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Lecture du chapitre 2 | |
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Nom de l'œuvre : Je vous rejoindrai quand il gèlera en Enfer! | Nom du chapitre : Chapitre 2 : Agir? |
Écrit par Orube | Chapitre publié le : 15/11/2011 à 08:05 |
Œuvre lue 28699 fois | Dernière édition le : 15/11/2011 à 08:05 |
< Chapitre 2 : Agir ? C’est ainsi que dès le second jour de cours, Neville commença à réfléchir à un moyen de mettre les anciens membres de l’AD au courant de sa renaissance prochaine. Ce n’était pas chose aisée, finalement. Il aurait pu choisir d’utiliser les faux Gallions qu’Hermione avait mis au point deux ans auparavant, mais rien ne l’assurait que les autres avaient toujours ces objets sur eux. Ils ne se rendraient peut-être pas compte qu’une nouvelle réunion avait été programmée. Or, ils avaient besoin du plus de personnes possible. Neville copia consciencieusement les instructions que Flitwick leur dictait, se demandant s’il était possible que le professeur leur apprenne ou leur ait déjà appris lors des années précédentes un sort qui pourrait lui être utile aujourd’hui pour faire passer le message aux autres. Ginny devait se charger d’avertir Lavande et Parvati. Elles étaient à Gryffondor et par conséquent Ginny pouvait se rendre dans leur dortoir, ce qui lui garantissait une certaine discrétion. Ensuite, nul doute que Parvati pourrait en parler à Padma et que cette dernière transmettrait à tous les Serdaigles qui souhaiteraient les aider. Luna avait également commencé à leur en parler, mais peut-être que Padma, en tant que préfète-en-chef, serait plus à même de savoir qui était ou non digne de confiance. Le problème restant était donc de parler aux Poufsouffles sans se faire remarquer. En cours, dans les couloirs ou dans la Grande Salle, c’était évidemment impossible, la présence de professeurs ou de Serpentards l’interdisait. Pas question de se faire prendre avant même d’avoir commencé… Commencé quoi, d’ailleurs ? Neville secoua la tête. Il aurait tout le temps pour réfléchir à ça plus tard, avec tout le monde. « Tu penses qu’on devrait essayer de repérer des élèves moins âgés ? » demanda Ginny. Neville grimaça. Ils étaient dans la salle commune, encore bondée comme la soirée débutait à peine. Pour ce qui était de la discrétion, Ginny ne faisait pas au mieux. « On ne les connait pas vraiment. On ne sait pas… -Moi je les connais », rétorqua Ginny. Parfois, il oubliait qu’elle avait un an de moins que lui. De temps en temps en classe, il relevait la tête et s’étonnait de ne pas la voir, avant de se rappeler qu’ils ne suivaient pas les mêmes cours. Elle avait beau être la plus jeune, aujourd’hui c’était elle qui les menait, Luna et lui. Elle avait pris la place de Harry sans aucun problème. Neville se dit que certaines personnes avaient sans doute ça dans le sang. Savoir diriger les autres. Ce que lui ne serait jamais capable de faire. « Ceux de cinquième année aussi, on pourrait essayer, continua-t-elle. On a besoin de plus de gens. -On va finir par être trop nombreux, Ginny, lui fit remarquer Neville. Plus il y a de monde, plus on risque de se faire prendre, ou bien de se faire dénoncer par une deuxième Edgecombe. -Seulement ceux de sixième et de septième année alors ? -Oui. -C’est peut-être mieux, acquiesça-t-elle. Si on se fait prendre, les Carrow risquent de vraiment nous faire passer un sale quart d’heure. Autant éviter d’entraîner des gamins là -dedans. » Neville rit intérieurement au mot « gamins ». Ils en étaient tous. Même si personnellement, il avait l’impression d’avoir considérablement vieilli depuis qu’il avait appris pour l’évasion de Bellatrix Lestrange, celle qui avait torturé ses parents jusqu’à ce qu’ils… « Neville ? Ça va ? » Il eut une drôle de sensation en revenant à la réalité. « Oui, ça va, voulut-il la rassurer. Excuse-moi, je pensais à autre chose. -C’est-à -dire ? -Rien. Laisse tomber. Aide-moi plutôt à trouver une idée pour réussir à parler en tête-à -tête avec un Poufsouffle. Je ne trouve pas comment les mettre au courant. » Une étincelle passa dans les yeux de Ginny. Ses lèvres s’entrouvrirent, avant de s’étirer en un sourire. « Qu’est-ce qu’il y a ? fit Neville. -Tête à tête. -Hein ? -Je l’ai, ton idée miracle. » Elle fit volte-face, courut vers l’escalier et se rua dans son dortoir. Neville garda son regard fixé sur l’endroit d’où elle avait disparu, sans saisir la raison de ce soudain empressement. Deux jours plus tard, il avait compris. A son grand dam, il se retrouva obligé, en cours de Sortilèges, de glisser discrètement une enveloppe rose bonbon dans le sac d’Ernie McMillian. Il attendit que tout le monde commence à pratiquer le sort qu’ils apprenaient ce jour-là , et que Flitwick se mette à vérifier le travail de chacun de ses élèves un par un. Il s’était volontairement assis derrière Ernie pour se faciliter la tâche, mais il s’aperçut qu’il y avait une faille dans son plan : une fois que le professeur eût rectifié sa prononciation, Ernie fut beaucoup moins attentif, s’engageant dans une grande discussion avec Susan et Hannah. Neville décida que le moyen le plus discret était de faire « tomber » la lettre dans le sac d’Ernie. Il s’y attela du mieux qu’il pût tandis qu’Ernie était toujours tourné vers ses voisines. Il lâcha la lettre, qui tomba exactement au bon endroit. Susan se retourna à ce moment précis, et lança un léger regard à Neville. Il lui fut impossible de dire si elle avait ou non vu ce qu’il avait fait. Le soir, Ginny l’attendait aux côtés de Luna devant la Grande Salle. « Tu as réussi, pas vrai ? » Il hocha la tête. « Il ne reste plus qu’à aller l’attendre demain devant… -Tais-toi, bon sang !! » ordonna-t-il vivement. Surprise, Ginny ne répliqua pas. Alecto Carrow passa à seulement deux mètres d’eux. Elle ne leur adressa pas un regard, mais Neville ne put s’empêcher de retenir son souffle. Si jamais elle l’avait entendu dire à Ginny de se taire, elle risquait d’avoir des soupçons. Elle entra sans sourciller dans la Grande Salle. Neville lâcha un long soupir de soulagement dès qu’il fut certain qu’elle ne pourrait pas l’entendre. « Tu es un peu trop sur les nerfs, Neville, lui reprocha Ginny. On n’aurait couru aucun risque si tu étais resté naturel. -Tu dis ça comme si c’était facile, rétorqua-t-il. -En tout cas ne crie plus jamais comme ça, lança-t-elle froidement. Qu’est-ce qu’on a fait de mal ? Ce n’est qu’une stupide lettre d’amour. -Donnée par un garçon à un garçon ? Tu as raison, très discret, effectivement. -Je ne pouvais pas le faire à ta place, se défendit-elle. Je ne suis dans la classe d’aucun Poufsouffle qu’on connaisse. -Je le sais bien, mais tu pourrais quand même essayer de faire attention à qui se trouve à proximité quand on commence à discuter… de ça. On ne sait jamais, on pourrait laisser échapper quelque chose sans s’en rendre compte… -Arrête de t’inquiéter autant, Neville, c’est ça qui va finir par attirer l’attention sur nous. » Elle lui tourna sèchement le dos et alla s’asseoir à la table de Gryffondor. « Arrêter de m’inquiéter ? » marmonna Neville. Il porta la main à sa joue. Sa plaie, qu’il avait dû laborieusement nettoyer dans la salle de bain, était à présent devenue une longue croûte disgracieuse et le faisait toujours souffrir. Il espérait juste qu’elle ne s’infecterait pas. Luna le regardait de son air rêveur. « C’est de ma faute, si elle s’énerve, lui demanda-t-il, ou bien elle est comme ça avec tout le monde ? -Oh, elle est plutôt irritée, depuis la rentrée, lui dit simplement Luna. Il me semble que c’est à cause de Harry. Si c’était autre chose, je pense qu’elle accepterait d’en parler. » Elle lui adressa un petit signe de la main et se dirigea elle aussi vers sa table, de cette démarche lente et contemplative qui la caractérisait. Ginny ne lui avait pas fait lire la lettre qu’elle avait écrite avant de refermer l’enveloppe. Elle lui avait juste dit qu’Ernie viendrait dans un couloir un peu en retrait au troisième étage, là où il y avait le moins de chances, pensait-elle, de se faire attraper par qui que ce soit à part peut-être un couple d’amoureux en mal d’intimité. Neville se demanda combien de fois elle s’était rendue là -bas avec Harry. Le rendez-vous était fixé à 17 heures, après les cours. Normalement, à cette heure-là , il ne devrait pas croiser grand monde à cet étage, quoi qu’il en soit. Il ne restait plus qu’à espérer qu’Ernie viendrait bel et bien. Neville en doutait. Ils en avaient débattu hier dans la salle commune, tard le soir, jusqu’à ce que Ginny lui lance, excédée : « Si tu ne veux pas que ça marche, autant ne pas y aller du tout, mais dans ce cas-là tu réfléchiras toi-même à une autre solution pour faire savoir aux Poufsouffles qu’on est en train de reformer l’Armée de Dumbledore ! Moi je te parie cinq Mornilles qu’il viendra ! » Alors il s’était tu, et à présent il attendait dans ce couloir, guettant le moindre bruit de pas. Plusieurs élèves passèrent près de lui, mais jamais dans son champ de vision. Au moins, il devait reconnaître que Ginny avait bien choisi l’endroit. Seul Ernie, s’il se décidait à venir, verrait que Neville se trouvait là . Il aperçut une silhouette. Il plissa les yeux, pensant qu’il reconnaîtrait Ernie, mais il s’agissait d’une fille. Elle était de Poufsouffle. Neville ne mit qu’une seconde à reconnaître Hannah. « Neville ? s’étonna-t-elle. Qu’est-ce que tu fais ici ? » Il fut pris de court, et bredouilla un pauvre : « Ah, euh… Et toi, qu’est-ce que tu fais là ? » Elle haussa les sourcils devant le refus de Neville de lui répondre. « J’attends une fille. Je ne sais pas qui en fait. Elle a donné rendez-vous à Ernie ici, et visiblement elle avait l’intention de lui faire sa déclaration, mais comme Ernie n’est pas intéressé, il ne voulait pas venir, expliqua-t-elle. Je me suis dit que ce serait peut-être plus gentil pour elle si quelqu’un venait le lui dire, au moins. Ce ne doit déjà pas être facile de… » Neville éclata de rire. Si seulement Ginny avait pu prévoir ça… « Qu’est-ce qu’il y a de si drôle ? l’interrogea Hannah, l’air un peu vexée. -C’est… c’est que… dit-il en reprenant son souffle. C’est moi qui ai donné cette lettre à Ernie. » Hannah le contempla un moment sans comprendre. Puis sa bouche s’ouvrit en un O de surprise, alors qu’elle murmurait : « Neville, tu… Ernie… Je n’avais jamais remarqué que tu… Mais maintenant que j’y repense, c’est vrai que je ne t’ai jamais vu sortir avec une fille… -Hein ? Non, non, tu n’y es pas du tout !! s’écria-t-il en rougissant. Je ne suis pas comme ça, je ne ressens rien pour Ernie !! Je voulais juste l’attirer ici, parce que j’avais quelque chose d’important à lui dire et que je ne voulais pas qu’un professeur ou un Serpentard puisse nous entendre. » Hannah continua de hocher la tête jusqu’à ce qu’il se taise, et il fut incapable de dire si elle le croyait ou pas. « Enfin bref, continua-t-il, gêné. Je peux aussi bien te le dire à toi. J’avais simplement besoin de parler seul à seul avec quelqu’un de Poufsouffle. Tu as déjà été en cours avec au moins un des Carrow, je pense ? -Effectivement. » Sa voix s’était faite plus froide à ce mot. Neville le prit comme un bon signe. « Tu penses que tu tiendras un an comme ça, à les écouter sans rien faire ? » Hannah ne répondit pas, attendant simplement qu’il continue. « Moi, je ne pense pas que j’y arriverai. A peine arrivé… » Neville se mordit la lèvre. « A peine arrivé, j’avais déjà envie de quitter Poudlard, rien qu’à entendre le discours de Rogue, tu vois ? » Ce qu’il était en train de dire à Hannah, il ne se l’était jamais clairement formulé dans son esprit, pourtant dès que les mots franchirent ses lèvres, il sut qu’il lui disait la vérité. Il n’y avait pas vraiment réfléchi avant, parce que quitter Poudlard était devenu tout bonnement impossible, avec le « nouveau » Ministère au pouvoir. Il aurait pu, comme les nés-moldus, s’enfuir, mais pour aller où ? Pour quoi faire ? Si au moins en sortant il avait pu les aider, ou faire quelque chose pour améliorer la situation… « En fait, c’est à l’intérieur de Poudlard même qu’on peut se défendre, pensa-t-il à voix haute. Dehors, on ne sert à rien. Mais ici… Je suis sûr qu’on peut servir à quelque chose, si on est assez nombreux. -A quoi ? » Elle lui avait posé la question innocemment. Neville était bien incapable de répondre. A quoi serviraient les protestations d’un groupe d’adolescents face à ceux qui recevaient leurs ordres de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom ? « Je n’en sais rien, avoua-t-il. Mais je préfère me dire qu’on a tout le temps pour réfléchir à ça plutôt que de rester sans rien faire. » A nouveau, il porta la main à sa joue. Etait-ce simplement l’entaille qui le brûlait, ou bien la colère qu’il ressentait envers les Carrow ? Combien d’autre comme lui porteraient de telles marques, pour avoir contesté les idées des Mangemorts ? « Les élèves de première année, tu penses qu’ils vont gober tout cru ce que racontent ces ordures durant leurs cours ? -Alors on reforme l’Armée de Dumbledore ? l’interrompit Hannah. C’est ça que tu veux dire par ’’si on est assez nombreux’’ ? » Il acquiesça. Elle regarda un instant dans le vague, semblant perdue dans ses pensées. Quand elle planta à nouveau son regard dans le sien, cependant, elle semblait déterminée et, Neville se demanda s’il l’imaginait ou pas, un peu en colère. « J’en suis aussi, déclara-t-elle. Si tu voulais amener Ernie ici c’est parce que tu voulais savoir s’il ferait encore partie de l’AD cette fois ? -Oui. Et tous ceux de Poufsouffle qui en étaient quand Harry l’a formée. Je peux compter sur toi pour leur en parler quelque part où c’est sans risque ? » Elle fit oui de la tête. « A quand la première réunion ? -Comme la toute première fois. » Il se retourna et partit vers sa salle commune, ne doutant pas que tous les Poufsouffles seraient présents à la Tête-de-Sanglier pour la réunion. Il fit volte-face, s’apercevant qu’il avait oublié un détail important : « Surveille ton argent ! On ne sait jamais… » Elle le notifia d’un léger signe de la main. Son regard montra à Neville qu’elle avait compris. Il lui sembla que les trois semaines qui suivirent furent les plus longues de sa vie. Jamais il n’avait été autant impatient ni aussi frustré de voir que le temps ne voulait plus avancer. Se taire pendant les cours d’Alecto et d’Amycus était une épreuve, et par trois fois son refus d’obéir au second lui avait valu des coups, qui ne lui avaient heureusement pas laissé de marque telle que celle qu’il portait sur la joue. Elle semblait ne pas vouloir disparaître. Si au bout d’une dizaine de jours, il avait réussi à se débarrasser de la croûte de sang dont sa joue était couverte, en dessous s’était dessinée une horrible cicatrice dont il doutait qu’elle partirait. Tous les soirs, il regardait son visage dans le miroir de la salle de bain, avec l’étrange impression qu’il ne lui appartenait plus, qu’il s’agissait de celui de quelqu’un d’autre. Puis vint enfin de ce samedi tant attendu, le jour de la sortie à Pré-au-Lard. Il se réveilla aux aurores, et dût attendre encore une heure avant de pouvoir décemment s’habiller et descendre dans la salle commune. Avant cela, il se pencha sur le lit de Seamus et secoua ce dernier. « Lève-toi !! On va à Pré-au-Lard aujourd’hui. Je te paye un truc à boire à la Tête-de-Sanglier ? » Seamus entrouvrit les yeux, puis les referma, mettant l’attitude inhabituelle de Neville sur le compte d’un rêve. « DEBOUT !! » Seamus grommela des paroles inaudibles, mais il se leva. « La Tête-de-Sanglier ? répéta-t-il. -Oui, c’est ça. Je pars devant, l’informa Neville. On se retrouve là -bas d’ici deux heures ? -Si tu y tiens tant… » Neville sortit du dortoir tandis que Seamus se laissait retomber sur son lit. Ginny attendait près de la cheminée, elle aussi visiblement nerveuse. « Enfin prêt ? s’enquit-elle. -Je n’allais pas me lever trois heures avant le petit déjeuner, non plus », ronchonna-t-il. Quoi que ça ne l’aurait pas dérangé plus que ça. « Luna nous attendra devant chez Honeydukes. On va manger ? proposa Ginny. -Tu as faim ? -Non, mais comme de toute façon on ne pourra pas sortir de l’école avant une demi-heure… » Ils passèrent le tableau de la grosse dame, et tandis qu’ils descendaient les escaliers, Neville lui demanda si elle avait reçu des nouvelles. « De Ron ? Oui, par ma mère. Il est toujours cloué au lit avec son éclabouille. » Neville leva les yeux au ciel. Ron avait sûrement autant d’éclabouille qu’Hermione était imbécile. Mais il devait quand même y avoir quelque chose, pour que personne ne se soit rendu compte de rien. Neville se demanda comment il s’y était pris pour duper les inspecteurs du Ministère, qui veillaient normalement à ce que tout adolescent de onze à dix-sept ans se rende à Poudlard. Ou peut-être, plus simplement, était-il véritablement malade ? Non. Définitivement. Harry était parti, Hermione soit disant en fuite, et Ron malade ? Ça tombait un peu trop bien pour expliquer leur absence à tous les trois. Il ne pouvait bien sûr pas le prouver, mais il avait la certitude qu’ils étaient quelque part, ensemble. Et si c’était le cas, cela voulait dire qu’ils tentaient d’une quelconque manière d’arrêter le Seigneur des Ténèbres. Fort de cette conviction, Neville ne posa pas plus de questions à Ginny. Il était inutile de chercher à la mettre dans l’embarras, elle ne ferait que continuer à mentir. Comme prévu, ils retrouvèrent Luna devant la vitrine du confiseur. Elle leur sourit et vint à leur rencontre. Tandis qu’ils se rendaient tous ensemble vers la Tête-de-Sanglier, elle leur raconta les dernières découvertes que son père avait faites sur le Ronflak Cornu. Neville l’écoutait attentivement : s’il n’était pas certain de pouvoir tout prendre pour argent comptant, il adorait entendre Luna raconter ce qui la passionnait. Il admirait aussi la manière qu’avait la jeune fille de se moquer de l’avis des autres quand ils la trouvaient ridicule ou encore complètement folle. Elle assumait sans honte ce qu’elle était. A cette pensée, Neville se sentit envieux et légèrement honteux de ne pas arriver à faire comme elle, à toujours craindre les railleries des autres. Ils arrivèrent en vue du bar. L’endroit était aussi petit et miteux que dans ses souvenirs. Cependant, cette fois, il y avait quatre hommes à une table, aussi loin de l’entrée que la taille réduite de l’établissement pouvait le permettre. L’un d’entre eux se retourna, et son regard croisa celui de Neville, qui tressaillit. « Ginny, tout compte fait, on n’irait pas plutôt aux Trois Balais ? Ça ne m’a pas l’air très… propre ici. » Il se sentit désolé pour le propriétaire du bar d’avoir dit ça, mais c’était tout ce qui lui était venu à l’esprit dans l’immédiat. Il entraîna les filles à l’extérieur et attendit de s’être assez éloigné pour leur dire tout bas : « Des Mangemorts. » Elles ne répondirent pas, firent comme si elles ne l’avaient pas entendu et continuèrent de marcher le long de l’allée. Neville cherchait des yeux ceux qu’ils avaient convoqués, pour les empêcher d’aller se jeter dans la gueule du loup. Ils croisèrent Parvati et Lavande, en compagnie de Padma. Il passa juste à côté d’elles et dit, l’air de rien, croisant simplement les doigts pour que personne d’autre dans la rue ne fasse attention à eux : « C’est annulé. Si vous pouvez, faites passer. » Comme Luna et Ginny à la sortie du pub, elles ne laissèrent pas entrevoir le moindre signe montrant qu’elles avaient entendu. Mais il était certain que c’était le cas. Il ne restait plus qu’à trouver tous les autres. Si deux ou trois d’entre eux se rendaient à la Tête-de-Sanglier, cela passerait sans doute inaperçu, mais tout un groupe d’élèves ayant l’air d’attendre quelque chose dans le bar le moins fréquenté du village risquait d’éveiller les soupçons. Ils continuèrent tous les trois de remonter la rue principale jusqu’aux Trois Balais, interceptant tous ceux qu’ils avaient appelés, au grand soulagement de Neville. Il entra dans le pub, s’assit avec les deux filles à une table et commanda trois Bièraubeurres. « C’est bien joli tout ça, mais comment on va faire maintenant ? marmonna Ginny pour ne pas être entendue. -Il faut trouver un autre endroit. Et le faire savoir aux autres. -D’accord, mais comment ? On a déjà passé tellement de temps à planifier cette réunion-ci, pour finalement tout annuler deux minutes avant parce que le village n’est plus sûr… » Il y avait énormément de frustration dans sa voix. Neville ferma les yeux et posa les mains sur ses tempes. Si seulement il avait une réponse à donner à Ginny, une réponse qui arrêterait également cette sensation désagréable dans sa tête… Rien ne lui vint. Neville, déçu par la tournure des évènements, laissa Ginny et Luna et rentra au château dès midi, et monta directement s’enfermer dans son dortoir. < |
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