Pokemon-France.com

Navigation : Passlord > FanFics
[FanFics] [Mes FanFics] [Rechercher] [FAQ] [Connectés]
[FanFics générales] [FanFics Pokémon]

Lecture d'un chapitre



Lecture du chapitre 4
Nom de l'œuvre : Il s'appelait Nigel, Tome 3 Nom du chapitre : Chapitre 4 - Les sombrals
Écrit par Orube Chapitre publié le : 24/4/2009 à 17:01
Œuvre lue 10097 fois Dernière édition le : 1/1/1970 à 01:00
Chapitre 4 - Les sombrals






La présence de l´hermine cette nuit-là fut réconfortante. J´imaginai même une conversation entre nous. Nous nous serions raconté nos vies, juste pour mieux savoir qui était l´autre, sans dire vraiment ce que nous en pensions.

Et toi, tu dors où ?

Dans un arbre creux.

Waouh ! Il doit faire froid.

Cette année, ça va. Mais je préfère quand même venir ici quand je peux.

Tu as de la famille, sinon ?

Oui.

Où est-ce qu´ils sont, en ce moment ?

Je ne sais pas. Sans doute à la maison. A moins qu´ils ne m´aient suivie ici.

Ce n´est pas trop dur, pour manger ?

Non. Les réserves sont énormes. On pourrait tenir toute l´année si c´était nécessaire.

C´est une chance.

Oui, ça n´arrive pas tous les ans. Je plains ceux qui habitent plus au nord, ils doivent avoir du mal à s´en sortir.

A part ça, c´est vrai que votre pelage change de couleur selon la saison ?

Oui.

Dommage, je te trouve très jolie comme ça, toute blanche.

Je pense que ça me plairait d´être rousse comme toi, mais ce ne serait sans doute pas le mieux au niveau de la discrétion.

Tu as raison.

Tu vis ici toute l´année ?

Non, seulement pendant la période scolaire.

C´est quoi, ça ?

Un truc barbant mais indispensable. Les cours.

On n´a pas ça, nous.

Si, quelque part, vous devez bien avoir quelque chose... L´apprentissage, si tu préfères. De tout ce que tu veux.

Ah, oui. Mais ça ne dure pas longtemps.

Quelle veine ! Nous, on en a pendant onze ans !

Onze ans ? C´est l´âge de la plus vieille hermine que je connais. Et elle n´est pas en bon état.

Ça te donne une idée de l´horreur que c´est, dans ce cas ?

Un peu. Mais vous, vous vivez plus longtemps.

Pas faux. N´empêche, c´est long. Et ennuyeux.

Et les filles, là, c´est qui ? Tes sœurs ?

Non, je suis fille unique. Ce sont mes camarades de classe.

Fille unique ? C´est rare, chez les hermines.

Je veux bien te croire.

Ça doit être bien d´avoir tes deux parents pour toi toute seule !

Je n´ai plus mon père.

Oh... Désolée.

Y´a pas de mal. C´est arrivé il y a cinq ans, ça a eu le temps de cicatriser depuis.

Je vois. C´est triste quand même. Tu es jeune, pour une humaine.

Oui, plutôt. Tu te promènes beaucoup ?

Assez, oui. Je ne peux pas rester trop longtemps au même endroit, de toute façon, sinon les prédateurs auraient moins de mal à m´attraper.

Tu me racontes ? Je n´ai pas vraiment le droit de sortir, moi.

Si tu veux, je peux te montrer. Si tu arrives à contourner vos règles, bien sûr.

Ne t´en fais pas pour ça.

Emeline se retourna dans son lit. Elle gémit, chercha à tâtons l´interrupteur de sa lampe de chevet et l´alluma.

Elle vit alors l´hermine, allongée comme d´ordinaire sur le bord de la fenêtre.

« Mais ce n´est pas possible, comment fait cette sale bête pour venir jusqu´ici ? » marmonna-t-elle, mauvaise.

Elle attrapa sans plus de cérémonies l´hermine et entreprit de la mettre à la porte. Comme il fallait s´y attendre, l´hermine n´était pas vraiment satisfaite de ce traitement brutal. Elle planta ses dents dans le doigt d´Emeline.

« Aïe ! Saleté ! »

La douleur, et surtout la surprise l´avait fait lâcher prise. L´hermine détala et s´enfuit de la chambre. De crainte qu´elle ne veuille plus revenir, je la suivis. C´était peut-être ridicule, mais j´avais besoin de la présence de cette petite créature pour me tenir compagnie durant la nuit, sinon j´allais sûrement passer plusieurs nuits blanches d´affilées.

J´hésitai lorsqu´elle sortit de la salle commune. Je n´avais pas spécialement envie de me faire attraper par Rusard et d´écoper d´une retenue. Tant pis. Il fallait que je la rattrape.

Elle m´emmena jusque dans le hall d´entrée, puis dans le parc. Nous n´étions qu´au début du mois de Février, alors il faisait très froid. Je n´avais que mon pyjama sur moi, et je frissonnais. Je continuai malgré tout de la poursuivre. Pas question de faire demi-tour maintenant qu´il y avait moins de chances que Rusard montre le bout de son nez, ç´aurait été stupide.

La course ne s´arrêta qu´à l´orée de la forêt interdite. Nous y pénétrâmes, mais nous n´allâmes pas très loin. Je distinguais encore un peu le parc, entre les branches et les buissons. Comme si l´hermine avait senti que j´appréhendais de trop m´éloigner de Poudlard. Surtout pour aller m´aventurer dans la forêt interdite : elle n´était pas réputée pour sa sûreté.

L´hermine grimpa à toute vitesse le long d´un tronc d´arbre. Je crus que c´était là qu´elle habitait et qu´elle faisait ça pour se mettre à l´abri, mais elle s´élança ensuite en l´air, pour s´arrêter à un mètre cinquante du sol. C´était étonnant. On aurait dit qu´elle flottait.

« Comment tu fais ça ? » demandai-je à haute voix.

Je m´approchai. Je mis mes mains devant moi, et en les passant en dessous de l´hermine, mes doigts rencontrèrent un obstacle. Ça avait la consistance de la peau.

Je retirai mes mains, comme si je m´étais brûlée. Qu´est-ce que c´était que ça, encore ?!

L´un des cours du professeur Hagrid me revint alors en mémoire.

Il portait sur une créature étrange, au corps de cheval squelettique et aux ailes de chauve-souris. Nous n´avions pas pu la voir... Parce que nous n´avions vu personne mourir. C´était ça.

C´était un sombral.

« Tu peux le voir ? »

L´hermine fut parcourue d´un léger mouvement, presque imperceptible. Ça ressemblait à un hochement de tête.

« Tu sais, je serais toi, j´éviterai de monter sur son dos. C´est un carnivore, après tout, et tu es juste à la bonne taille pour qu´il te croque en une bouchée. »

Cette fois-ci, ma réflexion lui passa complètement au dessus de la tête. Elle avait les oreilles dressées et tournait la tête mécaniquement. Visiblement, elle surveillait ce qui se passait autour d´elle.

La température avait encore chuté, réalisai-je. Mes dents claquaient, sans que je parvienne à me maîtriser. J´entendis un drôle de bruit. Sans doute celui qui dérangeait l´hermine depuis une poignée de secondes. Comme le frottement d´un tissu. Il n´y avait pas que ça.

Un râle.

Je portais la main à ma baguette.

L´air semblait geler. Plus ça allait, plus mes tremblements devenaient incontràlables.

Je n´avais pas le moindre doute sur l´identité de la créature qui n´allait pas tarder à apparaître. Les questions que je me posais étaient plutôt : « Qu´est-ce qu´il fait ici ? », « Ils sont censés avoir été exilés au nord, non ? »

Le froid. Tous les cours du monde ne peuvent pas vous préparer à ça.

Endoloris, siffla une voix dans ma tête.

Le détraqueur surgit d´entre les arbres. La voix devint plus puissante. Bientôt, j´entendis aussi des cris.

« Spero Patronum ! »

Mais je ne pouvais penser qu´à cette nuit, dans la cabane hurlante. Je n´avais plus aucun souvenir heureux. Comme si je n´en avais jamais vécu.

Le détraqueur s´approcha de moi. J´entendais son râle à glacer le sang, et j´étais incapable d´agir, encore moins de courir.

L´hermine était toujours devant moi, sur le dos du sombral. Elle ne détournait pas le regard de l´infâme créature, sachant elle aussi à quel point elle était dangereuse.

« Spero Patronum... » balbutiai-je de nouveau.

Mais cela fut aussi peu concluant que la première fois.

Je fis un pas en arrière.

Il fallait courir.

Je devais m´enfuir. Même si mes jambes refusaient d´obéir à cet ordre.

De ses longs doigts crochus, la créature entreprit de relever son capuchon.

Cours !

Je trébuchai et tombai. Ma baguette m´échappa des mains, au moment le moins importun. Il n´y avait plus que deux mètres entre le détraqueur et moi. Deux mètres, un sombral et une hermine, qui allait sans doute partir avec moi.

Soudain, l´hermine fit volte face. Elle sauta vers ma baguette, et se métamorphosa en plein vol.

J´étais trop choquée pour trouver une logique dans tout ce qui était en train de se passer autour de moi.

« Spero Patronum ! » s´exclama une voix.

Le détraqueur fit aussitôt marche arrière, repoussé par le cygne argenté qui jaillit du néant.

Il y eut de la lumière, puis quand l´obscurité reprit ses droits, le détraqueur avait disparu dans la nuit.

Je sentis qu´on me soulevait de terre. Je me laissai faire, les yeux fermés.

Les voix ne retentissaient plus, mais leur fantàme était encore présent dans mon esprit, et m´empêchaient de réfléchir au présent.






Après ce qui parut être un long trajet, je sentis la terre se rapprocher de moi et l´herbe effleurer mon front. La silhouette à mes côtés se laissa lourdement tomber au sol. Je rouvris les yeux.

Il était assis, le front sur ses genoux, le corps parcouru de sanglots.

Je tendis la main vers lui, j´effleurai son bras.

Il releva la tête et je rencontrai son regard.

« Pardon, pardon... »

Je le vis se crisper encore plus.

« Pardon... »

Sa voix mourut, étouffée par un nouveau sanglot.

Je voulus le prendre contre moi, mais il recula dès qu´il eut conscience de mon geste.

Je restai donc à côté de lui, assise dans l´herbe, en le regardant pleurer.

« Pardon... »
[ Chapitres : 1 2 3 4 5 6 7 8 9 | Retour | Haut de page ]