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Lecture du chapitre 9 | |
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Nom de l'œuvre : Chaos Sanctuary | Nom du chapitre : Volage |
Écrit par Kailianna | Chapitre publié le : 30/6/2008 à 19:32 |
Œuvre lue 14096 fois | Dernière édition le : 31/5/2009 à 19:45 |
Je ne souhaite à personne la nuit que je vécus ce soir-là . Divers cauchemars vinrent hanter mon sommeil mouvementé, si bien que j'eus droit à des visions plus ou moins nettes d'une Noa squelettique, maintenue prisonnière et torturée, de noyades en tout genre et d'un Renji qui ne savait plus où donner de la tête, prisonnier dans un système informatique, et ce pendant plusieurs heures. Mes vêtements trempés n'arrangèrent pas les choses, et lorsque je me réveillai en sursaut, en sueur, je me rendis compte que j'avais attrapé une bonne fièvre. Après avoir pris une douche brûlante et avoir revêtu des vêtements secs, je me sentis considérablement mieux, même si la fièvre, elle, était toujours là , et m'arrachait des grelottements incessants. J'espérais de tout cÅ“ur retrouver Noa et Renji quelque part dans le Centre, sains et saufs et en bonne santé, du moins, le plus possible. Par ailleurs je ne leur souhaitais pas mes symptà mes. Néanmoins, je n'avais strictement aucune idée ce qui s'était passé de leur côté dans le Repère Rocket. Si quelque chose avait mal tourné, sans doute ne les reverrais-je pas de sitôt. Mes craintes furent démenties quelques minutes plus tard, lorsque je revins d'un bref entretien avec une infirmière ( elle m'avait fourni l'adresse d'un magasin dans lequel je pourrais trouver de la nourriture bon marché, car mon stock de provisions laissait à désirer). Noa se tenait dans le hall, l'air anxieux, cherchant du regard dans toutes les directions. Lorsqu'elle me vit arriver, je n'eus pas le temps de réagir qu'elle courut vers moi, infiniment soulagée. - Falke ! Elle se blottit contre moi et m'entoura de ses petits bras. Un instant gêné, je finis par lâcher un léger sourire et l'enlacer à mon tour. Elle allait bien. Ma petite Noa allait bien, je n'avais plus de raison de m'inquiéter pour elle. J'avoue qu'égoïstement, j'oubliai Renji sur le moment. Seule la brunette importait pour l'instant. - J'ai eu tellement peur pour toi, gémit-elle, toujours serrée contre moi. Ces sbires qui t'ont emmené je ne sais où... Elle desserra son étreinte et fit un pas en arrière. - Bordel, excuse-moi, j'ai vraiment cru que les choses allaient mal tourner hier soir... reprit-elle. Mais bon, visiblement on s'en est pas trop mal sortis. Viens, raconte-moi ce qui s'est passé de ton côté. Nous allâmes nous asseoir à une table dans l'espace d'accueil du Centre, après quoi je lui racontai en détail ce qui m'était arrivé. Elle sembla assez effrayée par le passage sous le lac, visiblement la perspective de la noyade ne l'enchantait pas non plus. - Et dire que tu aurais pu rester coincé là -dedans, finit-elle par lâcher. - Oui, heureusement que cette porte s'est ouverte. D'ailleurs, je me demande comment ça se fait. Ça ne m'a pas intrigué sur le coup, mais quand même, il y a quelque chose d'illogique là -dessous. Noa acquiesça d'un signe de tête. - Oui, pour moi aussi ça s'est passé comme ça, ajouta-t-elle. La porte s'est ouverte, ça m'a permis de fuir. Elle me raconta à son tour son expérience, sa confrontation avec le terrible Raikou et le mystérieux message de Renji adressé à la Team Rocket. « Bonne nuit, les enfants ». Cette citation m'arracha tout de même un sourire. - Ce serait l'Å“uvre de Renji, alors, la porte ? demandai-je. - Oui, il semblerait. Je ne sais pas comment il s'est débrouillé, mais je lui dois une fière chandelle. - Et moi donc... Ce type m'avait décidément sauvé la vie, sans doute sans le savoir, mais il l'avait fait. Et tout comme Noa, je lui étais largement redevable. Après ce petit échange, nous nous mîmes à nous questionner sur le sort de notre sauveur en question. Que s'était-il passé pour lui ? Nous fîmes le tour du Centre, sans pour autant l'apercevoir quelque part. Ma compagne commençait réellement à s'inquiéter à son sujet lorsque l'intéressé descendit les escaliers qui menaient aux chambres, encore en pyjama, et baillant à s'en décrocher la mâchoire. Lorsqu'il nous vit, il se contenta d'afficher un air surpris. - Tiens donc, vous êtes déjà là ? fit-il d'une voix somnolente. Rassurée, Noa manifesta une joie évidente. Et si je me fis moins remarquer, je n'en pensais pas moins. Pour cette première réelle « mission », nous étions tous à peu près entiers, et j'apprendrai par la suite que Renji avait parfaitement rempli sa part du contrat. Nous nous installâmes donc à ses côtés, à présent au complet autour de la petite table du Centre, et après que nous ayons mis le jeune homme au courant des évènements, il nous raconta sa propre expérience. - Eh bien, commença-t-il, finalement, ça n'a pas été si difficile que je ne le pensais. Il afficha un sourire satisfait. - J'ai atteint la salle de contrà le sans trop de problèmes, et j'avoue que je serais bien resté un peu plus longtemps, leur PC est une vraie mine d'or ! J'ai farfouillé un peu dans leurs données jusqu'à trouver la connexion réseau, et j'ai introduit le virus. - Tu es sûr que ça a marché ? s'enquit Noa. Renji acquiesça. - Absolument certain. J'ai passé un certain temps à l'élaborer, il est radical. La Team Rocket est à présent fragmentée. J'affichai un sourire, tout comme Noa. Finalement, nous n'avions pas déployé nos efforts pour rien. Je n'ai pas encore cité la véritable raison pour laquelle nous nous sommes introduits dans le Repère Rocket ce soir-là . La Team Rocket est, comme je l'ai déjà précisé, répartie sur tout le pays, et afin que leurs plans et leurs actions soient cohérents, ils ont besoin d'établir un contact entre eux. De nos jours, il est très simple d'intercepter un message téléphonique ou radiophonique c'est pourquoi ils ont jugé préférable d'écarter ces moyens de communication, de peur d'être découverts. Le moyen le plus discret reste l'ordinateur. C'est ainsi que fonctionnait la Team : tous les ordinateurs des Repères étaient reliés entre eux, par un réseau monstrueux, mais fort discret, et donc indécelable pour toute personne extérieure. Le rà le de Renji était donc de trouver ce réseau à partir de l'ordinateur administrateur, et de l'infecter complètement, afin de le rendre inutilisable. Nous, trois humbles personnages entre douze et dix-sept ans, étions la cause de la fin de la Team Rocket telle qu'elle était jusqu'à présent. - Et s'ils restructuraient leurs réseaux ? demanda Noa. - Impossible, renchérit le jeune homme, non seulement le virus a littéralement détruit leur réseau, mais il a aussi complètement pourri chaque ordinateur qui y était relié. Leurs ordis sont morts, complètement morts. Inutilisables. S'ils veulent recréer un réseau de la même ampleur, il leur faudra des années. Satisfaite, la fillette hocha la tête. - Encore une chose, ajouta-t-elle. Les portes qui se sont ouvertes, c'était toi ? Renji eut un sourire malicieux, qui faisait déjà office de réponse. - Eh bien, ces portes étaient maintenues fermées par l'ordinateur, justement. En le mettant hors-service, j'ai du même coup brisé le verrou, si l'on peut dire. Mine de rien, ils en sont très dépendants, de leurs machines. Noa lui signala qu'il nous avait sauvé la vie, du moins, à moi. Elle crut bon de ne pas s'épancher là -dessus, aussi changea-t-elle de sujet immédiatement après. - Tu n'as pas eu trop de mal à quitter le repère ? - Dans la confusion qui s'était installée, ça n'a pas été trop dur, non, répondit l'intéressé dans un haussement d'épaules. J'ai utilisé une méthode classique, mais qui marche très bien : j'ai revêtu le costume d'un scientifique que j'avais assommé un peu plus tôt, et je suis passé incognito. Ils ont été faciles à berner. Noa acquiesça. - Oui, ça paraît logique, les choses leur échappaient complètement. Mais ne les sous-estime pas, cette occasion ne se représentera pas. Même fragmentés, ils peuvent toujours nous causer de sérieux ennuis. C'est surtout du Boss, dont j'ai peur. Et puis, maintenant, ils voudront se venger. Renji et moi prîmes un air grave. Nous comprenions ce que cela signifiait. - Enfin, reprit Noa d'un ton plus enjoué, la bonne nouvelle c'est que Falke et moi pourrons maintenant circuler à peu près librement dans les villes. Enfin, tant qu'on reste discrets. Maintenant qu'ils ne peuvent plus se transmettre le signalement, le danger est à peu près écarté. - Pas totalement, néanmoins, rétorqua Renji. Il y en a partout, dans toutes les villes. La fillette afficha un grand sourire. - Peut-être, mais après tout, on peut bien se permettre une petite folie maintenant qu'on a dissout toute leur bande. Renji haussa les épaules, l'air moyennement convaincu, et se désintéressa de la conversation. Un type étrange, ce Renji, mais à qui je devais ma vie, ne l'oublions pas. Je dois néanmoins avouer qu'à l'instant présent, il n'avait pas l'air fin, en pyjama au beau milieu du Centre. - Bon, ce n'est pas tout, mais je meurs de faim ! clama Noa. On se paye un resto pour fêter ça ? Vu nos mines enthousiastes, je suppose qu'elle le prit pour un oui. - Et, Renji... habille-toi ! ajouta-t-elle en riant. Après un copieux repas dans un restaurant bon marché, c'est à dire environ une heure et demie à penser à autre chose et à parler de tout et de rien, nous nous penchâmes sur la suite de ce que je qualifiais déjà ironiquement d' « épopée ». Puisque ni Renji ni moi n'avions quelque chose à suggérer, ce fut Noa qui reprit les rênes, une fois de plus. Etant donné qu'il était impossible de prévoir l'action de la Team Rocket â€" Noa ne trouva pas plus que quelques hypothèses à formuler - , nous finîmes par décider d'un commun accord d'attendre toute manifestation de leur part. Je fus tout d'abord réticent à cette idée, mais comme me le fit remarquer la fillette, nous n'avions pas d'autre solution. Maintenant que la Team Rocket était fragmentée, leur action serait de toutes façons bien plus désordonnée et bien moins cohérente, et selon elle, ils ne tarderaient pas à se faire remarquer. Je finis donc par accepter l'idée. - Mais en attendant, on fait quoi ? demandai-je néanmoins. - Je suggère que l'on quitte Céladopole, affirma Noa, c'est plus dangereux ici que dans les autres villes. Non seulement il y a le Boss, mais en plus, ils savent tous que l'on traîne par ici. - D'accord, mais pour aller où ? La brunette marqua un temps d'arrêt, puis me fit grâce d'un léger sourire. - Je propose Azuria ! lança-t-elle. Je haussai les sourcils. - Mais... - Eh bien, c'est une bonne idée, non ? reprit Noa, visiblement très enthousiaste. Je me tus quelques instants puis haussai les épaules. - Pourquoi pas. - C'est d'accord ! Alors nous allons là -bas ! - Et après ? ne pus-je m'empêcher d'ajouter. - Après, nous verrons bien. J'ai grandi à Azuria, je ne crois pas l'avoir précisé jusqu'à présent. Je n'en suis jamais sorti jusqu'à l'âge de douze ans, écoulant une enfance assez paisible, élevé par ma mère. La première fois que je vis d'autres murs que ceux de ma ville natale, ce fut le jour de mon anniversaire, où, pour fêter l'occasion, on m'emmena dans une réserve de Pokémon assez réputée, moi qui avais toujours été intéressé par « ces petites bestioles » comme les appelait ma mère. Jusqu'à mes quinze ans, je n'effectuai ensuite que deux ou trois sorties. Azuria fut la première ville à être détruite par les légendaires. Le coup de tonnerre de Kanto, si l'on peut dire, et mon premier désastre, à titre personnel. Néanmoins ce fut l'une des coïncidences qui me permis de retrouver Noa par la suite, la première étant bien entendu ce fameux soir où elle frappa à ma porte complètement exténuée. Sans cette catastrophe, je pense que rien ne m'aurait poussé à réagir. C'est pourquoi dans un sens, ce fut une bonne chose. L'idée de revenir chez moi ne m'était jamais venue à l'esprit, et il ne faisait aucun doute que Noa avait choisi notre nouvelle destination à mon intention. Quant à moi, je me demandais ce qu'il était advenu de ma mère, de mes proches, de mon lycée. J'avais laissé derrière moi une ville en ruines, qu'en était-il maintenant ? - Ah, faites gaffe où vous marchez, on dirait qu'il y a de la boue par-là ... Je poussai un grognement caractéristique. - Rappelle-moi qui a eu la bonne idée de nous faire couper par ici, déjà ? demandai-je à la brunette qui ouvrait la marche. Apparemment insensible à ma réplique qui sonnait plus comme un reproche, ses lèvres esquissèrent un sourire. - Aucune idée, un crétin, sans doute. Je poussai un nouveau soupir, mais n'ajoutai rien. Nous étions partis la veille de Céladopole, et, comme l'avait subtilement fait remarquer Renji, il aurait été pratique, et même évident de passer par Safrania, c'était la solution la plus intelligente. De quoi se réapprovisionner et se reposer à mi-chemin. Mais Noa avait insisté pour nous faire couper, et nous pataugions donc en pleine cambrousse depuis le matin. Pas tout à fait une forêt ni tout à fait une prairie, mais pas loin. Et cette fameuse boue, j'oubliais. Noa gardait pourtant sa bonne humeur et semblait ravie du détour. - A ce rythme là , on y sera avant ce soir, annonça-t-elle. Peu m'importait l'heure d'arrivée, je me sentais las et sale. Ce qu'il y avait d'ennuyeux avec la fillette, c'est qu'il se passait toujours quelque chose, comme si elle attirait les ennuis et les péripéties. On se serait parfois cru dans un roman d'aventures rocambolesque, voire un peu déplacé, et il m'arrivait parfois de ressentir le besoin pressant de me reposer et de me poser quelque part sans rien faire de particulier. Je refoulai ma mauvaise humeur et continuai à marcher, silencieux. Ce fut le moment que choisit une créature pour l'instant indéterminée pour pousser un cri strident qui fit vriller mes tympans. Je me redressai subitement. - Qu'est-ce que c'est ? Noa ne prit pas la peine de me répondre, et je perçus son anxiété en regardant son visage. Elle était capable de passer en un instant de la plaisanterie à la concentration la plus extrême, j'étais bien placé pour le savoir. Je n'eus néanmoins pas à attendre longtemps, puisque l'auteur du cri plongea en piqué, tout droit sur nous. Nous eûmes tout juste le temps de nous pousser afin d'éviter la collision, pour ma part poussé par des réflexes soudains dont je n'avais jamais soupçonné l'existence, puis l'oiseau remonta en flèche sans nous perdre de vue, ses yeux nous toisant d'un air menaçant. - Un Rapasdepic ! siffla Renji d'une voix admirative. On n'en voit pas souvent par ici. Laissant mon ami à sa remarque, je lançai aussitôt la Pokéball de mon compagnon canidé, histoire d'établir un semblant de protection entre nous et notre agresseur. Ce dernier s'élança aussitôt sur Caninos avant qu'il ait pu faire quoi que ce soit et le rua de coups de bec, avant de remonter et de se mettre hors de portée. - Caninos, flammèches ! tentai-je désespérément. Etant donné le résultat, je commençai à me dire très sérieusement qu'il faudrait songer à l'avenir à apprendre des techniques plus élaborées à mon Pokémon. Ses petites flammèches tremblantes s'élevèrent à moins d'un mètre du sol, bien loin de l'endroit où se tenait le volatile, et s'éteignirent aussi rapidement qu'une flamme de bougie sur laquelle on souffle. Evoli, quant à lui, ne saurait pas faire mieux, j'en étais conscient. Une fois de plus, je me retrouvais impuissant dans une situation relativement correcte et dont un dresseur, disposant du peu d'expérience que j'avais, aurait en temps normal dû se tirer sans problèmes. Noa et Renji prirent le relais, et l'affaire fut réglée en quelques secondes. Le Rapasdepic préféra s'enfuir plutôt que d'affronter de tels adversaires qui, il l'avait compris, étaient bien plus forts que lui. - Eh bien, marmonnai-je, sacrée bestiole. Malgré la facilité déconcertante avec laquelle Noa et Renji s'en étaient débarrassé, la fillette gardait un air soucieux. - Eh bien ? demandai-je. Qu'est-ce qui ne va pas ? C'est qu'un piaf après tout. - Ce n'est pas normal, grommela Noa. Les Pokémon sauvages ne sont pas agressifs, ils ne se battent que pour assurer leur défense. - Tu veux dire que ce serait le Pokémon d'un dresseur qui nous aurait attaqué volontairement ? Elle secoua négativement la tête. - Il se serait montré. Non, c'était un Pokémon sauvage, aucun doute là -dessus. Mais je me demande pourquoi il nous a attaqué, il n'avait aucune raison de faire cela. Ni Renji ni moi ne pûmes apporter une réponse à la question que se posait Noa, et l'incident fut déclaré clos quelques instants plus tard, après quoi nous reprîmes notre route. Malgré tout, Noa resta pensive pendant tout le reste du trajet. Cela ne me préoccupa, pour ma part, que quelques minutes, après quoi je me mis à penser à autre chose. A ma ville natale dont chaque pas me rapprochait, par exemple. Azuria. Lorsque je l'avais quittée, ce n'était plus alors qu'un amas de décombres et de cendres, et, inconsciemment, je m'attendais à ce qu'il en fût encore ainsi. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque, vers cinq heures de l'après-midi, comme l'avait prédit Noa, nous entrâmes dans la ville et que je découvris une cité en plein chantier. La plupart des bâtisses étaient en reconstruction, et la place fourmillait d'activité. Entre les rugissements des machines, les crissements des rouages rouillés, les coups de marteau et les voix humaines, c'était un beau capharnaüm. Au fur et à mesure que nous avancions le long de la rue, je redécouvrais chaque détail, chaque angle de rue que j'avais étudié pendant les longues heures d'exploration qui avaient nourri mon enfance. Nous déambulions sans vraiment savoir où nous allions, perdus au milieu de ce foutrac. Moi qui pensais tout connaître de cette ville, j'étais surpris de ne reconnaître aucun visage. Alors que nous nous apprêtions à entrer sur la place, une voix m'interpella. - Falke ? C'est toi ? Je tournai vivement la tête, cherchant l'origine de cet éclat de voix. Je reconnus ce gosse dès que je posai les yeux sur lui. Il s'agissait de mon voisin, à l'époque où je menais encore ici une existence relativement calme. Un enfant d'environ six ans, dont je n'avais jamais réussi à me rappeler le prénom. Il s'approcha de moi, ouvrant de grands yeux effarouchés. Je me penchai sur lui et lui ébouriffai les cheveux. - Salut mon bonhomme... Oui, c'est moi. Il resta bouche bée quelques instants avant de me saisir par le bras. - Tout le monde se demandait où tu es passé quand tu es parti ! s'exclama-t-il. Et puis, après, d'autres sont partis à leur tour, on ne les as plus jamais revus ! Je pensais que tu ne reviendrais pas. - Eh bien, tu vois, je suis revenu... dis-je, accompagnant mes paroles par une esquisse de sourire. Je me retournai. Derrière moi, Noa et Renji attendaient patiemment, attentif. - Qui est parti ? - Je ne sais pas comment ils s'appellent, avoua le bambin, mais il y en a de plus en plus qui partent en ce moment. Les autres, ceux qui restent, reconstruisent. J'aimerais bien partir moi aussi. Mais ils ne veulent pas de moi. - Qui ça, « ils » ? m'étonnai-je. - Ben, eux, là -bas ! grommela-t-il en me montrant un petit groupe de personnes assis un peu à l'écart. Ils partent demain. Je fronçai les sourcils et cherchai dans un premier temps si je reconnaissais une quelconque figure parmi les leurs. Aucune ne m'était familière. - Allons les voir, proposa Noa, ils pourront nous en dire plus, je suppose. Nous nous approchâmes de la petite troupe, qui menait une discussion animée, d'un pas hasardeux, mais pas suffisamment discret. Ils s'interrompirent en nous voyant arriver et l'un d'eux me toisa du regard. - Eh bien petit, tu ne vois pas qu'on discute ? Le mot « petit » me sembla particulièrement incongru, dans la mesure où ce type devait avoir à peu près mon âge, si ce n'est moins, mais je n'y fis pas attention. - Veuillez m'excuser. Je m'appelle Falke, je viens d'ici et... - Falke ? s'exclama une voix masculine. Un jeune homme se leva vivement et se planta face à moi, les mains sur les hanches. - C'est bien toi ! ... On a beaucoup entendu parler de toi les premières semaines. Ravi de te rencontrer ! L'air enthousiaste qu'il exprimait me poussa à serrer la main qu'il me tendait. Je n'avais jamais vu cet homme de ma vie, mais il inspirait la sympathie. Plus âgé que moi, il se tenait droit, robuste, bien ancré sur le sol, de sorte qu'il ne fît aucun doute qu'il s'agissait là de quelqu'un de déterminé. Je remarquai également une longue estafilade sur sa joue. - Je m'appelle Neith, reprit-il. Un peu surpris par cet accueil inattendu, je ne sus quoi répondre. Fort heureusement, Noa vola à mon secours, comme de maintes et maintes fois par le passé. - Bonjour, commença-t-elle en effectuant une légère courbette, geste qui lui donnait un air étrange mais gracile. Je m'appelle Noa, je voyage avec Falke, peut-être pourriez-vous nous en dire plus sur ces départs dont on nous a parlé... Le dénommé Neith afficha un air étonné. - Eh bien, vous devez avoir été coupés de la civilisation un certain temps, à ce qu'on raconte c'est partout pareil ces temps-ci. Je fronçai les sourcils. - Expliquez-nous ... ? - Nous sommes des Volages, mon cher. Certains ont décidé de rester, nous avons choisi de partir et de résister coûte que coûte à ce piège qui semble s'être refermé sur l'île. Il nous expliqua minutieusement ce que signifiait ce mot que, jusque là , je n'avais encore jamais entendu. Volage. Ou les Insoumis, comme ils se surnommaient. Ceux-ci avaient décidé de partir ensemble, escortés par des Pokémon ( ce qu'ils appelaient un Caravane ) plutôt que de tenter de reconstruire un semblant de vie dans leur ville natale. - Eh bien... fit Noa, qui pour la première fois avait l'air réellement étonnée de ce qu'elle apprenait. Derrière nous, les autres Caravaniers marmonnaient à notre sujet, visiblement assez intrigués. - Voyageurs, hein ? lança une autre voix quelque part dans le lot, féminine cette fois. Une jeune fille se leva à son tour. D'une clarté surprenante, sa voix était pleine d'assurance sans pour autant être salie par l'orgueil. Dix-sept ans, peut-être, la fille en question était étonnamment belle. De longs cheveux d'un roux flamboyant - qui évoquaient d'ailleurs plus une crinière féline qu'une chevelure - , cavalcadaient sur ses épaules et mourraient en bas de son dos, encadrant parfaitement un visage fin à la peau mate, orné de deux grands yeux verts. En somme, un physique qui sortait de l'ordinaire. La jeune femme s'approcha d'un pas assuré et nous dévisagea longuement. - J'ai moi aussi entendu parler de Falke, mais je ne connais pas ces deux-là . Qui es-tu, Noa, et toi, comment t'appelles-tu ? - De simples voyageurs, répéta Noa, et lui s'appelle Renji. L'intéressé semblait ravi de ne pas avoir eu à ouvrir la bouche et afficha un sourire satisfait, ce qui lui donna son air étrange habituel. Il se fit un silence de quelques instants, même les Caravaniers se turent, puis la jeune femme se présenta à son tour. - Je m'appelle Loena, c'est moi qui ai formé cette Caravane, nous partons demain. Elle marqua un temps de silence, puis reprit. - Nous avons besoin de recrues, et vous semblez avoir voyagé. Voulez-vous vous joindre à nous ? Noa affichait un sourire satisfait. Quant à moi, j'étais intarissable. - J'en reviens pas que tu aies accepté sans nous demander notre avis ! fulminai-je. Bon, c'est pas que je sois spécialement réticent à cette idée, mais quand même, tu aurais pu nous demander, non ? Ça n'a jamais fait partie de mes projets de rejoindre une bande de gaillards que je ne connais pas pour vivre telle ou telle aventure rocambolesque. Renji semblait â€" passez-moi l'expression- , s'en foutre complètement, pour sa part, et marchait la tête en l'air, regardant les nuages, ou je ne sais quelle autre fantaisie. La fillette, elle, semblait toujours aussi sereine et souriante malgré mes protestations. - C'est l'occasion rêvée, Falke, réfléchis ! Elle se planta devant moi. - Un bon moyen de se tenir informés, de voyager en sécurité, et d'acquérir de l'expérience. Et puis, je suis certaine que ce sera sympathique â€" je parle de l'ambiance. Je poussai un soupir exaspéré. - Ok, ok, mais la prochaine fois, pense à m'en parler, j'aimerais bien avoir mon mot à dire. Noa acquiesça sans vraiment y faire attention, puis pointa son doigt vers une maison. - C'est bien là que tu habites, non ? Je me retournai vivement. Plongé dans mes grommellements, je n'avais pas fait attention au chemin que nous avions pris, et la demeure que m'indiquait Noa était effectivement la mienne. Du moins, presque. Toute la façade avait été entièrement rénovée, et était apparemment encore en travaux. - Euh... ouais, fis-je, étonné. - Bon, on va aller aider à préparer le départ, fit la brunette, tu nous rejoins tout à l'heure ! Sur quoi elle s'en alla avec Renji, me plantant là sans cérémonie. Je me retournai et aller timidement frapper à la porte. - Oui, oui, j'arrive, me fit la voix familière de ma mère à travers la porte. Sans doute encore affairée au ménage ou je ne sais quelle tâche. Ma mère était une véritable maniaque. Cette pensée me fit sourire, si bien que je dus avoir l'air d'un crétin fini lorsque la porte s'ouvrit. Mon cÅ“ur se serra lorsque je revis ma mère, pris d'une émotion que je ne saurais définir. Combien de temps cela faisait-il à présent que je ne l'avais pas revue ? Un mois, peut-être plus. Je n'avais plus aucune notion du temps. Elle était telle que lorsque je l'avais quittée, mais semblait plus vieille. Des cernes soucieuses creusaient son visage, et quelques rides étaient apparus sur son front. Elle marqua un temps d'arrêt. - Falke ! s'exclama-t-elle. C'est bien toi ? Si cela me sembla incongru sur le moment, je comprends à présent les difficultés qu'elle eut à me reconnaître. En effet je m'étais présenté ce jour-là fort différent de la dernière fois qu'elle m'avait vue. Sale, les cheveux plus longs, emmêlés, avec quelques centimètres de plus, et sans doute aussi une assurance nouvelle. Sans compter le choc qu'avait dû lui faire mon départ improvisé. Elle s'avança et m'étreignit si fort que je craignis presque que mes côtes n'en subissent quelques dommages. Je la serrai tout aussi fort. - Mon Dieu, si tu savais la peur que tu m'as fait, fit-elle en essuyant furtivement une larme au coin de son Å“il, un sourire illuminant son visage, sale gosse. Je souris de nouveau, me rendant compte qu'elle m'avait manqué davantage que je ne l'aurais cru. - Désolé m'man, j'avais besoin d'extérioriser un peu. Je ne savais strictement pas ce que je racontais, mais sans doute était-ce vrai, je parlais sans réfléchir. Elle me fit asseoir à table et me remplit un verre de jus d'orange. - Je n'ai rien d'autre, grommela-t-elle, les temps sont durs par ici. Mais raconte-moi un peu ce qui t'es arrivé, je te croyais disparu... Je tentai donc de lui expliquer ce qui m'était arrivé â€" en prenant bien soin de cacher tout ce qui concernait la Team Rocket ou autres bizarreries auxquelles Noa était liée - , et mon récit dura près d'une demi-heure, pendant laquelle elle m'écouta attentivement, tantôt nerveuse, tantôt amusée. - Mon fils, s'exclama-t-elle, mon flemmard de fils, voyager ! Qui l'aurait cru. - Qui a dit que j'étais flemmard, m'offusquai-je faussement, je n'apprenais pas mes leçons au lycée, c'est tout. Elle me gratifia d'un sourire et se remplit un nouveau verre de jus d'orange. Un silence de quelques secondes se fit, après quoi elle reprit, anxieuse : - Je suppose que tu vas repartir ? J'acquiesçai d'un signe de tête. - Oui. Je me sens bien, enfin, mieux qu'avant. Ces catastrophes ont été dramatiques, mais je n'aspirais pas vraiment au travail et au sérieux, tu as dû t'en rendre compte. - Hélas, oui, fit-elle. Enfin, maintenant que les choses sont faites, je ne t'empêcherai pas de faire ce que tu désires, encore faudrait-il que j'aie encore un peu d'autorité sur toi. Il y a une Caravane qui va partir demain, tu... - Oui, je sais, fis-je, je vais partir avec eux. Elle vida d'une traite son verre. - Fais-moi parvenir des nouvelles, quand tu le pourras, alors. Je vais rester ici et aider à reconstruire la ville, j'espère que ça ira de ton côté. C'est dangereux. Je ne répondis rien. J'avais acquis la notion de danger depuis bien longtemps, et encore ne me doutais-je pas de tout ce qui m'attendait encore. Nous restâmes encore une dizaine de minutes à bavarder de tout et de rien, puis je lui fis mes au revoirs, et allai rejoindre la Caravane, heureux de ces retrouvailles. Je ne connaissais pas mon père, et avais toujours apprécié ma mère malgré l'autorité stricte dont elle avait fait preuve avec moi. Je lui en avais voulu, souvent, de cloisonner ainsi mon existence, sans réellement être capable de me remonter contre elle. A présent, comme elle l'avait dit, je ne dépendais plus d'elle, et pourtant, j'éprouvais une certaine joie à la revoir. Lorsque je rejoignis mes camarades, ils étaient tous en cercle, bavardant de choses diverses, emmitouflés dans des sacs de couchage, plusieurs Pokémon de différentes espèces autour d'eux. C'était un curieux spectacle que de voir tout ce petit monde réuni sur une place qui, autrefois, était occupée par des marchés, des discussions, des passants. Un petit oasis de pèlerins au cÅ“ur d'une ville en reconstruction. Etrange. Je pris place entre Renji et Noa, sans rien dire. Renji m'adressa un sourire complice, et ce fut tout. Le cercle ne tarda pas à se disloquer et bientôt, chacun alla se coucher, à une heure presque trop raisonnable, prêt à endurer la longue journée qui allait s'ensuivre. - Nous voulons recruter le plus possible de personnes ambitieuses, et ouvrir une brèche dans la Muraille, tous ensemble. Je ne sais pas qui nous retient prisonnier, mais c'est lui que nous combattons, m'expliqua Loena. - C'est pas un peu ambitieux ? remarquai-je. La jeune femme sourit. - Si, c'est pour ça que je le fais. En tous les cas, la plupart de ceux qui font route avec nous sont ici parce qu'ils refusent de se laisser faire. Nous voyagerons tant qu'il faudra pour être en nombre suffisant, et nous tenterons le tout pour le tout. Bien que son combat diffère du mien et que ses projets soient à la limite de l'irréalisable, j'entretenais une admiration sans vergogne pour Loena, et plus particulièrement pour sa volonté de fer. Tous les Caravaniers avaient entre quatorze et trente ans, et il me semblait au début illogique qu'une jeune femme de dix-sept ans en soit le leader. Pourtant il m'apparut bien vite qu'elle avait toutes les qualités requises pour occuper ce poste. Elle était déterminée, prête à tout, et elle savait donner de l'espoir aux siens. Un vrai patriarche. Le matin-même, nous nous étions réveillés aux aurores afin de préparer le départ, avions vérifié tout le matériel, mangé rapidement, et nous étions enfin mis en route. Quoi que l'on en dise, marcher toute la journée en compagnie de tels personnages et être escorté par de nombreux Pokémon aux tailles, aux espèces et aux types divergents, c'était quelque chose de peu commun, et, habitué à la marche depuis que j'accompagnais Noa, cela ne me posa aucun problème. Effectivement, rejoindre la caravane me semblait maintenant avoir été une bonne idée, et tout se déroulait dans une bonne ambiance relative. - Au fait, j'aurais une question à te poser... fis-je à l'intention de la jeune femme, qui m'avait signalé un peu plus tôt que tout le monde gagnerait à se tutoyer au sein de la petite troupe. Hier, avant d'arriver à Azuria, nous nous sommes faits attaquer par un Rapasdepic sauvage. D'après Noa, ce n'était pas normal. Loena acquiesça. - Oui, les Pokémon des alentours â€" et de toute la région, j'en suis convaincue â€" on des réactions étranges, ces temps-ci. Il y a de ça quelques semaines, c'était presque rare de croiser des Pokémon sauvages. Il y en avait, mais très peu. Depuis, ils se sont mis à se reproduire à une vitesse ahurissante, et ils repeuplent aujourd'hui nos forêts et nos prairies. Certains d'entre eux ont tendance à devenir agressifs. Ce n'est pas la première fois que j'entends quelqu'un dire qu'il s'est fait attaquer par un Pokémon sauvage. - Je comprends... dis-je, brassant dans les informations qu'elle venait de m'apprendre. Mon amie semblait inquiétée par tout ça. - Oh, elle n'a pas de raison de s'inquiéter, à mon avis, rétorqua la grande rousse. C'est simplement la preuve que les temps changent. Et puis, peu de Pokémon agressent les voyageurs, ça reste assez rare. Je ne répondis pas et tournai la tête vers Caninos et Evoli, qui marchaient à côté de moi, visiblement ravis de prendre l'air. Je leur fis grâce de quelques caresses, tout en réfléchissant. Les temps changeaient. Oui, c'était le moins que l'on puisse dire. Les temps changeaient. - Pourquoi m'avez-vous fait appeler, Monsieur ? demande Levis, convoqué pour la énième fois dans le bureau du Boss. A se demander si ce dernier ne compte pas en faire son bras droit. Très peu pour lui, il a déjà assez d'ennuis comme ça. Depuis que la gamine et ses compagnons ont littéralement bousillé le réseau, le Boss est d'une humeur massacrante. Ce qui ne l'a pas pour autant fait renoncer à ses projets, Levis le sait, sans quoi il ne se trouverait pas dans ce bureau à l'heure actuelle. - J'ai réfléchi, Levis, peu importent les autres Repères après tout, nous sommes suffisamment nombreux et organisés ici pour pouvoir mener une action continue. Certes, seuls, ce sera plus difficile, mais je ne compte pas m'arrêter là . - Si je peux me permettre, Monsieur... fait Levis d'une voix hésitante. Peut-être devrions-nous prendre le risque d'établir un contact téléphonique avec les autres Repères. Après tout, il y a relativement peu de chances que quelqu'un intercepte notre ligne, et c'est un moyen assez simple de communiquer vos ordres. Mauvaise idée. Le Boss tape du poing contre la table, le regard menaçant. - Ne dites pas de conneries, vocifère-t-il. Très peu de chances ou pas, on peut se faire intercepter, et si ça arrive, tout est foutu ! Quand le Boss devient vulgaire, mieux vaut ne pas insister. Levis se tait en attendant la suite. - D'ailleurs, il ne sert à rien de dramatiser, reprend-il plus calmement. Je possède un atout de taille sur la gamine : Raikou. Ça devrait pouvoir m'assurer du succès dans ce que j'entreprends, si l'organisation est correcte. Levis attend toujours. - Préparez tout le Repère, Levis, nous repartons. Et cette fois, je ne me ferai pas aussi lamentablement avoir. - Bien Monsieur. Il sort immédiatement, visiblement pressé d'en finir. Le Boss allume un cigare et se cale contre son fauteuil. Elle va voir ce qu'elle va voir. La première journée de marche achevée, nous nous arrêtâmes en bordure d'une forêt, et tout le monde se mit au travail, telle une joyeuse communauté, afin de monter un semblant de campement. C'était, en somme, ce que j'avais fait pendant un mois avec Noa et Renji, mais à une plus grande échelle. Une telle présence des Caravaniers était chaleureuse, et bien qu'il fût exagéré de dire que tout se déroulait à merveille en raison des accrochages réguliers entre certains d'entre eux, plus le temps allait, et plus je me plaisais au sein de cette étrange compagnie. Les Pokémon furent rappelés, un feu fut allumé, on sortit les provisions afin d'y faire cuire quelques aliments et on installa les sacs de couchage, voire les tentes, pour certains. Une demi-heure plus tard, nous étions tous réunis devant un feu, un bol en main, et les bavardages allaient bon train. - Alors Falke, fit Neith entre deux bouchées de riz, ça t'a fait quoi de revenir à Azuria ? Je haussai les épaules. - C'était... différent. J'ai été étonné de voir à quel point la ville a changé. - Oh, ça ! s'exclama un des Caravaniers, dénommé Dike. Pour changer, elle a changé ! Et encore, tu n'étais pas là quand les Ultimistes ont rappliqué. - Saloperies d'Ultimistes, grommela l'un des doyens des voyageurs avant de replonger la tête dans son bol. Je fronçai les sourcils. - Un Ultimiste ? Qu'est-ce que c'est ? - Ce sont des voyous, rétorqua Dike, qui ne semblait pas les porter dans son cÅ“ur. Ils pensent que c'est l'apocalypse, tss, tu parles. Et sous prétexte que la région est chamboulée, ils pensent qu'il est grand temps de laisser la place aux Pokémon et de faire un retour à la nature ! Ces salauds ont détruit la plupart des édifices que nous nous efforcions de faire tenir debout, la semaine dernière, et ils ont coupé les fils téléphoniques. - Sans compter qu'ils ont agressé plusieurs des habitants, reprit Neith, au discours moins haineux sans pour autant sembler les apprécier, lui non plus. Nous étions réellement vulnérables à ce moment-là , ils n'ont fait qu'ajouter une peur supplémentaire. - Des voyous ! répéta Dike. Vauriens, barbares, chenapans, ... Il poursuivit son flot intarissable d'injures jusqu'à manquer de souffle, plus avala une nouvelle bouchée de riz. - Et que sont-ils devenus ? demanda Noa, pour qui la notion d'Ultimiste était toute nouvelle également. - On les a chassés, annonça fièrement un Caravanier dont je ne connaissais pas le nom. On s'y est mis à plusieurs, et on leur a botté les fesses, c'est le cas de le dire. Je pense qu'Azuria est tranquille pour un petit moment. Plusieurs des hommes et femmes présents rirent de bon cÅ“ur à ce souvenir, d'un rire gras et moqueur. Je ne dis rien, impassible, et regardai mes compagnons. Noa semblait de nouveau soucieuse, quant à Renji, il était fasciné par les flammes, écoutant vaguement les conversations. J'appris par la suite la nature de la troisième catégorie : les Stables. Ceux qui continuaient à vivre normalement, tant bien que mal. Ma mère était de ceux-là . Les Caravaniers ne manquèrent pas de s'en moquer gentiment. Trois ordres divisaient à présent tous les êtres de Kanto, et je ne l'avais pas senti venir, ni même Noa. Cette idée semblait déjà si ancrée dans les esprits des Caravaniers qu'ils trouvèrent étrange que nous ne soyons pas au courant. Quant à moi, elle m'indifférait plus qu'autre chose. Je ne me sentais ni l'un, ni l'autre. La soirée s'acheva sur des boutades et des jurons, puis vint le sommeil, que je mis du temps à trouver, plongé dans mes pensées. |
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