés à un stade où tous les coups étaient permis, alors nous aurions pu nous faire devins, le temps d´une minute, analyser la situation sous tous les angles !? Malheureusement, nous n´étions pas des surhommes, fallait faire avec.
Je vis qu´Altar détournait les yeux sur la cohorte des soldats.
-Oh, que de beaux spécimens... Pétrifiés par la peur, rongés par l´inquiétude, tellement peureux pour leur survie qu´ils n´oseraient même pas m´infliger une simple pichenette... Que d´esprits prompts à être possédés !
-Tu ne vas pas faire ça ! lui cria un soldat.
-Ah oui ? Et qui va m´en empêcher, toi peut-être ?
Son rictus se fit tel qu´on aurait cru un sourire de l´ange. Il s´approcha du soldat qui lui avait ainsi parlé et se pencha sur lui :
-Toi non, tu n´y changeras rien !
Une épaisse fumée noire se dégagea de Florian. Quelques personnes toussèrent, intoxiquées. D´autres hurlèrent sous le coup de la peur qui les étouffait presque plus que la fumée.
Lorsque la fumée se dissipa, le soldat imprudent avait les yeux voilés d´ombre et un rictus de fou.
Et devant lui, Florian tomba.

Les combattants, soudain totalement désintéressés de leur sort, levèrent les armes. Les soldats humains, pour une grande partie, se précipitèrent sur Altar. Tout manipulés qu´ils avaient été, ils voulaient s´en venger et, plus encore, venger leur ami ! Car oui, le possédé était du mauvais camp mais ça, Altar s´en fichait éperdument...
Il prit un malin plaisir à voguer entre les malheureux qui tombèrent les uns après les autres. Le lieutenant Betral, aidé de Kévin et Lakade, tentait tant bien que mal de rassembler ses troupes dispersées.
Shizuka arriva, tremblante et secouée par le stress et les larmes.
-Flore, j´ai... j´ai trouvé...
Elle me désigna un point non loin d´Altar.
Mince de mince.
Il y avait là le corps inerte de Numen. Saleté !
-T´inquiète pas Shizuka, je l´aurai cet enfoiré.
Alors moi aussi j´y allai. Moi aussi j´allais régler son compte au mégalo de service. Je perdis toutefois un peu de mes certitudes à tort quant il m´aperçut. Ca faisait drôle d´être toisée par un nain !
-Tiens tiens... Toi aussi, tu veux ta pâtée ?
Toute l´assemblée â€"ou du moins ce qu´il en restait- explosa de rire ! Quelle voix suraiguë il avait !
-Arrêtez de rire ! Je peux vous tuer tout de suite si je le veux alors, arrêtez !
Rien à faire. Plus il nous invectivait, plus on était pliés !
-Très bien, vous allez tous y passer ! Et je vais commencer par toi ! me cria-t-il.
Il vint vers moi. Cependant, il était tellement habitué à se déplacer dans des corps d´hommes qu´avec un corps de nain, ses petites jambes le faisaient courir...Oui bien sûr, c´était ça l´idée ! Un truc aussi vieux que le monde, du moins tant que les taureaux détestaient le rouge : la méthode de la corrida. Je suis le toréador, tu es le bovin, mon couteau sera l´épée. Oh et puis non, autant ramasser une épée du terroir.
Ainsi, quand Altar passa à ma hauteur, je fis un bond de côté. Avant qu´il ne freine, j´eus tout juste le temps de saisir une épée à terre et de la diriger vers lui. L´arme força l´armure, pénétra dans les chairs et la pointe transperça le cœur.
Crève, et désolée pour le nain. Lui au moins, il sera digne d´avoir une sépulture décente.
Le nain mourut et la fumée ressortit de son corps. Zut, j´avais oublié de léger détail.
Mais une main ferme me poussa sur le côté. C´était le druide Erion.
-Ah, s´exclama la fumée, je t´attendais ! Qu´as-tu donc fait pendant tout ce temps, tu comptais les cadavres ?
-Effectivement, répondit le vieil homme, je contemplais passivement tous ces innocents que vous avez sacrifiés.
-Quels innocents ? Ils ont voulu diriger le monde en plus du continent !
-Non, tout a commencé à partir du moment où vous avez décidé de venir mettre votre grain de sel dans cette histoire. Ils ont le droit de savoir d´où ils viennent. Je n´en reviens pas que vous ayez fait ça à cause d´un simple nom ! Pensiez-vous vraiment que cela allait les pousser à dominer le monde ?
-Nous ne pouvons pas nous permettre de commettre la moindre erreur. Qu´ils se souviennent du nom et nous en aurons fait une.
-Erreur. VOUS en aurez commis une.
Sur ces paroles, Erion sortit un petit parchemin d´une poche de sa tunique, le leva à hauteur d´yeux.
-Vous souvenez-vous de cette formule, maître ?
-Vous n´oseriez pas utiliser un trou noir sur moi ! Je suis une source de pouvoir inestimable !
Altar venait de vouvoyer Erion sans s´en rendre compte. Respect dissimulé, probablement.
-Ce pouvoir, nous nous en passerons bien. Vortex éternel, enferme cette créature et scelle-la dans le néant !
Derrière Altar, un trou noir s´ouvrit, suffisamment petit pour seulement attirer la fumée noire. Et en effet, avant d´avoir pu dire ouf, elle était irrésistiblement aspirée, puis le trou noir disparut.
Pendant un instant, plus rien ne troubla le silence. Mais quand les combattants réalisèrent qu´ils avaient gagné, la vallée trembla sous leurs cris de triomphe !

Eziel me rejoignit et manqua de m´étrangler tant il était heureux.
-On a réussi ! Quand je serai rentré chez moi, on fera un tel banquet que je pourrai manger tout ce que je veux !
-Tu ne penses qu´à manger, ce n´est pas possible !
-Et à attraper des salamandres aussi, me répliqua-t-il, regarde comme elle est belle celle-là, je l´accrocherais presque au-dessus de mon lit et...
Il fut interrompu par Erion qui m´aida à me relever.
-Subtile manœuvre, mademoiselle, j´imagine que vous avez appris cela chez vous...
-Laissez-moi deviner, j´ai servi vos desseins ?
-Et pas qu´un peu ! Cela faisait longtemps que je n´étais plus d´accord avec les idées d´Altar, j´avais apprêté ce parchemin depuis un moment pour dire vrai. Je pensais demander de l´aide. Grâce à vous, je n´en ai pas eu besoin et les visages de nos vaillants soldats ont recouvré leur joie d´antan. Voyez cependant votre amie là-bas, elle ne semble pas partager l´allégresse générale...
Comme le disait le vieux druide, Lakade pleurait, agenouillée devant le corps de celui qu´elle avait appelé « grand frère ». Je posai une main sur son épaule et elle me regarda, les yeux embués de larmes.
-Dis-moi que ce n´est pas vrai, pitié...
Puis ses yeux se posèrent sur mon cou et elle frotta ses yeux avant de déclarer d´un ton déterminé :
-Je dois aller voir Céline.
-Quoi ? Tu débloques carrément là, elle est morte !
Je me mordis la lèvre. La mort de Florian devait la faire dérailler. Oui, ça devait être ça. Alors, pourquoi me souriait-elle ?
-Elle savait que tu réagirais comme ça, me dit-elle doucement, que tu nierais son existence... Elle me l´a dit la dernière fois que je l´ai vue.
Ca aussi je l´avais oublié. Le principe des âmes immortelles, je l´avais conçu pour l´histoire, il devait y avoir eu un problème.
-Elle m´a parlé du... du pendentif.
Lakade avait détourné les yeux en disant ça. Elle devait savoir à quel point c´était important pour moi de le garder, aussi dût-elle produire un énorme effort de volonté pour faire ce qu´elle avait à faire.
Elle me demanda de lui donner le pendentif.
Et moi, je dus retenir mon envie d´exploser quand elle me supplia de la tuer.

-Ce sera la dernière fois, enfin j´espère...
-Tu te rends compte de ce que tu dis là ? Tu veux mourir pour un objet ?
-Toi tu vis avec un souvenir, railla-t-elle, ce n´est pas mieux !
Nous restâmes quelques secondes à nous renvoyer des regards noirs. Si des éclairs pouvaient neutraliser, je m´en serais volontiers servi.
Le problème, c´est que j´aurais eu tort : j´avais bel et bien décidé de garder cet objet. Plus précisément, à partir du moment où j´ai su à qui il avait appartenu.
Après tout, il n´était pas à moi...
C´est pourquoi Lakade me le prit et le mit à son cou.
-Tu sais, lui dis-je, je ne pourrai pas te porter le coup fatal. Je suis désolée.
-Moi, si.
Le lieutenant Betral était venu pour nous annoncer la mort de Numen. Chose inutile bien sûr, mais il pouvait nous aider.
-Si cela peut résoudre le... problème, alors je donnerai le coup de grâce.
Il enleva une flèche d´un corps sans armure et l´arrangea un peu. A nos mines étonnées, il ne trouva rien d´autre à répondre que « Elle mourra sans doute, pas mes armes ».
La flèche, il la planta directement dans le cœur de Lakade. J´avais cependant encore trois choses à dire et à voir avant qu´elle ne parte :
Un cœur versant ses larmes.
Une expression d´étudiants : « Bonne merde ».
Et une certitude que j´eus le temps de confirmer à Lakade avant son départ :
-Il y a moyen de le sauver.

Me voilà désormais, le corps de Lakade, le pendentif au cou, à mes pieds.
Eziel récupérait les sachets de poudre avec ma permission, Kévin aidait à trier les corps. Les survivants, Betral et Sohab â€"dont je notai au passage qu´il allait garder pas mal de cicatrices en souvenir- compris, creusaient déjà des tombes.
A la demande des nains, elfes et loups-garous lunixiens, ils allaient ramener avec eux les corps de leurs congénères pour les enterrer là où ils avaient vécu.
Shizuka, avec les moyens du bord, rendait un peu de dignité aux morts. Erion s´occupait de ceux pour qui les âmes auraient pu prendre « le mauvais chemin » selon lui ; je ne compris jamais véritablement l´expression, malgré le fait qu´il ait embaumé tous les corps. Tous sauf deux.
Et moi, attendant, le corps de Lakade à mes pieds.
Je lui avais confié une certitude. Même si, en vérité, je craignais de lui avoir donné de faux espoirs.

Quelque part ailleurs, ceux qui avaient été condamnées par la fumée noire reprirent vie...

Ca y est, je suis là. J´ai fait ce que tu m´as demandé. J´ai dû partir pour arriver ici. Au milieu du noir, au milieu de rien, au milieu du froid.
Tiens, non. En fait, je ressens une douce chaleur, presque agréable. Il ne fait d´ailleurs pas si noir que ça. Plein de petites lueurs emplissent l´obscurité de leur chaleur. Même des grosses qui narguent les autres avec leurs grandes vagues chaudes. Plus loin encore, se distinguent des formes presque humaines.
Elles ne regardent nulle part et partout à la fois, comme si elles surveillaient distraitement ce qui se passe.
Soudain, l´une d´elle s´arrache à sa surveillance et me fixe. Elle vient vers moi et me parle. Une voix marquée par le silence, rendue frêle par l´obscurité.
-Alors, tu as fait bon voyage ? s´enquit Céline.
-Où suis-je ?
-Là où vont les âmes des morts. Chaque lueur représente une âme envoyée ici, les plus petites étant les plus anciennes d´entre nous.
-Dis-moi, pourquoi tout ce cirque avec mes allées et venues ? Pour une fois, c´est à cause d´une entité nommée Altar que je suis là, c´est comme si nous étions tous des victimes de meurtre...
-Altar, hein ? Il a expédié ici tout un tas de gens ! C´est un ancien dragon des terres de l´est. Là-bas, la simple évocation de son nom suffisait à forcer ses semblables à la soumission. Jusqu´à ce qu´un jour, on ne sait comment, il ait atterri ici.
-Il n´a pourtant pas ressuscité ?
-C´est impossible de ressusciter voyons. Par contre, Altar a trouvé le moyen de hanter les gens pour continuer à imposer son pseudo pouvoir sur Horyshia... Cela t´étonne, ce nom ? Altar a voulu l´effacer de la mémoire collective. Il pensait que si lui seul connaissait le véritable nom de l´Autre Monde, il pourrait gagner le pouvoir qu´il espérait tant. A chaque fois que quelqu´un semblait s´en souvenir, Altar s´arrangeait pour l´égarer dans une ruelle sombre et dangereuse... Il n´a jamais réussi à comprendre qu´il ne deviendrait pas « quelqu´un » à cause d´un simple nom.
-Il a joué les égoïstes et les ignorants, en gros.
-C´est ça. Vu que ça faisait quelques mois qu´il était parti, on n´avait plus eu vent de rien. Ne me regarde pas comme ça, c´est qu´il y a eu un dérèglement temporel tellement tu as voyagé... A Horyshia, ils fonctionnent au ralenti : quelques semaines équivalent à des mois, mais personne ne s´en rend compte parce qu´ils sont devenus tellement aveugles...
-Ils ont oublié le sens du temps et de la générosité. C´est comme ça partout.
-Veux-tu parler du moment où Florian est mort ?
-Je n´ai pas arrêté de me dire que c´était à cause de moi. En fait, je n´ai fait que tout reporter sur mon orgueil, parce que je ne voulais pas admettre qu´il ait pu être une victime de l´autre ordure...
-Ma petite Lakade, je vais devoir t´apprendre une chose...
Elle m´entraîne vers les lueurs à forme humaine. Je reconnais les soldats qui viennent de mourir au combat. Le nain que Flore a été obligée de tuer. Je ne vois pas Numen, il doit être ailleurs, hors de mon champ de vision.
Et je remarque ensuite Florian, près du nain. Il bouge sans arrêt, l´air inquiet. Céline me laisse aller après m´avoir glissé une phrase à l´oreille.
La générosité, c´est dépasser son égoïsme pour regarder autour de soi.
Puis je l´entends me dire quelque chose. Flore avait raison ! En tant que Jumeaux de Cœur réunis ici, nous avions une sorte de joker : renoncer à notre statut pour revenir sur Horyshia. Non pas ressusciter, mais revivre.
-On y va, petite sœur ?
Ca me fait bizarre d´entendre sa voix et je veux lui répondre quand je m´aperçois que j´ai oublié le pendentif.
Mais Céline n´est plus là. A sa place a été planté le myosotis, je le reconnais. Il a un comportement étrange. Tantôt il fane, tantôt il embellit. Il est tourmenté. La peur qu´on l´oublie, sûrement. Il veut que je fasse mon dernier acte en cet endroit.
Je détache le pendentif et je le place aux racines du myosotis.
Puis nous nous en allons. Définitivement.
Lorsqu´elle est sûre que nous ne sommes plus là, Céline revient et ramasse le pendentif, qui reprend sa place d´origine. Pour la première fois, son visage d´ordinaire amer s´illumine d´un vrai sourire.
Merci.


Quelque part ici, les étoiles cessèrent leur ronde infernale pour reprendre leur lente, très lente procession...

La nuit était déjà bien avancée quand l´on remarqua enfin le manège qui se déroulait au-dessus de nos têtes.
C´était fini, enfin.
-Ils sont revenus, dit Erion avec un air satisfait.
La blessure de Lakade se résorba et elle ouvrit les yeux. Un peu plus loin, Florian se redressait également, presque aussitôt assommé par Eziel qui lui sauta dessus en hurlant de joie.
-Eh bah, bâilla Lakade, j´ai l´impression d´avoir enchaîné cinq heures de gym...
-Pas étonnant, je te rappelle que tu viens de passer quelques heures morte ! D´un autre côté, cinq heures de gym non-stop ça t´aurait mise dans un état encore pire...
-Hé, nous cria Eziel, on nous invite à festoyer à la capitale, z´allez quand même pas rater ça ! On va pouvoir se faire des ventres comme des veaux, on va se régler, c´est moi qui vous le dis !
Aphso et Noemia avaient préparé notre retour en conviant les peuples de partout pour la fête : Eziel n´était pas rentré dans la ville que son père lui donnait des bourrades en le charriant « Alors, tu sais compter jusqu´à combien ? ».
Le public fut un peu choqué par l´assurance d´Erion, mais lorsqu´ils virent la confiance dans les yeux de leurs souverains, ils manifestèrent un minimum de courtoisie à l´égard du druide. Conscient de son non statut, le druide tint à offrir une tournée générale â€"de bière, cela va de soir- à tous les soldats présents.
La souveraine Neomia profita que ses sujets n´étaient pas encore attablés pour annoncer publiquement qu´elle était enceinte de quelques semaines, taisant les rumeurs comme quoi l´enfant était une fille.
-Je me doute que vous auriez aimé le savoir maintenant, conclut-elle, il vous faudra attendre encore un bout de temps !
Avant que nous remplissions nos estomacs, elle insista pour élever ses propos sur une note plus sombre.
-Peut-être voudriez-vous attendre de m´écouter avant de vous goinfrer ? J´aimerais que nous dédiions ce moment aux soldats morts au combat, qu´ils soient humains, nains, elfes ou loups-garous, ainsi à qu´à la renaissance de notre beau monde, un endroit sans vils esprits pour nous faire sombrer.
Elle leva son verre et enveloppa la salle de ses yeux azur. Dans la salle, tous l´imitèrent et burent une gorgée en hommage à leurs compagnons.
-J´espère que vous apprécierez ce festin !
Les convives mangèrent de bon cœur. Au bout d´une table, des soldats (déjà) bourrés voulurent charrier le désormais célèbre lieutenant Lirek Betral :
-A vot´ santé les gals !
-Et à not´ lieut´nant pléfélé ! Allez p´tit, j´t´offle une pinte, y´en a plein, c´est Elion qui légale ! Hé l´dluide, amène une bièle poul l´nouveau chef, l´en a b´soin !
Il but cul sec sa propre chope et ajouta :
-Hé m´fieu, et si on paliait sul l´nom d´l´enfant d´la leine ?
-Hein ? L´était pas une fille c´te gosse qu´tu m´avais dit ?
-T´as une chalette de l´tald va Olion ! C´tait qu´une lumeur ! Oh j´ai mieux, on va palier sul l´nom d´la futule femme du lieut´nant !
-Quoi, s´offusqua ce dernier, ça va pas la tête ?
-Ma tête va tlès bien, melci ! Et allête un peu avec t´n´accent là, on dilait l´balman de l´tavelne !
Ils trinquèrent et entonnèrent une chanson bien de leur cru :

Olion l´buveul y malchait dans l´taverlneuuuuh
Y zigzaguait en allant vels l´comptoileuuuuh
Pis il finit pal tomber pal l´telleuuuuh
Et dile qu´il allait just´ chelcher une bièleuuuuh


Quelque part chez nous, le ciel se teinta d´une encre noire et d´étoiles, et les êtres d´ailleurs s´envolèrent...

Ce qu´il s´est passé ensuite, c´est que nous sommes rentrés chez nous fin mai. Comment ? Eh bien, disons que j´avais laissé en héritage de mon manuscrit une connexion permanente entre ce village et Horyshia... Maintenant que j´y pense, cela fait pile un an que nous sommes revenus. Les gens avaient eu du mal à avaler le fait de devoir reconstruire quasi entièrement l´école et les professeurs ont passé plusieurs mois à donner cours sur la place.
La maison que j´ai vu brûler en filant de chez moi n´était en fait pas la mienne. Sans doute le stress m´avait-t-il joué un mauvais tour, car c´était la maison des voisins. J´ai donc pu retrouver ma chambre, mon espace personnel, avec ses armoires remplies de vêtements et d´affaires d´écoles, de disques empilés sur mon bureau, de peluches sur mon lit... et de manuscrits, évidemment !
Kévin est retourné à l´orphelinat. Il va de temps en temps sur la tombe d´Edna pour lui jouer un petit air d´ocarina qu´un elfe lui a appris. On le voit parfois jouer avec des enfants du village. Il passe aussi manger à la maison le dimanche, on passe notre temps à discuter musique et informatique.
Shizuka et Florian sont les seuls à être tombés malades après nous avoir accompagnés à notre retour. Une gastroentérite, à ce qu´on a dit. Il a fallu négocier un sacré moment avec l´orphelinat pour qu´on puisse les accueillir. Parce qu´il exerçait une mauvaise influence (supposée) sur leur fille, les parents de Lakade ont préféré que Florian vienne chez moi, et Shizuka est allée chez eux.
Lakade a eu du mal à accepter d´avoir dû briser si brusquement le lien, mais ça va mieux. Elle a laissé ses jeux vidéo au fond d´une armoire pour la symbolique et s´est mise au dessin.
Personnellement, je n´ai plus grand-chose à dire. Rachel avait tout oublié, raison pour laquelle je lui avais conté partiellement l´histoire. Il y a pourtant eu une chose dont personne n´a jamais eu connaissance. Ni Rachel, ni Lakade, ni les autres : quand je me suis retrouvée dans ma chambre il y a un an, dans le noir, quand j´ai réalisé que tout était fini... j´ai pleuré.
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