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Lecture d'un chapitre



Lecture du chapitre 43
Nom de l'œuvre : Les légendes du Mordz Nom du chapitre : Chapitre 09 : Une lumière vacillante
Écrit par Requiem Chapitre publié le : 22/12/2010 à 22:31
Œuvre lue 60266 fois Dernière édition le : 22/12/2010 à 22:31
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Ils étaient assis sur le canapé du salon, mangeant les petits sablés restants du précédent repas.
- Donc si je comprends bien, ta grand-mère veut que tu intègres la TGS ?
- Oui, c’est pour cela que je me suis tiré, répondit Elvish en lissant sa robe du plat de la main. J’étais dans le Pézède tu comprends. On était des bad ass, pas des buveuses de thé… Quoique Requiem ne buvait que du thé…
Requiem. Le Winner ferma les yeux. L’ancien leader du Pézède avait participé au même BPR que lui. Evidemment si le Winner était là aujourd’hui, cela ne voulait dire qu’une seule chose pour le célèbre trafiquant : la mort.
Avant son démantèlement, le Pézède était le second groupe le plus influent de l’Underground du Mordz après les Bikers. Il comptait alors environ une dizaine de membres dont la plupart était à présent plus ou moins connu.
Greed avait été le second de Requiem et avait également participé au BPR. S’il avait aussi survécu c’était grâce à son pouvoir de régénération extraordinaire. Eden, un autre membre du Pézède n’avait pas eu cette chance. Ganon l’avait découpé en deux alors que ce dernier était toujours le possesseur d’Hina. Eden figurait désormais parmi les noms des martyrs du règne de Might. Il ne fallait évidemment pas oublier le meilleur ami du Winner, Zenight, qui était tout comme Greed un membre éminent des rebelles de la Lune Etoilée.
Pour ce qui était des autres membres importants de l’organisation : Tamagotche avait disparu de la circulation juste après le BPR, Shy Guy devait à présent se trouver dans une ruelle sombre à digérer toute la drogue qu’il avait fumé, avalé ou snifé et Elvish était visiblement empêtré dans des problèmes familiaux plutôt perturbants.
Repenser à cette époque était extrêmement douloureux pour le Winner et pour beaucoup de gens de sa connaissance. Même quelqu’un comme Elvish semblait en avoir souffert.
- Je vois… Et donc tu as décidé de rejoindre les Bikers.
Elvish haussa les épaules.
- Ouais. Mais d’abord j’ai voulu faire revivre le Pézède mais Greed et les autres m’ont ri au nez. Alors j’ai essayé de former un nouveau groupe avec connaissances à moi. Malheureusement ma grand-mère a débarqué de nulle part. Elle a envoyé mes potes Kapoera et Banquier en Bipie, mon ami d’enfance Véon en Warzie et le petit nouveau de la bande un peu niais, Pif en Trashalie.
- Pif ? Tu connais Pif ? demanda le Winner en ouvrant de grands yeux.
- Ouais pourquoi ?
La mine du Winner s’assombrit.
- Tu ne vas vraiment pas aimer ça…

Elle flottait au milieu d’un désert montagneux. Les roches avaient pris la forme de longs doigts acérés, projetant leurs ombres sur les rares végétaux qui osaient pousser dans un aussi terrible endroit. Quelque part au milieu de cette étendue désertique, deux petites formes avançaient péniblement. Elle savait que c’était un rêve. Elle faisait ce même rêve depuis plus de douze ans. Depuis qu’IL l’avait quittée.
- Je suis épuisée… On est encore loin ? demanda la plus petite des formes.
- Ne t’inquiète pas, la ville devrait se trouver derrière ces montagnes. Nous allons bientôt être en sécurité. Tu veux que je te porte ?
- Non je peux me débrouiller toute seule !
La plus grande des formes ricana.
- Allons ! On sait tous les deux que tu es perdue sans moi.
- Parle pour toi, Tagada ! répondit la jeune fille en faisant semblant de bouder.
- Hey, Pika… Je crois que… j’aperçois quelqu’un.
Le lendemain, Pika se réveilla en pleine forme. La fatigue qu’elle avait accumulée entre son long voyage à travers les terres hostiles du Mordz et les évènements de la veille était à présent complètement dissipée. Elle avait dormi dans la chambre qu’Elvish partageait avec la bonne. Comme Elvish n’était pas venu dormir elle avait pu profiter du lit pour elle toute seule. A son réveil un petit déjeuner fumant l’attendait au pied de son lit. Rika, la bonne devait déjà s’activer aux tâches ménagères.
Elle croisa Hell et Shadow dans le couloir. Tous les deux tiraient une drôle de tête.
- Hey comment ça va les gars ? leur lança-t-elle joyeusement.
Les deux frères ne levèrent même pas les yeux, un air terrifié était gravé sur leur visage.
- Je… veux… ma… maman, articula Shadow avec difficulté.
Pika supposa que les Bikers n’avaient pas passé une aussi bonne nuit qu’elle. La discussion étant plus que limitée avec les deux frangins, elle descendit donc au rez-de-chaussée pour rejoindre les autres.
Dans le salon, elle trouva le Winner endormi sur le canapé avec ce qu’elle crut d’abord être un joli petit brin de fille. Son maquillage avait un peu coulé comme si elle avait pleuré. Pika s’approcha pour la regarder de plus près et reconnut avec étonnement les traits de visage d’Elvish. C’était donc un travesti ? Elle haussa les épaules. Après tout il habitait dans une maison uniquement remplie de femmes.
Le regard de la jeune femme glissa à nouveau vers le Winner. Il avait les yeux fermés mais elle sentait encore la forte traction qu’ils exerçaient sur elle. Des yeux d’un jaune électrique, peu de gens en avaient des comme ça mais pour une étrange raison cela lui rappelait les yeux de l’homme qu’elle était venue chercher : Tagada. Ce n’était pas tant la couleur des yeux – ceux de Tagada étaient d’un noir profond – mais plus le regard qu’ils avaient tous les deux. Exactement ce même regard.
Puis ses yeux remarquèrent que le baudrier que portait toujours le Winner à sa taille était posé sur une chaise à côté de lui. Engoncée dans son fourreau, seule la poignée de l’étrange épée que maniait le Winner était visible. Il l’avait appelée Hina si elle se souvenait bien. Drôle de nom pour une épée trouva-t-elle.
Elle s’approcha un peu plus de la chaise sur laquelle reposait la précieuse épée et s’accroupit devant elle. Tout comme le regard du Winner l’interpelait, Pika sentait que quelque chose à propos de cette épée clochait. Son intuition le lui hurlait. Son intuition avait rarement tort. D’un côté elle savait que la lame était dangereuse – Pika le sentait chaque fois que le Winner la dégainait – mais d’un autre côté la jeune femme savait qu’elle lui était reliée d’une manière ou d’une autre. Avait-elle déjà vu une telle chose durant son enfance ?
Sa main s’avança lentement, fascinée par cette étrange relique. Elle n’était plus qu’à quelques millimètres quand un étau de fer s’abattit sur son poignet.
Stupéfiée, Pika émit un cri de surprise et recula violemment pour se dégager. Mais la force qui s’exerçait sur son poignet semblait inexorable. C’était alors qu’elle vit que le Winner avait ouvert les yeux et la dévisageait d’un air meurtrier. Il était toujours couché sur le canapé et c’était ses doigts glacés qui maintenaient Pika prisonnière. Elle remarqua malgré sa peur que les yeux habituellement jaune électrique du jeune homme étaient pailletés de rouge.
- Lâche-moi, lui ordonna-t-elle en sentant sa peur monter.
Pendant une seconde elle crut qu’il allait la tuer. Puis le Winner cligna des yeux et desserra la pression sur le poignet de Pika. Elle profita de l’occasion pour se défaire de l’emprise de celui-ci. Lorsque leurs regards se croisèrent à nouveau les pupilles du Winner avaient repris leur couleur habituelle.
- Qu’est-ce qu’il se passe ? demanda Elvish en se frottant les yeux, l’air encore à moitié endormi.
Le Winner se leva et attrapa son baudrier.
- Rien, rendors-toi, lui répondit-il. Puis s’adressant à Pika : Ne touche jamais à MON épée.
Il finit de boucler sa ceinture et sortit de la pièce. Elvish s’était déjà rendormi et ronflait du sommeil du juste.
Pika resta là, encore tremblante d’effroi. Elle ne pouvait pas se tromper. Ce qu’elle avait lu dans les yeux du Winner à ce moment-là… C’était le mal.

Le Winner sortit du salon et entra dans le vestibule qui menait à l’étage. Sa tête lui faisait un mal de chien, il avait l’impression qu’un rouleau compresseur lui était passé dessus. Sur sa hanche, Hina se faisait lourde.
Il remarqua que Fleurytank se tenait, immobile, sur la dernière marche de l’escalier, un air soucieux gravé sur son visage trop maquillé. Cela jurait fortement avec son air enjoué et sa bonne humeur habituelle. Il se demanda si elle avait assisté à la scène qui venait de se dérouler dans le salon. Ce n’était pas bien grave après tout, il avait juste été surpris dans son sommeil. Tout le monde aurait-réagi de la même manière, non ?
- Elle veut te voir, finit par lâcher le travesti en guise de bonjour.
Fleurytank n’avait pas besoin de lui dire qui. Il savait déjà que leur rencontre avait été programmée longtemps à l’avance. En discutant tout la nuit avec Elvish, il avait compris quelle était la véritable identité de sa grand-mère. Leur face à face était inéluctable.
Fleurytank s’écarta pour lui laisser la voie libre et il grimpa lentement les escaliers. A mi-parcours, il fut bousculé par Watsounette qui lui murmura une vague excuse avant de repartir vers le bas. Il entendit Fleurytank lui demander d’une voix anormalement tendue :
- Rika est rentrée bredouille. Et toi, tu as trouvé Fredopipe ?
Il n’eut malheureusement pas le loisir d’écouter la réponse, le Winner se trouvait à présent devant la chambre de la grand-mère. La porte était entrouverte.
Il frappa un coup et entra, retenant sa respiration. Dans quelques secondes il allait enfin la rencontrer…
- Bonjour, Winner. Nous nous rencontrons enfin.
Reliée à une armada de machines aux lumières clignotantes, visiblement affaiblie et allongée sur son lit aux draps de lin, le visage de Big Mama n’en conservait pas moins une inextinguible fermeté.
- Je ne pensais pas avoir à vous rencontrer si tôt, lui dit le Winner. Pas juste après que vous m’ayez envoyé espionner Iznok.
L’ombre d’un sourire flotta sur le visage de Big Mama. Mais c’était un sourire fatigué, las. De multiples perfusions lui transperçaient les bras. Un moniteur affichait son rythme cardiaque et toute une tripotée d’appareils dont le Winner ignorait la fonction finissaient de donner à pièce une allure de chambre d’hôpital.
- Comme tu peux le constater, c’est qu’il ne me reste plus beaucoup de temps. Bientôt tous les espoirs de la nation reposeront sur tes épaules. Et je voulais te mettre en garde contre une personne très dangereuse au sein de l’organisation, ce que je ne pouvais faire qu’en tête à tête. Les risques que l’on intercepte ma fréquence radio sont trop élevés.
Le Winner sentit son sang se glacer dans ses veines. Il y avait donc un traître parmi la Lune Etoilée.
- Qui ? demanda-t-il. Qui nous a-trahis ?
Big Mama se mit soudain à tousser avec force. Le bruit était horrible à entendre. On aurait dit que ses poumons tentaient de lui sortir par la bouche.
Enfin la toux de Big Mama se calma et elle put répondre, mettant définitivement un terme à tout ce en quoi le Winner croyait :
- C’est ton ami. Zenight. C’est lui qui te trahira.
Sur sa hanche, il entendit comme un ricanement, des ténèbres, s’élever.
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