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Lecture d'un chapitre



Lecture du chapitre 4
Nom de l'œuvre : Je vous rejoindrai quand il gèlera en Enfer! Nom du chapitre : Chapitre 4 : La première réunion de l'A.D.
Écrit par Orube Chapitre publié le : 15/11/2011 à 08:07
Œuvre lue 28700 fois Dernière édition le : 15/11/2011 à 08:07
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Chapitre 4 : La première réunion de l’Armée de Dumbledore






Neville était sur le qui-vive. A ses côtés, Luna avait l’air sur le point de s’endormir ; Ginny semblait plus détendue et regardait autour d’elle, passionnée par les décorations de la pièce qu’elle connaissait pourtant si bien. Mais elles avaient un peu changé depuis la dernière fois qu’ils s’étaient rendus ici. Etait-ce parce que cette fois-ci, c’était Neville qui avait formulé son souhait à la Salle sur Demande ? Sans doute, pensa Ginny. La pièce était, certainement, le ressenti que Neville en avait eu auparavant. Elle paraissait plus vaste et plus majestueuse, semblable à la nef d’une église, bien qu’heureusement plus petite et plus chaleureuse.

« Tu penses qu’ils vont savoir qu’on les attend ici ? » demanda Neville pour la cinquième fois.

Luna ne bougea pas d’un pouce ; Ginny leva les yeux au ciel et répondit pour la cinquième fois, sans hausser le ton :

« A part ici et à la Tête-de-Sanglier, je ne vois pas où ils peuvent avoir l’idée d’aller, tant qu’on ne le leur dit pas. Et tout le monde sait qu’il y avait des Mangemorts à la Tête-de-Sanglier la dernière fois. S’ils sont assez stupides pour y retourner, on pourra s’estimer heureux qu’ils ne nous rejoignent pas. »

Elle repartit dans sa contemplation.

Neville se tordait les mains. Elle ne lui avait rien dit d’autre depuis le soir où ils s’étaient disputés.

Luna ouvrit les yeux.

« Quelqu’un arrive, je crois… »

En effet, ils entendirent des voix, ainsi que des pas près de la porte. Neville jeta un coup d’œil au Scrutoscope accroché au mur : aucun sifflement ne s’en échappa. C’était des personnes en qui ils pouvaient avoir confiance. Neville resta assis sur le rebord de la fenêtre où il s’était installé depuis une demi-heure, bien que l’envie soit très forte de courir ouvrir la porte pour voir de qui il s’agissait.

Anthony Goldstein et Terry Boot entrèrent.

« Salut ! lança joyeusement Anthony, avant de regarder autour de lui. On est les premiers ?

-Oui, répondit Luna. Michael ne vient pas ?

-Si, il arrive. Je ne sais pas exactement ce qu’il est parti chercher, mais il ne devrait pas tarder. Qui d’autre est censé venir ? »

Neville haussa les épaules.

« Tout le monde. Tous ceux qui sont encore à Poudlard. C'est-à-dire pas grand monde, en fait, ajouta-t-il.

-Et pour les nouveaux, comment vous les avez prévenus ? l’interrogea Terry.

-On n’a pas pu, répondit Ginny. Autant réfléchir un peu à ce qu’on va faire avant de les embarquer là-dedans. »

Anthony et Terry parurent d’accord.

Peu de temps après, les Poufsouffles entrèrent. Ernie, Susan, Hannah, Zacharias, tous étaient là. Ils avaient l’air grave : Ernie, comme d’habitude, prenait très au sérieux cette réunion (bien que cette fois-ci, il fallait le lui accorder, il avait raison de le faire, pensa Neville), Susan semblait pensive et il n’était pas difficile de deviner que son esprit était tourné vers Justin en cet instant, Justin, disparu dans la nature, comme tous les nés-moldus qui ne s’étaient pas présentés au Ministère le mois précédent, démarche à présent obligatoire. Comment donc parvenaient-ils à se cacher ? A manger ? A trouver un endroit où dormir ? Hannah était différente. Son visage était fermé, et n’affichait qu’une expression de froide détermination. Neville songea que c’était la première fois qu’il la voyait ainsi.

Enfin, Lavande, Parvati et Padma arrivèrent, suivies de près par Seamus et Michael. Ce dernier jeta un long regard ambigu en direction de Ginny. Elle fit comme si elle n’avait rien remarqué, et lança :

« Je vois que personne n’a eu besoin de panneau pour trouver la salle… Tant mieux. On peut commencer ? Tout le monde est prêt ? »

Tous les regards se tournèrent vers elle. C’était aussi ça, être un meneur dans l’âme, se dit Neville.

« J’imagine que si nous sommes tous là ce soir, c’est parce que nous partageons le même avis sur les… méthodes d’enseignement des Carrow, débuta-t-elle. Ainsi que sur la nomination de Rogue en tant que Directeur. Je ne sais pas ce qu’il en est pour vous. Moi, je trouve que cette école est devenue invivable depuis qu’ils sont là. Je propose donc que tous ensemble, on essaie de défendre le peu de libertés qui nous reste encore. Et pourquoi pas d’en retrouver ? Je crois que tout le monde ici est en septième année à part moi et Luna. Il ne vous reste qu’un an à passer à Poudlard, mais pensez un peu à tous ces élèves qui ne sont entrés en première année qu’il y a quelques semaines… »

Elle se mordit la lèvre.

« On ne peut pas leur laisser croire que ce que racontent ces ordures sur les nés-moldus est vrai. Il faut le dire, tout haut, sans cesse. S’opposer à eux… Par tous les moyens qu’on a…

-Quels moyens ? l’interrompit Zacharias. A part se lever en plein cours et se retrouver avec la tête de Londubat. »

Seamus lui jeta un coup d’œil désapprobateur. Ginny se contenta de lui dire :

« Si tu recommences ton petit manège comme il y a deux ans, tu peux d’ores et déjà partir.

-Je voulais juste faire remarquer à tout le monde ce petit détail, grinça-t-il. C’est bien beau de vouloir agir, mais est-ce qu’on peut faire quelque chose de vraiment constructif ? »

Neville vit tout le monde échanger des regards déconfits, mais Ginny elle, plongea alors dans une intense réflexion.

« On trouvera bien quelque chose, tenta Neville pour les rassurer, et se rassurer lui-même. Le pire qu’on puisse faire, c’est laisser les Carrow croire qu’ils ont la main mise sur l’école. S’ils sentent que c’est le cas, ils ne resteront pas sans en profiter. »

Il y eut quelques hochements de tête.

« Qui ici accepte sans broncher de lancer un maléfice à un autre élève sur simple demande d’Amycus ? » lança Ernie.

Personne ne fit le moindre geste.

« On pourrait déjà commencer par là, proposa-t-il. Si plusieurs élèves le font à chaque cours, il aura du mal à punir tout le monde. Et même s’il le fait, après tout, si ça peut pousser les autres à nous suivre… »

Il n’y eut aucun commentaire, mais Zacharias grimaça. L’idée de clamer son appartenance à l’Armée de Dumbledore de cette manière ne semblait pas particulièrement lui plaire.

« En fait, on est tous venus ici pour se rendre compte qu’on n’avait aucune idée et qu’on ne pouvait rien faire ? lâcha-t-il, la voix acide.

-On n’est pas ici pour rien ! protesta Hannah. On ne servira à rien si on reste dans l’ombre. Mais si les autres savent qu’on est là, qu’on pense comme eux et qu’on ne veut pas des Carrow, au moins ils sauront qu’ils ne sont pas tous seuls, non ? »

Un long silence suivit. Sur les visages, Neville lisait sa propre pensée. Zacharias la formula à voix haute.

« Qu’est-ce que ça change ?

-Ça change tout, riposta Hannah. Mais si tu as peur, Smith, Ginny te l’a dit, la porte est par là. Il y a des élèves plus jeunes qui parlent de fuir le pays avec leurs parents dès les vacances de Noël, poursuivit-elle. On en entend souvent parler dans la salle commune. Pas vrai ? »

Susan et Ernie acquiescèrent.

« Pourquoi ils devraient tous courir, se cacher comme ça ? C’est ici, chez eux ! En Grande-Bretagne. Ce n’est pas parce qu’il y en a quelques uns qui croient que les sorciers de sang moldu ou de sang mêlé valent moins que les autres qu’ils doivent le croire aussi, et agir comme des animaux persécutés. Il y en a déjà assez qui sont partis. »

Elle eut un regard pour Susan.

« Je ne sais pas ce qu’on peut faire, souffla-t-elle enfin. Mais décider dès aujourd’hui qu’on est incapable de quoi que ce soit, c’est… C’est le désespoir, non ? »

Elle se tut. Zacharias n’avait toujours pas l’air convaincu, mais aux yeux des autres, Neville savait qu’elle avait gagné. Ils se battraient tous ensemble. Pour tous ceux qui n’étaient plus là. Pour que ça s’arrête. Même s’ils ne savaient pas encore quoi, ils feraient quelque chose.

« Alors, Smith ? » lança Ginny.

Tous deux se toisèrent un moment.

« Je suis avec vous, lâcha-t-il enfin. Mais ne me demandez pas d’aller me jeter dans la gueule du loup en insultant les Carrow ou quoi que ce soit. Je veux bien aider, mais je tiens à ma peau, et je ne prendrai pas de risque. »

Ginny ne parut pas pleinement satisfaite, mais elle n’insista pas.

« Il faudrait que vous donniez tous vos Gallions, réclama une voix flûtée. On a besoin de pouvoir communiquer plus facilement, alors peut-être qu’on devrait leur apporter quelques modifications… »

Tous les regards cherchèrent d’où venait le son. Neville sourit. Luna avait toujours d’excellentes idées, quand ils en avaient le plus besoin.






La première réunion de l’AD se termina ainsi. Tous sortirent de la Salle sur Demande pour retourner dans leurs salles communes. Ginny était surexcitée, cherchait déjà comment ils pourraient faire pour améliorer les capacités des Gallions.

« On devrait aller chercher à la bibliothèque, pas vrai ? C’est toujours comme ça qu’Hermione faisait, il me semble, quand elle ne savait pas quelque chose.

-Ce qui n’arrivait pas souvent, commenta Neville.

-Je suis sûre qu’on trouvera quelque chose dans un bouquin, c’est forcément comme ça qu’elle a fait, vu qu’on apprend rien en cours là-dessus. Enfin il me semble… Je devrais peut-être vérifier. Tu m’aideras Luna ?

-Oui, je… Oh ? »

Ils se figèrent, surpris par le petit cri de surprise de Luna.

Au bout du couloir, une paire d’yeux brillants les observait fixement. Miss Teigne fit volte-face et courut dans la direction opposée.

« Tu penses qu’elle a vu les autres ? murmura Ginny.

-Je pense que si Rusard les a vus, il va trouver bizarre que tout un tas d’élèves viennent de la même direction à cette heure de la soirée, fit Neville. On ferait mieux de se dépêcher. Il risque de débarquer… »

Un nœud se forma au creux de son ventre. Il avait un mauvais pressentiment. Etre vu par Rusard n’était jamais bon signe, même quand on n’avait rien à se reprocher. Et selon les nouveaux règlements de l’école, ce n’était pas exactement le cas.






Le lendemain, son inquiétude fut confirmée. Dans le Hall, une pancarte avait été accrochée, bien visiblement : « Les réunions et rassemblements de plus de trois élèves sont à présent interdites. Cette règle s’applique aussi bien pour les clubs que pour tout rassemblement non-officiel. Tout élève contrevenant à cette règle se verra infliger une retenue. ».

C’était un des anciens décrets d’Ombrage. L’affiche n’était pas la même, mais c’était tout comme. Neville sentit comme un filet d’eau glacé dans son dos. Ils s’étaient déjà fait prendre.

Tout autour de lui, des élèves protestaient :

« Ils ne vont quand même pas nous ressortir tous ces vieux machins !

-Déjà qu’on n’a quasiment rien de le droit de faire…

-Et si on veut voir plus de deux amis en même temps ? Même ça, on n’a plus le droit ?!

-Ils ne devraient pas avoir le droit de faire ça ! »

Le groupe d’élèves autour de l’affiche grossissait, et les éclats de voix finirent par attirer les professeurs hors de la Grande Salle. Mrs Bibine et McGonagall s’appliquèrent à disperser l’attroupement, même si Neville cru deviner à l’expression qu’elles prirent en voyant l’affichage que ce n’était pas de gaieté de cœur.

Il entra dans la Grande Salle pour prendre son petit déjeuner, même s’il n’était plus tellement sûr d’avoir encore faim. Ginny l’attendait, assise à la table de Gryffondor.

« Tu as vu ça ? s’écria-t-elle, et le dernier mot de sa phrase sonnait comme une insulte.

-Oui… Comment est-ce qu’on va faire, maintenant ? reprit Neville, plus bas.

-Je ne sais pas trop… Dès qu’on aura trouvé quel sort a utilisé Hermione sur tu-sais-quoi, on devrait pouvoir faire passer des messages à tout le monde, lui dit Ginny. Peut-être que ce serait plus prudent de se rendre à chaque fois dans une salle différente ?

-On devrait essayer… »

Neville nota que la dispute de la semaine précédente semblait avoir été oubliée. Peut-être que Ginny préférait garder sa colère pour ceux qui le méritaient le plus ? Ou bien elle avait besoin de lui pour l’aider et elle se faisait violence à cause de ça.

« N’importe quoi, pensa-t-il. Tu dérailles, mon pauvre Neville. Comme si elle n’était pas capable de se débrouiller sans toi… »






Ce fut une nouvelle journée pénible à travers les couloirs de l’école, de cours en cours, avec toujours cette appréhension quand il pensait à ce qui pouvait l’attendre en Etude des Moldus ou en Forces du Mal. Quoiqu’il n’avait jamais les deux le même jour, et c’était un grand soulagement. Il se préparait toujours au pire durant ces cours, mais pourtant rien n’aurait pu le préparer à ce qui arriverait ce jour-là.

A la fin de l’après-midi, il pensait retrouver, comme toujours, Ginny et Luna devant la Grande Salle, mais aujourd’hui ni l’une ni l’autre n’étaient là. Il songea qu’elles avaient peut-être été retenues par un professeur qui prolongeait son cours, attendit. Elles ne vinrent pas.

Il se dit qu’il pourrait aller attendre dans la salle commune, en compagnie de Seamus, et remonta les longs escaliers vers la tour de Gryffondor. Ce faisant, il croisa enfin Ginny, qui se précipitait en bas.

« Tu as vu Luna ? lui lança-t-elle, visiblement angoissée.

-Je croyais qu’elle était avec toi, répondit Neville. Pourquoi fais-tu cette tête ?

-C’est Amycus… Il l’a emmenée après son cours, parce qu’elle ne voulait toujours pas lancer son fichu sort… »

Sa voix se brisa.

« Oh, Neville, où est-ce qu’elle est ?!

-Ginny… »

Il ne savait pas comment réagir. Il était tiraillé entre l’envie de courir comme elle à travers tout le château pour retrouver Luna et celle de prendre Ginny dans ses bras pour empêcher ses larmes, imminentes, de couler. Il ne l’avait jamais vue dans un tel état. C’est comme si soudainement, elle était devenue quelqu’un d’autre, plus fragile.

« Tu as vu par où ils sont partis ? finit-il par demander.

-Je crois qu’ils sont descendus… Je ne suis pas sûre, je n’ai pas bien fait attention… »

Elle renifla.

« Ecoute, va chercher McGonagall, d’accord ? ordonna Neville. Elle pourra peut-être faire quelque chose. »

Ginny obéit et remonta vers la salle de Métamorphose. Neville, lui, retourna dans le hall, réfléchissant aussi vite qu’il pouvait à toutes les possibilités.

La salle des professeurs ? Un peu trop facile. Et les autres professeurs risquaient de s’en mêler s’ils comprenaient pourquoi Amycus s’en prenait à Luna.

Une salle de classe quelconque, pour être plus tranquille ? Possible, mais trop difficile pour lui à vérifier. L’école en comptait sûrement plus d’une centaine…

Dans le parc ? Il n’y avait pas franchement de raison.

Au sous-sol ? Il ne comprenait pas bien non plus, mais cet endroit lui semblait plus attrayant pour quelqu’un comme Amycus, qui avait été à Serpentard. Leur maison se trouvait quelque part par là, c’était une évidence, il voyait les Serpentards descendre au sous-sol tous les soirs après le repas depuis des années.

Neville se rendit donc dans les cachots.

En bas des escaliers qui y menaient, il entendit des éclats de voix. La voix d’un homme. Non, deux.

Il devina qu’il ne s’était pas trompé et s’approcha d’une porte close en dessous de laquelle filtrait un peu de lumière verte. Le bruit devint plus fort, il put saisir des mots, parmi lesquels il comprit le nom de Rusard. La voix, avec un peu de chance, était celle d’Amycus. Si ces deux là devenaient amis, il y avait fort à craindre.

Neville hésita un moment. Puis, se disant qu’il n’avait de toute façon pas grand-chose à perdre, il alla coller son oreille contre la porte.

« Je savais que j’avais raison d’entretenir ces chaînes, ricana Rusard de sa voix rauque. Enfin quelqu’un d’assez censé pour comprendre à quel point elles sont plus utiles que les retenues pour faire entrer quelque chose dans le crâne de ces garnements !

-Celle-là refuse de travailler depuis le début de l’année, dit Amycus en lui rendant son rire. Peut-être bien qu’il lui faudra plusieurs séances avant d’avoir bien compris.

-Ne vous en faites pas, il n’en faudra pas tant que ça ! Généralement, au bout d’une ou deux fois, ils ont retenu la leçon. Beaucoup plus efficace, beaucoup plus…

-Je vous laisse garder un œil sur elle, Argus. Même si elle ne risque pas d’aller bien loin maintenant. »

Amycus eut un autre rire déplaisant, et Neville l’entendit s’approcher de la porte.

Il n’avait pas le temps de fuir. Il se colla contre le mur, en priant pour que cette brute de Mangemort n’ouvre pas la porte trop grand, et qu’elle ne rebondisse pas sur lui. Heureusement, s’il ne retint pas la porte, il ne l’élança pas assez fort pour cela, et parti dans le couloir opposé à Neville, qui put rester hors de vue derrière la lourde porte de bois.

Que faire maintenant ? Porter secours à Luna ? Rusard veillait au grain… Si jamais il se faisait prendre, ils auraient encore plus d’ennuis. Ils s’étaient déjà fait remarquer avec la réunion de la dernière fois…

Mais Luna, il ne pouvait quand même pas la laisser là, enchaînée, seule avec ces monstres ?

Même s’il arrivait à se débarrasser de Rusard, il risquait de faire du bruit, ou bien Amycus s’en rendrait tout simplement compte quand il reviendrait.

Mieux valait rebrousser chemin et aller avertir Ginny de ce qui se passait avant de tenter quoi que ce soit.

Du moins, c’est ce dont il voulait se convaincre, tandis qu’il remontait dans le Hall.






Ginny l’attendait là, seule.

« Je commençais à désespérer que tu reviennes. McGonagall n’est nulle part, je ne sais pas où est-ce qu’elle a bien pu aller…

-Laisse tomber pour l’instant. On ira la voir avec Luna quand elle sera sortie.

-Tu l’as trouvée ? »

Ginny parut soulagée, et Neville sentit comme une main terriblement froide lui serrer le cœur.

« Elle est enchaînée dans les cachots, Ginny. »

Elle mit quelques secondes à saisir, puis blêmit.

« Tu l’as vue ?

-Non, j’ai juste entendu… Mais je suis sûr que c’était elle. Il y avait Rusard et Amycus, ils discutaient, c’est comme ça que j’ai su…

-Elle était là, en bas, tout près de toi, mais tu ne l’as pas sortie de là ? »

Le ton de Ginny était soudainement devenu glacial et accusateur.

« Rusard était là, Ginny, Amycus aurait forcément remarqué, en revenant…

-Attend un peu. Amycus était parti ?! Tu avais seulement un Cracmol en face de toi mais tu as préféré laisser Luna moisir là-bas ? »

Elle jeta son sac par terre, bouscula Neville pour se frayer un passage jusqu’aux escaliers et lui lança, par-dessus son épaule :

« Je pensais que tu étais moins lâche que ça, Londubat !! »

Elle disparut.

Neville resta là un bon moment, les bras ballants, contenant son envie de hurler. Puis il ramassa le sac de Ginny et retourna dans la salle commune de Gryffondor.






Ginny rentra tard ce soir-là. Neville l’avait attendue pendant quatre heures, et s’était finalement endormi dans un fauteuil de cuir près du feu. Néanmoins, les bruits de pas, même feutrés, de Ginny sur le sol le réveillèrent. Il osa à peine la regarder. La colère se lisait toujours sur son visage.

« Comment va Luna ? tenta-t-il timidement.

-Mieux, et pas grâce à toi », répondit-elle, implacable.

Elle s’empara de son sac, que Neville avait posé sur une table quelques heures plus tôt, et rejoignit son dortoir sans un mot de plus.

« Tu as raison, songea Neville. Laisse-moi tout seul avec ma honte. »






Il n’en apprit plus que le lendemain, au petit-déjeuner. Le professeur (directeur, s’efforça-t-il de se rappeler) Rogue était debout, signe qu’il voulait prendre la parole et attendait pour cela la présence de tous les élèves.

Neville attendit nerveusement sur son banc, pendant qu’un flot d’élèves se déversait dans la Grande Salle. Il était rare que tout le monde soit réuni le matin. Est-ce que les professeurs avaient fait passer le mot aux retardataires potentiels ? Chose inhabituelle, quand au bout de plusieurs minutes tous semblèrent être là, les portes se refermèrent. Neville chercha Ginny des yeux. Elle était là, un peu plus loin, avec les filles de son dortoir, elle ne l’avait pas vu. Ou en tout cas, elle agissait de telle manière qu’il le croit.

« Bonjour à tous. »

Les mots étaient polis, mais le ton sec.

« Je serais rapide pour vous laisser le temps de savourer votre petit-déjeuner. Hier, une de vos camarades de Gryffondor, une petite maligne, a eu la brillante idée de laisser sortir une autre élève de la salle où elle était en retenue suite à une décision de votre professeur de Défense contre les Forces du Mal. Je ne pensais pas que certains étaient aussi limités, gronda Rogue, mais visiblement, c’est le cas, alors je me donne la peine de vous faire ce rappel. Tout élève en retenue est tenu d’y rester le temps qu’il plaira à son professeur. Quiconque viendra le chercher pour le faire sortir sera simplement tenu à la même punition, qui sera allongée à chaque récidive. Sa maison sera également pénalisée, évidemment. Pour l’épisode d’hier, je retire donc 60 points à Gryffondor. »

Des murmures indignés s’élevèrent tout autour de Neville.

« Remerciez votre camarade, Ginny Weasley. »

Tous les visages se tournèrent vers elle.

Et tout à coup, sa voix explosa dans toute la Grande Salle.

« Vous n’avez PAS LE DROIT ! rugit-elle. Vous l’avez ENCHAINEE ! Vous n’avez pas le droit de traiter les élèves comme ÇA ! Ça va trop loin ! Cette école est en train de tomber en poussière ! Vous détruisez tout, vous ne respectez rien !

-Je vous demanderai de ne pas me parler de respect, Miss Weasley, rétorqua Rogue.

-Vous n’avez pas le droit de frapper les élèves ! continua-t-elle comme si elle n’avait pas été interrompue. Vous n’avez pas le droit de leur jeter des maléfices ! »

Alecto se leva et pointa sa baguette sur Ginny.

« J’ai tous les droits, dans cette école, que ça plaise ou non aux petites pestes dans ton genre !

-Vous, la guenon, je ne vous ai rien demandé ! »

Le regard d’Alecto devint venimeux.

« Diffindo !!

-PROTEGO ! »

Le jet de lumière rebondit contre le bouclier invisible, frappa Alecto, manquant d’un centimètre son œil et entailla sa pommette.

Neville contempla sa baguette, abasourdi par ce qu’il venait de faire.

« Bande de sales petits… bredouilla Alecto, immobilisée sous le coup de la surprise. Diffindo ! Diffindo ! Diffindo ! »

Il y eut un mouvement de masse, et tous ceux qui se trouvaient plus près devant Neville se réfugièrent sous les tables pour éviter les maléfices déviés.

McGonagall se leva, et lança d’une voix outrée :

« Vous comptez arrêter bientôt, ou bien vous attendez d’avoir suffisamment de victimes avant ça ?!

-Minerva, je vous demanderez de ne pas vous en mêler, dit Rogue d’une voix doucereuse. De la même manière que je n’interviens pas lorsque vous punissez un élève, vous n’avez pas à le faire lorsque Mrs Carrow s’en charge.

-Est-ce que je vous ai demandé votre avis, à vous, espèce de vieille chauve-souris ? »

Elle leva sa baguette, et d’un mouvement sec du poignet, désarma Alecto. Amycus se leva en reversant la moitié de ce qui se trouvait devant lui, mais Rogue hurla :

« SILENCE !! »

Le temps se figea. Personne n’osait même respirer trop fort.

Rogue fit disparaître le bouclier de Neville, et déclara d’une voix égale :

« Londubat, vous rejoindrez Miss Weasley et Miss Lovegood en retenue ce soir. A présent, dépêchez-vous de manger et rejoignez tous vos classes en silence. »

Personne n’osa prononcer un mot de tout le repas. Seul le bruit des couverts s’entrechoquant accompagna Neville tandis qu’il s’efforçait d’avaler un morceau de toast.

Avant de quitter la Grande Salle, il leva les yeux vers Ginny. Elle soutint son regard, et un sourire las étira ses lèvres.

Le cœur de Neville devint aussitôt plus léger. Il était pardonné. Ils passeraient sans doute des heures pénibles aux cachots, mais ils les passeraient ensemble, et ça ne durerait pas éternellement. C’était l’essentiel.






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