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Lecture d'un chapitre
| Lecture du chapitre 46 | |
|---|---|
| Nom de l'œuvre : Les légendes du Mordz | Nom du chapitre : Chapitre 12 : Alliance inattendue |
| Écrit par Requiem | Chapitre publié le : 13/8/2011 à 12:06 |
| Œuvre lue 60273 fois | Dernière édition le : 13/8/2011 à 12:06 |
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| Hell Angel sentait ses tripes se tordre à l’intérieur de son ventre. Il avait la bouche grande ouverte mais aucun son ne passait à travers elle. Une douleur trop grande lui emplissait la tête. Les yeux fixés sur son petit frère, il le vit lentement basculer sur le côté tandis que la lame qui le transperçait de part en part se rétractait dans un bruit de succion. Enfin, quand la tête de Shadow heurta violemment le sol dans un bruit sourd, Hell comprit qu’il n’y avait plus rien à faire. Il garda pourtant le regard braqué sur le visage de son frère. Les yeux du Bikers étaient grands ouverts et vides. Vides comme le néant. Le néant qui emplissait le cœur de Hell. Hell Angel, quatorze ans, déchiré et sans famille. Autour de lui le monde pouvait bien s’effondrer, se fissurer, imploser, plus rien n’avait d’importance. Chez les Bikers on lui avait appris que seuls les plus forts survivent. C’était des conneries. Plus rien n’avait d’importance. Il n’avait plus rien. Il avança jusqu’à la dépouille de son frère et tomba à genoux. Le corps de Shadow était encore chaud mais anormalement pâle. Il prit la tête de son frère entre ses bras et commença à le bercer lentement. A son oreille il chuchota la seule chose qu’il se souvenait de sa mère : une comptine qu’elle leur chantait avant qu’elle ne disparaisse sans laisser un mot. « Aux confins du Mordz, une pierre bleue luit. Là où seul un des Six élus venus du passé trouver la pierre peut. Là où à l’Ouest il faudra marcher, vers la terre où commence la nuit. Là où ne perce aucune lumière, dans une grotte creusée à mille lieux. Là où il faudra pendant longtemps marcher sous le brillant soleil. Là où les ombres s’allongent et le monstre à deux cornes attend. Là où nulle herbe ne pousse, c’est un endroit maudit sans autre pareil. Aux confins du Mordz se trouve la Pierre du Temps. Ainsi iront les Six qui ont tout bouleversé. La destinée de chacun est déjà toute tracée. Mais le danger guette et pour se racheter, D’abord la pierre bleue il leur faudra trouver. Ils viennent, ils arrivent, ils vont tout bouleverser. » Zéro esquissa un sourire carnassier. Ses dents pointues lui donnaient un air terrible. - Tu as ressenti ça ? Quelqu’un d’autre vient juste de mourir. Le Winner ne répondit pas. Oui, il avait déjà ressenti ça avant. Cette présence oppressante, ce poids sur la poitrine, le rire lointain d’Hina dans les profondeurs de l’obscurité. Il se détourna de son amie Pika, toujours endormie, pour se précipiter vers la porte qu’il ouvrit à la volée. Il survola plus qu’il ne descendit les escaliers. Arrivé en bas, il se retrouva nez à nez avec un spectacle qui lui était désormais familier. Un cadavre gisait là , au pied de son pire ennemi, celui qui avait juré sa perte, sa Némésis : Ganon. Hell était agenouillé à côté de son frère, pleurant à chaudes larmes. Rika s’était interposée entre le guerrier de métal et le Biker endeuillé. Watsounette et Elvish se trouvaient au fond de la salle, le visage livide. - Te voilà donc, Winner. Je savais bien que tu te terrais quelque part par ici. Je peux sentir ta présence à des kilomètres à la ronde. - Qu’est-ce que tu as fait ? fut tout ce que put articuler le pauvre garçon. Ganon regarda le corps étendu par terre qui s’auréolait lentement d’une mare de liquide rouge, se léchant les lèvres comme s’il réfléchissait à sa réponse. Rika la servante ne bougea pas d’un poil, bloquant le passage au guerrier. Elle était complètement inconsciente. Contre Ganon, elle n’avait aucune chance. - Je vais vous la faire courte, répliqua enfin Ganon. Ce mec que je viens d’étaler c’est un avant-goût de ce que je vais faire subir à tes potes, à commencer par cette garce (Il désigna Rika.), si tu ne me files pas mon Epée immédiatement. De plus, il y a tout un détachement de gardes à deux pas d’ici et au moindre bruit ils vont tous rappliquer pour vous faire la peau ou pire. Tu as le choix. Eberlué, le Winner ne put s’empêcher d’ouvrir grand la bouche. - Quoi ? - Tu as très bien entendu. Soit tu me rends ce qui m’appartient et je vous laisse la vie sauve sans exception… Enfin sauf l’autre tâche qui pisse déjà le sang sur le sol. Soit tes autres copains se font buter par les hommes de Matteo et moi je récupère mon bien dans un combat que tu as perdu d’avance. Crois-moi, t’éclater la tronche est l’une des choses que je désire le plus. Le Winner restait toujours bloqué sans savoir pourquoi. Ce que lui proposait Ganon était pourtant raisonnable. Tout ce qu’il lui demandait, c’était de lui donner l’épée. S’il donnait l’épée, le tracé sanglant qui le suivait allait-il enfin prendre fin ? Pourtant, quelque part, tout près de lui, à la limite de sa conscience là où naissent les ombres, une voix lui murmurait à l’oreille. Il pouvait presque voir la personne qui lui soufflait ces mots, mais seule une silhouette indistincte se découpait à la périphérie de sa vision. Abandonner l’épée lui paraissait si difficile… Zéro avait les yeux fixés sur le Winner. Son expression était indéchiffrable. - Qu’est-ce qui nous garantit que tu ne vas pas nous livrer à ce goujat de Matteo une fois que tu auras récupéré ce que tu veux ? C’était Watsounette qui avait pris la parole. Le corps de métal de Ganon se tourna vers le travesti. - Parce que je hais Might autant que n’importe lequel d’entre vous. Il sera la troisième personne que je me ferai une joie d’occire après Klarth et Matteo. C’est à cause de lui si je suis tel que je suis aujourd’hui. Tous se tournèrent à nouveau vers le Winner. Il était celui qui devait trancher. La logique voulait qu’il accepte la proposition de Ganon. S’il tuait Might comme il le disait, alors la guerre prendrait fin. N’était- ce pas son but de départ ? Un choix si simple pour une décision lourde de conséquences. Mais au plus profond de lui, le Winner comprit que quelque chose avait changé. La personne qui lui murmurait à l’oreille et qu’il pouvait presque voir, elle grandissait en lui. Ses mains griffues s’étaient enroulées lentement autour de ses membres et de son cœur. Et maintenant que l’instant fatidique du choix était venu, il sentait une pression sur sa gorge comme si les griffes étaient littéralement en train de l’étrangler. - Non, souffla-t-il dans un murmure rauque. L’épée est à moi. Il ne pouvait pas. Il ne pouvait tout simplement plus. Et le pire dans tout ça, c’est que cette décision lui semblait être la plus naturelle du monde. Hina était son épée, elle l’avait choisi lui. Il n’avait à la céder à personne. La pression autour de sa gorge se relâcha. Il vit le visage de Ganon se déformer sous la rage intense. Le Winner parvenait à sentir des ondes de fureur lui lécher le visage. - Alors tu vas mourir. Lentement. Je vais prendre mon temps avec toi. Je vais te briser les doigts un par un puis je t’arracherai les ongles et les dents avant de te crever les yeux. Et quand j’en aurai marre de t’entendre hurler, je te sectionnerai la langue avant de te la faire bouffer. Je vais te faire regretter ta décision chaque seconde qu’il te reste à vivre. Toi et tes copains, vous allez tous mourir. Ganon s’avança vers Rika qui se mit en garde. C’était une position bizarre pour une position de combat. Les mains jointes, comme lors d’une prière, elle semblait toute prête à offrir son cou tendre à la lame de Ganon. - Tu vas crever. - Non ! hurla le Winner en se précipitant vers les deux adversaires. Il courrait vite mais il n’aurait jamais le temps d’atteindre Ganon. Rika allait se faire embrocher comme un vulgaire poulet. Tout était comme au ralenti. Le Winner voyait la distance qui le séparait de son ennemi se réduire avec lenteur. Ses pas étaient lourds. Sa voix produisait un son bizarre, un cri inarticulé qui n’avait rien d’humain. Puis il y eut un flash et le Winner perdit la vue pendant quelques secondes. Lorsque ses pupilles se furent ajustées à la luminosité, Ganon se tenait la main, figé dans une grimace de douleur. - Bordel… - Rika maîtrise la magie de la foudre, le prévint Watsounette en souriant. Avec ton corps de métal tu ferais bien de ne pas trop t’approcher sinon tes circuits vont griller. - Je croyais que les utilisateurs de Ki avaient tous disparus, maugréa Ganon. Vous l’aurez cherché. Matteo et ses hommes vont arriver d’une minute à l’autre. Vous n’aurez aucune chance ! Il me suffit juste de déclencher l’alerte avec ce bouton. Ganon montra une grosse excroissance qui pointait hors de son corps de métal. Il allait appuyer dessus quand il arrêta soudain son geste. Il écarquilla les yeux. Le Winner ne comprit pas tout de suite. Puis il vit que son ennemi ne le regardait pas lui, mais avait le regard fixé au-dessus de sa tête. Venue de derrière son dos, une voix murmura : - Tadaga ? Tadaga, c’est vraiment toi ? Le Winner se retourna pour découvrir que Pika s’était réveillée et se tenait à présent en haut des marches de l’escalier, appuyée contre la rambarde pour ne pas tomber. - Pika dégage ! lui cria-t-il. Ce mec est dangereux ! Mais Pika ne bougea pas. Ses yeux étaient emplis de larmes et malgré cela elle souriait. Ganon, lui, semblait avoir perdu l’usage de sa voix. Le Winner ne comprenait plus rien. - Intéressant, fit Zéro en décochant un sourire entendu. On va bientôt savoir s’il ne reste vraiment rien à l’intérieur de ce tas de ferraille. - Tadaga, qu’est-ce que tu as fait ? continuait Pika sans faire attention aux avertissements répétés du Winner. Qu’est-ce qu’il t’est arrivé ? Qu’est-ce que cela signifie ? Ganon resta muré dans le silence. Pika descendit une marche, les larmes continuaient de couler, formant de profonds sillons sur ses joues. - Tadaga, je t’ai enfin retrouvé ! Après tous ces efforts, tout ce temps, nous voilà à nouveau réunis ! Le Winner observa tour à tour Ganon et Pika. Etait-il possible que ces deux-là se connaissent ? Mais pourquoi l’appelait-elle Tadaga ? En tout cas la jeune femme semblait avoir un effet dévastateur sur le guerrier. Pika était à présent arrivée presque au bout de l’escalier. Elle semblait épuisée par cet effort. Ganon n’avait toujours pas esquissé le moindre mouvement. Seuls, ses yeux suivaient la lente descente de Pika. Lorsque la jeune femme posa enfin le pied sur la dernière marche, Ganon revint finalement à lui. Il cligna des paupières, comme sortant d’un sommeil profond. - Tu n’es pas réelle. C’est un mensonge, dit-il à l’adresse de Pika. Tu n’es pas RELLE !!! Pika s’approchait toujours de Ganon. Elle ne semblait même pas avoir remarqué Hell qui se lamentait sur le corps de son frère, ni Rika qui formait un rempart pour le protéger. - Qu’est-ce que tu racontes, Tadaga ? C’est moi, Pika. Tu avais promis de m’épouser tu te rappelles ? Souviens-toi je t’en prie. Le Winner faillit s’étouffer en entendant ces paroles. Epouser Ganon ? Il lui manquait vraiment une case à cette fille. Pika avait à présent presque atteint Ganon. Plusieurs expressions se mêlaient sur le visage pourtant partiellement métallique du guerrier. Pika tendit la main pour toucher sa joue. - Non. Ce n’est pas vrai, finit-il par dire en reculant brutalement. Le visage de Pika se transforma en masque de douleur. - Tadaga… Ganon recula jusqu’à la porte, secouant frénétiquement la tête. - Non. Non. Non. Ce n’est pas vrai… Je m’appelle GANON ! hurla-t-il avant de s’éclipser en courant. Epuisée, Pika tomba par terre et se recroquevilla en position fœtale. Elle tremblait de tous ses membres et son corps était secoué par de gros sanglots. Le Winner n’en revenait pas. Pika venait de par sa seule présence faire fuir l’un des plus puissants guerriers du Mordz. Une mystérieuse relation liait ces deux personnes. Il devait découvrir pourquoi. Mais plus tard. D’abord ils devaient fuir. Vite et loin. Zéro se mit à rire joyeusement. Personne à part le Winner ne put le voir lorsque celui-ci se pencha sur Pika qui pleurait toujours. Il tourna son visage à l’allure démoniaque vers le Winner. - Eh bien ! Cette journée est pleine de surprise pour toi comme pour moi. Le Forgeron y avait finalement instillé un défaut. Nous venons de découvrir un point de rupture dans la malédiction de Hina. Elvish ouvrait la marche. Les fugitifs se dirigeaient à présent vers le quartier général des Bikers. Après toutes ces péripéties, ils allaient enfin retrouver leur chef, Iznok. Tout en marchant, il soutenait avec peine son ami Hell dont les yeux étaient à présent complètement inexpressifs. Le choc d’avoir perdu son frère l’avait laissé dans un état quasi-végétatif. Il se laissait guider sans broncher, semblant à peine remarquer ce qu’il faisait. Derrière eux, le Winner et Rika portaient le corps sans vie de Shadow. Ils n’avaient pas pu se résoudre à abandonner la dépouille aux soldats de Matteo. Le moins qu’ils pouvaient faire pour honorer sa mort c’était de lui donner une sépulture décente. Watsounette et Pika fermaient la marche. Le travesti avait réussi à convaincre la jeune femme de se remettre en route avant l’arrivée de Matteo. Pourtant Pika semblait aussi perdu que l’était Hell Angel. Tous deux avaient ce même regard, comme mort. Cette journée avait été éprouvante pour tout le monde. Hell avait perdu son frère et Elvish avait perdu un ami et sa grand-mère. Elle avait toujours été très stricte avec lui, le forçant même à s’habiller en fille et à jouer à la poupée. Pourtant, même s’il savait qu’elle n’était pas véritablement sa grand-mère, elle s’était occupée de lui depuis son enfance et il avait toujours senti qu’un lien puissant les unissait. C’était pour ça qu’il l’aimait quand même et que la perte de celle-ci lui faisait saigner le cœur. A côté de lui, Hell marmonna quelque chose d’inintelligible. - Quoi ? - Vvvéllbté… - Qu’est-ce que tu racontes ? Parle plus fort, je ne t’entends pas. Hell braqua son regard dans celui de son ami. Ses yeux avaient soudain repris vie. Du néant ils étaient passés à un bouillonnement intense. Ses lèvres pincées ne formaient plus qu’un simple trait blanc. - Le gars qui a tué Shadow, je vais le buter. Elvish comprenait l’amertume de son ami. Lui aussi voulait trouver le responsable de la mort de sa grand-mère. Il y avait justement une intuition qui lui taraudait l’esprit. Il n’avait pas eu le temps de trop y penser avec l’enchaînement des derniers évènements mais maintenant que la menace était écartée pour un temps, cette intuition qu’il avait eue venait le hanter à nouveau. Matteo n’avait pas trouvé la planque de la TGS tout seul. Elvish était certain que personne ne les avait suivis, il avait bien fait attention à prendre des passages peu connus. Cela ne pouvait se traduire que par une seule chose : il y avait un espion dans la TGS. Et bizarrement, Fredopipe avait disparu juste avant l’assaut mené par les soldats de l’Armée du Soleil. Tôt ou tard, les personnes responsables payeraient de leur sang. |
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