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Lecture d'un chapitre



Lecture du chapitre 49
Nom de l'œuvre : Les légendes du Mordz Nom du chapitre : Chapitre 15 : End Of the Line
Écrit par Requiem Chapitre publié le : 13/8/2011 à 12:09
Œuvre lue 60258 fois Dernière édition le : 13/8/2011 à 12:10
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Lorsque le conseiller Zhu entra dans la Grande Salle Royale, son regard se porta tout au fond de celle-ci. Trônant sur son siège royal, son Altesse Sérénissime Césarium Might rayonnait d’une inquiétante aura. Légèrement en retrait, son fidèle bras droit, le général Gloom, conservait un visage impassible. La seule autre âme présente dans cette immense pièce était une étrange personne dont le visage était recouvert par une extrême quantité de maquillage bon marché.
Les yeux de Zhu s’écarquillèrent et il retint un cri de surprise en reconnaissant cette personne qu’il n’avait plus vue depuis des années. Il aurait bien eu du mal à mettre un nom sur ce visage si celui-ci n’avait pas eu une grosse pipe fumante accrochée à son bec boursouflé au botox et barbouillé de rouge à lèvre couleur cerise des bois.
C’était Fredo à la pipe, plus connu sous le nom de Fredopipe. Celui-ci avait disparu des années plutôt à la suite d’un scandale qui avait fait tremblé les fondations même du château. Un scandale que Zhu avait lui-même organisé dans le but de fragiliser la position du seigneur Might en faisant bannir deux de ses lieutenants : le récemment défunt Fleurytank et, bien sûr, Fredopipe.
Dès qu’il eut compris que Fredopipe n’était pas ici en tant que prisonnier mais bien en tant que visiteur rendant audience à son altesse, le conseiller sut que quelque chose ne tournait pas rond.
Il se mit à réfléchir à toute vitesse. Il avait pourtant tout prévu. Son plan avait été minutieusement étudié sous toutes les coutures pour rendre le retour en grâce des deux travestis impossible.
D’abord il avait exploité la naïveté d’un petit chef de gang qui se faisait appelé Requiem pour lentement le pousser à tremper dans la traite d’esclaves. Fredopipe était réputé pour ses frasques sexuelles et il n’avait pas tardé à plonger, pipe la première, dans le marché. Ensuite le conseiller avec utilisé son réseau de renseignement pour faire jaillir, tel un champignon au printemps, le trafic au grand jour.
Il se souvenait encore de la tête de Might quand on lui avait annoncé la nouvelle. Il avait rarement paru aussi furieux. Le souverain était peut-être imbu de lui-même et menait son royaume d’une main de fer mais jamais il n’avait toléré que l’on réduise son peuple en esclavage. Paradoxalement, il n’hésitait pas à les faire s’affronter dans des tournois où seul le plus fort survivait.
- Votre Altesse, vous m’avez fait appeler ? demanda Zhu en s’inclinant respectueusement devant le souverain sans rien laisser trahir de son trouble.
Might abaissa les yeux vers lui. Son estomac se contracta. Que se passait-il donc ? Zhu n’aimait vraiment pas mais alors pas du tout la tournure des évènements.
- Conseiller Zhu, répliqua Might après un temps de silence angoissant. Vous vous souvenez de Fredo à la pipe je suppose ?
Le conseiller laissa lentement glisser son retard en direction du susnommé. Leurs yeux se croisèrent et un sourire narquois vint étirer les grosses lèvres du travesti.
Un long frisson parcourut l’échine de Zhu. Pourquoi ce taré semblait-il aussi confiant ? Il avait détruit toutes les pistes qui pouvaient le relier à l’affaire. Rien n’avait été laissé au hasard. Même Fredopipe ignorait qui était le véritable instigateur du scandale. Ou bien ?
- Oui je me souviens parfaitement, susurra-t-il. Et à quoi doit-on ce retour inattendu ?
Might s’éclaircit la gorge.
- Notre cher ami ici présent nous rapporté de très intéressantes informations sur le lieu où est détenu la princesse Illyria. Il a également aidé à mettre un terme aux agissements de la chef des terroristes de la Lune Etoilée.
Zhu fronça les sourcils. Big Mama était morte ? Pourquoi le capitaine de l’Armée du Soleil ne l’avait-il pas mis immédiatement au courant ? Il avait placé son pion à la tête de la police interne pour être le premier à avoir vent de ce genre d’information sensible. Il avait apparemment mal jugé l’allégeance de Matteo. Il avait toujours été trop obsédé par la justice et la procédure.
- Quand cela s’est-il produit ?
- Hier, lorsque l’Armée du Soleil a monté un raid sur le quartier général de Travelo Girl Society. Big Mama fait partie des victimes. C’est grâce à Fredopipe que nous avons pu localiser, Big Mama, la TGS, les Bikers et la Lune Etoilée.
- Voilà une excellente nouvelle.
La sueur commençait à couler sur son front. Zhu était de plus en plus mal à l’aise. Tous les plans qu’il avait élaborés étaient en train de s’effondrer comme un château de cartes sous l’effet d’une bourrasque. Il avait mis des années pour en arriver là. Des années à intriguer pour se rapprocher toujours plus près de l’Usurpateur. De celui qui avait volé la couronne de son père, le vrai roi du Mordz : Lund, l’Architecte.
- En effet, répondit Might. Matteo s’est déjà mis un terme aux agissements de ces vermines de routards. Il est en ce moment à la recherche des derniers survivants. J’ai également envoyé Bird s’occuper de la Lune Etoilée et secourir ma précieuse petite Illyria.
- Bird ? Le Dark Bird ?
Le Dark Bird traînait derrière lui une terrible réputation. En plus d’être le guerrier le plus puissant de tout le continent il était également doté d’une intelligence hors norme. La légende disait qu’il avait acquis son sinistre surnom en massacrant à lui seul toute une garnison entière de soldats durant la guerre Scellée.
Avec un tel phénomène à la tête de l’assaut, les rebelles n’avaient aucune chance d’en réchapper.
Il avait été si près du but, si près. Le Mordz était sur le point de se révolter contre son tyran, l’annonce de l’existence du BPR aurait été la goutte d’eau faisant déborder le vase. Un véritable raz-de-marée se serait alors abattu sur le Mordz, menant à une révolution certaine.
Pourtant, maintenant tout était vain. Sans leader pour les inspirer, ou de structure pour les encadrer, la révolte du bon peuple du Mordz se retrouverait irrémédiablement écrasée dans un bain sanglant. Les rêves de Zhu pour prendre le pouvoir prenaient l’eau.
- J’apprécie que vous me fassiez part de ces excellentes nouvelles, seigneur. Cela ne faisait que trop longtemps que ces soit disant révolutionnaires se moquaient impunément de vous.
- Cela est vrai. Cependant, je suis étonné que vous, le chef des renseignements, ne soyez au courant de rien. Cela me paraît être un comble et remet fortement en cause votre efficacité.
Zhu se mordilla la lèvre. Au sentiment de peur qui l’avait dominé jusque-là se rajoutait celui de la colère. Quelqu’un l’avait forcément trahi. Il ne pouvait se l’expliquer autrement. Mais qui ?
- Que se passe-t-il Conseiller Zhu ? Vous êtes bien pâle.
Un sourire malsain se dessina sur les lèvres du Général Gloom. Derrière ses grosses lunettes ses yeux pétillaient. Soudain, Zhu comprit le piège qui lui avait été tendu. Le déshonneur de Bouh n’avait été qu’un prétexte pour lui faire croire qu’il avait le champ libre.
L’estomac de Zhu se contracta un peu plus. Pris de vertige, il avait maintenant du mal à respirer.
Gloom descendit la première marche du piédestal qui le séparait du Conseiller. Un air de triomphe rayonnait sur son visage.
- Mettez-le aux arrêts, ordonna-t-il aux gardes. A compter de maintenant le Conseiller Zhu perd tous ses privilèges et sera emprisonné dans les catacombes avec les prisonniers de haute dangerosité. Vous mettrez également aux arrêts le traitre Arty qui a été identifié comme l’un des conspirateurs mettant ainsi la vie de notre bien aimé Seigneur en danger.
Les gardes se saisirent immédiatement du conseiller Zhu et le trainèrent sur toute la longueur de la salle du trône. Arrivé sur le pallier, ce dernier cria à l’intention de Might :
- Vous êtes un Usurpateur ! Le trône du Mordz m’appartient vous me l’avez volé ! Volé ! Mon père sera vengé et votre lignée annihilée. Vous ne vous en tirerez pas aussi facilement. Le peuple connaîtra la vérité. Il la connaîtra sur mon sang je le jure !
Le reste de la diatribe du Conseiller déchu fut avalé par le grondement de la porte royale se refermant sur lui.
Le Général Gloom se tourna vers sa majesté.
- Je recommande que le Conseiller Zhu soit exécuté au plus tôt.
Might hocha sa lourde tête couronnée.
- Veillez à ce que cela soit fait demain, aux premières lueurs du jour. Exécutez également ce manant, Arty.
Gloom fit une révérence gracieuse et se prépara à partir pour donner ses ordres. Mais son seigneur n’en n’avait pas terminé.
- Un instant, Général. Je veux également la tête de l’ancien capitaine de la garde.
- Bouh, monseigneur ? Mais il nous a toujours été loyal.
- Certes. Mais ce qu’il a appris ou ce qu’il croit savoir le rend extrêmement dangereux. Qui sait s’il ne retournera pas sa veste tôt ou tard. N’est-ce pas vous-même qui m’avez mis en garde il y a des années de cela au tout début de mon règne ? Nul ne doit s’approcher de la vérité ou l’équilibre fragile que nous avons instauré après la Guerre Scellée serait rompu.
Toute couleur avait quitté le visage de Gloom. Son maître avait raison. Bouh en avait appris beaucoup sur les activités secrètes de Might. Mais il n’en avait gratté que la surface. Il ne pouvait lui permettre de creuser plus profond et prendre le risque que l’horrible vérité éclate au grand jour. Une vérité qu’il s’était efforcé de cacher pendant près de douze ans.
Bouh devait disparaître.
Un messager entra précipitamment dans la salle du trône et se prosterna aux pieds de Might, essoufflé.
- Qu’y a-t-il encore ? demanda Might sur un ton passablement irrité. Je suis las aujourd’hui.
- Votre Altesse Sérénissime, j’ai là une missive venant du sa seigneurie le Dark Bird.
L’homme tira d’une des poches de son veston une lettre cachetée du sceau caractéristique du Dark Bird. Une serre d’aigle noire.
- Donnez-la-moi, dit Gloom en s’emparant de la lettre.
Sur un signe de Might, le général entreprit de briser le sceau lut rapidement le contenu de la missive. L’écriture était soignée et le rapport détaillé comme le Black Bird en avait l’habitude. Mais plus Gloom lisait, plus son visage se renfrognait.
- Alors ? s’enquit le souverain du Mordz, impatient. L’a-t-il retrouvée ? Va-t-on enfin me ramener mon Illyria adorée ?
Gloom regarda tour à tour le messager, Fredopipe, puis sa majesté.
- Hélas non, seigneur. Il semblerait selon ce rapport que l’enfant soit morte dans un éboulement.
Un cri de rage et de douleur résonna longtemps dans les rues désertifiées de la Capitale.

Le véhicule grinçant roulait lentement le long de la route caillouteuse. C’était une petite voiture à la carrosserie dépassée qui semblait sur le point de se détacher à chaque cahot qui ébranlait le véhicule. Le fait qu’il puisse encore rouler était un miracle en soi.
Au volant se trouvait Elvish. Il gardait les lèvres résolument fermées. Son esprit était encore tourmenté sur les dernières révélations de son lien de parenté avec Big Mama. Il aurait bien des questions à poser à Iznok mais plus tard, lorsque le temps serait venu.
Il était aussi triste car Hell avait refusé de les accompagner. Il avait décidé de tracer sa propre route. Pika avait également démissionné. L’énigmatique jeune femme avait répété qu’elle voulait retrouver Ganon et qu’il n’y avait aucune raison qu’elle s’en aille alors que celui-ci se trouvait en ville.
Quant à Watsounette et l’énigmatique Rika, elles avaient d’autres plans.
Il ne restait donc plus que lui, son boss et le Winner pour ce voyage qui s’annonçait mouvementé.
A côté de lui à la place du mort, les yeux d’Iznok défiaient l’horizon. Son regard se portait bien loin au-delà des montagnes, loin derrière les frontières du Mordz.
- On s’éclipse pour le moment. Le temps que tu apprennes les bases du combat, dit-il finalement en se tournant vers le troisième passager, à l’arrière de la voiture.
Le Winner déglutit péniblement. Il sentait la pression d’Hina contre sa hanche. Le souvenir prisonnier de l’épée, Zéro, ne lui était plus apparu depuis que Ganon avait disparu précipitamment après avoir vu Pika.
L’esprit du mordzien était également tourné vers ses amis qu’il laissait derrière lui. Il savait néanmoins que son départ était nécessaire. Il avait assisté, impuissant, à la mort de trop de personnes. A son niveau actuel il ne pouvait aider aucun d’entre eux. Et s’il parvenait à devenir plus fort, peut-être serait-il à même de contrôler la volonté de l’épée. Il espérait juste que cela ne prendrait pas trop de temps car chaque minute qu’il perdait signifiait potentiellement la mort d’un autre innocent.
- Combien de temps penses-tu que cela prendra ?
Iznok réfléchit pendant un moment.
- Au minimum cinq ans.
- Donne m’en trois.
Iznok hocha la tête, satisfait.
- Voilà bien une parole digne d’un dandy.
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