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Lecture d'un chapitre



Lecture du chapitre 31
Nom de l'œuvre : Les légendes du Mordz Nom du chapitre : Chapitre 29 : Le dernier jour du royaume
Écrit par Requiem Chapitre publié le : 22/12/2010 à 22:20
Œuvre lue 60259 fois Dernière édition le : 22/12/2010 à 22:20
Dans ses rêves, Zenight revoyait les visages des personnes qu’il avait tuées avec Hina. Chaque fois qu’il fermait un œil, la figure de Banquier, Bouh ou n’importe quelle autre victime venait se transposer sur sa rétine. A cela venait s’ajouter leurs cris. Il s’était récemment mis à les entendre quelques semaines plus tôt et cela le pourchassait même en plein milieu d’une bataille alors que l’adrénaline lui coulait dans les veines et que, sa main tenant fermement sa nouvelle épée, tranchait vivement la chair ennemie.
Ces apparitions étaient devenues si insupportables qu’il ne parvenait plus à dormir la nuit. Un cauchemar succédait à un autre cauchemar et ainsi de suite. Ses yeux étaient encore plus rouges qu’avant et ses traits étaient si tendus qu’on imaginait sans peine que celle-ci puisse se déchirer en morceaux après un geste trop violent.
Déposant son verre sur la vieille table d’une taverne miteuse où lui et son escouade s’étaient arrêtés, il se resservit aussitôt d’un alcool fort. Il préférait dégueuler plutôt que dormir.
Tous autour de lui jouaient aux cartes, mangeaient ou buvaient un coup. Zenight les laissait faire car le lendemain matin serait leur grand jour. Le jour où, après des mois de lutte acharnée, Ganon et les Juges pourraient enfin reprendre le contrôle du Mordz.
Pendant une seconde il savoura cet instant et ferma les yeux. Aussitôt le visage fantomatique de Kapoera se forma, semblant aussi réel que l’odeur de son whiskey. Il rouvrit ses paupières en sursaut.
Son cœur battait la chamade. Non, décidément il ne devait pas dormir… Il ne savait pas trop ce qu’il lui arrivait mais il fallait que ça cesse. Tout ça c’était la faute d’Illyria et sa bande de macaques dégénérés.

Le lendemain.
Les forces ennemies avaient surgi de nulle part. La Capitale était désormais un véritable champ de bataille. Tous les efforts faits pour lui redonner son aspect originel furent balayés en un clin d’œil. L’armée de Ganon s’abattit telle une tempête et ravagea tout sur son passage. Les survivants se réfugièrent au château qui n’était protégé que par la garde de réserve.
Véon regardait les fumées s’élever dans le ciel alors que la splendide citée brûlait sous ses yeux. Ganon avait perdu la raison. Il ne semblait même pas vouloir reprendre le pouvoir. Non, il voulait simplement tout détruire. Le mordzien détourna les yeux, dégoûté par ce spectacle, il ne comprenait pas comment on pouvait en arriver là. Le monde était-il si pourri ?
- Je croyais que l’armée et Shadow étaient partis les affronter ? Mais c’est trop près…
A côté de lui Illyria secoua la tête. Elle avait l’air au moins aussi choquée que Véon, sinon plus.
- Je sais… (Elle planta son regard dans celui de Véon.) Mais si Ganon est ici ça veut dire que…
Elle ne put finir sa phrase. Véon comprit à son tour. La raison de la présence de l’armée de Ganon dans la cité était que la leur avait été tout simplement balayée. Shadow Angel aussi…
Un garde entra en courant dans la salle et se précipita vers Illyria :
- Ma reine ! Ma reine ! Zenight a pénétré le château. Nous nous battons mais nous ne tiendrons pas longtemps.
- J’arrive.
Illyria tira son épée. Elle allait suivre le garde quand Véon la retint par la manche.
- Vous ne pouvez vous battre, si vous mourez, le Mordz n’aura plus de souverain à nouveau.
La reine regarda Véon avec colère et se dégagea violemment. C’était la deuxième fois que Véon la voyait comme ça. La première était lors de sa dispute avec Janus.
- Peu importe que je vive s’il n’y a plus de royaume à défendre.
Sur le coup Véon ne trouva rien à répliquer. Elle avait raison. Si les sbires de Ganon parvenaient à prendre le contrôle du château, alors le Mordz s’effondrerait. Il ne restait que deux solutions : se battre ou bien… la Pierre du Temps. Janus voulait qu’il l’utilise depuis le départ. L’homme avait prévu que ce jour arriverait. Mais comment être sûr que revenir dans le passé n’empirerait pas davantage le futur ?
Il aurait aimé être conseillé par ses amis venus eux aussi de son époque mais la plupart étaient morts et le dernier avait perdu l’esprit. Le choix ne revenait qu’à lui. Pourtant, quelque chose dans son cœur ne voulait pas que cela se termine ainsi. Retourner dans le passé signifierait tuer Janus. Or, même s’il ne l’aimait pas beaucoup, il ne sentait pas capable d’enlever la vie du demi-frère d’Illyria.
Soupirant, il se mit à courir pour rattraper la reine. Il se battrait lui aussi. Mais s’ils venaient tous à échouer, alors il utiliserait sa dernière carte.

Les assauts des soldats se faisaient de plus en plus violents. L’Armée du Soleil avait de plus en plus de mal à garder leur position et à repousser les vagues de mercenaires assoiffés de sang.
Illyria se trouvait quant à elle au milieu de la mêlée avec les soldats les plus forts. Elle abattit un ennemi quand quelque chose siffla au niveau de son oreille. Elle se pencha en avant et sans doute ce réflexe la sauva-t-il car l’épée de Zenight passa juste au-dessus de sa tête. Elle se retourna pour faire face à son ancien collègue.
- Toujours attaquer en traître, n’est-ce pas Zenight ?
Celui-ci lui lança un regard mauvais :
- Sur un champ de bataille, l’honneur n’existe plus. Seul survivre compte.
- Puisque tu le dis…
La reine lança son pied et atteignit Zenight de plein fouet. Le Juge poussa un hurlement de douleur avant de lâcher son épée et de s’écrouler à terre en se tenant les attributs qui faisaient de lui un homme. Ses yeux rouges étaient révulsés, comme prêts à sortir de leur orbite.
- Ca… c’était pas… loyal du tout…
Illyria haussa les épaules.
- C’est toi qui disais que l’honneur n’existait pas sur un champ de bataille.
- Et il a parfaitement raison !
Une autre voix venant dans son dos la poussa une nouvelle fois à se jeter en avant. Mais certainement son adversaire avait dû prévoir l’esquive car elle reçut une blessure dans le bas du dos. Elle trébucha et tomba lourdement sur le ventre. La reine se retourna avec peine et découvrit que son nouvel adversaire n’était autre que Shaka la Dame Sanglante.
La guerrière la plus forte du Mordz la surplombait. Ses doigts en forme de griffes ruisselaient de sang. Illyria comprit que même si elle n’avait pas totalement évité l’attaque, elle avait échappé une fois de plus à la mort d’un cheveu. Si ces réflexes avaient été un poil plus lent, ça aurait été la fin.
Illyria se releva avec difficulté. La blessure dans son dos la faisait souffrir atrocement. Elle allait se mettre en garde quand une personne vint se placer entre les deux combattantes.
- Par le torchon de lumière d’Unguld, vous ne passerez pas !
- C’est qui cet abruti ?
Illyria regarda sidérée Elvish qui brandissait un torchon et un vieux balai sous le nez de la Dame Sanglante. Le mordzien prit son balai à deux mains et donna un grand coup sur le sol.
- Vous ne passerez pas !
- C’est ça…
Et d’un revers de main Shaka envoya voler Elvish à l’autre bout de la pièce. Il décrivit une courbe parfaite avant de s’écraser contre un mur et de glisser jusqu’au sol. Il était inconscient et saignait abondamment.
Ce fut comme un déclencheur pour Illyria. La colère monta en elle comme jamais. Il ne fallait pas s’en prendre à Elvish ! Maintenant la défense du royaume lui paraissait secondaire. Une chose lui importait : tuer la personne qui avait fait du mal à Elvish. Tuer Shaka.
Avec un bruit bestial sortit du fond de son abdomen elle se jeta sur son adversaire. La Dame para le revers d’épée grâce à ses ongles qui étaient aussi durs que de l’acier. Illyria, loin de se laisser démonter, fit un demi-tour sur elle-même et porta une autre attaque. Shaka recula pour l’éviter avant de riposter violemment.
De tous, c’était le combat le plus dur qu’Illyria ait jamais mené. Elles étaient toutes les deux d’un niveau à peu près équivalent et rares étaient les personnes aussi fortes qu’elles. Mis à part Janus et peut-être Zenight lorsqu’il possédait encore Hina, elle n’avait jamais rencontré d’autres individus capables de lui tenir tête comme le faisait Shaka.
Ses attaques semblaient inefficaces tandis que Shaka effectuait de petits mouvements dont aucun n’était inutile pour attaquer et défendre en même temps.
Un ongle griffa la joue d’Illyria et du sang se mit à couler. Petit à petit, la Dame Sanglante reprenait le dessus. La reine ne voulait pas perdre. Elle ne pouvait pas perdre ! Sinon Elvish ne ferait pas que perdre la mémoire cette fois. Tous seraient condamnés.
Illyria fit un pas de côté et se laissa tomber en arrière, projetant son épée sous la garde de son adversaire. Cette fois-ci le métal rencontra la peau et trancha dans le vif.
Shaka poussa un cri de rage en regardant le sang qui coulait de sa blessure.
- Félicitations. C’est la première fois qu’on réussit à me blesser. Même Gloom n’a pas réussi cet exploit.
Profitant que la vampire se mette à parler, la reine se redressa et se remit en garde. Elle était épuisée, il fallait qu’elle gagne quelques secondes pour récupérer.
- Merci… C’est la première fois qu’un adversaire me blesse sans utiliser d’épée.
- Mon corps est une arme à elle seule. Je n’ai pas besoin de ce genre d’outil pour me battre.
Shaka porta un nouveau coup. Une de ses mains griffues s’abattit de front tandis que l’autre se dirigeait sur le flanc d’Illyria. C’était une attaque dangereuse pour la lanceuse autant que pour la receveuse. La reine n’avait dès lors que deux solutions : soit trancher la main qui venait en face d’elle, soit celle qui visait son flanc. Dans les deux cas elle allait être sérieusement blessée, plus que Shaka en tout cas.
En un éclair elle décida de trancher la main qui se dirigeait vers son visage. Elle avait plus de chance de survivre si elle se prenait l’attaque au flanc. Elle fit décrire à sa lame électrique une courbe, ne laissant qu’une fine ligne de lumière derrière elle.
Alors qu’elle était sûre de recevoir un coup de griffes de l’autre main de Shaka, elle ne sentit rien. Elle ne chercha même pas à comprendre. Elle fit un bond en avant, son épée levée haut dessus de la tête et l’abattit brutalement sur Shaka, la tranchant presque totalement en deux de haut en bas.
Les yeux incrédules de Shaka dévisagèrent un instant la reine, puis les deux parties du corps tombèrent à la renverse dans un horrible suintement et une gerbe de sang. Illyria soupira de soulagement. Son pire adversaire venait d’être vaincu. Elle ne savait pas comment elle avait réussi à échapper à l’attaque mais elle avait survécu et vaincu Shaka.
Elle s’apprêtait à repartir au combat quand elle aperçut une forme, en sang, roulée en boule à côté de Shaka. Elle le reconnut aussitôt et se jeta à terre, prêt de lui. Elle prit sa tête entre ses mains.
- Elvish ! Elvish ! cria-t-elle en le secouant.
Le mordzien ouvrit légèrement les yeux.
- Elvish tu es vivant !
La reine sentit les larmes qui coulaient de ses yeux. Elvish avait prit l’attaque à sa place : une plaie béante à son flanc répandait du sang sur le sol. D’une main tremblante il essuya une larme qui coulait sur la joue de la reine.
- Ne… pleure pas… Ce n’est pas grave, ce n’est pas la première fois que ça m’arrive.
Les entrailles d’Illyria se tordirent sous la douleur émotionnelle.
- Mon dieu, tu as retrouvé la mémoire !
- On dirait ouais…
Elvish ferma les yeux et poussa un petit gémissement de douleur. Illyria sentait son corps trembler, Elvish était très sérieusement blessé. Après toutes ces épreuves il risquait pour la deuxième fois de mourir…
- Un médecin ! Un médecin ! hurla-t-elle.
Mais dans le bruit des combats alentour sa voix se perdit. Personne ne régissait. Elvish allait mourir et elle ne pourrait rien y faire. Une ombre se dressa derrière elle. Elle agrippa son épée et fit un demi-cercle pour trancher la personne qui tentait de l’importuner alors qu’Elvish était mourant.
Son geste fut stoppé net. La personne derrière elle venait de bloquer l’épée seulement en la coinçant entre le plat de ses deux mains. Il repoussa l’épée et Illyria, déstabilisée, perdit sa prise sur la garde de son arme. L’épée tomba sur le sol dans un grésillement électrique. C’était fini, cette fois elle allait mourir. Mais peu importait, car la vie ne valait plus la peine d’être vécue. Pas sans Elvish.
- Qu’est-ce que tu fais ? Relève-toi idiote !
Janus ! C’était Janus qui avait bloqué son attaque ! Il était là, il était revenu ! Illyria en croyait à peine ses yeux. Son frère se tenait debout derrière elle, en chair et en os.
- Mais où étais-tu parti tout ce temps, idiot ?
- Kh ! Elle est chiante ta sœur, Janus… Laisse-moi la trancher.
C’est alors qu’émergeant de derrière Janus, Illyria découvrit avec horreur la silhouette imposante de leur pire ennemi. Le regard de la jeune reine se porta d’abord sur son frère puis sur Ganon, puis revint encore sur son frère et encore sur Ganon. Elle ne comprenait plus.
- Qu’est-ce que tu fais ? laissa-t-elle enfin échapper entre ses dents, complètement abasourdie.
Janus la regarda d’un air sombre.
- Je viens apporter le dernier jour du Royaume.
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