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Lecture d'un chapitre
| Lecture du chapitre 1 | |
|---|---|
| Nom de l'œuvre : Calli | Nom du chapitre : N'oublie pas de mourir |
| Écrit par Silver_Altaria | Chapitre publié le : 26/4/2009 à 19:09 |
| Œuvre lue 5956 fois | Dernière édition le : 27/4/2009 à 16:45 |
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| Bip. Bip. Bip... Tes derniers battements. Ce sont eux que j'entends tourner en boucle dans mes oreilles. Je ne vois plus rien, je ne sens plus rien, mais j'entends toujours. Je perçois le vent qui, après avoir déjoué la surveillance de la mère fenêtre, joue dans les rideaux et s'en va effleurer mes cheveux dans un dernier souffle. Caressant et froid. Les vitres restent figées au temps où tu vivais encore. Rien n'a bougé. Tout est resté, tel un sanctuaire. Seul le téléphone a persisté à sonner, laissant les voix filer vers le répondeur. Seulement des journalistes, espérant récolter la moindre syllabe de la compagne délaissée, à l'affût d'un geste à détourner, d'un silence à interpréter. Des charognards, ultime étape du voyeurisme. Ce qu'ils écrivent, le monde le lira. Ce qu'ils disent, le public le comprendra. Des mots dits puis hachés, broyés, jusqu'à ne plus faire qu'une bouillie pour bébé. Mais mon avis n'a pas compté. Les gens ne connaissent que la version des vautours. Ils ignorent qu'une léthargie sans nom m'a prise voila des semaines. Ils ne savent pas que mes mouvements sont devenus mécaniques, guidés par un instinct de survie qui subsiste à peine. Lui aussi, doucement, décline à l'horizon. Cette part de lumière qu'on leur a permis d'entrevoir n'est qu'une façade, de quoi satisfaire une curiosité et une pitié inhumaines. Certains ont peut-être finalement appris que, bientôt, je ne serai plus là . Ils n'ont pas réagi. Pour eux, c'est dans l'ordre des choses. Ce qu'il se passe ici... n'a aucune importance. Je me lève, je bois, je me recouche. Le soleil, mes couvertures, mes vêtements ne m'apportent pas de chaleur. Tout juste me permettent-ils de ne pas souffrir de l'air glacial. La seule flamme qui me tenait chaud s'est éteinte et est partie à jamais. Sans que personne ne la ravive, sans que personne ne s'en préoccupe. Personne n'est venu me voir. Le vent, uniquement, a troublé ce sommeil que je ne parviens plus à trouver. La tristesse et les larmes ont disparu. Même moi, j'en suis réduite à l'état de coquille vide... Des mois durant, j'ai espéré. J'ai fleuri tous les jours mes derniers souvenirs, les siens parfois. Notre premier pas, nos multiples fous rires, je pensais parer à tout, parer à l'oubli. Je croyais que nous pouvions être heureux, sincèrement, même si tout le monde était contre nous. Ce que je n'avais pas prévu, c'est que le destin veuille s'y mettre à son tour. Qu'il fasse en sorte qu'Il passe sur cette route, à cette heure... Pouvais-je prévoir ça? Je suis seule à le méditer, désormais. Alors qu'avant, nous l'aurions fait ensemble... Désolée, je n'ai pas pu te dire adieu. Je n'ai pas pu t'oublier. On ne m'a pas laissé assez de temps pour ça. Je ne peux plus que me conforter dans le souvenirs de ta présence, mais je ne le supporte plus. Je vais franchir la porte de chez nous pour la dernière fois, monter ces escaliers où tu m'as si souvent dit ta façon de penser et me rapprocher du vide. Là , enfin, j'irai te rejoindre... |
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