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Lecture d'un chapitre



Lecture du chapitre 23
Nom de l'œuvre : Les légendes du Mordz Nom du chapitre : Chapitre 21 : Le dernier combat d'un guerrier
Écrit par Requiem Chapitre publié le : 22/12/2010 à 22:09
Œuvre lue 60287 fois Dernière édition le : 22/12/2010 à 22:09
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Pif évita le coup d’épée que Zenight lui destinait en se jetant à terre. Les deux adversaires se battaient depuis plusieurs heures déjà et un cercle s’était formé autour d’eux. Les soldats des deux armées semblaient avoir compris que s’approcher un peu trop près signifiait la mort assurée. Aussi Zenight n’était gêné par personne et pouvait se concentrer sur son unique adversaire tandis que Pif esquivait sans être bousculé par personne.
Le jeune mordzien était aveuglé par la sueur qui lui coulait dans les yeux. Zenight était puissant sans aucun doute, depuis le début chacun de ses coups était fort et précis. Il se redressa soudain tandis que la lame d’Hina s’écrasait à l’endroit même où il se trouvait quelques secondes plus tôt.
- Tu ferais mieux d’abandonner. Tu es épuisé. Accepte ta mort Pif.
Pif profita que Zenight lui parle pour s’essuyer le front et reprendre son souffle. Il n’arrivait pas à trouver de point faible et si ça continuait comme ça il tomberait effectivement sous les coups de l’ennemi. Pourtant il fallait garder le moral, penser être mort c’était revenir à être vraiment mort.
- Tu as tué Banquier. Je n’aurai de repos que quand tu reposeras six pieds sous terre.
- A ta guise.
Zenight fendit l’air avec son arme maudite. Pif esquiva encore en roulant sur le côté et contre-attaqua avec sa propre arme. Zenight bloqua à une vitesse prodigieuse et déborda son ennemi, le coupant à la joue d’une entaille profonde.
La douleur aurait autrefois paralysé de peur l’ancien Pif. Mais aujourd’hui il était une nouvelle personne. Il était Pif Fox. Aussi il se remit en position d’attaque. Il fit une feinte que Zenight repoussa tout aussi aisément. Ne se laissant pas démonté pour autant il recommença encore et encore.
Au bout d’une dizaine de minutes le corps de Pif était couvert de bleus et de blessures superficielles. Il était à bout de souffle tandis que Zenight resplendissait dans son armure de Juge.
- Allons, Pif. C’est fini.
- Ja… Jamais !
Reprenant courage le mordzien entreprit une estocade mais la fatigue lui fit mal évaluer la rapidité de son adversaire. D’une torsion du poignet Zenight arracha la lourde masse des mains de Pif et l’envoya voler en l’air avant qu’elle n’aille se perdre dans la cohue des combattants qui se battaient encore.
Pif était désarmé devant le pire ennemi qu’il avait jamais combattu. Cette fois-ci, il était mort au sens propre comme au sens figuré. Il ferma les yeux, prêt à recevoir le dernier coup et attendit.
Il entendit le sifflement de l’air d’une épée en approche. Puis il y eu un autre bruit qu’il crut d’abord être celui d’Hina découpant sa peau mais il réalisa bien vite que le bruit n’était pas celui d’une lame tranchant un organisme mais bien celui de deux lames s’entrechoquant.
Il rouvrit les yeux. Quelqu’un se tenait devant lui et l’avait protégé avec sa propre épée. Comme son sauveur était de dos, il remarqua que la personne que ce dernier n’avait qu’une seule aile, l’autre était coupée au niveau de la base. Il reconnut alors Bouh, son équipier qui avait été blessé par Zenight alors qu’ils étaient en mission d’infiltration pour sauver les prisonniers du palais des Trois.
- J’ai une revanche à prendre contre toi, déclara le guerrier à Zenight.
Le juge se mit à rire et recula d’un pas avant de se mettre en position de garde. Sous son casque on pouvait encore deviner son sourire à l’idée du sang qu’il allait répandre sur le sol en découpant son adversaire.
- Pif, rentre à la base. Je m’occupe de lui.
- Tu vas mourir surtout ! Tu n’es pas assez fort pour te battre contre lui.
- Toi non plus, remarqua Bouh à juste titre. Aucun de nous ne peux le battre seul. Il est trop fort.
Pif fut choqué par les aveux de l’ancien lieutenant de Might. En disant cela il admettait qu’il allait mourir s’il se battait contre Zenight. Il faisait cela pour le protéger et pour essayer de venger les hommes qui étaient morts au château.
- La valeur d’un homme se voit à son nombre de cicatrices, Pif. Vu le nombre que tu viens de récolter aujourd’hui, je reconnais ta valeur en tant que guerrier. Maintenant fuis. Notre armée est en déroute. Les forces des Trois ont gagné. Nous ne pouvons plus rien faire mise à part nous replier. Survis, deviens plus fort et ensuite venge-moi.
Pif voulu crier qu’il n’allait pas l’abandonner mais Bouh lui donna un coup dans le ventre avec la garde de son épée. Le jeune mordzien fut plié en deux par la violence du choc. Il sentit que deux soldats appartenant à la résistance le traînaient hors de la limite des combats.
Il vit également Bouh et Zenight entrechoquer leurs lames et puis les deux combattants disparurent de son champ de vision et il sombra dans l’inconscience. Encore une fois quelqu’un allait mourir à cause de lui.

Bouh se tenait face à face avec Zenight. Il n’avait pas encore récupéré totalement de ses blessures mais s’il avait été en pleine forme Zenight l’aurait battu quand même. Il leva sa lame au-dessus de sa tête, attentif aux mouvements du Juge.
- Ce sera le dernier combat pour l’un d’entre nous, Zenight.
- Kkkk… Alors ce sera toi, mon pauvre et pathétique ami. Tu as à peine plus de talent qu’un nouveau né.
Et sur ces bonnes paroles Zenight porta son premier coup. Bouh eut du mal à parer. La force de son adversaire était surhumaine. Il ne semblait même pas ressentir de fatigue alors qu’il s’était battu contre Pif pendant des heures entières sous un soleil de plomb.
Zenight ne lui laissa cependant pas le temps d’apprécier toute la mesure de sa force car un instant plus tard il portait son deuxième coup au niveau des yeux.
Bouh ne put que partiellement dévier l’attaque qui lui entama profondément le front. Une cascade de sang lui dévala dans les yeux, l’aveuglant momentanément. Il entendit Zenight éclater de rire et il ressentit une vive douleur à sa hanche. Il comprit trop tard que l’une des blessures que lui avait infligée Zenight lors de leur précédent combat venait de se rouvrir. Il allait se vider de son sang !
Il para avec difficulté un autre coup. Son épée se faisait de plus en plus lourde dans sa main, sa vision se troublait. Les attaques de Zenight lui semblaient plus violentes à chaque fois qu’il parait. Sa force l’abandonnait.
Alors que Zenight venait de le blesser une nouvelle fois, il sentit que ses jambes ne pouvaient plus le soutenir et il tomba à genou. Le Juge se galvanisa à nouveau d’un rire moqueur.
- Déjà fatigué ? Et bien il ne t’a pas fallu longtemps pauvre idiot. Toi et ta misérable armée de résistants révolutionnaires êtes vaincus. Un dernier mot avant de mourir ?
- J’espère qu’un jour tu te délivreras du mal qui te ronge.
Zenight ne répondit pas mais il ne rigolait plus. Une colère sourde semblait bouillir en lui. Bouh comprit qu’il avait touché un point sensible mais trop tard car la lame d’Hina s’abattait sur lui séparant sa tête de son corps. La tête roula sur le sol répandant une mare de sang tandis que le corps s’écroulait aux pieds du Juge vainqueur.
- Je ne suis pas… mauvais.

Pif se réveilla au bout d’un temps indéterminé. Il se redressa vivement sur sa couchette, se croyant encore en train de se battre contre Zenight. Il se rappela alors que Bouh l’avait remplacé. Le valeureux soldat devait être mort à présent. Pif sentit les larmes lui monter aux yeux. Si seulement il avait été plus fort… Il avait trop compté sur l’œil du Fox alors que lui-même ne savait qu’à peine manipuler une arme. Il devait devenir fort, ainsi à son prochain combat contre Zenight il aurait l’avantage.
Il se leva de la couchette et sortit de la tente dans laquelle on l’avait placé. Il observa le paysage autour de lui avec étonnement. Ils n’étaient plus à la Capitale mais dans une espèce de plaine verdoyante. Les tentes de l’armée des résistants se dressaient un peu partout mais elles étaient dix fois moins nombreuses que lorsqu’on les avait dressées devant le château des Trois. Bouh était mort mais il devait y en avoir tellement d’autres…
Malheureusement le jeune mordzien ne se sentait pas encore le courage de les pleurer. La guerre n’était pas encore finie, il y aurait d’autres morts, il les pleurerait tous quand il serait sûr qu’il n’y en aurait plus.
Il se dirigea alors vers la tente de commandement. Il vit avec soulagement qu’Hell Angel et son frère, Shadow, étaient toujours en vie. Evidemment Bouh n’était pas avec eux. Il était donc bel et bien mort.
- Quelle est la situation ? demanda Pif à Hell.
Celui-ci secoua la tête d’un air désolé.
- Pas terrible je crains. Nous avons perdu presque tous nos hommes. Nous avons réussi à nous échapper mais les risques que l’armée des Trois ne nous rattrape sont grands. J’ai permis qu’on monte le camp uniquement parce que nos soldats seraient morts de fatigue si on ne s’était pas arrêté.
En effet, il n’y avait rien de réjouissant à apprendre cela. La situation était pire que Pif aurait pu l’imaginer. Pourtant Hell Angel ne semblait pas avoir fini de dénombrer les mauvaises nouvelles :
- Mes éclaireurs m’ont rapporté que l’armée était menée par deux Juges : le IV et le VII. Zenight et Kapoera. Et encore, on a de la chance, ce ne sont pas les pires. On aurait vraiment été mal barré s’ils nous avaient en plus envoyés le I ou le VI.
- Je vois. Qu’ont-ils de si terribles ces deux là ?
Pif avait du mal à imaginer des Juges plus forts que Zenight ou Kapoera. Ca devait vraiment être des gros gars baraqués de la plante des pieds à la racine des cheveux !
- La première est à peu près au même niveau que Zenight. C’est la princesse Illyria. C’était la nièce de Might. Véon et Elvish l’ont rencontré au château après que tu ais été blessé.
Pif hocha la tête. Cette fille était le Juge I ? Ca l’étonnait mais après tout c’était possible, en criant très fort elle pouvait sûrement péter les tympans même au plus puissant des guerriers. Le Juge VI devait sûrement être sourd, voilà pourquoi il était le plus fort.
- Et le VI ?
- Hum le VI… (Hell prit un air gêné.) Nous avons peu d’information. Tout ce que l’on sait c’est que partout où il va il n’y a jamais aucun survivant. On le surnomme : la Dame Sanglante.
- Dame ? s’écria Pif interloqué. C’est aussi une femme ?
Hell hocha la tête, surpris de la surprise de son ami.
- Tu es misogyne ou quoi ?
Pif ne s’attendait pas à ça. Ainsi les plus puissants guerriers des Trois étaient des guerrières. Il en tremblait rien que d’y penser et espérait que jamais il n’aurait à se trouver sur leur passage.
Il allait repartir se reposer quand Iznok déboula dans la tente, essoufflé. Il avait des bandages sur tout le corps. Hell et Shadow se précipitèrent pour l’aider à s’asseoir.
- Que se passe-t-il ? demanda Shadow.
- L’armée… Elle arrive… On est encerclé. Nous ne pouvons pas nous échapper. Les Juges IV et VII ont tué tous les éclaireurs. Nous sommes… perdus.
Pif croisa le regard de Hell. Le chef des résistants semblait résigné mais résolu. Il irait jusqu'au bout et se battrait jusqu’à son dernier souffle.
- C’est la dernière marche des guerriers de la résistance. Rassemble les hommes. Nous avons un ultime combat à mener.
Shadow sortit en courant et Hell aida Iznok à se coucher.
- Reste là mon ami. Avec un peu de chance ils te laisseront la vie sauve. Puis il se tourna vers Pif : J’espère que tu t’es bien reposé car la prochaine fois que tu devras le faire cela voudra dire que tu es mort.
Pif hocha la tête et les deux amis sortirent de la tente côte à côte. Chacun était prêt à accepter son sort car c’était ensemble qu’ils mourraient.
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