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Lecture d'un chapitre



Lecture du chapitre 1
Nom de l'œuvre : Freya Nom du chapitre : Les bourgeois
Écrit par Silver_Altaria Chapitre publié le : 2/2/2008 à 15:09
Œuvre lue 8281 fois Dernière édition le : 24/2/2009 à 20:49
Je claque la porte de ma chambre en rentrant, cet après-midi-là. Un petit gosse de pas plus de dix ans a failli se jeter sous les roues de mon vélo et c´est moi que sa mère a invectivé en passant ! Je déteste ces gosses qui se croient tout permis, franchement... Mais je fais aussi partie de cette génération de jeunes adultes qui utilisent les vélos pour circuler, alors même dans les villages ça fait tache.
Je suis en rhéto (sixième année) parce que j´ai doublé une année de primaire. J´ai donc dix-huit ans, ce qui me donne le statut d´aînée de la classe. Force est de constater qu´à part cette petite anomalie dans mon cursus scolaire, j´ai eu une vie tout ce qu´il y a de plus banal. Ah si, une chose : mes parents sont divorcés.
-Freya, redescends tout de suite, une femme veut te voir !
Je risque quelques pas dans les escaliers pour apercevoir une femme aux cheveux mal coiffés et avec de petites lunettes. Mais je reconnais surtout le gamin qui darde des regards furibonds sur mon chat, Pif, en train de dormir sur un fauteuil.
Et merde, qu´est-ce qu´ils me veulent encore, ceux-là ?
-Cette dame prétend que tu as tenté de tuer son fils !
-C´est trop d´honneur...
Je m´appuie nonchalamment sur la table. Cela produit son petit effet : ma mère parait sur le point de m´étrangler et les yeux de la femme jettent des éclairs. Ils réagissent tous de la même façon. Histoire de me sauver la face, et aussi parce que j´ai d´autres choses à faire, je donne ma version des faits sans broncher.
-J´étais en train de revenir à vélo quand ce gamin a traversé alors que le feu des piétons était rouge. J´ai fait un dérapage pour l´éviter â€"le macadam s´en souvient- et j´ai continué mon chemin sous les insultes de cette femme.
Une lueur passe dans le regard de la femme : elle sait que je dis la vérité. Ma mère aussi. Elle prend la parole :
-Bien... Madame, je crois que vous savez comme moi que ma fille est innocente. Si vous persistez à le nier, autant demander à votre petit garçon !
L´autre déglutit péniblement et, saisissant le bras de son fils d´une main crispée, tourne les talons. La porte d´entrée ne tarde pas à claquer sur son passage.
-Tu étais vraiment obligée d´adopter cette attitude ? me demanda maman.
-Si elle portait plainte, j´allais directement en prison. Je n´ai aucune envie de payer pour un crime que je n´ai pas commis.
-Moi non plus, mais face à ces gens de la bourgeoisie, il faut être prudent.
Ca, je le sais. Elle le répète à chaque fois qu´une tuile manque de nous tomber dessus et elle a bien raison. Depuis un an que nous sommes ici, personne n´arrive à nous apprécier un tant soit peu. La raison ? Nous sommes d´origine étrangère. Peu importe d´où, eux ne font pas de différence, ils sont racistes. Excepté une gentille vieille dame du bout de la rue, madame Dubreuil, un classique de la dame âgée avec son fauteuil à bascule près du feu néanmoins très gentille.
Je reviens dans ma chambre et, là seulement, mon calme d´il y a quelques minutes laisse place à un essoufflement énorme. J´ai eu peur, c´est vrai, comme toujours lorsque les bourgeois viennent chez nous. J´aurais bien versé des larmes mais cela fait longtemps que j´ai compris que c´est inutile.
-Ah, je soupire, qu´est-ce que je deviendrais sans maman et les lettres de papa ?
Je déplie une lettre reçue ce matin. Elle n´est pas très longue, comme d´habitude.

Chère Freya,
Je suis toujours à Bruxelles pour arbitrer ce tournoi de cartes à jouer. Hier, un joueur de vingt ans a remporté la manche et est reparti avec beaucoup de lots. Parallèlement, j´ai publié le roman d´un jeune auteur prometteur. J´ai aussi rencontré il y a peu une femme (inutile de prévenir ta mère, elle est déjà au courant, d´ailleurs tu ferais bien de lui demander où elle en est ELLE...) et je pense venir vous la présenter dans quelques jours. Elle s´appelle Hélène.
J´espère que tu vas bien toi aussi. Bisous.
Papa.


Lui aussi a trouvé quelqu´un alors... Il a joint une photo avec la lettre sur laquelle il est avec sa nouvelle amie. Elle est très jolie.
Bien entendu, cela fait déjà longtemps que je suis au courant que maman sort avec l´avocat qui s´est occupé du divorce. Qu´on ne me prenne pas pour une idiote. D´ailleurs, elle sourit beaucoup en ce moment, elle doit être heureuse.
-Freya, descends manger !
-J´arrive, maman !

Il est dix heures quand je termine ma masse de boulot pour le lendemain. Machinalement, j´ouvre la fenêtre pour respirer un peu et je vois à nouveau cette étoile rouge auprès de la lune. Elle y est toujours, comme pour me narguer. A chaque fois que je la regarde, elle brille d´un autre éclat plus intense.
Maman vient frapper à ma porte.
-Tu devrais aller au lit maintenant, tu dors assez mal comme ça...
-Oui maman, ne t´inquiète pas pour moi.
Le temps de ranger mes affaires, de refermer la fenêtre et de saisir une peluche pour dormir avec et je suis sous mes couvertures, en train de dormir.
A une heure avancée de la nuit, je suis réveillée par une explosion.
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