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Lecture d'un chapitre



Lecture du chapitre 5
Nom de l'œuvre : Il s'appelait Nigel, Tome 2 Nom du chapitre : Chapitre 5 - Promesse
Écrit par Orube Chapitre publié le : 14/3/2009 à 11:37
Œuvre lue 8845 fois Dernière édition le : 24/4/2009 à 17:42
Chapitre 5 - Promesse






Une semaine avant les vacances de Noël, j´avais reçu une deuxième lettre d´Erin, la seule depuis celle où elle m´avait expliqué ce qui lui était arrivé depuis l´ « incident ». Cette lettre n´était qu´un billet, mais c´était quelque chose de très important pour moi : Erin m´invitai à passer Noël avec elle, dans son orphelinat. Elle avait envoyé le même mot à Nigel et Sean, comme pour montrer qu´elle ne les avait pas oubliés.

« C´est un orphelinat de moldus ? s´informa Sean.

-Oui.

-Et ça ne les dérange pas qu´on vienne ?

-Tu sais, je pense que c´est la première qu´Erin rentre là-bas en dehors des vacances d´été, alors ils peuvent bien lui accorder ça. En plus, je mettrai ma main à couper qu´ils ont peur de ce qu´Erin pourrait faire pour se venger s´ils disaient non. Tu penses bien qu´on a dû leur fournir une explication pour son soudain transfert dans une école française, dis-je.

-Ils ne savent pas que la magie est interdite en dehors de l´école ?

-A mon avis, ils ne savent que ce qu´Erin a bien voulu leur dire à ce sujet », fit Nigel avec un sourire en coin.






Donc, six jours plus tard, nous étions tous les trois à Londres, face à un bâtiment à la façade grise et abîmée par la pluie et la pollution. C´était difficile de se dire que même dans un endroit pareil, Noël pouvait exister. Nous frappâmes ; une femme, à peu près la quarantaine, vint nous ouvrir.

« C´est pour quoi ? fit-elle sèchement.

-Euh... »

Elle avait les cheveux gris et le visage dur. Si on y ajoutait le ton de sa voix, ce n´était pas vraiment une personne très engageante.

« Nous venons voir Erin, lui dis-je.

-Ah, c´est vous ! »

Son expression se radoucit aussitôt. C´était spectaculaire. Elle nous fit entrer et nous débarrassa de nos manteaux. Je fus ravie de constater que Nigel avait suivi mes conseils et avait accepté de porter la chemise de son uniforme accompagnée d´un jean. Quand on voyait certains sorciers se déguiser pour tenter de se faire passer pour des moldus, cela fràlait parfois la catastrophe, et comme Nigel avait grandi dans un village exclusivement habité par des sorciers, je m´étais attendue au pire.

L´intérieur de l´orphelinat était très différent de ce à quoi on aurait pu s´attendre en voyant l´extérieur. Ce n´était pas à proprement parler chaleureux, ça ressemblait plutôt à une école sans les salles de classe, mais c´était quand même assez joli.

Erin nous attendait dans ce qui était apparemment une salle de jeux.

Depuis la dernière fois que je l´avais vue, deux ans auparavant, elle avait beaucoup changé. Evidemment, elle avait grandi, mais elle était aussi plus mince et ses cheveux étaient plus longs et plus bouclés qu´avant. Elle était encore plus belle qu´avant.

« Je suis contente de te voir, lui dis-je en l´enlaçant.

-Ça fait déjà un bout de temps, reconnut-elle. Salut les garçons !

-Salut Erin.

-On monte ? proposa-t-elle. Je pense qu´on a beaucoup de choses à se dire, autant avoir un peu de tranquillité. »

En disant cela, elle lança un regard assassin à la femme qui nous avait accueillis. Le genre de personne qui écoute aux portes ?

Erin nous emmena dans sa chambre. Je compris alors un peu pourquoi elle avait été si heureuse le jour où elle avait été admise à Poudlard. N´importe quel changement lu aurait sans doute convenu à ce moment-là. La chambre était triste. Pas qu´elle était laide ou trop petite ou n´importe quoi de ce genre, mais elle était tout à fait impersonnelle. Sans doute les enfants n´avaient-ils pas le droit d´accrocher quoi que ce soit aux murs, qui étaient blancs comme neige. Le sol était en parquet clair, et la pièce ne comportait que deux lits et une armoire.

« Tu partages ta chambre avec quelqu´un ? constatai-je.

-Oui. Une fille du même âge que moi. On ne se dit pas grand-chose, et quand je ne suis pas là elle est plutôt contente. C´est une privilégiée, elle a sa propre chambre. Enfin, je la comprends. Vous voulez grignoter quelque chose ? nous demanda-t-elle en sortant des paquets de biscuits d´un tiroir de l´armoire.

-Ah, oui, des BN ! réclamai-je. Ça fait un bail que je n´en ai pas mangé !

-Des quoi ? fit Nigel.

-Des BN.

-C´est quoi, ça ? »

Sean, Erin et moi restâmes silencieux, le contemplant avec tristesse et consternation.

« Tu ne sais pas ce que sont des BN ? dis-je, stupéfaite.

-D´où est-ce que tu sors ? continua Sean.

-Je n´aurais jamais cru que quelqu´un me poserait une question pareille un jour, renchérit Erin.

-Arrêtez de vous payer ma tête et répondez à ma question ! s´énerva Nigel.

-Ce sont deux biscuits superposés avec du chocolat entre deux, l´informai-je.

-Goûte ! » fit Erin en lui en tendant un.

Nigel prit le biscuit, y jeta un coup d´œil soupçonneux et croqua dedans du bout des dents.

« C´est pas terrible... grimaça-t-il. Trop sucré.

-Oh, le pauvre petit chou ! lança Sean. On voit bien qu´il y a des bourges parmi nous ! »

Sur ce, Sean s´empara du biscuit et l´avala en une bouchée.

« Pwa ´e gwa´i ! ajouta-t-il, la bouche pleine.

-En anglais, ça donne quoi ?

-Où est-ce que tu as appris les bonnes manières ? tança Nigel.

-´ais ´oi ! »

Voyant que la « dispute » de Nigel et Sean à propos des BN allait en s´éternisant, je leur coupai la parole pour dire à Erin :

« Bref, on n´est pas venus ici pour faire découvrir les BN à Nigel, pas vrai ? »

Je regardai Erin : ses yeux était à la fois plein de reconnaissance de l´aider à aller au but, mais aussi d´appréhension en sachant que le moment qu´elle redoutait le plus était sur le point d´arriver.

« J´aimerais bien que tu m´expliques ce qui s´est passé ce soir-là, demandai-je à mi-voix.

-J´aimerais bien pouvoir le faire, mais je ne sais pas. Ça s´est passé comme dans un rêve.

-Dans ta lettre, tu m´as parlé de l´Imperium, lui rappelai-je.

-Et bien... C´est ce que m´ont dit les médecins, en tout cas, les gens qui m´ont examiné à ce moment-là. Ils sont en train de mener une enquête à propos de ça, mais avec tout ce qui s´est passé récemment...

-Tu parles de l´évasion massive à Azkaban ?

-Oui, confirma-t-elle. Ils n´ont pas trop le temps de s´occuper de moi à cause de ça, ou en tout cas, je ne suis pas en haut de la liste des priorités. Mais il y en a aussi beaucoup qui sont convaincus que j´ai agi de mon propre chef, ajouta-t-elle tristement.

-Pourquoi ?

-Les traces qu´a laissé le sortilège de l´Imperium ne sont pas normales. Pas comme celles qu´on voit d´habitude. Ils pensent que je me les suis infligées moi-même pour qu´on ne me croie pas coupable. »

J´en avais le souffle coupé. Les garçons, eux aussi, avaient l´air indigné.

« Ils croient que tu l´as fait exprès ? s´étouffa Sean. Que tu as essayé de tuer Myra ? Que tu voulais vraiment la tuer, je veux dire ?

-Apparemment, fit Erin.

-Ils préfèrent soupçonner quelqu´un de plus facile à arrêter, sans doute, déclara Nigel.

-Ces types sont vraiment stupides, rajoutai-je. Une gamine de onze ans, saine d´esprit, qui commettrait un meurtre prémédité. Excuse-moi, mais ça ne tient pas debout !

-Ce n´est pas à moi qu´il faut dire ça ! » riposta Erin.

On frappa à la porte de la chambre. Sans attendre de réponse, la même femme qu´à l´entrée ouvrit la porte et nous demanda :

« Vous dînerez bien avec nous, n´est-ce pas ? »

Erin n´avait pas l´air enchanté, mais à la vitesse où Nigel sauta sur ses pieds, elle n´avait guère le choix. Sean le suivit, me laissant seule avec elle.

« Vous dormez ici, ce soir ? questionna Erin. Vos parents ne vont rien dire ?

-Ça fait deux ans que je n´ai pas fêté Noël avec ma mère, alors une année de plus ou de moins ne traumatisera personne. Et les gens qui s´occupent de l´orphelinat, ça ne les gêne pas qu´on reste ici ?

-Même si c´est le cas, ils n´oseront rien dire. Ils ont trop peur de vous. Pour eux, nous sommes un peu comme des monstres, tu sais ? dit-elle, amusée.

-Je vois le genre. J´aimerai bien pouvoir effrayer ma mère comme ça, ce serait pratique de temps en temps. »






Ce ne fut pas le Noël le plus joyeux que je pus passer dans ma vie. Deux enfants venaient d´arriver à l´orphelinat. Ils étaient jumeaux, et leurs parents venaient de mourir d´une intoxication au monoxyde de carbone pendant que les enfants étaient tous les deux chez leurs grands-parents. Ils n´avaient aucune famille susceptible de pouvoir s´occuper d´eux et étaient donc arrivé la veille de Noël dans cet orphelinat londonien ou personne ne les connaissait et où personne ne pouvait vraiment les soutenir. La fillette pleurait dans les bras de son frère qui de son côté paraissait déconcerté, comme si quelqu´un venait de lui raconter quelque chose d´impossible auquel on l´aurait pourtant contraint de croire. Les autres enfants les regardaient avec indifférence. Je trouvais cela un peu... médusant. Tous, tous sans exception avaient dû au moins connaître une fois l´abandon ou la mort d´un proche. Ils arrivaient à considérer cela comme normal ? Ou alors ils étaient habitués à ce genre de scènes ?

« Hé... murmurai-je en m´agenouillant à côté d´elle tandis que les autres enfants ouvraient leurs cadeaux et riaient entre eux. Comment tu t´appelles ? »

Elle renifla, lâcha son frère pour pouvoir me regarder et s´essuya les yeux en répondant.

« Marina...

-Et toi ? fis-je en me tournant vers le garçon.

-Qu´est- ce que ça peut te faire ? » répliqua-t-il.

Bizarrement, ce genre de réaction me rappelait vivement quelqu´un.

« Je te demande ton nom. Tu pourrais me répondre ? insistai-je.

-Je n´ai pas envie.

-On ne t´a jamais dis que tu n´étais pas aimable ? »

Il me considéra avec attention. Personne n´avait dû lui parler ainsi depuis son arrivée ici.

« Je n´ai pas l´intention de te parler différemment des autres juste parce que tu viens de perdre tes parents, c´est clair ? »

Les deux enfants me contemplèrent, proprement stupéfaits. Le frère lâcha totalement sa sœur, ses bras retombant mollement le long de son corps.

« Moi, je n´ai plus mon père, continuai-je sur un ton sec, et ça ne t´empêche pas de me parler comme si je n´étais pas une personne... égale à toi.

-Myra ? » m´appela Nigel.

Il se tenait derrière moi. Depuis combien de temps m´observait-il ?

« Eliot, répondit le garçon.

-Ah. Moi c´est Myra. Pourquoi est-ce que vous n´allez pas rejoindre les autres enfants, tous les deux ? Je suis sûre qu´il y a aussi des cadeaux pour vous, sous ce sapin. Enfin, peut-être pas à proprement parler sous le sapin, nuançai-je, c´est vrai qu´il est un peu ridicule et sûrement trop petit pour que tous les paquets tiennent en dessous, mais bon, vous voyez où je veux en venir ? »

Ils hochèrent la tête machinalement, toujours étonnés de ce que je venais de leur dire.

« Vous savez, vous vous sentirez assez tristes quand vous serez seuls. Pour l´instant, c´est la veille de Noël, ce n´est pas vraiment le moment de pleurer, vous ne pensez pas ? Je sais que ce n´est pas facile, mais si vous ne pouvez pas vous amusez, essayez au moins de faire semblant. Quand on est un assez bon acteur, on finit par se convaincre soi-même. Et on se croit moins malheureux. »

Et les deux enfants s´exécutèrent, peu convaincus de ce que je leur avais dis, mais au cours de la soirée ils parvinrent à discuter un peu avec les autres pensionnaires.

« Myra, pourquoi est-ce que tu leur as dis ça ? » me demanda Nigel.

Et j´entendis une voix qui ressemblait étrangement à la mienne et qui de surcroît semblait émaner de mon corps répondre :

« Je sais que ça ne sert à rien de se complaire seul dans le malheur. »

Nigel ne cilla pas mais parut mettre un certain temps à comprendre où je voulais en venir.






La soirée ne se termina pas très tard, parce qu´on devait coucher les plus petits et ces derniers ne comprenaient pas pourquoi ils devaient se coucher avant leurs aînés. Donc, pour éviter des querelles interminables, tout le monde allait se coucher à minuit et demi, point final. La « colocataire » d´Erin n´était pourtant pas dans sa chambre quand vint le moment du couvre-feu.

« Elle a dû aller avec les autres filles dans la chambre de Leïla. Elles vont sans doute toutes dormir là-bas.

-Elles ont le droit ? interrogea Nigel.

-Depuis quand est-ce que tu te soucies des règlements ? » questionna Erin.

Les garçons prirent donc le lit de l´autre fille tandis que je me couchai dans celui d´Erin. Bientôt, nous eûmes droit à un concert de ronflements.

« C´est qui, à ton avis ?

-Les deux. Une seule personne aurait du mal à faire autant de bruit.

-Tu as sans doute raison. »

Je tentai à nouveau de m´endormir, mais en vain.

« Erin ?

-Oui ? répondit-elle doucement.

-J´aimerais bien que tu reviennes à Poudlard. Ce n´est plus pareil, depuis que tu n´es plus là.

-Ce sera un peu compliqué. Mes... tuteurs ne me laisseront pas retourner là-bas tant qu´ils ne détiendront pas la preuve formelle que je n´ai pas essayé de mon plein gré de te tuer.

-Mais s´ils avaient une preuve, ils seraient obligés de te rendre ta liberté de mouvement, non ?

-Peut-être, concéda-t-elle.

-Alors, je trouverai.

-Hein ?

-Je trouverai une preuve, répétai-je. Je ne sais pas comment mais je finirai bien par trouver. Je te le promets.

-...Merci. »

Erin ne tarda pas à s´endormir. De mon côté, je repensai aux jumeaux qui venaient de perdre leurs parents, et cela m´empêcha de trouver le sommeil. A quoi pouvait bien servir la magie si l´on n´était même pas capable d´éviter des morts aussi stupides ? Même si les victimes étaient des moldus ? Etait-ce trop demander que de partager le don de la magie, de la même façon que la mère de Nigel le faisait, discrètement ?






« J´ai l´impression que ça n´a duré que quelques minutes, se plaignit Erin.

-En fait, on tire plutôt sur les quelques heures, rectifia Sean, mais c´est vrai que c´était trop court. »

Nous étions de nouveau dehors, face à l´orphelinat. Le temps était resplendissant mais ne parvenait à égayer ni la façade grise du bâtiment ni mon humeur.

« Tu rentreras bientôt chez toi, dis-je à Erin. N´oublie pas ça. »

Elle me sourit.






Deux secondes plus tard, nous étions revenus chez Nigel grâce à un portoloin.
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