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Lecture d'un chapitre



Lecture du chapitre 1
Nom de l'œuvre : Il s'appelait Nigel, Tome 3 Nom du chapitre : Chapitre 1 - Mélancolie
Écrit par Orube Chapitre publié le : 19/4/2009 à 18:09
Œuvre lue 10096 fois Dernière édition le : 19/4/2009 à 18:10
Chapitre 1 - Mélancolie






Le temps était pluvieux. Pas étonnant pendant un mois de Novembre, mais triste quand même.

« Myra ? Est-ce que tu as fait le devoir pour Finch-Fletchey ? »

Je me détournai de la fenêtre. Erin m´observait de son regard bleu marine, assise à une table non-loin de la cheminée. Elle avait l´air typique de quelqu´un qui s´ennuie profondément mais qui est quand même obligé de travailler : accoudé sur la table, la joue écrasée contre sa main et un stylo qu´elle s´amusait à faire tourner entre ses doigts. Elle avait beau passer plus de temps dans la salle commune de Serdaigle que dans la sienne, soit disant pour que l´ambiance soit plus studieuse, sa méthode ne me semblait guère efficace.

« Oui, mais je ne te le prêterai pas, fis-je d´une voix monotone.

-S´il te plaît ! Sans ça, je n´aurais jamais le temps de le finir, argumenta-t-elle. On a entraînement de quidditch toute la soirée, demain !

-Tu n´as qu´à le faire ce soir, alors, répliquai-je.

-Sois gentille ! J´ai déjà deux autres devoirs à rédiger ce soir !

-Tu n´avais qu´à t´y prendre plus tôt. Je n´ai pas envie de travailler », conclus-je.

Erin comprit que ce n´était pas la peine d´insister.

« Tu crois que vous allez gagner, samedi prochain ? l´interrogeai-je.

-Je pense. Notre équipe a des joueurs plus expérimentés que Serdaigle.

-En tout cas, ils m´ont l´air très motivés, lui fis-je remarquer. Surtout Esther. Tu devrais te méfier.

-Esther a toujours eu tendance à fanfaronner.

-Elle se débrouille bien.

-Oui, mais elle ne relève pas encore assez le niveau de son équipe. »

Esther franchit alors la porte de la salle, toute guillerette, comme à son habitude. Quand elle vit Erin, elle lui lança, plaisantant :

« Tu penses déjà à ta prochaine défaite ?

-Dans tes rêves, petite. On va remporter ce match 300 à 0.

-J´aurais attrapé le vif d´or avant même que tu n´aies eu le temps de toucher la souafle !

-C´est ça, c´est ça, tu m´as déjà dit ça l´année dernière. Rappelle-moi qui a remporté le championnat ?

-Vous n´aviez que dix points d´avance, c´était un coup de chance, rétorqua Esther.

-Les Gryffondors sont les meilleurs, désolée de te décevoir, mais il en a toujours été ainsi et ça continuera jusqu´à ce que cette école tombe en ruine.

-Et tu oses l´accuser de fanfaronner ? » me moquai-je.

Elles continuèrent ainsi jusqu´à l´heure du couvre-feu, où Erin devait rejoindre son dortoir. Pires que les garçons. Ce n´était pas peu dire.

Personnellement, j´espérais que Serdaigle allait l´emporter. D´une part parce que c´était ma maison. De l´autre parce qu´Esther était plus difficile à supporter quand elle était de mauvaise humeur qu´Erin. Cette dernière conservait toujours son calme. C´était l´une des principales qualités que je lui enviais.

Je regardai de nouveau à travers la vitre. La pluie avait quelque chose de familier.

Une espèce de mélancolie.






Le samedi au petit déjeuner, toutes les discussions étaient déjà tournées vers le match qui allait se jouer dans deux petites heures. Les supporters de Serdaigle tentaient d´intimider ceux de Gryffondor et vice-versa, tandis que les élèves de Poufsouffle et de Serpentard ouvraient les paris sur l´équipe qui sortirait gagnante. Des petits jeux qui agaçaient sans aucun doute les professeurs mais qui faisaient partie depuis si longtemps des traditions de Poudlard qu´il était impossible de convaincre les élèves d´arrêter. D´ailleurs, même si les professeurs avaient le devoir de faire régner l´ordre, cela ne les empêchaient pas d´afficher clairement leur préférence quant à ceux qu´ils souhaitaient voir gagner.

Sean arriva un peu en retard, un objet grisâtre et suspect à la main.

« Qu´est-ce que c´est que ce machin ? me méfiai-je.

-Je ne sais pas trop. Je viens de le confisquer à un élève de troisième année. Cette horreur était collée à son visage. J´ai eu du mal à l´enlever. Il a bien failli être étouffé.

-Et tu n´as pas peur que ça nous saute dessus, là, tout de suite ? fis-je, n´ayant tout à coup plus faim.

-Un peu, mais de toute façon, il vaut mieux que je le surveille plutôt que de le laisser entre les mains de gamins.

-Je ne suis pas d´accord. Ton devoir de préfet, ça ne regarde que toi. Je refuse de me faire attaquer par une horrible boule de poil grisâtre. »

Et sur ces mots, je me levai pour aller manger avec Erin. Je me demandai en passant depuis combien de temps je n´avais pas mangé à ma table. La réponse mit quelques secondes à me venir : depuis le banquet de la rentrée.

Nos allées et venues, à Erin, Sean et moi, rendaient les profs fous. Ils tentaient tant bien que mal de nous faire regagner nos places respectives à chaque fois qu´ils nous remarquaient, mais dès qu´ils nous tournaient le dos pour retourner s´asseoir à leur table, nous recommencions. Et ils n´avaient pas le courage de se lever vingt fois par repas. Soixante fois pas jour.






Dans les gradins, l´ambiance était toujours électrique, et ce match-ci ne fit pas exception à la règle. J´allai m´asseoir à côté de Sean, qui avait eu la bonne idée de se débarrasser de l´étrange chose grise. Peut m´importait de ce qu´il en avait fait, du moment qu´elle restait le plus loin possible de moi. Le match commença dans les acclamations de joie. Tous les supporters étaient encore assis, mais ça n´allait sans doute pas durer longtemps.

Esther aurait dû chercher le vif d´or en survolant le terrain, mais apparemment, elle n´en avait cure. Elle préférait gêner Erin qui venait de s´emparer de la souafle en tournant autour d´elle, passant au dessus puis en dessous d´elle et lui adressant des signes de la main, des sourires, comme un parent ferait à un enfant en bas âge. Erin, cependant, conserva comme toujours son sang-froid. Elle fonçait vers les buts et même si Esther s´était mise à danser les claquettes debout sur son balai, cela ne l´aurait pas empêché de marquer un but. Pour Esther, ce fut comme une douche froide. Elle s´immobilisa en l´air, balayant le terrain du regard. Soudain, elle plongea. Tout le monde fut surpris et j´entendis quelques cris autour de moi, mais je ne prêtai guère d´attention à cette manœuvre.

« C´est une feinte » commenta Sean.

Bien sûr. Esther voulait faire croire à l´attrapeur de Gryffondor qu´elle avait repéré le vif d´or afin de le détourner de son objectif. Concentré sur la trajectoire d´Esther, il ne chercherait plus à voir le vif d´or. Cela donnerait alors tout le temps à Esther pour trouver la minuscule balle d´or et elle aurait ainsi un avantage sur son adversaire.

Sauf que ce n´était pas une feinte. Sean avait mal vu. Esther plongea en piquet et s´arrêta à environ deux mètres du sol. Elle brandit alors son poing au dessus de sa tête. Les ailes du vif battaient faiblement entre ses doigts.

Une clameur impressionnante s´éleva alors des tribunes de Serdaigle. Les supporters étaient aux anges. Serdaigle avait remporté le match 160 à 20. Le tout avait duré moins de dix minutes.

Le professeur Sinistra entra alors sur le terrain. Elle fit signe aux joueurs de redescendre, mais Esther voulait encore profiter un peu de la gloire dont elle jouissait grâce à cette victoire écrasante.

« Esther Malefoy, atterrissez immédiatement ! » hurla la voix sèche, magiquement amplifiée du professeur.

Les cris cessèrent aussitôt. Le timbre de Sinistra avait quelque chose d´inhabituel. Un semblant de nervosité. Le professeur Sinistra ressemblait en cela à Erin qu´elle était toujours d´humeur égale, et sa voix n´avait jamais les intonations que l´on venait d´entendre, en temps normal.

Alors que tous les élèves chuchotaient, imaginant ce qui pouvait bien se passer, Esther alla rejoindre son équipe au sol. Elle disparut presque instantanément dans les vestiaires, précédée du professeur.






Quand Sean et moi fûmes enfin sortis des gradins, nous retournâmes directement à la salle commune de Serdaigle, où Esther devait sans doute fêter dignement les évènements. Lorsque nous nous faufilâmes à l´intérieur, essayant d´être les plus discrets possible, une foule s´approcha de nous, prête à nous engloutir, mais elle changea d´avis en comprenant qu´elle s´était trompée de cible.

« Ce n´est toujours pas Esther, fit quelqu´un. Je me demande ce qu´elle fabrique.

-Sinistra est venue la chercher sur le terrain. A mon avis, c´est quelque chose d´important.

-Pourquoi est-ce qu´elle n´a pas arrêté le match, alors ?

-Elle n´a peut-être pas eu besoin de le faire. Si ça se trouve, quand elle est arrivée, la rencontre venait de se terminer. Ça n´a vraiment pas duré longtemps, aujourd´hui. »

Les conversations dévièrent sur le quidditch en général, délaissant l´héroïne du jour qui tardait trop à se montrer.

« A ton avis, qu´est-ce qui peut pousser Esther à esquiver un moment pareil ? demandai-je à Sean. Tu ne trouves pas que ce n´est pas du tout son genre ?

-Bof, soupira-t-il, venant d´elle, rien ne m´étonne, tu sais. »

Je m´efforçais de paraître calme, mais à l´intérieur, je bouillonnais.


Depuis maintenant trois ans, Esther était régulièrement convoquée dans le bureau du directeur. La raison était toujours sensiblement la même : à chaque fois, on l´informait que le ministère avait trouvé une trace qui pourrait peut-être les aider à remonter jusqu´à son frère. Sauf qu´à chaque fois, la piste s´arrêtait brutalement, laissant les aurors reprendre leur chasse de zéro. Et nous laissant, Esther et moi, avec un drôle de goût amer au fond de la gorge.

Chaque fois que cela recommençait, j´essayais de garder les pieds sur terre, au vu du nombre de fois où j´avais été déçue, mais à chaque fois, le plus mince espoir balayait toutes mes résolutions, et la déception n´en était alors que plus grande.

Esther pénétra dans la salle commune la tête basse, le teint blême. Tout le monde se tourna vers elle, mais il était évident qu´elle n´avait pas l´humeur à la fête. Aussi, dès que cessèrent les questions comme : « Qu´est-ce qui t´arrive ? » ou « Tu ne te sens pas bien ? » auxquelles elle refusa de répondre, les autres élèves se désintéressèrent d´elle. Elle vint s´asseoir à la même table que Sean et moi. Elle me semblait étrange, comparé à l´ordinaire. Elle paraissait choquée.

« Qu´est-ce qui se passe, Esther ? murmurai-je d´une voix saccadée.

-Je ne sais pas... marmonna-t-elle sans lever les yeux vers moi. Je ne comprends rien. »

Je vis une larme perler au bout de ses cils. Pas de doute, c´était bien de Nigel dont il s´agissait. Je tentai de réprimer l´étrange sensation qui naissait en moi. Sean passa un bras autour des épaules d´Esther en chuchotant des paroles réconfortantes. Esther ferma les yeux et s´appuya contre lui. Elle pleurait en silence, et cela m´inquiétait encore plus.

« Esther... Que t´a dit le directeur ?

-Rien de plus que d´habitude, répondit-elle. Ils pensent savoir où les mangemorts se trouvent. Ils vont tenter de les arrêter. C´est tout. »

Je décidai de laisser Sean et Esther tous les deux.






La tour d´astronomie était l´endroit que je préférais dans tout le château. La nuit, c´était de là qu´on voyait le mieux les étoiles. D´ailleurs, en dehors des séances organisées à partir de minuit, l´endroit était généralement désert. C´était un luxe de pouvoir être au calme dans cette école. Cette fois, pourtant, j´avais l´impression d´avoir de la compagnie. Deux voix qui se chamaillaient entre elles.

« Arrête un peu tes bêtises ! Cette fois non plus, il ne reviendra pas !

-Qu´est-ce que tu en sais ? C´est possible, après tout ! Pourquoi je n´aurais pas le droit d´espérer ?

-Depuis tout ce temps, il est sûrement mort. Tout le monde est d´accord là-dessus, sauf les gens qui tiennent à lui parce qu´ils ont besoin de se faire des illusions pour continuer à aller bien !

-Les mangemorts ne se seraient pas embêtés à le kidnapper pour le tuer ensuite. Ils auraient tout aussi bien pu l´assassiner quand nous étions dans la cabane hurlante, je n´étais pas une entrave si importante à ce genre de tâche ! »

Et elles continuaient ainsi, sans arrêt, de ressasser des choses que je savais et que je me répétais depuis trois ans. Finalement, discuter avec quelqu´un d´autre que moi-même ne serait peut-être pas une si mauvaise chose.






La plupart des élèves étaient déjà partis se coucher. Esther s´était endormie sur la table, la tête dans les bras, et Sean menaçait de faire pareil.

« Pourquoi vous n´allez pas dormir ? » interrogeai-je.

Il releva la tête, surpris d´entendre ma voix.

« Elle ne veut pas, m´expliqua-t-il. Apparemment, Sinistra doit passer pour la tenir au courant.

-Tu es sûr de vouloir rester ? Tu as peut-être envie de dormir, toi.

-T´inquiètes, je survivrai. »

Moi, en tout cas, j´étais exténuée. Trop anxieuse pour pouvoir dormir mais exténuée quand même. Les heures s´écoulaient lentement, en silence. C´est fou ce que la nuit peut-être longue quand on ne dort pas.

Enfin, un grincement provenant de la porte de la salle commune nous indiqua que quelqu´un arrivait. Je me redressai. Esther fit de même, aussi vive que si elle n´avait pas été endormie quelques centièmes de secondes plus tôt.

Le professeur Sinistra apparut dans l´encadrement de la porte.
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