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Lecture du chapitre 10 | |
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Nom de l'œuvre : Chaos Sanctuary | Nom du chapitre : La loi du plus fort |
Écrit par Kailianna | Chapitre publié le : 28/9/2008 à 13:16 |
Œuvre lue 14099 fois | Dernière édition le : 31/5/2009 à 19:46 |
Nous passâmes deux mois avec la Caravane, dont je garde un excellent souvenir. Les Caravaniers étaient tous des personnes étonnantes, qui auraient largement mérité d'en parler davantage que je ne le fais à présent. Je me fis rapidement à cette vie en groupe, et nos compagnons nous intégrèrent sans problèmes. Noa, en particulier, par ses connaissances épatantes, s'attira très vite l'amitié et l'affection de tout le monde, ce que je ne pus que comprendre malgré une certaine jalousie. Renji et moi liâmes peu à peu des liens avec Loena et Neith, avec qui nous prîmes l'habitude d'effectuer la plus grande part du chemin que nous faisions chaque jour, parlant de tout et n'importe quoi, échangeant des points de vue. Au terme de la marche quotidienne, tous les Caravaniers se réunissaient autour d'un grand feu, comme le premier soir, et nous partagions les expériences de la journée, lorsqu'il y en avait, accueillions les nouveaux membres recrutés au cours du voyage, puis la soirée tournait généralement en plaisanteries en tout genre, certains des hommes de la Caravane étant particulièrement friands d'histoires incongrues. Outre le fait de découvrir Kanto sous toutes ses coutures ou presque, ce voyage me permit de me perfectionner en temps que dresseur, et je fus vite étonné de voir la vaillance et le cÅ“ur que mettait Caninos dans les combats que je lui imposai, malgré son âge avancé, et l'endurance d'Evoli. Ce fut notamment une très bonne occasion de me rapprocher de mes Pokémon, avec qui je nouai un lien particulier. Ce n'était plus vraiment une relation de créature à maître, à présent, et si ma technique de combat et ma stratégie ne s'améliorèrent pas exceptionnellement, je ressentais un attachement nouveau pour mes deux compagnons à quatre pattes, ce qui se fit sentir dans les combats. Plusieurs fois, Noa me défia en duel, et remporta la victoire à chaque fois. Je gagnai néanmoins quelques petits matchs improvisés contre des Caravaniers, sans en tirer une fierté particulière. Autre fait nouveau, je travaillai également à mon propre corps. Certains Caravaniers avaient pour étonnante habitude de se battre comme si c'était un jeu, bien que cela relève plutôt du défi. Je me joignis donc à eux et appris quelques rudiments en maniement du bâton, j'y gagnai notamment en agilité. Plusieurs fois, ces petites batailles se terminèrent en bleus, en plaies et en sparadrap, mais jamais rien de grave. J'eus parfois le sentiment d'avoir fait un bond de plusieurs centaines d'années en arrière. Tout ce qui était preuve de civilisation avait été abandonné en rejoignant la Caravane. Pas de voitures, pas d'appareils électroniques, rien de tout cela ; certaines journées me donnaient étrangement l'impression d'être au cÅ“ur d'un film de cape et d'épée. Noa appelait cela la « décadence de la civilisation » , et semblait être parfaitement à l'aise dans ce milieu, qui finalement ne me déplaisait pas non plus. En somme, je me sentis à l'aise et ces deux mois passèrent à une vitesse fulgurante. Puis un soir, Noa, pour ne pas rompre avec les habitudes, annonça notre départ à la surprise générale. - Quoi ? m'exclamai-je. Mais nous... La neutralité totale exprimée par le visage de ma jeune amie me dissuada de terminer ma phrase. Une fois encore, elle m'avait totalement pris par surprise. Quitter la Caravane était bien la dernière chose à laquelle je m'attendais, étant donné les excellents moments que nous y passions. - Pourquoi partir ? demanda Loena, le visage crispé. Nous touchons au but, Noa, bientôt nous serons en nombre suffisant pour faire tomber les barrières qui nous enferment ici. - Nous vous avons prévenus, en nous joignant à vous, que nos chemins diffèreraient un jour, justifia Noa. Falke, Renji et moi partirons demain à l'aube. Sous l'effet de surprise, je ne trouvai rien à dire et tournai la tête vers Renji, qui était totalement impassible, comme à chaque fois qu'il se passait quelque chose d'imprévu. - Tu n'as pas répondu à ma question. Pourquoi partir ? répéta Loena. Noa marqua un temps d'arrêt. - Nous poursuivons le même but que vous, à peu de choses près, fit-elle, mais nos ennemis ne sont pas les mêmes. J'ai entendu des rumeurs comme quoi il se passerait des choses étranges, dans un village un peu plus au Nord. C'est là que nous allons. Il y eut quelques murmures désapprobateurs, quelques vaines explications, puis Neith se leva, coupant court aux bavardages. - Après tout, nous ne pourrons pas vous empêcher de partir, fit-il d'un ton résigné. Nous reverrons-nous un jour ? Noa eut un sourire. - Je suppose, oui. Ce furent ses dernières paroles de la soirée, après quoi elle alla se coucher. Les adieux du lendemain furent difficiles, et quelques larmes furent même versées du côté des amies de Noa. Nous aidâmes une dernière fois à empaqueter tout le matériel afin de préparer le départ de la Caravane, fîmes nos au revoirs à chacun, puis partîmes de notre côté. Le ciel était gris, l'air ambiant plus froid que jamais. L'automne touchait à sa fin, et sans doute aurais-je été, dans l'état actuel des choses, en train de grelotter furieusement si la Caravane, en guise d'adieu, ne nous avait pas fait cadeau de quelques vêtements chauds, en plus des provisions, des Pokéball et d'un peu d'argent. Nous aurions bientôt à voyager dans un Kanto enneigé, à n'en pas douter, les hivers étaient rudes dans la région, et si par le passé la neige m'avait ravi, je ne l'attendais pas avec hâte cette fois-ci, préférant la chaleur au froid. Le village où nous nous rendions portait le nom d'Heavensbourg. Sans doute une petite cité commerçante, active et vivante avant les catastrophes. Néanmoins lorsque nous arrivâmes, nous fûmes surpris de n'y trouver personne. Les rues étaient vides, les maisons fermées à double tour, volets tirés, et les magasins verrouillés. Il ne manquait plus qu'un peu de brume pour donner à l'endroit un aspect tout à fait lugubre, digne d'un film d'horreur. - Tiens tiens, une ville fantà me ? ironisai-je. - Qu'est-ce qui a bien pu se passer ici ? demanda Noa dans le vague, insensible à ma remarque. Renji analysa les alentours. - Les habitants sont encore là , assura-t-il, ils se cachent, c'est tout. Puis il se désintéressa totalement de la situation, attrapa une pomme dans son sac et mordit nonchalamment dans le fruit. Noa semblait prête à dire quelque chose, lorsqu'une voix rauque, grasse et puissante, rugit derrière nous. - Eh, vous, là ! Nous nous retournâmes précipitamment. Derrière nous se tenaient cinq hommes, d'une quarantaine d'années, au visage crispé et vêtus de vêtements chauds. L'un d'eux s'approcha, suivi peu après par les quatre autres. - Des gamins, fit-il d'un ton moqueur, ce ne sont que des gamins. - Qu'est-ce que vous foutez-là ? demanda un de ses compagnons. - On ne fait que passer, répondit Noa, sur la défensive. Qu'est-il arrivé ici ? - Ce ne sont pas vos affaires, fit celui qui semblait être leur leader, foutez le camp d'ici. Je crispai les poings, et sans doute aurais-je marmonné quelque juron si un sixième homme n'avait pas déboulé près des autres à la seconde même. - Jay, le vieillard nous a menti, la réserve de son magasin est un vrai trésor, regarde ce que j'ai trouvé ! Il brandit un énorme jambon devant le dénommé Jay. Ce dernier eut un sourire mauvais, puis haussa les épaules. - Nous irons nous occuper de lui après, Dan. Nous avons des invités. Le Dan en question sembla alors se rendre compte que nous étions là . - Eh, mais ce ne serait pas la gamine que recherchait le Boss, par hasard ? Le Boss. Je frémis en entendant ce nom, et remarquai alors le bracelet rouge et noir au poignet de chacun des hommes, légèrement dissimulé par les manteaux qu'ils portaient. Des sbires de la Team Rocket. Ainsi ils étaient bien derrière toutes ces histoires. - Tiens, c'est vrai ! s'exclama Jay. Noa amorça un mouvement vers sa ceinture, prête à appeler ses Pokémon à son secours. L'homme qui lui faisait face éclata d'un rire mauvais. - Ne sois pas ridicule, tu n'as aucune chance contre nous cinq. Et rassure-toi, je ne compte pas te capturer, nous ne sommes plus sous les ordres du Boss depuis quelques temps, le réseau a complètement foiré. C'est votre Å“uvre, je suppose. - Que faites-vous ici ? insista Noa. Pourquoi est-ce que les habitants se cachent ? Dan se renfrogna et croisa les bras, comme irrité qu'une fillette de son âge se permette de lui parler ainsi. - Les temps sont durs, petite. La plupart des habitants de ce village ont déserté leurs foyers, pour rejoindre une Caravane ou autres fantaisies. Il ne reste plus qu'une vingtaine d'habitants à présent. Il montra quelque chose du doigt derrière nous. - Il y a une forêt, un peu plus loin, où se sont réfugiés des Ultimistes. Cela fait une semaine maintenant qu'ils envoient régulièrement leurs Pokémon sur le village. Ils attaquent les habitants, volent leurs biens et repartent. Ces lâches s'enferment donc dans leurs baraques, complètement terrorisés. Un sourire sarcastique se dessina sur ses lèvres. - Quant à nous, nous ne comptons pas rester longtemps. Un jour ou deux, peut-être, histoire d'alléger les résidents de quelques provisions â€" après tout ils n'en ont pas besoin â€" , de leur soutirer un peu d'argent, et nous repartirons. Un formidable coup de poing envoya l'homme valdinguer quelques mètres plus loin. Il tomba mollement sur le sol, une grosse marque rouge sur la joue. Ni lui ni personne n'avait vu le coup partir. Je me tournai alors vers Renji, les yeux écarquillés. Mon ami avait encore le poing brandi. Il lorgna quelques instants Dan, qui semblait ridiculement vulnérable affalé par terre, puis haussa discrètement les épaules et mordit à nouveau dans sa pomme. La réaction fut imminente. Les autres sbires nous empoignèrent aussitôt, impossible de se déloger de l'étreinte solide de leurs bras. - Va falloir arrêter de vous foutre de nous, les gosses, grommela Jay. Dan se releva en se frottant la joue. - Tu vas voir ce que tu vas voir, gamin, fit-il à l'attention de Renji. Ce dernier lui adressa un grand sourire, qui fendit son visage jusqu'aux oreilles, ce que Dan prit pour une provocation. Il dressa le poing et sans doute la scène aurait-elle dégénéré en bagarre si Noa ne s'était pas interposée. - Arrêtez-vous, bordel ! Elle s'était échappée de l'emprise du sbire qui la tenait par je ne sais quelle miracle, et s'était placée entre Renji et Dan. - Nous n'avons aucune intention de nous mêler de ça, fit-elle d'une voix si assurée que personne n'osa la contredire. Les sbires grommelèrent et nous lâchèrent. Je me dégageai hâtivement des bras de l'homme, et me plaçai à côté de Noa. - Foutez le camp, répéta Jay. - Nous allons aller voir ces Ultimistes, annonça la fillette d'un ton calme. Je veux savoir pourquoi ils font cela. - Et pour eux, tu comptes faire quoi ? demandai-je à Noa de vive voix, passablement irrité. Ils vont escroquer une vingtaine d'habitants. La brunette posa ses yeux émeraude sur les miens, et je me tus, toujours aussi troublé par l'intensité de son regard. Après quoi, elle se retourna vers les sbires et les salua, comme elle l'avait toujours fait, d'une légère courbette vers l'avant. Puis elle fit demi-tour et partit, bientôt suivie par Renji et moi. - On va les laisser détrousser les habitants sans résister ? m'offusquai-je. - Falke, nous ne sommes pas des justiciers. On ne pourra pas les empêcher de faire ce qu'ils ont prévu. Les habitants sauront se défendre seuls, sans quoi ils se feront effectivement détrousser, mais ils survivront. Je me tus à cette remarque et acquiesçai d'un léger signe de tête. Encore une fois, Noa avait raison, et j'avais réagi de façon tout à fait stupide. Renji déglutit bruyamment et finit sa pomme en une bouchée. - Je me demande quel genre de personnes ils peuvent bien être, ces Ultimistes, lança-t-il nonchalamment. - Pas dans le genre aimable, si j'ai bien compris, soupirai-je. J'espère qu'on ne va pas se faire jeter. La forêt était maigre, elle n'avait rien à voir avec le flot dense d'arbres dont j'avais l'habitude. Quelques pins, quelques chênes, des feuilles et des branches mortes qui craquaient sous nos pieds, ce fut tout. Nous n'eûmes aucun mal à trouver le camp des Ultimistes, vaguement caché derrière quelques fourrés. Ce fut une vision qui m'impressionna particulièrement, et accentua encore davantage cette impression d'être revenu à l'ère médiévale. Le camp en question devait comporter une trentaine de cabanes, la plupart étant bâties au pied des arbres. Certaines cependant avaient été construites en hauteur, sur les branches les plus solides, et étaient reliées entre elles par un réseau de passerelles de fortune. Les composants dominants de toute cette petite architecture étaient des perches en bois, de la ficelle, des planches et des amoncellements de feuillage, le tout ingénieusement assemblé pour former un semblant de demeure, de façon assez grossière mais suffisamment solide pour offrir un abri en cas d'intempéries. Plusieurs personnes s'activaient dans tous les sens autour de diverses activités, la plupart à la construction des bâtisses. Quelques femmes, derrière, s'affairaient à allumer un feu avec les moyens du bord, et je discernai dans leurs gestes une habileté et une précision qui prouvaient l'habitude de ces tâches. A vue de nez, les plus jeunes de toute cette petite colonie étaient de simples gosses, d'à peine plus de six ans, et les doyens devaient largement atteindre les soixante-dix. Néanmoins la majorité avaient entre vingt et trente ans, et semblaient pleins d'énergie. Un instant, je ne pus qu'admirer la vivacité de tous ces gens, avant de me rappeler qu'ils commettaient également des actes que je n'approuvais pas. - Allons-y, murmura Noa. Nous quittâmes les fourrés derrière lesquels nous nous étions dissimulés quelques instants, et nous avançâmes vers eux. Immédiatement, les travailleurs s'arrêtèrent et nous lorgnèrent d'un Å“il inquiet. - Qui êtes-vous ? s'écria une femme. Vous venez d'Heavensbourg ? Je sentis l'angoisse percer dans sa voix. - Calme-toi, ce ne sont que des gosses, répliqua un homme à côté d'elle. Dites-nous ce que vous voulez, ou quittez cet endroit au plus vite. - Nous voulons simplement parler à quelqu'un ici, fit Noa, gardant son sang-froid. Rien de plus. - Amenez-les chez Kaio, s'exclama quelqu'un, de toutes façons, s'ils tentent quoi que ce soit, nous prendrons les mesures qui s'imposent. Je fus stupéfait par cette méfiance, mais ne dis rien. On nous conduisit dans une des cabanes qui n'avait à priori rien de différent des autres, où le dénommé Kaio nous accueillit avec la même prudence. Je fus étonné de constater qu'il s'agissait d'un jeune homme d'une vingtaine d'années, un peu plus peut-être, qu'apparemment les Ultimistes considéraient comme leur chef, ou du moins, à qui ils vouaient un grand respect. Ils nous laissèrent seuls avec lui, après quoi il nous examina quelques instants. - Que voulez-vous ? demanda-t-il d'une voix neutre. Pourquoi être venus jusqu'ici ? - Nous voudrions vous poser quelques questions, fit Renji d'un ton détaché. Dites, vous n'auriez pas quelque chose à manger, par ici ? Le visage du jeune homme se crispa, quant à moi je poussai un soupir silencieux, à mi-chemin entre l'amusement et l'exaspération. Kaio ne tint pas compte de la demande de Renji et poursuivit. - Posez-les, mais faites vite. - Nous n'irons pas par quatre chemins, annonça Noa, pourquoi envoyez-vous vos Pokémon sur les habitants de Heavensourg ? Kaio marqua un temps d'arrêt et fronça les sourcils. - Vous n'êtes pas d'entre eux, n'est-ce pas ? La brunette secoua négativement la tête. - Nous sommes de simples voyageurs. - Ce ne sont pas nos Pokémon qui attaquent régulièrement le village, fit son interlocuteur, croyez-le ou non. Noa leva un sourcil interrogateur. - Pas vos Pokémon ? Mais alors ... ? - Ce sont des Pokémon sauvages. Ils ont un comportement assez étrange, ces temps-ci, et n'allez pas croire que le village est leur seule cible. Nous avons essuyé quatre de leurs attaques récemment, nous aussi, et nos provisions ont plusieurs fois été insuffisantes pour nourrir tout le monde à cause d'eux. - Pourquoi font-ils ça ? demandai-je, étonné. La scène qui avait eu lieu deux mois plus tôt me revint en mémoire. Un Rapasdepic nous avait attaqué, sans raison apparente. Se pouvait-il que les deux évènements fussent de la même nature ? - Je l'ignore, fit Kaio, et je pus sentir la sincérité dont il fit part. Néanmoins j'ai une hypothèse. Ce n'est qu'un à -priori, mais je pense qu'un Légendaire traîne dans les parages actuellement. - Même si c'était le cas, qu'est-ce que ça changerait ? demanda Renji, qui semblait avoir oublié les préoccupations de son estomac. - Eh bien ce n'est qu'une supposition, mais je pense que lorsqu'un Légendaire est proche, les Pokémon le ressentent, peut-être cela pourrait-il influencer leur comportement. Noa appuya sa tête sur son poing et afficha cet air soucieux qui accompagnait la réflexion chez elle. Quelques secondes plus tard, elle se mit à enrouler une de ses mèches noires autour de son index. - C'est peut être une explication, fit-elle, pensive, mais apparemment, même sans Légendaire aux alentours, les Pokémon sauvages développent déjà un comportement peu ordinaire, non ? Kaio acquiesça d'un signe de tête. - Ils se reproduisent à une vitesse folle et repeuplent les contrées. Certains deviennent plus endurants et plus durs à capturer. A croire qu'ils entrent en résistance face à l'homme. - Vous croyez que ça peut s'expliquer ainsi ? - Oui. Bien que je ne sois sûr de rien. Les yeux du jeune homme se perdirent dans le vide. - C'est pour cela que j'ai fondé cette colonie d'Ultimistes, reprit-il. J'ai poussé tous ces gens à me suivre et à venir habiter ici, dans la forêt, sans gêner personne. L'homme a trop longtemps régné en maître sur une terre qui n'était pas la sienne. Nous pensons qu'il est temps de mettre fin à tout cela. Ce monde n'est qu'hypocrisie et rancunes, en nous reculant et passant au second plan, nous voulons préserver les belles choses sans les salir comme nous l'avons fait pendant des siècles. La théorie des Ultimistes. Jusqu'ici, je n'en avais entendu que des critiques peu élogieuses, mais Kaio en parlait avec tant de conviction et d'émotion que ses paroles me touchèrent et m'amenèrent à réfléchir. Je conclurai néanmoins plus tard que cette façon de penser n'était pas la mienne. Les Ultimistes prà naient le retour à la nature et l'effacement presque total de l'homme. Prendre les choses avec recul, et laisser régner les Pokémon en maîtres sur leur terre d'origine. J'étais d'accord sur le fait que nous avions transgressé un certain nombre de choses et de statuts, mais mon idéal n'était pas celui des Ultimistes. Ni d'ailleurs celui des Volages ou des Stables. Mon idéal à moi était bien différent. Noa acquiesça lentement. - Je comprends, fit-elle simplement. - Vous me semblez dignes de confiance, fit Kaio après avoir hésité un instant en regardant Renji. Voudriez-vous vous joindre à nous ? Notre colonie s'agrandit et se structure peu à peu, nous serons bientôt en état de vivre définitivement ici et de briser l'égoïsme de tous ceux qui ne souhaitent pas regarder les choses en face. Noa eut un sourire espiègle. - Vous nous honorez, mais nous ne pouvons pas accepter. Nous ne sommes pas des Ultimistes et nous avons nos propres objectifs. Le jeune homme eut un léger rictus, sans doute synonyme de déception. - Vos objectifs ? Quels sont-ils ? - Je ne peux pas vous le dire pour le moment. Un autre jour, peut-être. - Mouais. Dommage. Kaio se retourna, déçu, et ouvrit la porte de la cabane, signe que l'entretien était terminé. - Vous pouvez dormir ici pour ce soir, installez-vous près du feu, vous y serez à l'aise. Mais demain, quittez cet endroit. Noa le remercia brièvement, puis nous sortîmes et passâmes le reste de l'après-midi dans le camp des Ultimistes. - Non mais regarde-moi ça, il s'est endormi comme une pierre, fis-je en regardant Renji d'un air désespéré. Eh, Renji, t'as pas faim ? Même l'allusion à la nourriture ne suffit pas à le réveiller, j'en tirai donc la conclusion qu'il avait bel et bien sombré dans un profond sommeil, puis me glissai dans mon sac de couchage à côté de Noa, et mordis dans la pomme qui était initialement prévue pour mon ami. Il était près de sept heures du soir, et la nuit était déjà là , tombant de plus en plus tôt avec l'arrivée de l'hiver. Kaio s'était avéré généreux, et nous nous étions installés devant le feu, où régnait une tiédeur délicieuse. Je ne fis qu'une bouchée du fruit puis poussai un soupir en m'allongeant. - N'empêche, ma grande, il va falloir que tu m'expliques pourquoi, partout où tu vas, on te demande de rejoindre un petit groupe. Les Caravaniers, les Ultimistes... à quand les prochains ? Noa eut un petit rire. - Va savoir, peut-être qu'ils devinent que sous mes airs fragiles, je suis redoutablement intelligente ! ironisa-t-elle. Je pris un rictus moqueur. - Ben voyons, ricanai-je, qui aurait besoin de ta « redoutable intelligence » ? - Tu peux parler, mais sans moi tu serais en fort mauvaise posture, fit-elle avec un sourire espiègle. - Eh, je te rappelle que tu parles à celui qui t'a recueilli chez lui quand tu déambulais trempée sous la pluie ! Elle sembla réfléchir quelques instants. - Bon, d'accord, je serais moi aussi en mauvaise posture sans toi, reconnut-elle finalement. - Ah, enfin une parole sensée. Ces chamailleries auraient pu durer bien longtemps encore, si un bruit sourd et puissant ne s'était pas fait entendre un peu plus loin. Je me redressai brusquement et cherchai des yeux l'origine d'un tel boucan. - Qu'est-ce que c'est ? Ce même bruit gronda à nouveau, plus fort cette fois, et accompagné d'une explosion dorée au-dessus des arbres. - On dirait que ça vient de la forêt ! m'exclamai-je. Je me tournai pour réveiller Renji, et réalisai qu'il était déjà debout, Pokéball en main, l'air concentré. « Bon sang, quels réflexes » , pensai-je. Il aurait presque eu l'air menaçant s'il n'était pas vêtu à cet instant de son pyjama. Je m'extirpai de mon sac de couchage et saisis mes Pokéball à mon tour, après quoi nous courûmes vers l'origine de ce que je devinais être un carnage, tout comme plusieurs des Ultimistes qui sortaient de leurs cabanes, l'air anxieux. J'avais déjà vu des affrontements par le passé, notamment â€" et surtout â€" depuis que j'étais avec Noa. Mais l'ampleur de celui-ci dépassait tout ce que j'avais pu observer jusqu'alors. Ce qui suivit ne fut pas descriptible. Si j'avais déjà assisté au combat d'un légendaire, ce qui était déjà spectaculaire, je n'avais encore jamais vu deux Pokémon de l'Hexagone se battre entre eux. Il y avait devant moi Electhor, l'Oiseau de Foudre, dont on m'avait parlé comme d'un volatile majestueux, vif et intelligent. C'était bien lui que j'avais sous les yeux, pourtant il semblait n'être animé que par l'énergie du désespoir, impuissant face à Raikou, immense et robuste, déversant sa rage destructrice contre son adversaire. Je me remémorai ce que m'avait dit Noa, lorsque nous nous étions retrouvés après s'être infiltrés dans le repère de la Team Rocket. Elle avait déjà eu à lui faire face. Je ne mis pas longtemps à comprendre qu'il était sous les ordres des sbires, encore invisibles pour le moment. Le but de tout ceci devint alors une évidence : ils voulaient l'Oiseau de Foudre. Raikou ne leur avait pas suffi, et quelque chose me disait qu'ils ne s'arrêteraient pas là . J'étais en train d'assister à la scène de capture la plus monumentale de notre temps. Des larmes coulaient sur les joues de Noa, à côté de moi. Bouleversée par cette scène chaotique, elle ne m'avait jamais semblé si fragile. - Pas ça... Bordel... murmura-t-elle entre deux sanglots étouffés. Et effectivement, cette soirée resterait dans ma mémoire synonyme d'échec et de désespoir pendant encore longtemps. |
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