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Lecture d'un chapitre



Lecture du chapitre 4
Nom de l'œuvre : PuZzle Nom du chapitre : Chapitre 5: Mémoires
Écrit par kamui shiro Chapitre publié le : 8/4/2009 à 21:09
Œuvre lue 12600 fois Dernière édition le : 8/4/2009 à 21:18
Il pleuvait. Je pouvais entendre le doux bruit des gouttes d'eau qui percutaient les vitres de la fenêtre de ma chambre. Les gouttes ruisselaient le long du verre et l'eau s'accumulait petit à petit sur le balcon en dessous de la fenêtre.
« L'eau va rentrer dans la chambre. Â» Pensais-je. « Je vais mettre des journaux pour l'absorber. Â»
Lentement, je soulevai mes draps, puis me levai. Je fis quelques pas prudents; le peu de lumière donnait aux murs blancs une apparence grisâtre et je ne percevais que des ombres. Je tâtonnais dans le noir, à la recherche d'une étagère; je savais qu'il y avais dedans un carton pleins de journaux.
Ma main heurta soudain un mur et la vibration fit s'allumer l'écran d'une monstre numérique. La forte lumière émanant de l'appareil éclaira la chambre une dizaine de secondes, puis s'éteignit. Je pris la montre par le bracelet et la remuai un peu pour qu'elle se rallume. Je pouvais maintenant discerner les objets plus clairement.
Je m'approchai alors de l'étagère dont les contours étaient plus visibles, et aperçu le carton. Je le soulevai un peu difficilement, puis le reposai sur la table de ma chambre, où une photo trainait. Elle m'interpella un instant, jusqu'à ce que je me souvienne que c'était 'sa' photo. En pensant à lui, je souris, puis me mis à fouiller dans la grosse boite pleine de journaux pour en trouver un qui conviendrait dans le ràle d' éponge.
Des dates et des titres défilaient devant mes yeux.
''11 Juin 2004, La firme OpenBalls a fait de gros bénéfices...''
''24 Septembre 2005, Une tornade fait deux morts à Carmin-sur-mer, un terrible accident, les corps n'ont pas été retrouvés.... "
''25 Septembre 2005, Un incendie tue une personne à Lavanville...''
''4 Octobre....''
"8...''
Je décidais de choisir l'article parlant des dangers qu'encourait la firme OpenBalls. Il était plutôt récent, mais ne m'intéressait pas. "La séparation d'OpenBalls et de Kera-Science est un mauvais signe, il semblerait que les deux frères, suite à une dispute...''
Et cetera, pensais-je, avant de plaquer les feuilles sur les bords de ma fenêtre. L'eau pénétra le papier grisâtre, faisant déteindre et s'écouler de l'encre sombre sur mes mains.
Je regardais le liquide noir ruisseler sur mes doigt. L'encre ne s'arrêtait pas de couler et mes mains prenaient progressivement une teinte noire. J'observais le phénomène avec inquiétude.
Soudain, un violent éclair déchira le ciel. Je fis un pas rapide en arrière pour m'éloigner de la fenêtre.
Le grondement du tonnerre fit trembler mon corps et toute la chambre; jamais je n'avais entendu pareil bruit.
La fenêtre s'ouvrit brusquement, laissant entrer dans la pièce une violente vague de pluie et de froid. Les gouttes entrainées par le vent me griffèrent le visage et l'air glacial me coupa le souffle.
Je fixais, terrifiée, le ciel noir menaçant. Une intense lumière trancha à nouveau la masse nuageuse et vint brutalement s'introduire dans la chambre.
Une explosion retenti, je sentis mon corps bouillir...

- AAH !
- Aah....
- ...

Le cri que j'avais poussé me réveilla d'un coup. La sueur coulait sur mon front et mes mains tremblaient encore. J'avais rêvé. Avais-je rêvé de moi-même? J'en étais certaine. Cette chambre, cette étagère...Cette photo...
J'essayai de me calmer.
« Qu'y avait-il sur cette photo? Â»
« Lui ? Â»
« Mais qui était-il, 'lui' ? Â»
« Pourquoi n'avais-je pas regardé la photo...? Â»
Déjà, le souvenir de mon rêve devenait de plus en plus flou et disparaissait lentement. Je ne comprenais pas comment un fait si important pouvait s'en aller si vite. Une rage naquit en moi, et je me mordis la lèvre. Je levai le poing pour frapper le sol,
mais je ne percutai rien de solide.
- Grrrrr-AIE !
Une décharge électrique me parcouru la main et je me levai en sursaut. J'ouvris grand les yeux. Je constatais alors que j'étais dans une pièce, assise sur une couverture blanche, et que je n'étais pas seule.
Zero-Volt me fixait, la mine furieuse. Je restai un instant sans bouger, le regard figé, les pensées gelées. Son apparence était perturbante. Le monstre couché devant moi avait la forme d'un humain, mais sa peau, son visage, ses bras, ses mains, ses pieds...étaient recouverts d'écailles dorées et tranchantes, ou peut-être, de poils solides et longs, tous hérissés; j'avais du mal à saisir la nature de cette protection.
- J-Je suis désolée, bégayai-je.
La créature dorée continuait de me regarder fixement. Ses yeux bleus-ciels me pénétraient. Je dois avouer que je les trouvais beaux, et en les contemplant, un sentiment de calme et de réconfort s'établissait en moi. Étrangement, le regard de ce monstre me rassurait.
Zero-Volt cligna lentement des yeux et tourna la tête. Ses poils hérissés retombèrent lentement sur sa peau, puis il se rapprocha de moi avant de reposer sa tête sur ses bras. Il ferma lentement les yeux en exprimant un petit grognement doux, et je compris qu'il ne m'en voulait plus. Je posai délicatement ma main sur son dos, pour le caresser. À la vision de mes longs ongles noirs et de ma peau sombre, mon malaise ressurgit.

Je me mis à regarder autour de moi avec crainte. Je ne me souvenais pas de comment j'étais arrivée dans cette pièce. Je me souvenais juste que j'avais perdu connaissance. Pixie était allée chercher de l'aide et était revenue avec Zero-Volt. Je l'avais vaguement aperçu pendant qu'il me trainait.
Ensuite, je m'étais visiblement endormie.
Enfin, je m'était réveillée là, dans cette pièce inconnue.
Je levai la tête pour regarder le plafond; il était haut. Un grand arbre mort était incrusté dans les murs de la chambre. L'arbre était soutenu et consolidé par des plaques de métal et s'élevait jusqu'à la voûte. Deux solides branches à quelques mètres de ma tête maintenaient trois grosses et larges poutres reliées entre elles. Une queue flottait, là haut, dans le vide, et j'en conclus qu'un 'monstre' devait y dormir.
Je soupirais. Combien étions-nous dans cette situation? Je préférais ne pas connaître la réponse.
Mon regard se posa sur la fenêtre en face de moi. La première chose qui attira mon attention était qu'il pleuvait. « Comme dans mon rêve Â», pensais-je. La deuxième, était que la fenêtre était barrée.
Je me frottai les yeux pour m'assurer que je n'avais pas mal vu, mais les barreaux ne disparurent pas.
« Je suis prisonnière ici. Â» affirmais-je.
Je regardai Zero-Volt.
« Lui aussi.»
Subitement, j'eus envie de voir Pixie, mais elle n'était pas dans la pièce. Je me mis à chercher une porte, et il y en avait une à ma droite. Je me levai et m'en approchai, titubant légèrement. La grande porte close était construite de métal argenté et mon corps se refléta sur celui-ci. Je serrai les dents, sentant les larmes monter. La même phrase, « Ce n'est pas possible Â», résonnait incessamment dans ma tête.
Je cherchais le dispositif d'ouverture de la porte, mais je ne voyais rien d'autre qu'une plaque lisse de métal. « Il doit être de l'autre coté Â», pensais-je. Lasse et résignée, je me laissai tomber sur le tapis de couverture. Je m'assis contre le mur, et baissai la tête. J'essayais de réfléchir.
Soudain, une voix grave retentit.
« Ces salopards nous ont enfermés. Â»
Je relevais rapidement la tête.
- Hu ?
- Ouais.
Je cherchai autour de moi, sans voir personne.
- Qui parle ?
- Moi.
- Je ne te vois pas !
- C'est normal, je joue avec ton esprit.
- Hein ?
- J'arrête.
Pendant une courte seconde, je ne vis et ne compris plus rien, comme si ma tête avait gelé. Lentement, une forme apparu devant moi. Inquiète, je tentai de reculer, mais le mur derrière moi me bloquait.
- Me craint pas. C'est pas à toi que j'en veux.
Je ne percevais pas encore la forme exacte de la personne devant moi, mais j'en jugeais qu'elle n'était pas totalement humaine, à la vue de l'intense violet qui se dégageait d'elle.
- Je suis Spirit, et toi?
Je fronçai les sourcils.
- T-Tu... Tu sais qui tu es ?!... bégayais-je maladroitement.
Un sourire écoeuré se dessina sur ses lèvres.
- Évidemment que je ne sais pas. Spirit est le nom que 'ces gens' m'ont donné.
Je baissai la tête, déçue. L'espoir qui avait fait surface venait de s'éteindre.
- Ces gens? Tu sais qui ils sont? Tu sais ce qu'on nous a fait? Demandais-je.
L'être hybride ne répondit pas. Je levais un oeil discret vers lui; mes esprits revenus, je pouvais maintenant le considérer dans son intégralité.
Cet être étrange était orné d'impressionnants cheveux longs et épais qui tombaient sur ses épaules et s'étendaient jusqu'à ses 'pattes'. La couleur de sa tignasse était d'un puissant violet, comme certains membres de son corps recouvert de fourrure. Le mot 'pattes' devait être pris à sa juste valeur. En effet, ses membres antérieurs et postérieurs étaient ceux d'un félin. Ils étaient recouverts de poils mauves, mais ne possédaient pas de griffes. Je fus également surprise de constater qu'il portait un pantalon noir. Son visage avait une forme humaine, tout en ayant les traits proche d'un...Mentali. Ses deux yeux oranges à la rétine aussi fine qu'une aiguille me rendaient mal à l'aise. J'évitai son regard.
- Tu as bientôt fini de me regarder comme ça? Dit-il, sèchement.
Je ne répondis rien. Je tournai la tête pour regarder ailleurs.
- Ne m'énerve pas, continua-t-il.
A ces mots, je le regardai à nouveau.
- Je ne veux pas t'énerver. C'est toi qui me menace.
- Je te fais peur ?
Ses traits se crispèrent.
- Je...Oui...Un peu. Répondis-je, inquiète.
- Pathétique.
Mon corps frissonna de crainte suite à cette remarque froidement prononcée. Les yeux de Spirit se mirent à rayonner. Il me fixait, le regard plein de colère et de vice. La cadence de mon coeur s'accéléra, et mes bras se mirent à trembler d'angoisse. Je flairais qu'un danger s'approchait, sans pour autant le connaître. L'être en face de moi ne m'inspirait aucune confiance. Je sentais qu'il allait m'attaquer et je savais à quel point il était puissant. Je voulais m'enfuir, mais j'étais dans une pièce fermée, contre un mur et en face d'un monstre qui m'avait manipulée quelques minutes plus tôt.
J'étais sans défense.
Alors que Spirit s'apprêtait Ã  me torturer l'esprit, une réaction étrange, instinctive, se produisit. Mon dos se courba en avant, je posai mes mains sur le sol devant moi, ma queue se dissimula entre mes jambes et j'inclinais la tête. Je me mis instinctivement en posture de soumission, sans réfléchir, sans même savoir que c'était la seule issue.
Je tremblais de peur.
Spirit m'observait de haut, les yeux toujours brillant. Je sentais qu'il hésitait. Je sentais sa colère. Ma respiration était haletante, rapide.
Violemment, sa queue me gifla le visage, telle un fouet. Je me sentis humiliée.
« Tu me fais honte, Noctali Â» Entendis-je dans ma tête, avant qu'il tourne les talons et s'éloigne de moi.
Lentement, je me relevai. L'adrénaline faisait encore son effet et je n'arrivais pas à me concentrer. Je regardais Spirit s'éloigner de moi. Je le vis s'assoir contre l'arbre mort, calme. Il me jeta un vague regard, puis tourna la tête pour observer la bête dorée. Dans ma peur, je n'avais pas constaté que Zero-Volt s'était réveillé. Il surveillait le monstre violet, énervé.
- ça va, je l'ai pas blessée, Zero. Elle est tellement faible que ça ne serait pas intéressant, affirma t-il d'un air mauvais.
Zero-Volt grogna, avant de fermer les yeux et de faire mine de dormir. Moi, je ne pouvais pas détacher mon regard de Spirit. J'avais envie de lui dire que ce n'était pas ma faute si j'étais faible et que je ne comprenais pas pourquoi il me voulait du mal. Cependant, dans la crainte de l'énerver encore, je choisis le silence.

J'étais calme à nouveau.
Je levai la tête pour regarder les poutres, espérant apercevoir la dernière personne dans cette pièce. Hélas, seule sa queue dépassait, flottant toujours dans le vide.

Je me rapprochai alors de Zero, pour retrouver près de lui quelque réconfort. J'avais besoin de méditer un peu.
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