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Lecture d'un chapitre



Lecture du chapitre 2
Nom de l'œuvre : Il s'appelait Nigel, Tome 3 Nom du chapitre : Chapitre 2 - Un soir de Novembre
Écrit par Orube Chapitre publié le : 19/4/2009 à 18:11
Œuvre lue 10098 fois Dernière édition le : 21/4/2009 à 21:56
Chapitre 2 - Un soir de Novembre






Son expression était indéchiffrable. Par contraste, l´anxiété d´Esther se lisait à présent sur son visage.

« Que faites-vous ici ? demanda le professeur Sinistra à Sean. Vous devriez être dans votre dortoir, à l´heure qu´il est. En tout cas, sûrement pas ici, dans une salle commune qui n´est pas la vôtre.

-S´il vous plaît, professeur, c´est moi qui ai insisté pour qu´il reste, expliqua Esther. On n´a pas bougé d´ici de toute la soirée, alors où est le mal ? »

Le professeur effleura son front du bout de ses doigts.

« Passons. Ce n´est pas le plus important. Je voudrais vous parler en privé, Esther. »

Sean et moi, nous nous contemplâmes en silence. Nous n´avions ni l´un ni l´autre envie de bouger avant de savoir exactement ce qu´il en était. Seulement, Esther était la sœur de Nigel, et que nous le voulions ou non, elle avait le droit d´être mise au courant avant nous. Même si cela lui était complètement égal que nous restions, Sinistra n´était pas de cet avis. Sean sortit donc de la salle commune, au risque d´être attrapé par Rusard et d´être puni pour s´être promené dans les couloirs à cette heure. De mon côté, j´allai me coucher.

Me coucher. Pas dormir.






Impossible de fermer l´œil, cette nuit-là. J´avais envie de me lever et d´aller coller mon oreille contre la porte pour savoir ce que Sinistra et Esther se racontaient. Un peu d´honnêteté envers Esther m´empêcha de le faire, mais c´était tout juste.

Je dus me retourner plusieurs fois dans mon lit et faire un peu de bruit, car Susan se réveilla peu après que je me sois couchée.

« Tu n´arrives pas à dormir ? s´enquit-elle.

-Sinistra est en train de discuter avec Esther. J´étais restée avec elle et Sean, mais elle nous a envoyé nous coucher.

-Je comprends. Tu penses que Sinistra apporte de bonnes nouvelles ?

-Aucune idée. C´est bien pour ça que je ne peux pas dormir.

-Tu veux faire une partie de cartes ? Des cartes moldues, s´entend. Je ne veux pas réveiller les autres.

-Pourquoi pas. »

Je ne savais pas jouer aux cartes, alors apprendre permit de m´occuper efficacement l´esprit. Tant et si bien que le jour finit par se lever sans que je n´ai jeté un seul coup d´œil à mon réveil.

« A quelle heure suis-je remontée ? m´interrogeai-je.

-Je ne sais pas trop. Je crois qu´il était cinq heures quand je me suis réveillée. Peut-être un peu moins. »

Je descendis dans la salle pour voir si Esther et Sinistra était encore là, mais cela aurait été étonnant. Et effectivement, il n´y avait personne. Tout le monde dormait encore. Ou, comme dans mon cas, continuait d´essayer de dormir.

En fait, l´histoire de Nigel n´avait jamais empêché grand monde de dormir. Pourtant, l´enlèvement d´un enfant par des mangemorts auraient de quoi effrayer bon nombre de gens. Seulement, Nigel n´était pas un enfant, il était le petit-fils de Lucius Malefoy. Son enlèvement était presque considéré comme une mascarade par les médias.

J´allai jusqu´au dortoir des quatrième années pour voir si Esther était là, mais non. Quelque chose devait sans doute clocher.






Dès qu´il fut officiellement l´heure de se lever, je me rendis dans la salle commune de Poufsouffle. Je rencontrai Sean sur mon chemin. Il avait eu la même idée que moi.

« Est-ce que tu sais où est Esther ? fis-je.

-Quoi ? Elle n´est plus là-haut ?

-Non. Ni dans la salle commune, ni dans le dortoir.

-Peut-être qu´elle est allée dans le bureau de Sinistra pour discuter, après qu´on soit parti.

-Peut-être, admis-je. Dans ce cas-là, il n´y a pas grand-chose à faire.

-Il faut attendre », dit raisonnablement Sean.

J´eus envie de crier. J´en avais assez d´attendre. Depuis trois ans, je ne faisais que ça. Tout le temps. Alors que j´avais tellement envie de me lancer moi-même à la poursuite des mangemorts... Même si je savais pertinemment que c´était inutile. N´importe quoi aurait été mieux que cette attente insupportable.

« On va déjeuner ? » proposa platement Sean devant mon silence.

Je hochai la tête. Depuis tout ce temps, j´avais l´impression d´être une machine, programmée pour accomplir certaines choses durant la journée. Se lever, s´habiller, manger, aller en cours. Pas très passionnant.

« Myra ! Sean ! »

Nous nous retournâmes. Erin nous rattrapa à grandes enjambées, tout sourire.

« Esther n´est pas avec vous ? s´étonna-t-elle.

-Tu n´es pas au courant ? Elle est encore avec le professeur Sinistra. »

Erin changea de visage.

« Qu´est-ce qui se passe ? Normalement, il la tienne au courant au fur et à mesure, il ne la garde pas toute une nuit ! Je pensais que ça faisait longtemps qu´elles en avaient fini. »

Je secouai la tête.

« On n´en sais pas plus que toi. Sinistra nous a virés presque à l´instant où elle est arrivée.

-A ton avis, est-ce qu´elle ferait ça en temps normal ? » demanda soudain Sean.

La question jeta un froid. En effet, le doute était permis. Elle n´hésiterait sans doute pas pour Sean, qui était simplement un ami de Nigel, mais pour moi ? Tout le monde savait que j´étais avec Nigel le soir où c´est arrivé. Le ministère s´est même servi de mon souvenir pour pouvoir enquêter.

« Je pense que cette fois-ci, il s´est vraiment passé quelque chose de concret », conclut simplement Erin.






Esther n´était pas non plus dans la grande salle. Je demandai à une fille de sa classe si elle était revenue dans son dortoir, des fois qu´elle aurait fini sa conversation après que j´y sois passée, mais ce n´était pas le cas. Comme Sean n´avait pas cours en première heure, il était allé traîner du côté de la salle de classe d´Esther, mais il ne l´avait pas vue sortir.

En désespoir de cause, j´étais allée jeter un coup d´œil à l´infirmerie. Rien.

Le soir, lorsque nous fûmes de nouveau dans la grande salle, j´interrogeai à nouveau ses camarades de classe, des fois qu´ils seraient plus au courant que moi. Cette fois-ci, ils surent me répondre.

« Le professeur Londubat nous a dit qu´elle était rentrée chez elle et qu´elle reviendrait bientôt. »

C´était tout ce qu´ils savaient.






Avant d´aller dormir, j´écrivis un mot pour le donner à l´un des hiboux de la volière.






Esther, qu´est-ce qui se passe ??

La réponse ne viendrait sans doute pas très rapidement, mais tant pis. C´était mieux que rien. J´allai me coucher, sachant déjà pertinemment que cette nuit ne serait pas plus reposante que la dernière que j´avais passée.

La salle commune était bondée comme jamais. Peut-être que comme la fête d´hier était un peu tombée à plat à cause de l´absence d´Esther, ils recommençaient. Ce n´était pas tellement logique étant donné qu´Esther n´était toujours pas rentrée. Enfin, de ce que j´en savais.

Je m´avançai. Quelques regards se tournèrent vers moi, et je fus surprise de les entendre murmurer mon nom.

« Regarde... Myra est là... »

Et bien oui, quoi. Je vais me coucher. A l´heure, qui plus est. Comme tous les soirs ou presque depuis cinq ans et demi. Qu´y a-t-il d´anormal là-dedans ?

En fait, il y avait quelque chose d´affreusement anormal. Aucun doute possible là-dessus. Sinon, toute la salle ne serait pas devenue silencieuse aussi brutalement au moment de mon arrivée.

J´entendis quelqu´un m´appeler. Parmi toutes les autres voix, celle-ci me parvint parfaitement. Elle me frappa durement au ventre.

« Myra... »

Horriblement familière.

Mon cœur battait à toute rompre. J´appréhendais le moment où je devrais me retourner.

J´avais fait tellement de rêves qui ressemblaient à cela. Encore un de plus à ajouter à cette longue liste, songeai-je. J´allais véritablement finir par devenir folle. Ou peut-être que je l´étais déjà mais que je ne m´en étais pas rendue compte.

Peut-être que je n´avais pas vraiment entendu cette voix. Peut-être que je l´avais juste imaginée. Parce que j´avais besoin de l´entendre. Pitoyable.

Tout à coup, on entendit un coup frappé au carreau. Quelqu´un dut ouvrir la fenêtre et un hibou traversa la pièce à tire d´ailes pour venir se poser devant moi. Il m´apportait la réponse d´Esther. Si tôt, ça ne pouvais vouloir dire qu´une seule chose : elle était à Poudlard.

Je pris ma résolution. Quitte à devoir constater dans quel état était ma santé mentale, autant le faire le plus vite possible. Je resterai moins longtemps dans le doute.

J´inspirai à fond et je me retournai.

Il avait les bras le long du corps. L´allure de quelqu´un d´un peu perdu, dépassé par ce qui se passe autour de lui. Ses yeux ne me lâchaient pas. Ses lèvres étaient entrouvertes : il paraissait aussi stupéfait que moi. Comme si c´était lui qui avait attendu un fantàme pendant tout ce temps.

J´étais incapable de dire quoi que ce soit. A peine capable de mettre un pied devant l´autre pour marcher droit.

Tout juste capable d´éclater en sanglot tandis que je le serrais dans mes bras.






Au matin, lorsque je perçus la lumière du soleil à travers mes paupières, je m´attendais à ce que tout n´est été qu´un rêve. C´était tellement flou dans ma tête, j´aurais très bien pu avoir tout inventé.

Mais je n´aurais pas pu imaginer la sensation d´avoir les doigts serrés autour de ceux de Nigel.

J´ouvris brusquement les yeux.

C´était bien lui. Il dormait encore, comme moi assis par terre, la tête appuyée contre un fauteuil.

Je regardai mes doigts. Mes phalanges étaient blanches tant je serais fort. De crainte de lui faire mal, je relâchai un peu ma prise. Il entrouvrit les paupières.

« `lut... » marmonna-t-il en me voyant.

Sa voix me sembla étrangement rauque. Evidemment, songeai-je presque aussitôt, c´était la voix d´un garçon qui avait déjà mué. Plus que les vingt centimètres qu´il avait pris depuis la dernière fois que je l´avais vu et dont je m´étais rendue compte la veille, ce fut cela qui me fit prendre conscience du temps qui s´était écoulé.

Nigel eut un drôle de sourire, et me dit :

« Tu vas bien... »

Ce n´était pas exactement l´expression à laquelle j´aurais pensé pour résumer l´état où je me trouvais en ce moment. Encore moins celui où j´avais été avant hier soir.

« Même s´ils m´avaient dit qu´ils t´avaient laissée partir, j´ai toujours douté de... Enfin... »

Il s´arrêta.

Je ne répondis rien.

Presque trois ans. Pendant presque trois ans, j´avais ruminé ce que je dirais si jamais nous avions la chance de nous retrouver. Qu´il n´aurait jamais dû faire ça, pour commencer. Partir en me laissant derrière, prétextant qu´ainsi un trio de criminels me laisserait la vie sauve. A quoi bon sauver une vie pour en perdre une autre ? Peut-être que je n´étais pas objective, mais je ne voyais pas quelle noblesse il pouvait y avoir dans le fait de m´épargner pour ne me laisser qu´un fade semblant de vie par la suite.

J´avais envie de le traiter d´imbécile. Au lieu de s´inquiéter pour moi, il aurait mieux fait de ne pas partir.

« Je suis contente de te revoir. »

Mon dieu ! Trois ans de réflexion juste pour ça.

Ses lèvres s´étirèrent un peu plus.

« Moi aussi. »
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