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Lecture d'un chapitre



Lecture du chapitre 17
Nom de l'œuvre : DH Project Nom du chapitre : Le banquet
Écrit par kalista Chapitre publié le : 25/7/2008 à 18:49
Œuvre lue 34188 fois Dernière édition le : 1/1/1970 à 01:00
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Bonjour, chers lecteurs. Je tiens à m'excuser pour l'attente que vous avez eue à subir avant de recevoir ce chapitre. Pour des raisons d'indisponibilités je ne pouvais pas aller plus vite...
Enfin, voici le chapitre 17 ! J'espère qu'il vous plaira autant que le précédent et que vous m'enverrez toujours autant de commentaires !

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Cette nuit-là, en remontant sur le pont de l'Océane, Sabine eut un frisson semblable à celui qu'elle avait eu tout à l'heure à cause du froid ambiant, lorsqu'elle s'était battue contre sa mère. Mais cette fois-ci, ce n'était pas uniquement à cause de l'air frais qui l'entourait. Comme l'avait prédit Blue, presque toutes les personnes présentes sur le pont étaient particulièrement bien habillées. La brune lui avait demandé de monter la première, pour éviter qu'on fasse trop facilement le lien entre elles. Sabine jeta un oeil autour d'elle tout en lissant sa robe, tentant de repérer d'éventuels visages connus.
Silver se tenait face à la cheminée, dans un costume gris couvert de motifs dorés et rouges qui lui donnait un air d'aristocrate ; il parlait avec au moins quinze autres personnes qui étaient pour la plupart beaucoup plus âgées que lui. Il semblait qu'il dirigeait la conversation.
Lorsque Sabine repéra Jacky, par contre, elle constata qu'il n'était pas du tout en train de discuter. L'homme en costume cravate noir faisait présentement face à deux Pokémon se battant : Métalosse affrontait un Pokémon que la rouquine identifia comme un Drattak. De l'autre côté du combat se tenait une dresseuse aux cheveux blonds. Sabine ne tarda pas à la reconnaître : c'était avec elle que Jacky partageait sa cabine. Les deux dresseurs souriaient. Un combat amical, sans doute. Tout autour de la scène, se tenaient des dizaines de spectateurs qui semblaient observer le combat avec un immense intérêt.
- Métalosse ! s'exclama Jacky. Accélère davantage !
- Drattak, Lance-Flammes ! répliqua la dresseuse d'en face.
Le Pokémon Dragon se prépara à faire feu sur le Pokémon Acier qui lui faisait face. Sabine retint sa respiration, espérant que Métalosse pourrait résister, mais Jacky esquissa un rictus.
- Inutile, déclara-t-il. Il est déjà trop rapide pour ça.
Les flammes massives quittèrent finalement la gueule du Drattak, fonçant vers Métalosse à une vitesse déconcertante. Cependant, comme l'avait annoncé Jacky, le Pokémon métallique se volatilisa avant que les projectiles ne l'entourent, ce qui provoqua une exclamation de l'assistance.
- Où est-il ?! s'exclamèrent quelques-uns des dresseurs présents.
- Métalosse, déclara Jacky sans y prêtrer attention, Pisto-Poing maintenant !
A ce moment là, Sabine cligna des yeux. Il lui avait semblé voir un flash bleuté sur la peau de Drattak, mais elle n'en était pas vraiment sûre. Le Pokémon Dragon, en revanche, semblait l'avoir senti : il poussa un court cri de douleur en reculant un peu. A peine deux secondes plus tard, un deuxième flash bleu apparut à l'opposé du premier, sans que Drattak ne puisse rien faire pour s'en protéger. Sabine eut à ce moment-là une intuition, qui fut confirmée quand elle leva les yeux : se détachant du ciel noir couvert d'étoiles, une ombre se déplaçait à toute vitesse au-dessus de Drattak. Après quatre ou cinq autres flashs tout aussi inévitables pour le Pokémon Dragon, la dresseuse blonde sembla s'en rendre compte à son tour.
- Drattak, il est au-dessus de toi... Concentre-toi !
Le Pokémon acquiesça tandis qu'un autre Pisto-Poing le frappait à la tête, lui faisant brusquement tourner la tête vers la droite ; Jacky observait tranquillement la scène depuis sa position. Sabine, pour sa part, se demandait ce qu'il comptait faire lorsqu'elle vit le Pokémon Dragon fermer les yeux. Au moment où Métalosse s'apprêtait à frapper pour la dixième fois, l'air se réchauffa brusquement tandis qu'une colonne de flammes s'élevait vers le ciel, et il fut projeté en l'air avant que son Pisto-Poing touche sa cible.
- Eh eh... Je t'ai eu ! fit la blonde. En se déplaçant à cette vitesse, ton Métalosse ne pouvait pas esquiver un Lance-Flammes !
Jacky ne répondit pas, observant son Pokémon de même que presque toute l'assistance. Le Pokémon Acier semblait avoir reçu un coup assez puissant, sa patte avant droite avait pris une teinte rouge à cause de la chaleur, mais il ne semblait pas se décider à tomber du ciel, restant en suspension.
- Drattak, poursuis-le ! intonna la blonde.
Le dragon s'envola aussitôt de sa position, des flammes s'échappant lentement de sa gueule. Il voulait visiblement achever son ennemi. C'est à ce moment-là que Métalosse disparut et recommença à l'attaquer avec des Pisto-Poings. Cependant, au moment où Drattak s'apprêta à riposter de la même manière que plus tôt, les flashs cessèrent. Le Pokémon métallique avait simplement arrêté de s'approcher de son ennemi dès qu'il avait senti le danger arriver.
- Très bien, Métalosse, fit Jacky. Maintenant, achève-le !
Le mastodonte poussa un cri affirmatif, et se prépara à utiliser une technique que Sabine avait déjà vue quelques jours plus tôt. Le Poing Météor... Si Drattak le recevait, sa défaite était assurée. D'un coup, le Pokémon Acier se mit à foncer sur son ennemi, sans chercher à esquiver le Lance-Flammes qui allait le frapper. En fait, Sabine eut même l'impression qu'il se lançait dans les flammes, mais celles-ci ne le touchèrent guère. Apparemment, le Poing Météor absorbait les flammes autour de lui, créant une petite boule rouge extrêmement brillante entre les griffes du Pokémon tout en le protégeant. Un instant plus tard, Drattak tomba au sol, hos combat, avec sans doute des dizaines d'os brisés par la violence inouïe de l'impact.
- Hé, Xela... fit Jacky à l'intention de son ennemie. Le Poing Météor crée des turbulences convergentes autour de lui. S'il tourne assez vite, il permet d'absorber la plupart des projectiles alentour. Avec le niveau de Hâte auquel était Métalosse, un Lance-flammes n'aurait jamais pu le toucher.
- C'était donc ça... répondit son ennemie avant de changer d'expression. Beau combat.
Elle s'approcha du dresseur, qui venait de rappeler son Pokémon après l'avoir complimenté, et lui tendit la main. Jacky la prit volontiers.
- Beau combat, en effet. Ca faisait un moment qu'un combat de Pokémon ne m'avait pas autant intéressé. Ce Drattak est particulièrement coriace, ça faisait un moment que Métalosse n'avait pas eu à utiliser le Poing Météor plus de deux fois d'affilée.
Après ça, les spectateurs commencèrent à se disperser. Quelques-uns s'approchèrent cependant de Jacky, avec l'intention manifeste de se battre contre lui. Sabine décida de ne pas prêter attention aux combats suivants, se souvenant de ce qu'elle devait faire. Sonder... Comment s'y prendre ? Elle décida d'essayer de trouver Blue pour l'interroger à ce sujet, mais la brune semblait n'être à nulle part sur le pont. Après l'avoir cherchée pendant près d'une demi-heure, la rouquine abandonna, et s'approcha d'un dresseur qui se tenait à l'écart, s'apprêtant à entamer la conversation avec lui pour enquêter.
Ledit dresseur se révéla être un adolescent d'environ quinze ans, aux yeux d'un bleu très profond et aux cheveux blonds. Il semblait peu bavard, mais accepta de parler avec Sabine lorsqu'elle le lui demanda.
- Après tout, fit-il avec une voix étrange, on est ici pour parler je crois... Je m'appelle Maximilien.
- Moi c'est Sabine, répondit la rouquine. Qu'est-ce qui t'amène sur ce bateau ? continua-t-elle en voyant que le garçon lui laissait l'initiative.
- Catie m'a prévenu hier matin, et donc je me suis retrouvé ici...
La jeune fille hocha la tête sans rien dire. Cependant, il lui semblait que quelque chose qui échappait à ses sens physiques émanait de cet individu. Elle n'arrivait pas à savoir quoi. Il lui fallait tourner autour du pot, acquérir des données par tous les moyens indirects possibles. Elle savait déjà qu'il connaissait Catie. C'était un bon début. Il fallait aller plus loin.
- Et comment connaissais-tu Catie ?
Le garçon regarda la mer noire quelques instants, puis répondit :
- Je me suis battu avec elle, un jour...
- Je vois...
Maximilien lui lança un regard en biais, puis sortit une Poké Ball de son costume bleu marin.
- Un combat ?
Sabine hésita quelques secondes, puis hocha la tête en plongeant sa main droite dans le sac à mains que lui avait prêté Blue, et qu'elle portait actuellement en bandoulière. Elle en sortit la Poké Ball de Flammie. La Pokémon Feu avait récupéré depuis cet après-midi, grâce à une des nombreuses machines de soins du navire. Sabine voulait tester sa nouvelle vitesse.
- Un contre un ? demanda-t-elle.
Maximilien acquiesça. Sur ce, les deux dresseurs s'écartèrent pour se faire un peu de place, et sortirent chacun leur Pokémon. Face à la Goupix de la rouquine, se tenait à présent un Caninos. Par une coïncidence qui n'était pas des plus plaisantes pour Sabine, les deux Pokémon partageaient le type Feu. Ce serait donc un combat physique, puisqu'aucun des deux Pokémon n'allait pouvoir blesser l'autre par son souffle. Ignorant tout du niveau de son ennemi, Sabine commença prudemment en demandant à Goupix de se tenir prête pour une esquive éclair comme celles qu'elle avait travaillées un peu plus tôt. Maximilien sembla prendre cela pour une provocation, et son Pokémon se jeta sur celle de son ennemie, crocs en avant. Juste avant qu'il ne touche Flammie, celle-ci disparut brusquement pour réapparaître derrière le Caninos, puis elle le frappa d'une Vive-Attaque avant de s'éloigner de nouveau. Sabine, voyant la vitesse de sa Pokémon, sentit la fierté monter en elle. C'étaient les mouvements qu'elle avait appris avec Blue. "Superbes Vives-Attaques, et superbes volte-face", pensa-t-elle en remarquant avec quelle grâce Flammie avait posé ses pattes sur le dos du Caninos pour le frapper puis repartir dans la direction opposée.
Le Caninos, pour sa part, semblait avoir bien senti l'impact de l'attaque : il ne bougeait plus beaucoup, et était apparemment en phase de récupération. Flammie en profita pour lui asséner deux autres Vives-Attaques par derrière, et Sabine, voyant que le Pokémon ne faisait qu'encaisser, décida d'accélérer la cadence :
- Flammie, mords-le au cou !
- Morsure... fit Maximilien sans s'exprimer davantage.
Presque aussitôt, le Pokémon se retourna, et attrapa la patte avant gauche de la Goupix entre ses crocs avant qu'elle ne le touche. Il la secoua ensuite dans les airs pour améliorer sa prise, puis l'abattit sur le sol avec une violence surprenante pour sa taille. Flammie poussa un jappement de douleur, mais se redressa à une vitesse qui étonna même Sabine. Elle posa ensuite sa patte blessée sur le sol, et poussa un grognement, comme pour indiquer à sa dresseuse qu'elle avait l'intention de continuer son combat malgré sa blessure.
- Flammie... Tu es sûre ?
Face au hochement de tête de sa Pokémon, la rouquine se prépara pour la suite.
- Très bien... Tu peux encore utiliser la Vive-Attaque ?
La Goupix sembla hésiter quelques instants, puis disparut pour réapparaître dans le dos de Caninos, qu'elle frappa de plein fouet. Cependant, lorsqu'elle tenta une volte-face après cette attaque, elle poussa un cri et tomba au sol. Caninos semblait l'avoir bien abîmée. Ceci dit, il était lui-même en très mauvais état, à en juger par son expression endolorie et les soupirs qu'il poussait. Sabine devait trouver un moyen pour Flammie de d'infliger au Pokémon qui lui faisait face une attaque décisive. Un seul coup suffirait... Mais avec l'état de la Goupix et le fait qu'elle ne pouvait pas utiliser d'attaque Feu, ce n'était pas tâche aisée.
Soudainement, Caninos se jeta en avant, s'apprêtant visiblement à frapper son ennemie comme plus tôt. En temps normal, Flammie n'aurait pas eu à craindre une Charge aussi brouillon, mais Sabine se rendit compte que même ce genre d'attaque pouvait désormais la toucher.
- Flammie, s'exclama la rouquine avec une voix tendue, essaie d'esquiver !
La Pokémon Feu sauta sur le coté juste avant que le Pokémon canin la percute, mais elle ne parvint pas à utiliser les volte-faces pour passer dans son dos et le frapper. Cependant, dans ce que Sabine perçut comme un élan de volonté, Flammie utilisa une seconde Vive-Attaque après s'être retournée pour foncer sur le Caninos. Avant même qu'il ne puisse s'écarter, la Pokémon s'était accrochée à son cou avec ses crocs. Il poussa aussitôt un aboiement de douleur, et cessa de bouger. Il n'était clairement plus capable de lutter.
- Bravo Flammie ! Maintenant, serre-le ! cria Sabine.
La Goupix ne répondit pas, continuant d'étouffer sa proie entre ses crocs. Elle était légèrement plus petite, mais Caninos ne pouvait plus du tout se protéger, et il tomba bientôt au sol, inconscient. Maximilien ne tarda pas à le rappeler, et se retourna avant de s'en aller.
- Ta Goupix a une sacrée volonté, déclara-t-il de dos. Beau combat.
- Merci... fit Sabine avant qu'il soit hors de portée de voix, avant de rappeler Flammie.
Elle jeta ensuite un oeil autour d'elle. Plusieurs dresseurs de tout âge la fixaient avec un intérêt non masqué. Ce n'était pas bon... Elle devait éviter de se faire remarquer.
Un des dresseurs se détâcha des autres et s'approcha d'elle.
- Un combat ?
- Non, je n'ai plus de Pokémon, mentit Sabine.
En entendant cela, un bon nombre de dresseurs s'éloignèrent. Il semblait qu'une simple conversation soit moins intéressante qu'un combat à leurs yeux. Cela arrangeait la rouquine, qui pu rapidement se fondre dans la masse pour reprendre son enquête. Même si, techniquement, elle n'avait pas beaucoup avancé. Il y avait là au moins cent dresseurs, et elle avait bien passé dix minutes avec Maximilien. A ce rythme elle n'allait pas aller loin...

Soudain, il y eut un crissement de micro.
- Bonsoir et bienvenue sur le pont de l'Océane ! s'exclama alors une voix virile au travers de hauts parleurs. Comme la plupart d'entre vous le savent, Kanto et Johto sont toutes deux tombées hier soir, et si vous vous trouvez ici c'est parce que Catie, une des quatre personnes qui ont organisé tout ce bordel, a bien voulu vous prévenir !
Une fois passée la surprise d'entendre la voix du capitaine dans un haut parleur, Sabine le chercha des yeux, mais il n'était pas visible. Autour d'elle, les dresseurs parlaient de la manière dont ils avaient rencontré Catie pour la première fois. La jeune fille tendit l'oreille, mais presque systématiquement ils s'étaient rencontrés lors d'un combat, et ils n'avaient rien de plus à raconter.
- Pour commencer, continua-t-il, j'aimerais mettre les choses au clair. Je n'ai pas l'intention de laisser cette situation se prolonger plus que nécessaire. Ceux qui ne comptent pas se bouger l'arrière-train pour que ça change, vous pouvez rentrer dans vos cabines. On a pas besoin de vous, et vous nous faites perdre notre temps.
A la surprise de tout le monde, deux ou trois personnes quittèrent le pont au cours de la pause qui s'ensuivit. Puis le major Bob reprit la parole :
- Bien... Maintenant que tous les lâches s'en sont allés, passons à la raison pour laquelle vous êtes ici. C'est-à-dire, préparer notre combat contre le Conseil des Quatre. J'aimerais que les personnes qui font partie des mêmes organisations se mettent ensemble. Ca clarifiera un peu tout ce foutoir.
Il y eut un silence, et tout le monde se mit en mouvement, comme par magie. Sabine ne savait pas trop quoi faire, et commença à se diriger vers Silver ; celui-ci hocha la tête en la voyant approcher. Elle avait beau ne pas faire officiellement partie de la Nouvelle Aube, il semblait que c'était plus ou moins sa place à l'heure actuelle. Jacky lui fit un clin d'oeil en la repérant, mais personne ne parla vraiment.
Après une dizaine de minutes, à peu près tout le monde se trouvait dans un groupe, excepté quatre ou cinq dresseurs au milieu du pont qui semblaient indépendants. Pas moins de dix organisations étaient apparemment représentées ce soir, ce qui surprit Sabine : elle n'avait jamais réalisé que tant de monde s'inquiétait de la paix, et surtout que les bons étaient si dispersés. Dans son propre camp, ils étaient six, mais Blue n'était toujours par réapparue depuis tout à l'heure ; cela faisait tout de même trois personnes qu'elle ne connaissait pas. Etant donné le temps qu'elle avait à sa disposition, Sabine se permit d'examiner ces trois "nouveaux".
Le premier des trois inconnus était un homme enveloppé d'une cape violet foncé, dont les cheveux noirs étaient coiffés en pointes. Un anneau noir pendait à son oreille gauche, et ses yeux noirs portaient une expression légèrement hautaine et profondément méprisante qui laissait deviner un personnage cynique.
La seconde personne du groupe que Sabine ne reconnaissait pas semblait encore plus quelconque que la première. Il s'agissait d'une femme d'une vingtaine d'années aux cheveux noirs coupés courts, dont les yeux marrons étaient plutôt banals. Elle était habillée d'une robe gris clair, et c'était à peu près tout ce qu'il y avait à dire à son sujet. Même son expression semblait neutre, ce qui faisait presque froid dans le dos. Trop de banalités au gout de Sabine, ça en semblait presque surnaturel.
Lorsque les yeux de la rouquine se posèrent sur la jeune fille que constituait la troisième inconnue, elle fut presque rassurée : si les deux personnes qu'elle avait examinées auparavant semblaient relativement normales, celle-ci était au contraire tout sauf ordinaire. La fille devait avoir à peu près quatorze ans, ce qui était déjà très jeune pour quelqu'un de la Nouvelle Aube d'après ce que Sabine avait compris. Le point le plus frappant la concernant, cependant, c'étaient les couleurs de ses yeux. "Les", pensa Sabine. Elle n'avait jamais vu d'yeux vairons. Son oeil droit arborait un vert émeraude particulilèrement captivant, tandis que son iris gauche était d'un bleu marine tout aussi attirant. Une fois passée cette première surprise, il y avait à remarquer ses longs cheveux auburn qui glissaient librement contre le vent. Sabine, ayant elle-même les cheveux longs, ne pouvait s'empêcher d'admirer à quel point ils étaient lisses.
En repérant Sabine qui semblait l'examiner, la fille aux yeux vairons finit par lui adresser la parole :
- Salutations, jeune paysanne ! Comment t'appelles-tu ?
Face à la mine incrédule de la rouquine, elle posa sa main gantelée sur sa poitrine couverte de velours noir, et prit un air solennel.
- Je suis la noble héritière de la famille Hiltsburg, Jeanne d'Unionpolis. Mais tu peux m'appeler Jeanne, ajouta-t-elle en riant.
Sabine ne savait pas trop comment répondre, principalement parce qu'elle ignorait s'il fallait prendre la fille qui lui faisait face au sérieux ou bien éclater de rire. Elle décida après quelques secondes de silence d'éviter de s'attirer des ennuis, quitte à passer pour une idiote, et se présenta :
- Sabine Ambre, je viens de Safrania.
La noble écarquilla les yeux en entendant cela.
- Sabine ? fit-elle. C'est toi, Sabine ?! Pah, ton look est drôlement sobre pour quelqu'un dont la réputation est si haute ! Tu n'as presque pas de style !
Sabine se sentit soudain piquée au vif par cette remarque désobligeante. Elle plongea sa main dans son sac à main, s'apprêtant à faire sortir Piafabec.
- Je... Voudrais-tu qu'on règle la question de mon niveau tout de suite ?
Cependant, Jacky s'interposa entre les deux filles.
- Désolé, dit-il, mais il va falloir remettre votre petite querelle à un peu plus tard. Le major vient de monter sur le pont.
Jeanne profita de l'occasion pour enfoncer le couteau dans la plaie :
- Ne t'en fais donc pas, jeune paysanne. Nous aurons bien l'occasion d'en reparler.
- Je crois que oui ! répondit Sabine, notant mentalement que la première chose à faire en sortant de cette réunion serait de retrouver cette gamine pour lui apprendre ce qui lui valait sa réputation. Après coup, cependant, elle réalisa que ça ne lui ressemblait pas. Pourquoi répondre aux provocations de cette noble ? Pourtant, elle en avait vraiment envie. Peut-être avait-elle plus changé au cours des derniers jours qu'elles ne le croyait.
Quand bien même, elle se résigna à remettre le débat à plus tard en apercevant la silhouette imposante du capitaine, qui venait d'apparaître au milieu du pont.
- Encore bonsoir à tous ! Vous savez probablement ce qui se passe, mais je préfère résumer pour ceux qui n'ont pas eu droit à des explications directes. Hier soir, le Conseil des Quatre a décidé de prendre le pouvoir sur Kanto et Johto. Pour ceux qui en doutaient encore, j'en ai eu confirmation ce matin, par radio. Beaucoup de vous ont probablement envie de se battre contre ça, mais comme ces mégalos sont bien plus organisés et bien plus forts que n'importe qui ici - je pense que vous connaissez tous Catie, elle en fait partie - nous faisons actuellement route vers la ville de Joliberges, à Sinnoh, pour y organiser la résistance. On va s'établir là-bas, pour revenir plus tard avec de vraies chances de gagner. Des questions ?
Une main se leva rapidement dans un des plus gros groupes qui entouraient le major Bob. Elle appartenait à un petit homme aux cheveux grisonnants, qui ressemblait légèrement au président de la Sylphe aux yeux de Sabine. Cependant, celui-ci portait un chapeau haut-de-forme et une canne.
- J'ai une question, en effet, déclara-t-il. J'aimerais savoir combien de personnes ici ont une chance significative de victoire contre Catie, selon vous.
Le major Bob sembla surpris d'une telle question, et observa calmement la foule. Puis, ses lèvres se séparèrent.
- Je dirais une dizaine, déclara-t-il. Pas plus de quinze en tout cas.
- Très bien... Je n'ai pas d'autre question.
Sabine se demandait pourquoi il avait posé cette question, mais en observant autour d'elle elle constata qu'un certain malaise semblait s'être installé dans la foule. L'enthousiasme de beaucoup de personnes semblait s'être tari en entendant la réponse du major.
- Cet homme... Toujours à rabaisser le moral des gens, fit la fille au regard glacial qui se trouvait désormais à coté de Sabine.
Etonnée par l'apparition brutale de la fille aux cheveux noirs, la rouquine l'observa quelques instants. Même si ses paroles ne laissaient transparaître aucune émotion, Sabine devinait qu'elle était agacée.
Une main gantée se leva peu après, derrière Sabine, et Jeanne prit la parole sans y avoir été spécialement invitée :
- Allons, n'oublions pas l'essentiel, déclara-t-elle d'une voix enthousiaste. Nous avons nos chances. Avec un peu d'entraînement, nous pourrons tous aider à la résistance !
La rouquine observa la noble, ignorant s'il s'agissait de pure hypocrisie ou de véritable positivisme. D'une certaine manière, elle sentait qu'il y avait une part de vérité dans ces propos. Jeanne, qui s'était un peu avancée sur le pont, se retourna pour renvoyer son regard à la jeune fille. Celle-ci y repéra une lueur de malice, mais n'eut pas le temps de réagir lorsque la noble l'attrapa par le bras, et la tracta brusquement à ses cotés. Elle parvint de justesse à ne pas se ridiculiser outre-mesure en évitant de trébucher, et se redressa, s'efforçant de sourire à la centaine de personnes qui l'observaient désormais.
- Je suppose que certains d'entre vous connaissent déjà cette paysanne, non ? Il s'agit de la fameuse Sabine Ambre, de Safrania.
Elle fit une pause, laissant l'audience intégrer cette information. Pas mal de dresseurs avaient soudainement changé d'expression. La plupart semblaient étonnés. Le major Bob observait tranquillement Jeanne et Sabine avec un sourire en coin, ce qui fit penser à cette dernière qu'il ne s'agissait peut-être pas réellement d'une brusque prise d'initiative, mais plutôt d'un coup monté. Cependant, Sabine ne voyait pas dans quel intérêt un tel stratagème aurait été monté. De toutes manières, pour l'instant elle était occupée à rougir de tout son être : elle ne savait pas comment se tenir, et se balançait d'une jambe sur l'autre, mal à l'aise. Comment tant de monde avait-il pu connaître son nom en si peu de temps ?
- Vu vos visages, je devine que vous n'aviez pour la plupart pas conscience de son identité... Et pourtant, bien que sans style, cette fille est probablement plus douée que nombre d'entre nous. Elle nous prouve que le talent peut vraiment surgir n'importe qui, non ?
La fille aux yeux vairons prit un air solennel.
- Ayez un peu confiance en vos capacités individuelles. Il n'y a que comme ça que vous pourrez avancer.
A ce moment, Sabine entendit un son qu'elle n'avait que rarement entendu auparavant. Un dresseur s'était mis à applaudir dans un des groupes, et ce n'était pas du côté de la Nouvelle Aube. Par contagion, un autre se mit à le suivre, puis encore un autre ; bientôt, la foule s'embrasa jusqu'à ce que la majorité des personnes présentes fasse claquer ses mains. Jeanne se tourna vers Sabine, et approcha sa bouche de l'oreille de la rouquine.
- Nous avons à nous parler, chère paysanne.
La rouquine ne sut que répondre, et contempla simplement le sol du pont. Jeanne continua de parler.
- Ma chambre est la numéro trois cent trois. Je compte sur ta présence, dès la fin de la soirée. D'accord ?
Sans vraiment comprendre pourquoi, Sabine acquiesça. Il semblait que cette... snob ne lui était pas réellement hostile, mais qu'elle avait simplement une façon très provocatrice et très crue de s'exprimer.
- Bien... fit Jeanne. Retournons un peu dans le groupe, et laissons le major Bob poursuivre, dans ce cas.
Ledit major souriait, et il reprit la parole lorsque la foule eut cessé ses applaudissements, après quelques dizaines de secondes.
- Bien, je pense qu'on peut maintenant continuer les explications, si toutes les questions ont été posées.
L'imposant blond observa les différents groupes, puis poursuivit :
- A l'heure actuelle, on pense connaître deux des quatre membres du Conseil des Quatre, déclara-t-il en levant deux doigts de sa main. Catie, que vous connaissez tous, et Agatha, l'ancienne membre du Conseil de Peter qui a tenté de conquérir le monde il y a quatre ans. Ces deux mégalos sont toutes les deux des ennemies de très gros calibre, alors on va s'organiser pour les attaquer avec nos éléments les plus adaptés à chaque fois. De cette manière, on pourra peut-être les écraser, fit-il en frappant de son poing la paume de sa main, comme pour montrer sa détermination. Quand nous arriverons à Joliberges, les meilleurs d'entre vous resteront sur ce bateau, et participeront à l'organisation de la résistance. Pendant ce temps, ceux qui ont besoin de s'entraîner iront où bon leur semblera, et reviendront avant la fin du mois sur le bateau. Ils auront ainsi un peu moins de vingt jours pour s'entraîner. Après ça... Nous passerons à l'action pour reprendre Kanto et Johto, en commençant par l'Est et en allant vers l'Ouest. Des objections ? demanda-t-il finalement d'une voix amplifiée par les micros.

Personne ne parla. Sabine s'interrogeait. Il ne faisait aucun doute que son niveau devrait augmenter, mais auprès de qui allait-elle bien pouvoir s'entraîner ? Jacky, Blue et Silver allaient, sans aucun doute, rester sur l'Océane... A moins que sa mère n'accepte de la suivre, la rouquine allait se retrouver seule pendant quelques temps.
- Ne t'en fais pas, fit cependant Jeanne avec un sourire déstabilisant. Tu ne seras pas seule.
La rouquine la regarda. Ses émotions vis-à-vis de l'aristocrate étaient partagées. D'un côté, elle semblait avoir un complexe de supériorité assez gênant, mais de l'autre elle avait l'air de chercher à sympathiser... La voix du major ramena Sabine à la réunion, et il se mit à expliquer noir sur blanc ce qu'il comptait faire durant les prochaines semaines, et ce qu'il attendait de chacun. Une fois qu'il avait terminé de présenter l'opération Ho-Oh - comme l'oiseau de feu, Kanto et Johto se relèveront de leurs cendres, avait-il déclaré pour justifier ce nom -, les dresseurs les plus forts furent invités à rester sur le pont pendant que les autres allaient se reposer dans leur cabine.
Jeanne ne rata pas le coche, et attrapa Sabine par le bras pour la tracter avec une vigueur surprenante dans sa cabine. La jeune fille, passée la surprise initiale d'être ainsi tirée en avant, ne chercha pas vraiment à résister et se retrouva bien vite dans la cabine de la noble, que celle-ci verrouilla de l'intérieur avec sa clé. "Piégée," ne put s'empêcher de penser Sabine. C'était une cabine un peu plus grande que celle que Sabine partageait avec Blue, et apparemment Jeanne en était la seule occupante.
- Installe-toi quelque part, déclara la fille aux cheveux auburn avant de s'asseoir sur la seule chaise de la pièce, face à une petite table sur laquelle étaient étalés nombre de feuilles couvertes d'inscriptions.
Sabine observa alentour pendant quelques instants, et finit par se diriger vers le lit de Jeanne. Il était couvert d'une quantité impressionnante de peluches représentant divers Pokémon, au point que la jeune fille se demandait comment son interlocutrice pouvait y dormir, mais elle parvint à se faire une place entre une Skitty à l'expression amusée et un Pikachu dont le visage affichait une étincelle de malice. N'ayant jamais vraiment apprécié les poupées quand elle était jeune, Sabine éprouvait un léger malaise d'être ainsi entourée, mais elle n'en laissa rien paraître. Jeanne se tourna bientôt vers elle, une expression sérieuse sur le visage.
- Très bien, commençons...
Sabine ne sut guère que répondre, surtout lorsqu'elle vit Jeanne se lever soudain pour s'approcher d'elle, portant dans sa main droite un tube de maquillage rose fluo ainsi que de nombreux rubans rouges.
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