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Lecture du chapitre 20 | |
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Nom de l'œuvre : Les légendes du Mordz | Nom du chapitre : Chapitre 18 : Janus |
Écrit par Requiem | Chapitre publié le : 27/11/2010 à 16:23 |
Œuvre lue 60276 fois | Dernière édition le : 27/11/2010 à 16:23 |
Silver Altari rentra en courant dans le château. La bataille était sur le point d’être gagnée et elle devait aller le dire aux Trois. Elle rentra dans la salle et s’arrêta net, le souffle court et la poitrine haletante en découvrant la personne qui se trouvait déjà sur les lieux. - Maître Janus… souffla-t-elle. C’était cet homme qui lui avait montré la voie à suivre, celui qui l’avait, ainsi que tous les autres Juges, convaincue qu’ils n’agissaient ainsi que pour faire naître un monde meilleur, sans conflit ; et qui un jour, avait disparu de la circulation sans laisser de traces. Récemment son nom avait été invoqué par les Trois qui lui avaient demandé de trouver des informations sur la cachette de Janus et de le retrouver. Elle ignorait pourquoi les Trois voulaient retrouver celui-ci après qu’il soit parti si longtemps mais elle avait obéi. Elle avait tenté de le chercher, mais si elle trouvait parfois quelques pistes, Janus lui restait insaisissable tel un fantôme. Que faisait-il alors ici après s’être caché si longtemps ? Ou alors n’avait-il appris que très récemment que les Trois étaient à sa recherche ? L’homme aux blanches ailes se retourna, laissant voir son visage déformé par les cicatrices et les nombreux tatouages. Il avait laissé poussé ses cheveux et sa barbe dans un beau désordre de bataille, lui qui autrefois était si raffiné et si propre. Aujourd’hui il était maigre, crasseux, son unique œil derrière son monocle était presque éteint, comme mort. Cependant, il sembla reconnaître Silver Altari parce qu’il lui sourit. Un sourire triste, comme un regret silencieux. C’est alors que la voix mécanique du respirateur des Trois brisa le silence qui semblait avoir gelé la pièce, Altari sursauta, la vision de Janus lui ayant presque fait complètement oublier l’endroit où elle se trouvait. - Ce que tu dis est faux, Janus. Les Six Elus de la Prophétie doivent tous venir du passé. Tu ne peux être l’un d’eux. Janus émit un reniflement dédaigneux et il regarda en l’air, à l’endroit où provenait la voix métallique. - Mon corps est resté constant au cours des années mais mon esprit a été tronqué et n’est revenu que très récemment. Je me souviens de tout Matteo. De tout ce que je fus avant de te construire et la conclusion inévitable est que je devais dire aux autres, aux cinq autres, de me tuer pour m’empêcher, moi le sixième, de te construire afin de bouleverser une nouvelle fois le temps. Afin que jamais le Mordz ne connaisse la domination des Trois. Silver Altari ne comprenait pas tout de cet étrange dialogue qui se déroulait devant elle. Mais du peu qu’elle comprenait elle n’en tira qu’une évidence : Janus était un traître. Lui qui avait forgé le pouvoir des Trois après le Cataclysme, voulait à présent le détruire. C’était impensable et pourtant c’est ce que cette conversation semblait suggérer. - Maître Janus, vous plaisantez ? parvint-elle à peine à articuler sous son heaume qui était soudainement devenu étouffant. Une nouvelle fois Janus la dévisagea. Son vieil œil bionique émettait une lueur sinistre, rouge, comme annonciatrice de sang qui allait couler, l’autre œil était toujours comme vide de toute vie, l’annonciateur de la mort. - Si tu te dresses contre moi Silver, je te tuerai sans pitié ni regrets. - Mais… La voix des Trois raisonna une seconde fois dans la salle, faisant cette fois-ci trembler les murs : - Tu as choisi Janus Le Créateur. Tu vas maintenant mourir ! (Puis la voix s’adressa à Silver Altari.) Juge Numéro V, accomplissez notre sentence. La mort ! Janus continua à observer Altari du coin de l’œil, comme à peine intéressé par la menace qui pesait sur lui. Silver déglutit avec peine. Jamais elle n’aurait pensé avoir à lever la main contre Janus. Elle hésita à dégainer son épée, gardant la main sur la garde mais la laissant dans son fourreau. - Tuez-le !!! fit la voix des Trois de plus en plus pressante. La main de Silver Altari se mit à trembler lorsqu’elle retira enfin la lame étincelante de son étui. Elle se concentra un instant puis fit surgir des flammes qui entourèrent la lame tel une tour de feu. - Ki élémentaire de feu de niveau bas. Je vois que ta maîtrise de l’art du Kidou est toujours aussi peu développée. Voyons si ton art à l’épée est meilleur, dit Janus en faisant apparaître une épée constituée d’eau dans sa seule main de chair. Il leva son épée et son autre main qui était en métal et bardé de pointe en or qu’il s’était fabriqué longtemps auparavant. Les deux adversaires se tournèrent autour, seul le bruit de leur pas et le crépitement des flammes brisaient le silence de la pièce. Tels des loups qui s’épiaient, ils continuèrent à tourner, attentif au premier signe d’inattention de l’ennemi. Au fond d’elle-même Altari savait qu’elle ne pourrait gagner mais l’ordre des Trois raisonnait en elle comme une menace encore pire que la mort. Qui sait ce qu’ils lui infligeraient si elle désobéissait ? Cela faisait maintenant des jours qu’Illyria, Mayraline et Frimy avaient disparu. Silver Altari réalisé, trop tard, que ses pensées s’égaraient. C’est à ce moment là que le choc se produisit. Les deux lames se rencontrèrent et l’épée d’eau de Janus éteignit le feu qui entourait l’épée de Silver avant de traverser le métal comme du beurre. L’eau se métamorphosa alors en acier et traversa le heaume de Silver avant de se planter dans sa joue. La Juge se recula d’un bond. Du sang coulait de sa plaie, là où l’épée avait pénétré. Janus s’était mis à rire en adoptant une posture détendue, comme une insulte. - Que peux-tu contre moi ? Je maîtrise les quatre éléments fondamentaux, les seize intermédiaires et les cent cinquante-six mineurs. Tu ne peux rien faire que je ne sache faire en mille fois mieux. Sous son casque Silver étouffait. Le sang qui coulait de sa blessure et se répandait dans toute son armure n’avait rien de très agréable. Elle était coincée mais ne pouvait reculer. Elle se remit en garde et invoqua à nouveau le feu, mais cette fois-ci, au lieu de l’attacher à l’épée elle le dispersa dans le sol. Une traînée de flammes se rua alors droit sur Janus qui fit un bon sur le côté pour éviter de se brûler. La Juge fit un énorme effort pour commander à la ligne de feu de se courber pour toucher Janus par derrière. Malheureusement pour elle, Janus avait vu le coup venir bien avant que la Juge y ait pensé. Sans se retourner il planta derrière lui une nouvelle épée cette fois-ci constituée de glace. Lorsque les flammes arrivèrent en contact avec l’épée glacée, les flammes se mirent à geler et le gel remonta rapidement la ligne pour finalement arriver jusqu’à Silver Altari, lui gelant la main par la même occasion. Déséquilibrée, elle tomba en arrière en produisant un grand bruit de ferraille. Empêtrée dans sa lourde armure elle n’eut pas le temps de se redresser que déjà Janus se tenait au-dessus d’elle, une épée constituée d’éclairs bleus à la main, pressant la gorge d’Altari. Janus avait toujours la même expression sur le visage, détaché comme mort lorsque celui-ci s’adressa à elle : - Tu as perdu et maintenant meurs. Altari ferma les yeux, prête à recevoir le coup de grâce. Une seconde passa, puis deux, puis dix. Etait-elle morte ? Ca n’avait rien de douloureux en tout cas. Ouvrant les yeux elle vit Janus, toujours penché au-dessus d’elle. Pourtant un sang rougeâtre sortait de la bouche de son adversaire. Ils baissèrent les yeux en même temps sur le torse de Janus. Le bout d’une fine lame dépassait de son abdomen, le traversant de part en part. Janus ferma son œil et poussa un cri surhumain en retirant l’épée plantée dans son corps. Il se retourna pantelant, et Silver Altari découvrit avec stupeur le Juge VII, l’épée couverte de sang. - J’arrive au bon moment, ironisa celui-ci. - Kh ! Tu lui as mis… ton programme, le Ganon. Merde… Je… Janus s’écroula sur le sol, face contre terre. - Cette fois-ci… j’espère que c’est pour de bon. Il ferma alors son œil et la lumière rouge qui brillait dans la cavité visuelle de l’autre s’éteignit dans un bourdonnement. Une flaque de sang se répandit tout autour du corps de Janus, jusqu’aux pieds du Juge VII. Silver Altari se releva. Elle ne parvenait pas à détacher son regard du corps flasque et inerte de Janus tendit que la flaque de sang s’agrandissait encore sur le dallage de marbre. La voix des Trois emplit alors la salle, une voix différente mais toujours avec un bourdonnement mécanique en fond sonore : - Comme aurait dit Cort, même les Dieux peuvent saigner. Le Juge VII s’agenouilla alors. Silver Altari l’imita, toujours un peu perdue après ce qu’il venait de se passer. - Que puis-je faire pour accomplir votre volonté mes Maîtres ? demanda alors le Juge VII. - Kapoera… Trouve tes anciens compagnons. Une fois que ce sera fait, extermine-les ! Silver vit le Juge VII hocher la tête en signe d’assentiment. - Ce sera fait selon vos désirs. Pif tranchait des corps à tour de bras depuis un bon moment. Pourtant, malgré son aide, à chaque fois que les troupes rebelles terrassaient un soldat des Trois, dix autres semblaient venir prendre sa place et repoussaient les assauts des forces adversaires avec une fougue et une vitalité nouvelle. Même s’il savait que la bataille était perdue d’avance, Pif Œil continuait à se battre. Son œil Fox lui permettait de voir les défauts dans les armures, d’analyser les positions des guerriers pour en déceler les failles et le transformait en adversaire redoutable. Il semblait presque invincible et pourtant cela ne suffisait toujours pas. A chaque allié qui tombait, c’était un ami qui tombait. Iznok qui se battait non loin de lui utilisant un fléau qu’il faisait tournoyer au-dessus de sa tête avant de l’abattre sur les rangs adversaire, fut soudain surpris par une attaque latérale qui lui infligea une blessure qui le fit trébucher à terre, se faisant inexorablement piétiné par les combattants des deux camps. Et Pif Œil continuait pourtant à trancher encore et encore jusqu’à ce que ses lignes soient subitement débordées. Il recula de quelques pas, surpris. Ses alliés prenaient soudainement la fuite, comme s’il fuyait la mort elle-même. C’est à ce moment là qu’il le vit. Le Juge IV, Zenight, avançait droit devant, coupant tout ce qui passait à portée de la terrible Hina. Pif Œil sentit ses intestins se contracter dans son ventre. Si Zenight était encore vivant cela voulait dire que Greed… Il chassa cette pensée de sa tête et leva son épée. Ca n’était pas le moment d’y penser. Il devait se battre et il allait pouvoir se venger. Venger le Winner assassiné pendant son sommeil, et aussi Greed, Banquier, Hazel, Songi, et Bouh qui était blessé, et tous les autres qui avaient été terrassés par la cruauté de Zenight. Il s’avança à son tour, conscient que cet adversaire serait peut-être son dernier. Il avait fait à peine quelques mètres lorsque Zenight le vit à son tour. Il s’arrêta brusquement et enleva son casque pour le regarder droit dans les yeux. Zenight avait un sourire féroce et sanguinaire sur les lèvres, Hina à son côté était presque totalement recouverte de sang. Tout autour d’eux sembla se passer plus lentement, comme s’ils regardaient un film au ralenti. D’un geste désinvolte, Zenight trancha en deux un rebelle courageux qui tentait de lui barrer le passage. Les deux ennemis jurés avancèrent l’un vers l’autre, inexorablement attirés comme deux aimants de charge contraire. Arrivés à deux mètres de distance ils s’arrêtèrent. Un cercle s’était formé autour d’eux où personne n’osait s’aventurer. C’était comme si un bouclier invisible entourait les deux adversaires. Personne ne devait les déranger. C’était un combat entre lui et Zenight. Un combat qui ne s’achèverait que par le mort de l’un d’eux. - Tu t’es greffé un nouvel œil, microbe ? Tu crois que ça fera une différence depuis la dernière fois ? - La dernière fois tu as juste eu de la chance. Zenight éclata de rire, un rire sans joie, avant de planter son regard droit dans les yeux de son adversaire. Il n’y avait nulle trace de pitié, juste une très forte envie de tuer, une envie qu’il ne pouvait assouvir complètement, qui le forçait à tuer encore et encore et encore. Il n’y avait plus rien en Zenight à part de la colère. - Est-ce l’épée qui t’a rendu ainsi ? Le Juge renifla d’un air dédaigneux et ne répondit pas, son regard s’était cependant durcit une fraction de seconde et Pif Œil sut qu’il avait touché un point sensible. - Avoue, tu n’es rien sans ton épée. Tu étais faible, c’est pour ça que tu as voulu t’en emparer en tuant le Winner. - TAIS-TOI ! hurla Zenight. Tu ne comprends pas. Je l’ai fait pour épargner les vies que le Winner allait sacrifier en déclenchant une nouvelle guerre. Ce fut au tour de Pif Œil de se mettre à rire. - Epargner des vies ? Est-ce que ça a vraiment changé quelque chose ? C’est toi qui tues à présent. Les vies que tu prétends épargner, c’est toi qui les as prises. Le visage de Zenight sembla se déforma sous le coup de la colère, à tel point qu’il en tremblait de rage. - Tu vas mourir. - On verra. Le combat commença. |
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