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Lecture d'un chapitre
| Lecture du chapitre 26 | |
|---|---|
| Nom de l'œuvre : Les légendes du Mordz | Nom du chapitre : Chapitre 24 : Derniers préparatifs |
| Écrit par Requiem | Chapitre publié le : 22/12/2010 à 22:15 |
| Œuvre lue 60272 fois | Dernière édition le : 22/12/2010 à 22:15 |
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| Zenight entra à bout de souffle dans la grande salle de réunion des Juges. Il se plaça dans le cercle de lumière et s’agenouilla. Il était exténué par ces derniers jours de combats. Hina pesait lourd contre son flanc. Il avait chaud sous son casque de Juge mais il ne pouvait pas se permettre de l’enlever en la présence des Trois. - Mes Maîtres, dit-il. J’ai d’importantes nouvelles à vous annoncer. Il attendit quelques secondes puis la voix au timbre métallique lui répondit : - Parle, Juge numéro IV, nous t’entendons. Zenight prit une grande goulée d’air. Les mauvaises nouvelles d’abord. - Le Juge VII est mort et l’Armée du Soleil à Cinq Branches marche sur nous. D’après mes sources c’est la princesse Illyria qui est montée sur le trône. C’est elle qui est aux commandes, elle nous a trahis ! Le Juge savait que la princesse avait eut quelques problèmes avec les Trois, c’est pour ça qu’on l’avait envoyée elle et deux autres Juges en mission hors du château mais jamais il n’aurait imaginé qu’elle puisse se retourner contre eux. Depuis les quatre années que les Trois gouvernaient le Mordz, elle avait été l’une de leur plus fervente adoratrice. - La Garde Prétorienne d’Extermination a pourtant été détruite… Le Cataclysme a exterminé la plupart de leurs effectifs. C’est impensable. C’était la première fois que Zenight entendait les Trois douter de la sorte. Pourtant il était certain de ce qu’il avait vu. L’armée détruite de Might avait été reconstituée et elle était plus nombreuse que leurs propres troupes. Cependant il avait aussi une excellente nouvelle à fournir aux Trois. Une très, très bonne nouvelle. - Mes Maîtres, je puis vous certifier que cette armée existe belle et bien. Cependant j’ai aussi un présent pour vous. Il porta la main à la bourse qu’il avait accrochée à son baudrier. Il dénoua le lien qui retenait le petit sac fermé et les pans de tissus tombèrent révélant une splendide pierre bleutée qui pulsait légèrement. - La Pierre du Temps ! s’exclama la voix des Trois. Excellent. Avec cela les Elus ne pourront pas détruire notre monde et nous pourrons assurer la pérennité de cet âge. Le Juge posa la Pierre devant lui, puis, comme par magie, elle s’éleva lentement au-dessus de lui et disparue dans les noirceurs du plafond comme aspirée par les Ténèbres. Zenight ne pouvait que s’émerveiller devant la puissance des Trois. Il n’était rien comparé à eux, rien qu’une larve, un asticot. Comparé à eux il était infiniment moins qu’un grain de poussière. Pourtant il devait leur rappeler un point inquiétant que les Trois semblaient avoir éludé. - Que faisons-nous en ce qui concerne l’Armée du Soleil ? - Ah. Pour vaincre cette armée il n’y a qu’une seule solution. La Juge numéro I nous a trahis, la II et la III ont disparu, la V a été blessée récemment et d’après vos dires le Juge VII est mort. Il va falloir l’utiliser, Elle. Pendant ce temps vous resterez au château pour assurer notre protection. Un frisson parcourut le dos de Zenight. Le plus puissant élément de l’armée des Trois, la pièce la plus importante : la Juge Numéro VI, La Dame Sanglante alias Shaka allait se battre ! Heureusement il ne serait pas là pour assister au carnage. Il salua puis tourna les talons. Il avait une dernière bataille à mener. Shaka allait écraser l’Armée du Soleil comme des insectes mais Zenight savait qu’au moins une certaine personne viendrait à lui. Il sourit. Pif viendrait, il en était persuadé. Bio Ganon regarda Zenight sortir de la pièce par la fente qu’il utilisait pour parler à ses Juges. Puis, il se retourna pour sourire à Janus toujours coincé dans son tube régénérateur et à Matteo qui était là aussi. - C’est la dernière fois que nous voyons Zenight. Hina a déjà choisi un nouveau porteur. - Comment le sais-tu ? demanda Matteo. Matteo, contrairement à Ganon, était fait à cent pour cent de métal, de fils électroniques, de câblages et de puces. C’était une entité autonome et humanoïde qui ressemblait comme deux gouttes d’eau à n’importe quel mordzien. Pourtant quelque chose dans son regard inexpressif indiquait que cette chose n’était pas vivante, qu’il n’y avait pas d’âme à l’intérieur. Même si Ganon était un cyborg, il restait assez de chair en lui pour ne pas être taxé de simple machine. Les machines avaient cependant leur utilité. Sans Matteo il n’aurait jamais pu tenir le royaume en un seul morceau quand Janus était parti. Ganon consentit enfin à lui donner l’explication : - Je le sais, c’est tout. Dans ma vie précédente j’ai été le possesseur d’Hina pendant un temps. Cette épée est maudite et puise la moindre énergie positive du corps de l’hôte qu’elle a choisi pour n’en laisser qu’une coque vide et dénuée de sentiments. C’est ce qu’elle a fait avec moi, puis avec le Winner et maintenant c’est ce qu’elle fait à Zenight. Je me demande qui est le prochain symbiote. Matteo cligna des yeux dans une pathétique imitation de l’étonnement. - C’est l’épée qui choisit son maître ? Ganon éclata de rire. Cette machine n’y comprenait rien. Lorsque Hina vous choisissait, vous n’en étiez pas le maître. Vous n’étiez qu’une marionnette manipulée par l’esprit maléfique qui habitait l’épée invisible. Et lorsque vous n’aviez plus rien à donner, elle vous jetait comme une simple chaussette. C’est ce qui était arrivé à Ganon douze ans plus tôt. Il se battait contre Cort quand l’épée l’avait abandonnée et était devenue inutilisable. Il était mort sur le coup. En réalité Hina avait trouvé un nouveau porteur. Un être à l’âme innocente et pure qu’elle avait marqué de sa lame mais sans le tuer, goûtant sa chair et son sang pour mieux lui pomper son esprit plus tard. Heureusement Ganon avait été sélectionné pour faire parti du programme de restauration et il avait été ramené à la vie. Il était devenu le Némésis. Il s’était battu à plusieurs reprises contre le Winner et Hina. A chaque combat le Winner était plus féroce, plus sombre, de moins en moins humain. Hina le transformait petit à petit en monstre. Et puis un jour elle avait pris l’âme du plus fidèle ami du Winner, Zenight. Telle était l’histoire sanglante de l’épée. Bio Ganon regarda Janus. Lui aussi était au courant. Et de bien d’autres choses encore. Mais il ne pouvait plus rien faire à présent. Matteo avait voulu maintenir son créateur en vie mais il ne restait plus assez de force à leur ancien allié pour lever le petit doigt. Bah, tout ça n’avait plus d’importance. Maintenant qu’ils avaient la Pierre, leur existence n’était plus compromise… Il regarda l’objet qui pourrait le détruire s’il venait à tomber dans de mauvaise main : la Pierre du Temps. Elle brillait de son éclat habituel et c’était drôle de se dire qu’une si petite chose pouvait être à l’origine de si grands changements. En effet, si les Elus venus du passé avaient réussi à s’en emparer et à l’utiliser, ils auraient tué Janus et jamais Matteo n’aurait existé. C’était Janus qui avait fabriqué Matteo, ce robot dont la puissance stratégique n’avait pas d’égale. Sans lui, les Trois ne seraient jamais apparus. Il faisait presque nuit et une longue colonne de caravanes et de chariots défilaient dans la plaine en direction de la Capitale. Illyria était seule avec Elvish. Ils étaient tous les deux dans la caravane personnelle de la nouvelle reine du Mordz au milieu de la file. En plus des luxueuses teintures rouges en soie et de l’éclairage abondant, de moelleux coussins venaient augmenter le confort des deux jeunes mordziens. La reine n’aimait pas trop devoir vivre dans cet environnement lorsque tous ses sujets en étaient réduits à dormir à six par tentes et à marcher lorsque le convoi se mettait en marche. Pourtant, elle devait bien avouer que l’intimité que lui procurait cet espace ne lui déplaisait pas en ce moment même alors qu’Elvish la dévorait des yeux. - Tu te souviens de notre première rencontre ? demanda-t-elle. Elvish devint soudainement tout rouge. Cela fit sourire la reine. Elle avait tellement peu d’occasion de sourire ces derniers temps que ses lèvres semblaient presque avoir oublié comment faire. - Heu… Oui, oui, bredouilla-t-il. Je n’étais pas très à mon avantage enfermé dans ce placard habillé avec des fringues de servante… - Moi je te trouvais très mignonne. La tête de son ami était maintenant plus rouge qu’une tomate. Elle rit en se rapprochant de lui et lui écarta une mèche rebelle du visage. - Mais tu es encore plus mignon quand tu es habillé en guerrier. C’était la première fois que la reine éprouvait une telle attirance pour quelqu’un. Il y avait bien eu Janus mais à bien y réfléchir elle l’avait plutôt considéré comme un grand frère. D’ailleurs elle venait d’apprendre qu’il l’était vraiment. Ca lui avait fait un choc. Elle croisa le regard d’Elvish et se rapprocha encore. Leur visage était à peine à quelques centimètres l’un de l’autre. - Je… Je… Je trouve que tu as de beaux yeux. Elvish déglutit péniblement. Il était aussi timide qu’une pucelle lors de sa nuit de noce, c’était trognon à voir. Illyria avait les yeux vairons. L’un était rouge et l’autre vert. Elle était habituée à ce qu’on la complimente mais elle savait qu’avec Elvish cela était sincère et venait du fond de son cœur comme une déclaration à peine voilée. - Merci, répondit-elle simplement. Puis, sans rien ajouter, elle entrouvrit ses lèvres et ferma les yeux. La tête d’Elvish s’avança pour combler l’espace qui les séparait encore, elle sentait son souffle chaud lui caresser le visage. Leurs lèvres étaient presque l’une sur l’autre… - Ma reine ! Nos ennemis sont en vus ! D’un coup le charme du moment fut rompu. Illyria rouvrit les yeux et se tourna vers le soldat. Elvish qui avait gardé les yeux fermés embrassa la poutrelle qui était juste à côté d’Illyria. Il se mit à tousser et à cracher. - Quoi ? - On est attaqué. Tu n’as pas entendu ? Tu étais vraiment dans la lune… Illyria sauta hors du chariot et le soldat lui indiqua une direction vers le nord. Il y avait un épais nuage de poussière qui se soulevait au loin, comme si une tempête se préparait. Ils devaient bien être mille hommes. Toutes les troupes de l’armée des Trois étaient rassemblées. L’Armée du Soleil était composée de mille sept cent hommes mais peu avaient déjà combattu. La bataille était loin d’être gagnée. - Que devons nous faire, ma reine ? demanda le soldat. - Mettez-vous en position. Nous allons les attendre ici même. Nous sommes sur une petite butte, ainsi nous aurons un certain avantage du terrain. Le soldat salua et alla informer les officiers des ordres qu’avait donnés leur reine. Illyria se retourna vers Elvish. Il avait remis son casque et avait attaché son épée à sa ceinture. Elle eut comme un pincement au cœur de le voir ainsi. Ce n’était pas à lui d’aller se battre mais à elle. Or la reine du Mordz ne pouvait pas se permettre d’aller sur les lieux du combat. Elle ne devait pas se faire tuer. - Ne t’inquiète pas, Illyria. Je reviendrai sain et sauf. Elle allait lui dire de ne pas y aller quand une voix derrière elle le fit à sa place : - Non, attends un instant ! Illyria se retourna et découvrit Shadow Angel et Iznok, les deux rebelles que ses soldats avaient sauvés. Shadow avait ensuite essayé de la tuer. Elle préférait rester méfiante quant à la raison pour laquelle il voulait empêcher Elvish d’aller au combat. - Qu’est-ce que vous voulez ? Shadow baissa les yeux. - Je voulais, hum, m’excuser pour mon comportement et heu… Vous faire part de mon plan. Illyria croisa les bras sur sa poitrine, peu convaincue. Mais Elvish passa devant elle posa une main sur l’épaule de Shadow. - Vas-y, je t’écoute. Les yeux de Shadow brillèrent de reconnaissance puis il commença son explication : - On m’a raconté votre histoire, que vous êtes des Elus venus du passé et tout et tout. Je sais aussi que vous cherchez la Pierre du Temps. Si un Juge l’a volée, je ne vois qu’un seul endroit où il peut l’avoir emmenée : le château des Trois ! - Oui et alors ? fit Illyria. Comme si on ne le savait pas déjà . - Hum… Toutes les troupes des Trois sont devant nous. Ca veut dire que le château est presque sans défense. Nous savons aussi comment y entrer sans nous faire repérer. Pif et moi nous nous sommes déjà infiltrés. Et Iznok l’a déjà fait aussi. Si nous voulons récupérer la Pierre, notre meilleure chance est maintenant. Illyria n’était toujours pas convaincue. Et si le rebelle avait décidé de lui tendre un piège ? Tout semblait trop parfait. Pourtant lorsqu’elle regarda le visage d’Elvish elle sut qu’il le ferait. Il se tourna vers elle. - Nous devons en terminer maintenant. Shadow a raison. - Mais… Elle ne finit pas sa phrase. Il n’y avait rien à dire, elle le savait. Elvish avait confiance en Shadow et elle avait confiance en Elvish. Ainsi le sort en était jeté. Elle prit une grande inspiration. - Très bien. Vous, fit-elle en désignant Iznok, vous conduirez Véon et Elvish au château. Vous, par contre, elle désigna Shadow, vous restez ici… - Quoi mais ! - ... en tant que général en chef de l’Armée du Soleil. La bouche de Shadow faillit se décrocher. - M… Merci ! Illyria prit un air sombre. - Ne me remerciez pas. Demain vous serez peut-être mort. |
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