Pokemon-France.com

Navigation : Passlord > FanFics
[FanFics] [Mes FanFics] [Rechercher] [FAQ] [Connectés]
[FanFics générales] [FanFics Pokémon]

Lecture d'un chapitre



Lecture du chapitre 1
Nom de l'œuvre : [One-Shot] Prière à Arceus. Nom du chapitre : Qui vous dit, que je ne vous entends pas ?
Écrit par dracaufeu34 Chapitre publié le : 5/6/2011 à 13:33
Œuvre lue 867 fois Dernière édition le : 5/6/2011 à 13:35
Par-delà le ciel éclaboussé de peinture rose, encrée par la palette colorée de l'aurore. Par-delà les nuages cotonneux aux reflets dorés, baignant dans cette eau céleste nacrée. Par-delà les vents puissants et colossaux, qui soufflaient tout ce que leurs féroces poumons pouvaient contenir. Par-delà la lune en diamant et les fragments de cristal scintillant encore dans cette immensité rosée. Par-delà les endroits les plus reculés des âmes, et de l'esprit si limité de l'Homme. Par-delà toutes ces frontières invisibles à l'œil nu, je voyageais. A travers l'espace. A travers le temps. Et à travers les cœurs. Toujours veillant sur ce monde que j'avais créé, il y a de cela des millions d'années. Comme un père au-dessus d'un berceau, je consolais. Mais je n'aimais guère ce qu'il était advenu de ma création. De mon monde. Je m'étais souvent reproché d'avoir donné à mes enfants ce trésor, si incontestable et si précieux, que maintenant, ils ne l'utilisaient plus à bon escient. Les sentiments, les émotions, l'esprit, formaient un tout, une harmonie qu'ils n'étaient plus en mesure de maîtriser. Combien de fois ai-je dû protéger mon monde de ces bienfaits devenus désormais fléaux ? Combien de fois mes enfants se sont-ils retournés contre moi, par soif de pouvoir ? Combien de fois m'ont-ils appelé pour soulager leur détresse infantile ? Cette pensée heurta ma faible sensibilité. Par moment, je regrettais d'avoir créé tout cela. Et regrettais surtout de leur avoir offert un présent aussi considérable. Fâché, je décidai d'arrêter de planer dans cet espace vide, et optai pour atterrir sur un rocher surélevé au-dessus d'un ravin, afin de contempler ce que j'avais conçu le jour de ma naissance :

Le Temps - L'Espace - Le Ciel - Les Continents - Les Océans - Le Savoir - L'Emotion - La Volonté.

J'avais fourni à mes enfants, toutes les facultés nécessaires à leur épanouissement le plus total. Cependant, j'étais profondément déçu de la manière dont ils les utilisaient. Je balayai alors de mon regard neutre le fond de cette immense cavité, qu'était ce canyon. Mes dix-sept plaques, flottant avec grâce au-dessus de ma tête, me rappelaient bien des souvenirs sur les nombreux combats que j'avais gagnés grâce à elles. Mais je ne m'attardais guère sur ces souvenirs lassants, et, redressant fièrement la tête, je fis briller les quatre émeraudes qui luisaient sur mon anneau doré. Puis, je fermai lentement mes yeux rubis, arrêtant alors le vent de souffler, et les Pokémon de chanter. Pour enfin, n'entendre qu'une seule chose : Les prières. Je pris une profonde inspiration, imposant davantage l'aura de mes bijoux, et attendis quelques instants. Des voix. De nombreuses voix commencèrent à résonner en écho dans ma tête. Des voix fluettes, graves, enfantines, chevrotantes, rauques, plaintives. Des voix, venant de n'importe quel être vivant sur cette Terre. Hommes et Pokémon. Chacun priait à haute voix dans un coin reculé, implorant mon aide et mon soutien. Mais je secouai la tête, laissant ma longue crinière blanche neige et gris métallique, danser sur le même rythme que mon chef. Toujours les mêmes requêtes, toujours les mêmes plaintes, et toujours l'attente de mes bonnes grâces.

« Arceus, j'aimerai tant qu'il m'aime comme je l'aime... pourriez-vous me guider sur le chemin de mon cœur ? Je me suis égarée... » ; « Seigneur, je me sens si seul... pourquoi personne ne m'aime comme je suis ? ... »

Ouvre les yeux mon enfant. Il faut plus d'un regard pour lire en toi. N'accorde pas tant d'importance aux remarques d'autrui. Ne respecte que ceux qui te respectent, et tentent de te connaître.

« Je t'en conjure tout puissant Arceus, fais que l'on m'aime pour l'éternité... » ; « Je ne veux pas mourir ! Par pitié seigneur, repousse la date de ma mort... » ; « Ô Arceus, donne-moi l'argent nécessaire pour arriver au bout de mon projet ! »

Non mes enfants. Je ne peux résoudre vos problèmes. Vous êtes grands maintenant. Vous devez affronter la vie. Vous n'avez aucunement besoin de moi pour régler vos petits soucis égoïstes. Mes enfants, pourquoi donc êtes-vous devenus ainsi ? Pourquoi ne comprenez-vous pas que vivre pleinement, c'est vivre pour les autres, et non pour soi ? Pourquoi n'entendez-vous pas les cloches de la raison que je me tue à sonner ? Quand réaliserez-vous enfin qu'un rêve ne peut s'exaucer que si vous le souhaitez suffisamment fort ? Lassé, je m'apprêtais à rompre ce seul lien qui m'unissait à ma progéniture. Lorsque, entre toutes ces demandes de cadeaux, et de bénédictions, une requête me frappa.

« Arceus, ce soir, sous mon sapin de Noël, je ne veux pas de jouets. Je ne veux pas d'habits. Je ne veux pas de sous. Ce que j'aimerais sous mon sapin de Noël maître Arceus, c'est que mon ami revienne à la maison. Je m'inquiète beaucoup. Ca fait longtemps qu'il est parti. J'ai peur. Arceus, si tu m'entends, je t'en supplie ! Fais que mon Chacripan revienne jouer avec moi, à la maison. Un Noël sans mon ami, n'est pas un vrai Noël... » Supplia la voix du petit garçon en pleurs.

Cette demande résonna dans ma tête. C'était rare qu'un enfant si jeune fasse une prière de la sorte.

« Arceus, s'il te plait... » Insista la voix de l'enfant.

Malheureusement, la vie est faite ainsi. Elle est un chemin semé d'embûches. Les amis, nous les perdons, nous les récupérons, nous en trouvons des nouveaux. Il faut savoir encaisser, et avancer, mon enfant.

« S'il vous plait maître Arceus. Il me manque tellement. J'ai peur qu'il lui soit arrivé quelque chose de grave. Mais maman ne veut pas que j'aille le chercher. Ô Arceus, s'il te plaiiiiiit... » Poursuivit cette voix hachée par les sanglots.

Il y eut dans ce hoquet de tristesse, quelque chose de frustrant qui m'invita à agir. Je voulais voir ce petit de près. Je voulais analyser cette souffrance ardente lui ronger les entrailles, afin de voir si elle était digne de ma bienfaisance. A cette idée, je rompus ce lien fragile et invisible qui me reliait à l'extérieur. Puis m'élançai dans les airs, à la recherche de cette ville égarée où cet enfant attendait mon intervention. Cela valait-il réellement mon déplacement ? Sans doute. Je sentais ces choses-là. Très vite, les nuages assombrirent ma course et quelques flocons de neige commencèrent à tomber, s'étalant sur les hauts buildings de Volucité. Le vent glacé de l'hiver, fouettait avec rage les arbres, qui se plissaient sous sa force destructrice. Une fois à quelques mètres au-dessus de ces immenses gratte-ciels, j'optai pour une allure plus familière, que mon imposante carrure naturelle. Une aura blanche éblouissante m'enveloppa en un flash, et j'atterris, telle une plume de Lackmécygne, sur le toit de l'imposante architecture, sous forme humaine.

Je me dressai ensuite, laissant mon long manteau blanc, aux symboles dorés et aux émeraudes étincelantes, danser avec le souffle du vent. Face à cette agression glaciale, je positionnai ma main, prisonnière d'un tissu jaune, devant mes yeux, afin de m'en protéger. Puis, je m'élançai sans hésiter et sautai du toit du building, pour atterrir enfin dans l'épaisse couche de neige qui recouvrait déjà toute la sombre ruelle. Aucun humain ne m'avait vu, trop occupé à préparer leur traditionnel soir de Noël. Par la suite, j'enfilai mes mains dans mes poches, enfonçai mon menton dans mon pull gris, et avançai dans la pénombre à la recherche de ce petit garçon, soi-disant désespéré. Je trouvais cela fort effrayant de douter de la franchise de ma progéniture, mais je ne pouvais me permettre de me laisser berner. Une fois m'avait amplement suffi. Je continuais à avancer dans cette allée ténébreuse, lorsqu'une voix féminine fendit l'air :

« Théodore ! Rentre tout de suite ou je vais me fâcher ! Gronda-t-elle alors que je longeais les murs finissant cette ruelle, qui débouchait sur une grande place, où diverses maisons l'entouraient.

- Nan ! Pas sans Chacripan ! S'écria le petit être aux cheveux ébènes bouclés, tachés par les flocons de neige. Je m'avançais alors discrètement sur la place, où plusieurs humains s'étaient agglutinés pour savourer ce spectacle.

- Mon chéri, reviens ! Ce n'est qu'une boule de poil et elle ne reviendra pas ! Alors rentre à la maison, tu vas attraper la mort sinon. Insista la mère, sans daigner bouger.

- Tu mens ! Cracha la voix de l'enfant rongé par le chagrin. Sa génitrice se mordit la lèvre inférieure en le voyant disparaître dans la ruelle d'en face. Mais alors qu'elle s'apprêtait à le poursuivre, une main puissante se posa sur son épaule frêle.

- Laisse-le ma chérie. Il a besoin de le chercher pour comprendre par lui-même que c'en est fini. Nous allons l'attendre quelques temps, et s'il tarde trop, nous irons le chercher. Expliqua-t-il. Sa femme approuva alors en hochant faiblement la tête, abattue par l'entêtement de son fils.

- D'accord chéri, rentrons... » répondit-elle faiblement.

Les deux adultes joignirent le geste à la parole, tandis que les autres humains s'empressèrent de retourner à leurs occupations. Une fois ce triste spectacle terminé, je restais interdit. Mes enfants, pourquoi si peu de solidarité ? Vous êtes prêts à laisser cet enfant, errer seul dans cette immense cité ? Mais où est donc passé votre bon sens ? Malheureusement, personne ne répondit à mes interrogations silencieuses. Après un maigre soupir, je suivis la route que traçaient les pas de l'enfant, conscient que c'était bien lui que je recherchais. Après plusieurs dizaines de minutes écoulées, j'entendis un cri de stupeur qui fit s'envoler toute une nuée de Poichigeon. Curieux, mais en aucune façon inquiet, je me dirigeais lentement vers ces bruyantes plaintes qui auraient pu me déchirer le peu du cœur sain qui me restait. Après quelques minutes de marche, je vis enfin la cause de toute cette tristesse, et n'en fut pas surpris.

A genoux, dans la neige tachetée d'un rouge vif, le petit garçon aux cheveux ébènes, et au pull laiteux, caressai affectueusement un petit être violet, allongé sur le sol, à l'arrière-train meurtri et rougeoyant. Je levai alors mes yeux rubis vers la route voisine où roulaient, à une vitesse folle, les véhicules confectionnés par les êtres humains. Comprenant ainsi ce qu'il s'était sans nul doute produit, je reportai mon attention sur la silhouette abattue par ce tragique évènement, en restant caché dans la pénombre. L'enfant se saisit doucement du petit corps fragile de son Pokémon qui gémit de douleur suite à ce contact, renforçant les pleurs de son petit maître. Ce dernier s'assit alors en tailleur dans la neige froide qui mouillait son pantalon, et déposa, avec douceur, cet ami si cher à ses yeux. Le chat violet, ouvrit lentement ses paupières pourpres, laissant apparaître ses deux iris vert amande remplis de remords. Afin d'essayer de consoler son petit maître, il lécha, de sa langue rappeuse et épuisée, la main froide de son dresseur, qui maintenait sa tête relevée. Le petit garçon, d'un geste nerveux, essuya son œil gauche avec sa main libre, et, tout en hoquetant, tenta d'articuler quelques mots :

« Je... snif... j... je suis dé... snif... dé-dé... snif... désolé... snif... » Fit-il du mieux qu'il put.

Malgré la douleur, l'animal esquissa un petit sourire, laissant ses larmes se mélanger à celles de son dresseur, qui inondaient ses joues. Du peu de force qu'il lui restait dans son arrière-train brisé par la puissance du choc de la voiture, le félin remua faiblement sa queue pointue, couinant par moment de la douleur que cela lui infligeait. Suite à un nouvel hoquet, l'enfant renifla bruyamment, essayant tant bien que mal de se calmer. Puis, d'une main tremblante, et de froid et de peur, il caressa doucement la tête de son Pokémon, qui ferma les yeux suite à ce doux contact. Le félin ronronna doucement, savourant cette sensation de bien-être qui lui manquait tant, depuis qu'il s'était fait renverser. Les pleurs du petit maître cessèrent alors, et un petit sourire plein d'espoir se dessina ensuite sur ses lèvres bleutées, et gercées par le froid. Mais cette lueur, si ardente et si chaleureuse, s'éteignit cependant, lorsque le Chacripan, trop affecté par le froid et sa blessure, cessa lentement de ronronner. L'enfant, paniqué, l'appela doucement afin d'essayer de le réveiller, puisqu'il n'osait pas le bouger. Mais le félin endormi pour l'éternité, n'y répondit pas. Il tenta à nouveau ses appels, mais plus fort cette fois-ci. Mais le félin ne répondit toujours pas. Les larmes amères recommencèrent alors à entraver ses paroles.

Puis, alors qu'il s'égosillait à tant l'appeler, qu'il se déshydratait à tant pleurer, et qu'il se blessait à tant serrer ses mains meurtries par le froid, l'une dans l'autre, la silhouette assoupie et raide du chat violet, elle, ne bougeait pas. Brûlé par tant de chagrins, il fondit en larmes, laissant toute cette émotion blessante, se déverser en cascade sur la neige blanche, souillée par les taches de sang. L'enfant jeta comme tentative désespérée, des appels au secours aux quelques passants qui passaient à ses côtés, mais aucun d'entre eux ne prit le temps de le regarder et de le rassurer. Après plusieurs essais, il se fit à l'idée qu'il devrait faire son deuil tout seul, et laissa sa tête s'enfouir dans ses petites mains tremblantes. Caché dans cette pénombre, et contre ce mur froid, je regardais avec peine cette scène. Oui. Je ne restais pas indifférent face à un chagrin et un amour aussi grand. Mais je ne pouvais me permettre de les laisser paraître. Les émotions et les sentiments, je les avais offerts à tout être vivant sur cette terre, afin qu'il puisse vivre, et non plus survivre. Malgré l'illusion que je m'étais fait, il restait un peu de ces bienfaits en moi.

Finalement, je sortis de ma cachette, et me présentai doucement face à lui. Entendant mes bottes dorées s'enfoncer dans la neige, le petit maître ôta sa tête de ses mains, me laissant découvrir ses yeux bleu ciel, rougis par les larmes. Constatant qu'il n'était plus tout seul, il se dépêcha d'essuyer ses prunelles humides et tenta d'arrêter de hoqueter. Je le fixai alors d'un regard neutre, et m'accroupis pour être à son niveau. Enfin, je portai mon attention sur le défunt :

« Que fais-tu ici dans ce froid hivernal ? Tu vas attraper mal, et tes parents s'inquiètent sûrement de ta disparition... remarquai-je en plantant mes yeux rubis dans les siens. Il fronça les sourcils en se frottant nerveusement le bras.

- Je m'en fous... hoqueta-t-il. Un silence s'en suivit, jusqu'à ce que j'haussai un sourcil. Ils n'ont pas voulu m'aider à retrouver mon Pokémon. Ils ont dit qu'il ne méritait pas qu'on le cherche ! Mais moi, je l'aime mon Chacripan ! Moi, je voulais qu'il revienne à la maison, pour qu'on puisse s'amuser comme avant... Tout ce que je voulais, c'était mon copain de jeu et eux, ils ne voulaient pas... ils ne l'aimaient pas... sanglota-t-il. Des larmes amères et froides, roulèrent à nouveau sur ses joues rosies.

- Tu sais pourquoi il est parti, ton ami ? Questionnai-je. L'enfant hocha la tête.

- Je sais que Chacripan n'aime pas rester tout le temps enfermé... Donc, je m'arrangeais pour ouvrir la fenêtre de ma chambre pour qu'il puisse sortir un peu dehors. Et pis, l'autre jour, j'ai fait ça, et il n'est plus revenu, alors qu'il revenait tout le temps pour faire dodo avec moi... c'était mon doudou... résuma-t-il en frottant ses yeux épuisés. J'approuvais alors faiblement de la tête, laissant l'enfant se remettre un peu de ses émotions. Dîtes monsieur... commença-t-il après quelques minutes de silence,

- Hmm ? Approuvai-je sans lui accorder un regard.

- Vous croyez en Arceus ? Demanda-t-il. J'écarquillai les yeux, suite à cette interrogation, et tournai vivement ma tête dans sa direction.

- Pourquoi cette question ? M'empressai-je de demander. Il se tortilla alors les doigts en regardant la silhouette sans vie de son ami.

- Parce que, maman m'a dit que quand ça n'allait pas, il fallait prier fort, pour que maître Arceus nous entende. Et s'il jugeait notre appel bon, alors il viendrait nous aider. Mais pour moi, il n'est pas venu... vous pensez que c'est parce que j'ai pas été très sage avec ma maman, qu'il n'est pas venu ? Fit-il avec regrets. Hmm... mon enfant comment te l'expliquer ? ...

- Je ne pense pas. Répondis-je simplement. Il fronça les sourcils pour marquer son incompréhension.

- Pourquoi il est pas là alors ? Il avait d'autres petits garçons plus tristes que moi à s'occuper ? Questionna-t-il en attrapant doucement son Pokémon pour le serrer contre lui.

- Et qui te dit qu'il n'est pas là, mon enfant ? Fis-je avec un fin sourire. L'enfant cligna des cils, et regarda dans toutes les directions possibles.

- Il est où, alors ? Monsieur, vous l'avez déjà vu Arceus ? S'empressa-t-il de demander, alors que je posai mon index sur ses lèvres.

- Chuut... répondis-je avec douceur. Crois-tu aux miracles, mon enfant ? Enchaînai-je. Il approuva d'un faible signe de la tête. Et sais-tu comment Arceus les réalise ces miracles ? Parce qu'il ne peut les réaliser à lui tout seul tu sais... Expliquai-je avec un brin de malice. L'enfant eut une étincelle dans les yeux.

- Non monsieur ! Comment on peut l'aider ? S'enthousiasma le petit maître.

- C'est simple. Il faut que tu penses très très fort à ton vœu. Que tu y mettes toute la puissance de ton petit cœur dedans. Si ta demande est suffisamment intense et si tu le désires suffisamment fort, alors, il y a des chances qu'il t'entende. Expliquai-je en voyant cette lueur d'espoir s'embrasait tel un feu de joie dans l'horizon de ses yeux.

- Owi !! Vous pensez qu'il pourra me rendre Chacripan ? Questionna-t-il en regardant son ami.

- Bien sûr, il peut tout faire Arceus. Allez, je vais t'aider. Fermons les yeux d'abord. Invitai-je en exécutant mes propres paroles, ce qu'il fit également. Joins tes mains contre ton cœur et sens ses pulsations... ... tu les sens ? Poursuivis-je en ouvrant un œil, pour m'assurer qu'il jouait bien le jeu.

- Oui. Je les sens. Approuva-t-il en s'exécutant. Notant qu'il faisait bien tout ce que je lui demandais, je pus illuminer, sans crainte, les émeraudes de ma veste.

- Bien, maintenant concentre-toi et répète plusieurs fois ton souhait dans ta tête. Je suis sûr qu'il t'entendra. » Assurai-je.

Il m'approuva avec enthousiasme et un silence s'installa ensuite, durant lequel je tendis l'oreille sur ses appels. Pendant quelques minutes, je n'entendis rien de concret. Puis, un faible son siffla à travers mes fines oreilles. Il s'intensifia lentement, me permettant de percevoir quelques mots, et la tonalité de sa requête. Enfin, les phrases se firent plus intenses et plus audibles. L'espoir qui leur servait d'engrais était si fort, que j'avais la sensation de me faire emporter dans un puissant courant marin. La force de sa détermination, résonnait en moi à la manière d'un gros tambour. Les phrases prenaient du sens...

« Arceus, ramène-moi Chacripan, s'il te plait. »

Plus fort mon enfant, ce n'est pas encore suffisant. Comme si lui m'avait entendu, il attrapa mes deux mains qu'il serra fort dans les siennes, dans l'espoir de rendre son appel encore plus intense.

« Arceus s'il te plait, je veux que mon ami revienne et qu'on soit ensemble pour Noël »

La magie fut telle, que pour illustrer toute la volonté qui brûlait rageusement dans le cœur du petit maître, les rafales de vent se firent plus brutales et plus froides encore que le blizzard lui-même.

« Je t'en prie Arceus. M'entends-tu ? »

« Oui mon enfant, je t'entends... » Répondis-je alors à voix haute, faisant briller les anneaux de ma veste plus ardemment.

A ces mots, le jeune garçon rouvrit ses yeux, stupéfait de ma réponse. Je suivis son exemple et ôtai mes mains des siennes afin de pouvoir concentrer tout mon pouvoir dans celle de droite. L'éclat de mes émeraudes et des symboles peints en jaune sur ma veste, fut transmis à ma main droite qui s'illumina à son tour, d'une aura blanche aveuglante, forçant l'enfant à se protéger les yeux. Une fois que cette clarté eut atteint l'apogée de sa luminescence, je posai mon membre sur le corps sans vie du Chacripan, ce dernier s'illuminant à son tour. Quelques secondes passèrent, alors que la lumière aveuglante se tamisait peu à peu. Dès qu'elle s'éteignit, la respiration ainsi que le rythme cardiaque du félin violet, reprirent alors, peu à peu. L'animal bougea légèrement les oreilles, puis ouvrit lentement ses pupilles fendues, surpris. Son dresseur ôta ses mains de devant son visage bleuit par le froid, et à la vision de son ami vivant, ne put s'empêcher d'éclater en sanglots en le serrant du plus fort que lui permettaient ses petits bras frêles, sur son torse d'enfant. Le Chagripan, quelque peu perturbé de son réveil soudain, n'attendit, cependant, guère longtemps pour remuer le plus rapidement possible sa longue queue pointue. Il émit ensuite un ronronnement assourdissant, et inonda son protecteur d'affectueuses léchouilles.

Un faible sourire vint s'inscrire sur mon visage suite à tant de bonheur. Mais, maintenant que j'avais fait ce qui me semblait bon, je me relevai lentement, tournai des talons, et sans leur accorder un regard, commençai à partir. Néanmoins, je fus forcé de m'arrêter :

« Arceus ! Appela la voix de l'enfant. Je stoppai alors mes pas dans la neige, entendant les siens accourir.

- Hmm ? Répondis-je simplement en me tournant dans sa direction. Mais je n'eus le temps que d'hausser un sourcil, que le petit maître vint se blottir contre moi, serrant fort son étreinte autour de ma taille. Ce qui m'arracha un cri de stupeur.

- Merci beaucoup ! Merci pour tout ! Merci ! Merci ! Quand maman va apprendre ça, elle va... remercia-t-il en laissant rouler des larmes de joie sur ses joues rosies. Toutefois, même si je partageais un peu sa joie, je restais interdit et posai mon index sur ses lèvres.

- Chuut... promets-moi de ne rien dire à ta maman, ou à qui que ce soit d'autres. Ce sera notre petit secret à tous les trois, d'accord ? » Fis-je d'une voix douce.

L'enfant approuva alors d'un hochement de tête et serra davantage son étreinte. Je clignai des cils, confronté à un dilemme. Je ne pouvais me permettre d'exprimer de la sympathie pour aucun de mes enfants. Les sentiments étaient peut-être un trésor inestimable, il n'empêchait qu'ils faussaient le raisonnement. Mais d'un autre côté. Je n'avais que peu de liens avec ma progéniture. Après tout, ce n'était qu'un enfant qui avait besoin d'un peu réconfort... Battu par les quelques sentiments qui animaient mon cœur meurtri par le temps, j'optai pour une solution que je n'aurais jamais prise, si la situation ne m'avait pas tant touché. J'enroulai timidement mes bras autour de l'enfant, lui rendant son étreinte et laissant ses larmes de joie mouiller mon manteau. Il se retira ensuite, quelques minutes plus tard, avec un large sourire :

« Tu reviendras nous voir, hein ? Dis ? Questionna-t-il en plantant son regard bleuté dans mes deux rubis. Je secouai la tête.

- Non. Il ne faut pas que je revienne. Dis-je, en le lâchant. Il haussa un sourcil et frotta ses petites mains l'une contre l'autre.

- Pourquoi ? J'ai fait une bêtise qui t'as fâché ? Ajouta-t-il d'une petite voix, en prenant dans ses bras son Pokémon aussi déçu que lui de ma réponse.

- Cela n'a rien à voir avec toi. Je ne peux pas revenir ici tout le temps. Juste dans les cas extrêmes, et si j'ai le temps. Expliquai-je sans le lâcher des yeux. Il baissa alors la tête.

- D'accord Arceus... approuva-t-il.

- Par contre. J'aimerais que tu me promettes une nouvelle chose... commençai-je, attirant son attention. Si tu dois m'appeler, fais en sorte que ce soit pour aider quelqu'un. Je ne veux pas entendre de ta bouche, un désir égoïste. Ne me demande pas un jouet, ne me demande pas de l'argent, ni de l'amour. Demande-moi de veiller au bonheur de ton entourage. Est-ce clair ? Expliquai-je. L'enfant serra son Pokémon contre lui.

- Oui Arceus, c'est promis. Jura-t-il. Un sourire vint alors adoucir mon visage neutre.

- Très bien. File maintenant, tes parents t'attendent. » Ordonnai-je d'un signe de la tête.

L'enfant me répondit par son plus beau sourire, et, laissant son Pokémon le courser, s'élança en toute hâte vers sa maison, quelques rues plus loin. Une fois seul, je me résignai à le suivre avec un peu de retard, afin de voir si j'avais bien fait ou non. Il est vrai que j'étais plus disposé à exaucer les prières, le jour de Noël. Après avoir longuement marché, j'arrivai enfin sur cette place, où de loin, je pus voir le jeune enfant sauter dans les bras de sa génitrice, la couvrant de baisers. Je m'accoudais alors contre le mur de briques froides, et tendis ma fine oreille :

« Ahhh ! Te revoilà mon chéri ! J'étais si inquiète ! Et tu as retrouvé Chacripan ? Saperlotte ! Il ne s'était pas sauvé pour le plaisir alors... oh mon chéri, je suis désolée... j'aurais dû t'accompagner... S'excusa la mère en serrant fort sa progéniture contre elle.

- Ca ne fait rien maman... en tout cas, je suis sûr qu'Arceus m'a entendu de tout là-haut ! S'exclama-t-il en pointant le ciel gris de son index, accompagné des miaulements de son petit compagnon.

- Oui ! Je te l'avais dit que notre Père à tous, même s'il était loin, même s'il était épuisé, nous écoutait toujours de là-haut. Et que s'il pouvait te venir en aide, il le ferait du mieux qu'il pourrait. Je suis si fière de toi mon Poussifeu. » Sourit sa mère en l'embrassant sur son front.

Sur ces mots, elle fit rentrer son fils et le Pokémon félin dans sa demeure, fermant à clé derrière elle. Je laissai passer quelques secondes, avant de finalement tourner le dos à cette aura de bien-être qui se dégageait de cette maison. Mais alors que je m'enfonçais dans les ténèbres de la ruelle, les mains dans les poches, j'entendis une faible prière qui me fit sourire à pleine dent :

« Ô puissant Arceus, merci de tout cœur d'avoir rendu le bonheur à mon petit garçon pour le jour de Noël. »
[ Chapitres : 1 | Retour | Haut de page ]