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Lecture du chapitre 18 | |
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Nom de l'œuvre : DH Project | Nom du chapitre : Les pattes de Miaouss |
Écrit par kalista | Chapitre publié le : 27/10/2008 à 10:08 |
Œuvre lue 34238 fois | Dernière édition le : 27/10/2008 à 10:13 |
Après un malheureux concours de circonstances qui m'a fortement ralenti ces derniers mois, voici enfin le chapitre 18 ! Bonne lecture ! Chapitre 18 - Arrête un peu de bouger ! s'exclama Jeanne en s'efforçant de maintenir Sabine en place, sa main gauche enfoncée dans les cheveux de la rouquine. Celle-ci avait plutôt du mal à se laisser faire, et essayait tant bien que mal d'éviter le tube de rose à lèvres que Jeanne tentait de poser sur ses lèvres en se défendant avec ses bras. Mais la noble semblait bien plus douée qu'elle pour le combat au sol, aussi Sabine ne tarda-t-elle pas à se retrouver à plat dos sur le lit, immobilisée entre la peluche Pikachu et la peluche Skitty qu'elle avait repérées un peu plus tôt. Ses protestations ne semblaient pas gêner Jeanne : la fille aux cheveux auburn avait l'air de ne se préoccuper que des mouvements de sa victime. Elle pointa brusquement le bâton de maquillage vers sa victime, avec une expression menaçante. - Ecoute, paysanne, fit-t-elle avec un regard autoritaire, si tu bouges, tu ne réussiras qu'à me faire rater mes traits. Préfères-tu avoir l'air d'une ratée ou d'une fille mignonne ? La rouquine, piquée au vif, tenta pour la énième fois de se dégager mais n'y parvint pas. - Je n'ai pas besoin de rouge à lèvres ! cria-t-elle. Et encore moins d'avoir l'air mignonne ! Laisse-moi tranquille ! Cependant, Jeanne secoua la tête. - Je ne peux pas. J'ai décidé que tu ne sortirais pas de cette pièce avant d'avoir un minimum de style, et je t'ai choisi un style mignon. Si tu ne te laisses pas faire, je vais être dans l'obligation de faire quelque chose pour t'immobiliser ! - Ce n'est pas à toi de décider pour moi ! Au point où elle en était, Sabine se sentait si indignée qu'elle était à la limite de sortir ses Pokémon pour se défendre. Comment cette fille pouvait-elle croire que contrà ler quelqu'un d'autre était acceptable ? Cependant, Jeanne haussa les épaules en entendant la déclaration d'indépendance de sa proie, et se pencha davantage sur elle en lui demandant d'ouvrir la bouche pour lui présenter ses lèvres. La rouquine refusa une fois de plus, secouant la tête, et Jeanne soupira longuement. - Bon, je ne voulais pas y recourir, mais tu ne me laisses pas le choix... Skitty, attaque Berceuse. Presque aussitôt, Sabine écarquilla les yeux en apercevant la peluche qui se trouvait à sa droite hocher la tête et ouvrir sa bouche. Elle n'avait pas, pour son plus grand malheur, envisagé la possibilité que les peluches sur le lit n'en soient pas toutes, et que l'attaque Berceuse ait un effet sur les humains. Elle commença à protester, ne voulant pas se faire avoir de la même manière qu'avec Blue la veille, mais Jeanne l'ignora et se boucha simplement les oreilles pour se protéger de l'attaque. Quelques secondes plus tard, la douce mélodie du Pokémon rose lui fit perdre toute conscience de son environnement, et elle sombra dans un sommeil profond. ** Sabine cligna des yeux. Elle se tenait debout, penchée au-dessus d'un lavabo. Face à elle, une belle jeune fille aux yeux pourpres et au regard familier l'observait. Elle réalisa après quelques instants qu'elle rêvait de nouveau de Morgane, et qu'elle se regardait actuellement dans un miroir. Puis, comme la dernière fois, son corps se mit agir selon un script qu'elle était incapable de lire à l'avance. Elle se sourit à elle-même dans le miroir et hocha légèrement la tête, comme pour se saluer, puis ses pas lui firent emprunter le même couloir violet qu'auparavant. Sabine devina que c'était pour une raison similaire. - Cette fois-ci, déclara-t-elle en sortant ses deux Poké Balls pour scruter les Pokémon qui s'y trouvaient, nous ne perdrons pas. Johnny va recevoir la monnaie de sa pièce ! Abra ne répondit pas, toujours aussi passif que d'habitude ; Mime Jr hocha la tête avec un sourire enthousiaste. Une dizaine de minutes plus tard, Morgane arriva devant le dôme. Elle sera légèrement ses poings, puis entra dans le grand bâtiment. Comme elle s'y était attendue, un adolescent à la mine fatiguée et aux cheveux noirs ébouriffés se trouvait à face à la porte d'entrée. Son expression était à peu près aussi bizarre que la dernière fois : un de ses doigts semblait perpétuellement posé entre ses lèvres, donnant l'impression qu'il était en permanence en train de méditer à quelque chose. - Bonjour, Morgane, déclara-t-il sans se déplacer. La fille aux longs cheveux noirs lui renvoya son salut, puis sortit ses deux Poké Balls, pressée de remettre les pendules à l'heure avec ce dresseur plus prétentieux qu'elle. Le jeune homme, cependant, secoua doucement la tête. Sabine se sentit serrer les dents. - Un peu de patience, s'il te plait. J'aimerais parler un peu avec toi. - Après le combat, on pourra parler si tu le souhaites, répondit Morgane, une pointe de colère dans sa voix. Elle n'était clairement pas de bonne humeur. Sabine la devinait assez irritable, mais en même temps elle se demandait pourquoi la Morgane qu'elle connaissait s'avérait être si différente de celle-ci. Comment avait-elle pu passer d'un tempérament explosif à un tempérament aussi glacial que celui qu'elle arborait dans le présent ? Les paroles de Johnny ramenèrent Sabine à son rêve du passé : - Très bien. Deux Pokémon chacun, je suppose ? - Oui ! Johnny hocha la tête, et se pencha légèrement pour poser trois Poké Balls au sol. Sabine ne savait pas trop ce qu'il faisait, et apparemment c'était aussi le cas de Morgane : elle recula prudemment avant d'envoyer Mime Jr en avant. Le petit Pokémon Psy se planta au milieu de la scène, attendant un ordre de sa dresseuse. Celle-ci s'autorisa un regard alentour. C'est seulement à ce moment qu'elle réalisa qu'à présent, près de quarante personnes entouraient les deux dresseurs, observant tous le combat avec un intérêt non déguisé. Parmi eux, bien entendu, il y avait Narcis. Morgane rougit légèrement face au regard insistant du jeune homme, qui comme la dernière fois la détaillait ouvertement, avant de se reconcentrer sur son combat. Aucune des trois Poké Balls de Johnny n'avait réellement bougé, mais lui s'était redressé. - Eh bien ? fit la fille aux cheveux noirs. Pour toute réponse, elle vit Junior s'écrouler devant elle, apparemment sans raison. Que s'était-il passé ? Sabine devinait que Morgane était extrêmement surprise. Elle-même n'y comprenait pas grand-chose. Apparemment, le petit Pokémon Psy avait reçu une attaque sur le coté : sa peau était toute rouge sur tout son flanc droit. Le très léger sourire en coin de Johnny sembla confirmer à la jeune fille qu'elle s'était faite rouler, et elle rappela son Pokémon avant d'envoyer Abra. Vraisemblablement, elle avait très largement sous-estimé son adversaire. Une silhouette violette apparut bientôt sur l'épaule de Morgane, et elle ne put s'empêcher de tourner la tête pour fixer dans les yeux la créature qui venait de mettre Mime Jr hors combat en un seul mouvement. Etait-ce vraiment un Rattata ? Sabine se posait sérieusement la question. - Tu agis seulement par impulsions, expliqua Johnny en levant une Poké Ball sortie de sa poche vers le ciel pour rappeler son Pokémon, lequel sauta de l'épaule de Morgane pour s'y loger. Certes, tes pouvoirs psychiques et ceux de tes Pokémon sont largement au-dessus de la moyenne, mais contre quelqu'un jouant dans la même cour que toi ça ne suffit pas. Il te faut... - Tais-toi ! l'interrompit Morgane d'une voix colérique, prenant sur elle pour ne pas l'attaquer directement. Abra, Plénitude ! Johnny haussa les épaules, et donna un coup de pied dans une des trois Poké Balls qui se trouvaient au sol. La sphère métallique s'envola vers le plafond et s'ouvrit, laissant s'échapper un petit Pokémon bleu que Sabine ne reconnaissait pas. Dès qu'il toucha le sol, cependant, elle remarqua qu'il ressemblait fortement à un Marill, mais en miniature. Le Pokémon était perché sur la grosse boule bleue qui se trouvait sur le bout de sa queue, et agitait tout doucement ses pieds. Il ne semblait pas du tout effrayé par le Abra qui lui faisait face. Morgane prit une grande inspiration, sans doute pour se calmer, puis elle ferma les yeux pour se synchroniser avec son Pokémon Psy. Comme la dernière fois, Sabine se retrouva rapidement projetée dans cet autre corps. Elle avait l'impression d'avoir changé soudain de sens, tant sa perception de son environnement était altérée par la projection psychique. Face à elle, se trouvait désormais une petite silhouette bleue qui rebondissait calmement sur sa queue en la narguant. A ce moment, Sabine ressentait clairement la colère de Morgane, et elle avait même l'impression que son humeur était en train de déteindre sur elle. Elle se rua très rapidement en avant, projetant toute son énergie psychique en direction de son ennemi, mais celui-ci n'eut qu'à bondir pour esquiver l'attaque. En retombant derrière Abra, il lui mit une petite pichenette dans l'oreille avec une de ses pattes, continuant de provoquer Morgane et son Pokémon. Sabine elle-même commençait à voir rouge. - Azurill, fit la voix lointaine de Johnny, plaque-le au sol ! Sans avoir le temps de réagir davantage, Abra se retrouva cloué au sol, écrasé sous le poids surprenant du Marill minature. Morgane ne tarda pas à battre en retraite et à retourner dans son corps, incapable de se défendre et surtout humiliée, une fois de plus. Cette fois-ci, cependant, elle ne perdit pas son temps à écouter Johnny lui expliquer qu'il était plus fort d'elle à cause de son calme agaçant. Elle rappela immédiatement Abra et s'en alla en courant de l'arène, sans prendre la peine de regarder dans quelle direction elle allait. Elle s'en fichait. A l'heure actuelle, la seule chose qui semblait compter était de ne pas montrer les larmes de honte qui lui montaient aux yeux, de s'éloigner aussi vite que possible de Johnny et des gens du dôme de combat. Du moins c'était la manière de laquelle Sabine percevait les émotions de Morgane. Après plus d'une douzaine de minutes à courir sans but, Morgane commença à ralentir et à faire de nouveau attention à l'endroit où elle se trouvait. Elle était entourée de grands bâtiments vitrés : elle devait se trouver dans le centre d'affaires de la ville. Sabine reconnaissait vaguement le quartier : c'était ici que se trouvait désormais le centre commercial de Céladopole. Morgane se trouvait actuellement au beau milieu de ce qui allait devenir à l'époque où Sabine se rendrait en ces lieux la fierté de la ville. Mais apparemment, la fille aux cheveux noirs ne savait pas vraiment où ses pas l'avaient menée : son regard parcourait en ce moment les environs à la recherche d'éléments connus, et il semblait ne pas en trouver. Elle continua de marcher, beaucoup plus lentement que d'accoutumée. Plusieurs hommes d'affaires en costume-cravate et portant des attaché-caisses s'agitaient autour d'elle, mais elle n'osait pas vraiment leur adresser la parole. C'est alors qu'elle le vit. Assis sur un banc devant lequel elle s'apprêtait à passer, Morgane aperçut la cause de son égarement. L'adolescent à ta doucement ses doigts de ses lèvres en la voyant arriver. - Tu te décides finalement à ralentir un peu, déclara-t-il sans la regarder. Morgane aurait bien voulu le découper avec ses attaques psychiques, mais ses deux précédentes défaites lui avaient fait comprendre que ce serait peine perdue et elle se retourna doucement pour s'éloigner de son ennemi, sans même chercher à comprendre comment il avait pu se déplacer plus rapidement qu'elle. Celui-ci reprit la parole. - Attends, s'il-te-plait. Ecoute au moins ce que j'ai à te dire... Morgane. L'intéressée prit une grande inspiration, que Sabine perçut comme une tentative de se calmer, puis elle se retourna et s'assit sans rien dire sur le banc, laissant un certain espace entre elle et Johnny. Pas une seule fois leurs regards ne se croisèrent. - Tu as un potentiel énorme, commença Johnny. Tu fais déjà partie des dresseurs les plus puissants de la ville, et tu as encore une très large marge de progression. Seulement, ces dons que tu possèdes te rendent arrogante et impulsive, ce qui provoque des erreurs de jugement dans ton comportement. Du coup, contre d'autres dresseurs de ton niveau, tu perds tes moyens et tu finis par perdre le combat lui-même. Est-on d'accord ? - ... Oui, maugréa Morgane entre ses dents. Je suis consciente de ça. - Désirerais-tu t'améliorer ? - Bien sûr ! fit la dresseuse en levant les yeux au ciel. - J'essaie en ce moment de créer une équipe, déclara l'adolescent tout en fixant un arbre qui lui faisait face. Une équipe de dresseurs de notre niveau. A l'heure actuelle, j'essaie de trouver les personnes qui pourraient potentiellement en faire partie, quitte à les entraîner avant, et tu m'intéresses. Est-ce que toi, Morgane, tu es intéressée ? Morgane tourna lentement son regard vers Johnny, se demandant sans doute s'il était sincère. Elle était tentée de s'en assurer en lisant ses pensées, mais elle s'en préserva. D'une certaine manière, Sabine sentait que quelque chose venait de changer en Morgane. Comme un déclic. - ... Je vois que tu n'utilises pas tes pouvoirs, fit son interlocuteur d'un air détaché. Y a-t-il une raison à cela ? - Je... Tu n'es pas du genre à mentir, je pense, répondit Morgane, un peu mal à l'aise. De toutes manières, vu ton niveau je ne pense pas que ce serait une bonne idée. Johnny sourit légèrement. - Tu as peut-être raison, déclara-t-il. - Quel est le but de ton équipe ? demanda Morgane. Johnny ne répondit pas, et se contenta de tendre sa main, en demandant simplement : "Me suis-tu ?". De toute évidence, Morgane n'était pas satisfaite de cette réponse. - Pourquoi ne me réponds-tu pas ? insista-t-elle. Le jeune homme aux cheveux bruns haussa les épaules. - Je ne peux pas t'en dire plus. Il va falloir t'en t'en tenir à ta foi en moi, pour le moment. Morgane grimaça, hésita, soupira, puis serra la main de Johnny. - Je te suis. C'est la meilleure solution si je veux m'améliorer. Mais si jamais tes objectifs ne sont pas à mon goût, sois assuré que je quitterai aussi vite ton équipe. Johnny ne fit aucun commentaire, et dit : -Très bien, fit l'adolescent en taisant sa question une fois de plus. J'ai l'intention de t'entraîner à contenir ta colère dès que tu seras prête à recevoir mon entraînement... Quand veux-tu commencer ? Morgane jeta un oeil au ciel, puis haussa les épaules. - Tout de suite ? Johnny hocha la tête avant de répéter les dernières paroles de Morgane. Puis, comme la dernière fois, Sabine se sentit rebasculer dans le monde réel, signe qu'elle se réveillait. ** - Ah, enfin te réveilles-tu ! fit la voix imposante de Jeanne. Sabine ouvrit les yeux, pensant encore à son rêve, et mit quelques temps à se remémorer sa situation présente. Jeanne l'avait endormie contre sa volonté avec l'attaque Berceuse de sa Skitty... Soudain, la rouquine se souvint que Jeanne avait fait cela pour la rendre plus facile à maquiller, et elle voulut porter ses mains à son visage pour essayer de voir ce que la noble lui avait fait pendant son sommeil. Quelque chose l'en empêcha ; il ne lui fallut pas longtemps pour réaliser que ses mains étaient attachées dans son dos par de larges rubans. - Allons, expliqua Jeanne, un peu de calme. Tu étais agitée dans ton sommeil, et j'avais besoin de m'assurer que tu ne me ferais pas tout rater alors... J'ai fait en sorte que tes mains ne puissent pas s'interposer. - Détache-moi, alors ! s'exclama Sabine, prononçant ses premières paroles depuis son réveil. Elle se sentait profondément indignée par sa position et ne supportait pas d'être à la merci de Jeanne. La noble sortit alors une paire de ciseaux d'un tiroir, et se plaça dans le dos de sa proie, laquelle était maintenant assise sur le bord du lit. Sabine la sentit jouer un peu avec les rubans qui maintenaient ses mains dans son dos, et réalisa après quelques minutes qu'elle ne semblait pas vraiment pressée de les découper. - Que... Qu'est-ce que tu fais ? demanda-t-elle d'une voix légèrement apeurée à l'idée que Jeanne avait actuellement le contrà le de la situation. - Oh, rien... Même si tu es très mignonne à l'heure actuelle, il va falloir qu'on travaille un peu sur ton comportement, aussi je m'assure que tu sois obéissante une fois que je t'aurais détachée. Sabine sentit son visage s'enflammer en entendant cela, et elle tenta de se lever pour faire fasse à son ennemie, mais la noble ne la laissa pas faire et la rattrapa par les bras avant qu'elle n'ait le temps de se redresser, avant de la rasseoir. La rouquine tenta de se libérer d'un coup de hanches, mais il fut tout aussi inutile. Peu après, Sabine sentit que des gants étaient placés sur ses mains, et fit ce qu'elle pouvait pour s'y opposer. - Sabine, sois gentille et coopère un peu ! En résistant tu ne fais que nous faire perdre du temps à toutes les deux. - Libère-moi et j'envisagerai peut-être de coopérer, rétorqua l'intéressée d'une voix indignée. - C'est hors de propos pour l'instant. Mais ne t'en fais pas, tu me remercieras après ça. - J'en doute ! rétorqua la rouquine en tentant une nouvelle fois de se détacher - sans succès. Réalisant qu'elle était bel et bien piégée, Sabine baissa la tête. Il n'y avait rien à faire. Elle sentait des larmes lui picoter les yeux, mais les retint de toutes ses forces pour ne pas les montrer à Jeanne. Celle-ci s'en serait probablement moquée, et dans son état Sabine n'avait certainement pas besoin de ça. Dans son dos, Jeanne continua de manipuler ses mains quelques instants, les plaçant dans des gants épais. Puis, Sabine entendit deux déclics et un coup de ciseaux. Ses mains étaient maintenant détachées. - Voilà , fit Jeanne. Avec ça, tu devrais te tenir un peu tranquille. Presque automatiquement, Sabine observa les gants que Jeanne lui avait enfilés. Ils ressemblaient à de grosses pattes de Miaouss, mais en noir et sans les griffes ; de larges coussinets roses entravaient ses mouvements et la rendaient à peu près incapable de quoi que ce soit. Plus important, aux poignets de chacun de ces gants se trouvait un petit cadenas qui interdisait de les retirer sans la clé. Elle essaya de les à ter, mais ils étaient complètement impossibles à déplacer - ses poignets ne passaient pas. Jeanne agita la clé devant le nez de Sabine avec un sourire satisfait. - Si tu m'écoutes bien, tu seras libre ce soir. Compris ? La rouquine sentit une petite larme rouler sur sa joue. Elle n'aimait pas du tout sa situation actuelle, mais elle ne pouvait rien y faire, et cela la dérangeait énormément. Cependant, elle hocha doucement la tête avant d'essuyer sa larme sur la fourrure qui recouvrait le dos de sa main. D'une certaine manière, elle sentait qu'il serait plus simple de coopérer pour l'instant. - Pourquoi me fais-tu subir tout ça ? demanda-t-elle à Jeanne. - Parce que je considère que ce que j'ai des choses à t'apprendre. Et aussi... Parce que je te trouve assez intéressante, et plutôt amusante à apprivoiser. Que tu le veuilles ou non, tu es mignonne, surtout quand tu protestes. Sabine poussa un soupir, gênée par les motivations de sa tortionnaire presque autant que par les gants qui lui avaient été enfilés, et s'allongea sur le lit pour essayer de se calmer. Elle se sentait profondément blessée d'être ainsi manipulée, c'était comme si on avait soudainement décidé que sa volonté propre n'existait plus. Mais d'un autre coté, ce ne serait que pour une journée... Ce soir, Sabine défierait Jeanne dans un combat de Pokémon et ferait tout son possible pour la remettre à sa place. La rouquine espérait que ses Pokémon sauraient vaincre ceux de son ennemie. D'ici là , cependant, elle était bel et bien à la merci de la noble, incapable de se défendre et effectivement captive. Voyant sa proie immobile sur son lit, Jeanne se leva et se dirigea vers son bureau, duquel elle sortit un miroir. - Sabine, commença-t-elle, je pense que tu seras plus à l'aise dans ta situation actuelle si tu sais au moins à quoi tu ressembles. Qu'en penses-tu ? La rouquine hocha la tête, peut-être un peu trop vite, et se retrouva face à son reflet. Elle devait bien le reconnaître, Jeanne était très douée pour le maquillage. Mais Sabine se sentait vraiment embarrassée de se voir comme ça, elle avait l'impression que ce n'était plus tout à fait elle-même qu'elle contemplait. La première chose qu'elle repéra furent ses lèvres, qui arboraient désormais un rose fluo très captivant - celui-là même que Sabine avait cherché à éviter quelques heures plus tôt. Ensuite, il y avait ses yeux, entourés d'ombre à paupière rose pâle et dont les cils teints en noir semblaient plus longs qu'avant. Une fois passée la surprise de voir à quel point son regard était désormais captivant, Sabine réalisa enfin que sa joue gauche arborait une petite étoile rose foncé. Elle devina qu'il devait s'agir d'un de ces tatouages temporaires. Même si c'était difficile à admettre, le mot "mignonne" que Jeanne avait utilisé s'appliquait parfaitement à elle à l'heure actuelle. Elle ne savait plus trop quoi penser. - Alors, Sabine, qu'en penses-tu ? La rouquine ne répondit pas, et ferma simplement les yeux pour éviter d'avoir à affronter cette situation plus longtemps. - Ah oui, c'est vrai que tu es aussi très timide. Encore un point de ton caractère qu'il te faudra travailler... Bon, écoute, je vais aller te chercher de la nourriture pour midi, alors ne fais pas de bêtise. Le lavabo est rempli d'eau, pour au cas où tu aurais soif. Sabine ouvrit les yeux en entendant ces paroles, et elle se redressa brusquement du lit. Elle n'avait pas du tout envie de rater le repas de midi dans le restaurant, et ce serait peut-être sa seule occasion d'échapper au contrà le de Jeanne par sa propre volonté. - Ca suffit, j'ai pas envie d'être laissée seule comme ça ! s'écria-t-elle. Je veux aller manger aussi, alors libère-moi ! Jeanne haussa les épaules, visiblement peu gênée par ces propos. - Tu iras manger ce soir, pour le moment je veux que tu restes un peu avec toi-même et que tu réfléchisses à ta situation. Elle posa sa main sur le front dégagé de sa proie, avec un air de supérieure. Sabine avait l'impression d'être prise pour un Pokémon docile qui n'avait pas son mot à dire face aux décisions de sa maîtresse, et elle hésitait à essayer d'attaquer Jeanne physiquement pour la forcer à la laisser partir tant sa situation était insupportable. Même si c'était très tentant, cependant, Sabine devinait que la noble n'aurait aucune difficulté à la rendre incapable d'agir étant donné son état. Avec ses mains coincées dans ces gants volumineux, sa liberté de mouvement était bien plus faible que d'habitude ; elle était de plus hors d'état de sortir ses Pokémon. Voyant que sa captive se tenait tranquille, Jeanne retira sa main de son front et se dirigea vers la porte. - Bien... A tout à l'heure, Sabine ! La rouquine tenta d'attraper la porte lorsqu'elle réalisa que Jeanne était en train de la fermer, mais elle se cogna la tête contre le battant et tomba à terre sous le coup de la douleur, avant de se masser le front avec ses coussinets. Des larmes commencèrent à couler sur ses joues, et cette fois-ci elle ne chercha pas à les retenir. Après quelques minutes passées à se masser le front et à décharger son stress, Sabine se releva pour essayer d'ouvrir la porte, et eut la désagréable surprise de constater que ses gants lui interdisaient de manoeuvrer la poignée. Peu importe la manière qu'elle avait de s'y prendre, la poignée glissait tout simplement contre ses coussinets sans le moindre frottement. Elle poussa un cri de frustration, et se demanda quoi faire. D'accord, elle était coincée, mais il fallait bien trouver quelque chose à faire de ce temps qu'elle allait passer seule. La jeune fille se souvint soudain du maquillage qui avait été mis sur son visage pendant son sommeil, et elle se dirigea d'un pas hésitant vers le lavabo - un large miroir était positionné au-dessus - pour voir l'étendue des dégâts avec un peu plus de précision que tout à l'heure. Bien que profondément gênée par son apparence, Sabine était bien forcée de reconnaître que Jeanne avait du talent. L'image que reflétait actuellement le miroir était tout à fait charmante. Cependant, elle ne l'avait pas choisi, et c'était bien ce qui posait problème à la rouquine. Alors, Sabine tenta de d'enlever son maquillage avec l'eau qui se trouvait dans le lavabo, en en prenant un peu dans ses "pattes" pour éclabousser son visage et le frotter doucement. Cependant, Jeanne avait dû s'attendre à une telle action de sa part : ni le rouge à lèvres, ni l'étoile, ni le mascara, ni le fard à paupière ne semblaient affectés par l'eau. Poussant un nouveau cri de frustration, la rouquine fut bien obligée d'accepter sa condition, et elle commença à tourner en rond dans la chambre de Jeanne. Afin d'arrêter de se lamenter sur son sort, et pour se changer les idées, Sabine se mit à penser à Morgane, et plus précisément aux souvenirs de la championne qu'elle croyait avoir découverts au cours des deux dernières nuits. D'où venaient-ils ? Ils étaient bien trop réels pour n'être que de simples rêves, mais en même temps Sabine ne voyait pas par quel mécanisme elle avait pu les obtenir. La seule fois de sa vie où elle avait vu Morgane, c'était quelques jours auparavant, dans le gymnase de son école, et elle était à peu près sûr que rien ne s'était alors passé entre elles. Non, ce devait être autre chose... ** - Me revoilà , Sabine ! claironna la voix de Jeanne alors que la porte de la chambre s'ouvrait brusquement, sortant la rouquine de sa torpeur. Elle s'était allongée sur le lit, n'ayant pas grand-chose d'autre à faire pour passer le temps, et se redressa lentement en voyant Jeanne entrer. - Je t'ai amené une part de pizza, déclara la noble en sortant un petit carton d'un sac en plastique qu'elle portait. Je pense que le goût te plaira. La rouquine hocha la tête sans rien dire. Elle n'avait même plus envie de protester. Jeanne lui tendit la nourriture qu'elle lui avait apportée, et la rouquine tenta de la prendre dans ses gants sans vraiment y parvenir. - Ce sera plus simple si tu te contentes d'utiliser tes dents, déclara la noble avec une expression amusée. N'ayant pas d'alternative, Sabine accepta le conseil de Jeanne et croqua calmement dans la pizza. Il était inutile de s'énerver pour le moment ; elle aurait l'occasion de rendre à Jeanne la monnaie de sa pièce. La noble sembla se rendre compte que Sabine avait décidé de rester calme et posa bientôt la pizza avant de poser sa main sur le front de Sabine. Elle ne réagit pas le moins du monde et se contenta de regarder l'adolescente qui la séquestrait avec une expression détachée. - Eh bien voilà , on y arrive... fit Jeanne. Donne-moi tes mains ! La rouquine obéit, et Jeanne la libéra de ses gants. C'était sans doute l'occasion rêvée pour prendre la fuite, mais Sabine ne se sentait plus d'essayer et observa simplement ses mains, constatant que Jeanne s'était même occupée de ses ongles et qu'ils arboraient désormais un délicat reflet translucide. - Vois-tu, Sabine, expliqua la noble, maintenant que tu es un peu plus docile je peux travailler sur toi. - Le problème, rétorqua l'intéressée d'une voix plus neutre que d'accoutumée, c'est que je ne veux pas changer... - Oh, ne t'en fais pas. Tu me remercieras plus tard. Non, pensa Sabine, certainement pas. Elle hocha toutefois la tête. - Cette après-midi, tu vas essayer de t'adapter un peu à ton style. Tu es libre de faire ce que tu veux tant que ce n'est pas dans une cabine, mais tu dois le faire sous ton apparence actuelle. Je te suivrai simplement pour m'assurer que ce soit le cas. La rouquine fixa la noble d'un regard qui devait montrer sa surprise. Elle s'était attendue à ce que Jeanne lui fasse subir toutes sortes d'entraînements bizarres, mais pas à ce qu'elle la laisse tout simplement déambuler à travers l'étendue du navire sans but précis. D'un coup, elle sentit ses traits s'apaiser, et elle se redressa lentement. La première chose qu'elle allait faire... Battre Jeanne dans un combat de Pokémon, cela ne faisait aucun doute. Soudainement, le maquillage que Jeanne lui avait imposé semblait moins contraignant aux yeux de la jeune fille. ** En marchant le long des nombreux couloirs de l'Océane pour se rendre sur le pont, Sabine croisa beaucoup de monde. Elle s'était attendue à ce que l'on se moque d'elle, et au début elle chercha à cacher son visage derrière ses pattes, mais presque personne ne lui prêta plus d'un regard et elle finit par se détendre. Il semblait qu'elle avait surestimé l'attention des autres. - Tu sais, Sabine, déclara Jeanne au bout de quelques minutes de marche, tu devrais penser à autre chose. La rouquine haussa les épaules tout en continuant son ascension vers le pont de l'Océane. ** - Tu souhaites donc essayer de me vaincre ? fit Jeanne avec un large sourire. C'est intéressant, comme défi... - Si je gagne, déclara Sabine avec un ton qui se voulait autoritaire, tu devras me libérer sur-le-champ. Plus de maquillage ou autre ! La noble sembla réfléchir pendant un long moment, mais finit par acquiescer. - Si tu perds, en revanche, ajouta Jeanne d'un air amusé, tu devras remettre les pattes de Miaouss. La rouquine hocha la tête, satisfaite du pari. De toutes manières, Jeanne avait dit qu'elle la libèrerait ce soir, alors elle n'avait pas vraiment à s'en faire. - Très bien, dans ce cas, nous pouvons y aller... La noble sortit une Poké Ball de sa robe et la plaça dans la paume de sa main, à hauteur de visage. - Etant donné la différence de niveau, annonça-t-elle, je ne vais utiliser que trois de mes Pokémon contre toute ton équipe. Est-ce que cela te convient ? Sabine aurait volontiers acquiescé pour s'assurer la victoire, mais après une courte hésitation elle secoua la tête et se permit un sourire. - Je ne suis pas ici juste pour essayer de te battre, expliqua-t-elle, je suis ici parce que je veux te rendre la monnaie de ta pièce. Ce ne sera le cas que quand tu seras complètement hors d'état de te battre. Cinq contre cinq ! C'était au tour de Jeanne d'être surprise, mais elle accepta. - Tu l'auras voulu... Floot, go ! - Rattata, tu commences ! Face au Pokémon Normal de Sabine apparut un grand Pokémon à la peau orangée, doté de deux longs appendices bleus sur ses pattes avant. Dressé sur ses pattes arrières, le Pokémon devait mesurer un peu plus d'un mètre dix ; Rattata recula un peu en voyant le mastodonte qu'il allait devoir vaincre sortir de sa Poké Ball. - Ne t'en fais pas, déclara Sabine à l'intention de son Pokémon pour le rassurer. Il est peut-être gros, mais tu es rapide ! Le Pokémon hocha la tête, appréciant visiblement d'être encouragé par sa dresseuse, et il se prépara à bouger en se tassant légèrement sur sa position pour pouvoir réagir plus rapidement aux ordres de sa dresseuse. De son coté, Sabine se demandait calmement de quoi la créature qui lui faisait face était capable. Elle n'avait jamais vu ce Pokémon, aussi ne savait-elle même pas de quel type il était. Ce combat promettait de mettre à l'épreuve ses capacités d'analyse ! - Floot, Sonicboom ! Le Pokémon acquiesça avant d'effectuer un très rapide mouvement avec sa patte droite, juste devant lui. Presque aussitôt, Rattata fut projeté en arrière et poussa un cri de douleur. Il fut rattrapé avant de heurter le sol par Sabine, mais la rouquine n'avait aucune idée de ce qu'il s'était passé. Son ennemi, elle en était sûre, n'avait pas pu frapper Rattata lui-même. Suite à ses entraînements avec Blue, elle était capable de reconnaître une Vive-Attaque quand elle en voyait une. C'était donc autre chose... La dresseuse reposa Rattata au sol, tout en lui murmurant à l'oreille de se tenir prêt à courir dès que Jeanne ouvrirait la bouche pour donner un ordre à son Pokémon. Ca n'arriva pas, et le Pokémon Normal reçut une deuxième fois la mystérieuse attaque sans que le moindre ordre ne soit donné. Ne pouvant encaisser, il s'écroula, apparemment aussi désorienté que Sabine par ce qu'il lui arrivait. La rouquine observa silencieusement ses quatre autres Poké Balls, qu'elle avait étalées sur le sol, essayant de trouver quoi faire pour contrer cette attaque qu'elle ne connaissait pas. Flammie semblait tout aussi désemparée que Rattata, et fixait Floot d'un regard apeuré - c'était la première fois que Sabine la voyait comme ça - à travers la paroi de la boule métallique. Roucoups et Kangourex semblaient se trouver dans le même néant d'informations, mais ils semblaient se croire capables de contrer le Sonicboom si Sabine leur en donnait le temps. Piafabec, quant à lui, fixait sa dresseuse depuis sa Poké Ball avec un air déterminé. - ... Roucoups ou Kangourex, finit par déclarer Sabine à ses Pokémon pour les laisser choisir à sa place. Elle ne voulait pas utiliser Piafabec aussi tôt dans le combat. Presque aussitôt, la Pokémon Normal tendit son bras vers le volatile, lequel acquiesça, mettant fin aux interrogations de Sabine. Ce serait Roucoups. Le Pokémon volant poussa un cri de satisfaction une fois sorti de sa Poké Ball, avant de commencer à utiliser son Reflet. Floot fut bientôt entouré d'une centaine d'images-miroir de son ennemi, et au vu de l'expression de Jeanne Sabine venait de gagner un point technique. Cependant, quelques secondes plus tard, la noble prononça un ordre que Sabine n'entendit pas, et le Pokémon se mit à émettre une lumière blanche dans toutes les directions. Assez rapidement, les images-miroir de Roucoups commencèrent à disparaitre une à une, détruites par la lumière aveuglante que générait Floot. Sabine elle-même eut à cacher ses yeux pour s'en préserver. - Météores, maintenant ! cria la voix de Jeanne. Roucoups s'écroula peu après aux pieds de sa dresseuse, couvert de fumée et incapable de bouger. Lorsqu'elle le rappela dans sa Poké Ball, Sabine constata qu'il était brûlant. Cette attaque... Météores... Elle pensait l'avoir déjà vue une ou deux fois en championnat. Il s'agissait faisceau de billes lumineuses qui avait la réputation de ne jamais rater sa cible. Que ce fait soit averé ou non, Sabine venait de faire les frais de cette attaque. Avec deux Pokémon au tapis, elle commençait à sérieusement s'inquiéter pour la suite du combat. - Floot est un expert en attaques à distance, lui indiqua Jeanne avec un large sourire. Il est très difficile d'esquiver ce genre d'attaques lorsqu'il les utilise. La rouquine ne répondit pas, et projeta une de ses Poké Balls dans les airs. Piafabec n'eut pas besoin de l'ordre de sa dresseuse pour Piquer immédiatement son ennemi, lequel fut projeté en arrière par le coup fulgurant qu'il venait de recevoir. - Ah, bien joué, concéda Jeanne tout en gardant son sourire. Floot, prépare la Nappe sonore ! Le Pokémon fronça les sourcils avant d'acquiescer, et utilisa une attaque Pistolet à O en se relevant. L'eau retomba sur son corps, rendant toute la surface de sa peau humide ; il prit ensuite une pause assez étrange, les pattes avant écartées et les pattes arrière arquées. Sabine savait maintenant une chose de plus qu'auparavant. Ce Pokémon était vraisemblablement de type Eau. N'ayant pas plus d'informations sur la Nappe sonore, elle décida d'attaquer une deuxième fois avec le Piqué. Floot reçut l'impact en pleine poitrine, mais il ne sembla pas affecté. Piafabec, par contre, fut projeté avec une très grande violence en arrière avant de s'écraser sur le sol. Il se redressa vite, mais il semblait tout de même avoir bien senti l'impact. - Bien joué, Floot ! s'exclama Jeanne en applaudissant son Pokémon. Sabine, pour sa part, essayait encore une fois de savoir ce qu'il s'était passé. Ce Floot regorgeait de ressources, il fallait à tout prix trouver une manière de le mettre hors combat avant qu'il n'achève Piafabec. Le Pokémon volant rentra dans sa Poké Ball, pour être remplacé par Kangourex. Même si Sabine avait du mal à se l'avouer, elle n'avait jamais été dans une situation aussi négative en combat de Pokémon, et tous ses espoirs reposaient pour le moment sur la capacité de la Pokémon Normal à contrer Floot. L'immense Pokémon toisa son ennemi de toute sa hauteur, et Floot sembla pour la première fois hésiter à l'attaquer. Kangourex, elle, n'hésita pas. Sans attendre d'ordres de la part de sa dresseuse, elle se mit à courir, créant de petites secousses à chacun de ses pas et encaissant sans broncher les attaques à distance de Floot. Ni les Sonicboom, ni les Météores ne semblaient être en mesure de la déstabiliser ; les projectiles ne faisaient que rebondir sur son cuir sans s'y enfoncer. Après quelques pas, Kangourex se retrouva juste en face de Floot, et elle leva sa patte gauche pour le frapper. - Bloque son coup ! cria Jeanne, visiblement impressionnée par la vitesse de la Pokémon cuirassée. Un instant plus tard, la patte droite de Kangourex frappa Floot sous le menton, dans un magnifique Uppercut qui l'envoya valdinguer à plusieurs mètres du sol. Sabine elle-même n'était pas sûre d'avoir compris toute la manoeuvre, mais elle devinait qu'il s'était agi d'une attaque Bluff. En tout cas, c'en était fini de Floot. - Alors là , je suis impressionnée, déclara Jeanne en rappelant son Pokémon. Cette Kangourex doit être très résistante pour encaisser les coups comme ça. Sur ce, elle sortit une autre Poké Ball, et la projeta sur le sol devant elle. Le Pokémon qui en sortit, Sabine le connaissait déjà pour des raisons auxquelles elle préférait ne pas penser. - Kangourex, ordonna-t-elle d'une voix sèche, ne lui laisse pas le temps d'utiliser sa Berceuse ! Le Skitty, passée une vive observation de son environnement, se mit en effet à chantonner pour essayer d'endormir son ennemie. Elle reçut rapidement un coup de poing qui mit fin à sa tentative, et Jeanne dut envoyer son troisième Pokémon au combat. C'était un petit Pokémon quadrupède arborant une tête presque aussi grosse que lui, et étant donnée la couleur de cette dernière Sabine le devinait être d'un type proche du type Acier. Contre lui, il ne serait probablement pas utile de gaspiller l'énergie de Kangourex ; ce serait à Flammie de s'en occuper. La Goupix semblait encore légèrement troublée par sa frayeur d'un peu plus tôt, mais elle poussa un petit grognement pour signifier à sa dresseuse qu'elle était prête pour son combat. - Très bien, Flammie... Sabine décida au dernier moment de ce qu'elle allait demander à sa Pokémon : - Attaque Lance-Flammes ! La Pokémon Feu hocha la tête brièvement avant de prendre une inspiration, puis cracha un véritable torrent de flammes sur son ennemi. Celui-ci n'avait clairement pas les moyens de l'esquiver et s'écroula bien vite, ce qui surprit légèrement Sabine. La rouquine ne put s'empêcher de porter sa main à sa bouche, surprise par la puissance du Lance-Flammes. C'était la première fois qu'elle demandait à sa Goupix d'utiliser une attaque si puissante, et elle s'était juste attendue à voir des Flammèches. Mais là , Flammie venait clairement d'utiliser une attaque d'un niveau supérieur. La rouquine se demanda silencieusement quel pouvait être le niveau réel de ses Pokémon, compte-tenu du fait que chacun des Pokémon parvenait régulièrement à la surprendre. Dans tous les cas, elle s'interrogeait aussi sur les raisons pour lesquelles Jeanne avait pu laisser un Pokémon aussi faible au combat, face à un Pokémon qu'elle savait si dangereux. - Sabine, fit Jeanne en la tirant de ses pensées, tu sais que tes Pokémon sont vraiment très puissants par rapport à leur espèce ? Sabine hocha la tête, et se prépara à affronter le Pokémon suivant avec Flammie. Devant elle se dressa bien vite un Pikachu. - Flammie, ordonna Sabine d'une voix qui avait retrouvé toute son assurance, ne le laisse pas utiliser ses éclairs ! Approche-toi de lui et utilise des Flammèches pour le mettre hors combat ! La Goupix acquiesça, comme à chaque fois qu'elle recevait un ordre de sa dresseuse, et disparut dans une Vive-Attaque que Sabine ne put s'empêcher de trouver gracieuse. Ces mouvements étaient toujours très impressionnants pour quiconque était capable de les percevoir, et grâce à son entraînement Sabine faisait partie de ces personnes. Le Pikachu ne sembla pas vraiment comprendre la manoeuvre, et envoya des Eclairs dans plusieurs directions, visiblement effrayé ; les Flammèches de Flammie le mirent KO sans la moindre difficulté. Jeanne envoya alors son dernier Pokémon, et Sabine fronça les sourcils. Ce Pokémon allait probablement être un problème. Il ressemblait beaucoup au Capumain de Gold, mais lui possédait deux queues, donc quatre mains. - Flammie, recule et tiens-toi à distance ! s'écria Sabine pour éviter une quelconque attaque surprise. Puis, la rousse prit son temps pour analyser la situation. Elle avait encore trois Pokémon en état de se battre, aussi sa victoire lui semblait presque garantie, mais après avoir combattu Floot elle se doutait que trop d'empressement pourrait lui couter la victoire. Ce Pokémon à quatre mains semblait en effet bien plus entraîné que les trois débutants d'avant. Sabine réalisa alors que la seule posture de son ennemi lui avait permis d'arriver à cette conclusion, et elle s'en sentit fière. Devant elle, Jeanne semblait elle aussi se livrer à un processus de réflexion. Son expression était bien moins confiante qu'auparavant, et elle cherchait sans doute un moyen de vaincre les trois Pokémon de Sabine sans que le sien ne soit battu. La rouquine n'allait pas lui en laisser le temps. Maintenant qu'elle savait Jeanne désavantagée, elle allait en tirer parti. Elle repensa à la méthode qu'elle avait employée contre Capiro, le Capumain de Gold, et rappela Flammie. - Piafabec, fit-elle en projetant une autre Poké Ball au ciel, Reflet ! Le volatile acquiesça, conformément au code établi avec Sabine, et créa une dizaine de Clones plutôt que des Reflets, avant de se mettre à voler en cercle autour de Capidextre. Visiblement, Jeanne ne connaissait pas plus cette technique que la mère de Sabine, puisqu'elle ordonna à son Pokémon d'utiliser une attaque Météores comme Floot l'avait fait contre Roucoups. Elle croyait qu'il s'agissait véritablement de l'attaque Reflet, alors qu'en réalité, chacune de ces images de Piafabec était bien réelle. Elle allait tenter de trouver l'original, mais Piafabec n'allait pas lui en donner l'occasion, et il Piqua sur son ennemi avec toutes ses copies. Le Pokémon Normal esquiva quelques unes de ces lances de lumière, mais il reçut néanmoins bien trop d'impacts pour rester debout et s'écroula face à la puissance de Piafabec. - Bien joué, Piafabec ! s'exclama Sabine en serrant de toutes ses forces son poing devant elle pour signifier sa victoire. Jeanne, pour sa part, rappela son Pokémon avant de se retourner. Sabine l'avait vaincue. Elle finit par se diriger vers sa chambre en compagnie de la personne qu'elle considérait maintenant probablement comme une rivale pour lui à ter son maquillage. Pour sa part, Sabine était très contente de ses Pokémon. Tous s'étaient beaucoup améliorés, et cela la remplissait de joie. Indépendamment, elle avait remis Jeanne à sa place, et c'était déjà une victoire en soi. Dès qu'elle fut de nouveau elle-même, Sabine se détendit et se permit de s'asseoir sur le lit de Jeanne, tout en gardant Flammie dehors pour pouvoir se défendre dans le cas où Jeanne tenterait de reprendre le contrà le. La Pokémon Feu se posa sur les genoux de sa dresseuse pour réclamer des caresses que Sabine fut heureuse de lui offrir. - Finalement, tu es à la hauteur de ta réputation, fit Jeanne. Non, ajouta-t-elle quelques secondes plus tard, tu es même plus forte que je ne l'avais envisagé. Je suis bien obligée de m'incliner, conclut-elle en se penchant face à son interlocutrice. Sabine hocha la tête. Maintenant qu'elle avait vaincue son ennemie, elle n'en avait plus réellement peur, et elle se permit même un sourire. - Tu as de la chance que je ne sois pas rancunière au point de me venger. Jeanne écarquilla les yeux, puis elle éclata de rire. - Oh mais tu sais, ça m'aurait beaucoup amusée ! Seulement, tu n'as pas exactement la carrure pour le faire ! La rouquine sourit à son tour. Elle était largement en mesure de contredire Jeanne, et elle le savait. - Je n'aurais aucun mal à t'immobiliser avec Kangourex. Et puis, j'ai moi aussi mes instruments, ajouta-t-elle en pensant au bracelet de transformation qu'elle avait volé à la réserve d'Azuria. Jeanne serait sans nul doute à sa merci si elle décidait de le lui mettre, mais Sabine ne se sentait pas d'humeur à s'occuper d'une Evoli en plus de ses autres Pokémon, du moins pour l'instant. - Dans ce cas, fit Jeanne, je crois que nous nous amuserons encore à ce genre de jeux. - Ce que tu m'as fait subir, la contra Sabine, n'était pas du tout un jeu. Je n'ai jamais accepté que tu me captures comme ça. La noble sembla soudainement troublée, et hocha lentement la tête. - Amusant, déclara-t-elle. C'est la première fois qu'une de mes proie me le dit aussi ouvertement. Tu as un sacré caractère, même si tu ne le montres pas. - Tu as déjà fait ça avec d'autres personnes ?! s'exclama Sabine. Jeanne étouffa un rire, ce qui fit grimacer Sabine. Il semblait bien s'agir d'une malade. - Tu étais la numéro sept, répondit-elle. Après tout, beaucoup de monde a besoin de mes enseignements, ajouta-t-elle avec une expression énigmatique sur son visage. Sabine se sentit forcée d'essayer d'en savoir plus, et Jeanne lui fit remarquer qu'elle avait plus d'audace que la veille. - Même toi, déclara la brune, tu as reçu ce que je voulais te donner. En une journée, tu es devenue moins timide. N'est-ce pas une victoire en soi ? - Peut-être que je suis devenue moins timide, rétorqua Sabine, mais tu n'avais aucun droit de faire ça ! La noble haussa les épaules. - Pourquoi pas ? J'offre mes services aux personnes qui me semblent dignes de les recevoir. - Et c'est bien là le problème, s'exclama la rouquine en se levant brusquement. Tu ne leur demandes pas leur avis ! A ce moment, pour la première fois depuis qu'elle la connaissait, Sabine vit Jeanne détourner son regard, l'air gênée. Avait-elle réussi à la toucher ? Elle devait continuer. - Plutôt que de piéger les gens comme tu le fais, propose-leur plutôt tes services, en acceptant qu'ils n'ont peut-être pas envie que tu les contrà les comme tu le fais ! La noble hocha lentement la tête. - Hum... J'imagine que tu n'as pas complètement tort, finit-elle par concéder. - Dans ce cas, répondit Sabine sur un ton autoritaire qu'elle ne s'était jamais entendue utiliser, reconnais que ce que tu fais est mal, et change tes méthodes ! La rouquine vit alors la noble acquiescer, et elle l'entendit même utiliser le mot "pardon" ; un sourire se traça sur ses lèvres. Elle avait réussi à l'influencer. Ca, c'était une véritable victoire. - Dans tous les cas, déclara Jeanne après quelques minutes pendant lesquelles elle contempla le mur de sa chambre, maintenant que j'en ai fini avec toi, j'aimerais changer un peu de registre. A partir d'aujourd'hui, mon but sera de te surpasser en combat de Pokémon. Ca fait longtemps que quelqu'un ne m'avait pas intéressé autant que toi, et j'ai envie de me battre de nouveau contre toi - et de gagner. Sabine se sentit rougir de fierté. C'était la première fois qu'on la désignait comme rivale, et elle en éprouvait une certaine joie intérieure. L'humiliation qu'elle avait subie en restait tout de même bien présente, mais elle ne la voyait plus de la même manière maintenant qu'elle se savait vainqueur. Elle réalisa par ailleurs que, si on lui en offrait la possibilité, elle n'était pas forcément entièrement contre l'idée de se soumettre - volontairement - aux traitements de Jeanne. Ce serait différent, elle n'aurait pas la sensation d'avoir été piégée. Ce serait plus un jeu. Mais pour l'instant, ce n'était pas à l'ordre du jour. - D'accord, finit-elle par lui dire en lui tendant la main. Je t'accepte comme rivale. Jeanne la serra calmement, puis les deux filles se séparèrent, Sabine retournant à sa cabine pour retrouver Blue tandis que la noble restait seule dans sa chambre. |
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