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Lecture du chapitre 3 | |
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Nom de l'œuvre : Au bord de la mer [concours] | Nom du chapitre : Chapitre 3 |
Écrit par CaliKen | Chapitre publié le : 8/8/2012 à 23:51 |
Œuvre lue 4333 fois | Dernière édition le : 13/8/2012 à 00:42 |
Voilà deux jours que les parents de Laura sont partis et que je m'habitue un peu à cette chipie. Maxime et Laetitia m'ont officiellement désigné « meilleur ami » de la petite fille, reprenant son expression mot pour mot. Max a bien senti mon désaccord, mais il m'a proposé un deal alléchant : pour l'avant dernier jour de vacances, il a décidé d'affronter le champion local, paraît-il assez fort, et m'a promis un combat fort intéressant. Il n'en a pas fallu plus pour me motiver à bloc. Cela doit faire plus d'un an que je n'ai pas combattu lors d'un vrai match. Alors, un match officiel, quelle opportunité ! Mon dernier plus grand combat, c'était lors du Championnat de France, il y a quelques années, face au Tortank de Thomas. Thomas, l'éternel rival de Maxime. Tout ça s'était soldé par un double KO, et Max avait perdu le reste du match d'un cheveux. Depuis, loin d'être dégoûté par le dressage, et toujours aussi passionné, mon dresseur s'était tout de même plus concentré sur son nouveau travail et sur sa fiancée. Notre entraînement continuait, mais à faible intensité. Juste de quoi ne pas se rouiller, et quelques petits combats contre des dresseurs, le Dimanche. Rien de fou. L'idée d'affronter un Pokémon dressé par un professionnel me motive infiniment. Et aujourd'hui, alors que Maxime décide de m'entraîner, je me sens excité comme un jeune Nidorino. En face de moi, un Aligatueur, imposant. Plus grand, il me toise du regard avec un sourire en coin. Son dresseur, un jeune homme blond coiffé tendance, arbore des lunettes de soleil et un grand sourire. Je sens immédiatement qu'il insupporte Maxime. Le genre de minet sûr de lui que mon dresseur déteste. Le combat commence et, évidemment, l'adversaire demande à son Pokémon d'utiliser des attaques Eau, pour jouer sur la faiblesse de mon type Sol et m'attaquer de loin. Maxime et moi rétorquons immédiatement par une nuée d'attaques Dards-Venin qui ont tôt fait de calmer les ardeurs du Pokémon Eau. Peu d'attaques m'atteignent finalement, et avec quelques tours de passe-passe bien sentis, je prends rapidement l'ascendant sur le match. Sur les bords de l'arène, Laura observe le combat, les yeux grands ouverts, aux côtés de Laetitia. -Qu'est-ce qu'il est fort Pinko, Tatie Léa ! -Tu as vu ça ! Je suis sûr qu'il va gagner. -Oui ! PINKO T'ES LE PLUS FORT. Je dois l'admettre : les mots de Laura booste mon énergie, et me voilà à créer un puissant Séisme qui met à mal l'Aligatueur. Alors que celui-ci s'éloigne des décombres, je le vois se concentrer, près à sortir une attaque plus puissante que les autres. Le dresseur blond affiche alors un sourire serein. -J'ai appris cette technique récemment, et elle risque de te surprendre ! SIPHON ! Effectivement, le niveau est monté d'un cran. Contrairement à ce à quoi on aurait pu s'attendre, la technique Siphon n'est pas destiné à me percuter, mais entoure l'Aligatueur. Un grand tourbillon d'eau le protège, comme une sorte de carapace liquide et mobile. -Désolé de te faire de la peine, mais je ne suis pas un novice. Je ne pense pas que tu ais souvent vu une attaque utilisée dans une autre optique que son but premier. -Non, jamais, répond Maxime sans sourciller. Laetitia étouffe un sourire. Si seulement ce dresseur savait que Maxime avait participé au Championnat de France et avait été jusqu'en quart de final, et que son ami, Thomas, était Champion du Monde... Maxime se contente de me faire un clin d'oeil. Nous nous connaissons bien, et il m'apparait logique de finir ce match de manière autonome. Certes, ce dresseur adverse n'est pas mauvais et a eu l'intelligence de modifier une technique existante. Voilà de quoi enchaîner les victoires sur des dresseurs du Dimanche ou de jeunes combattant que l'on affronte dans les villes, un peu au hasard ou dans les stades municipaux. Mais pour un Pokémon qui, comme moi, a vécu nombres de matchs de hauts niveaux et des aventures parfois assez rocambolesques, ce genre d'attaque est simplement la base de ce dont doit être capable un bon dresseur. Au niveau professionnel, les meilleurs sont capables de fusionner certaines techniques, ou même, d'en créer de nouvelles. Maxime fait parti de cette trempe de personnes. Une légère concentration m'est nécessaire pour charger une dose d'énergie suffisante dans mon poing droit. Je connais cette technique depuis maintenant plusieurs années, et elle propose une excellente alternative contre les Pokémons Eau. Je fonce vers l'Aligatueur, poing en avant. Comme souvent dans ces moments cruciaux, j'ai l'impression d'assister à la scène au ralenti. Mon poing s'écrase sur l'armure aquatique de mon adversaire. Des giclées d'eau sont propulsées de part et d'autres et mon coup est fortement ralenti par la puissante pression qui entoure le Pokémon. Mais alors que celui-ci semble déjà se satisfaire intérieurement de son inviolable défense, il se rend compte, mais bien trop tard, de la réelle nature de mon attaque. Des éclairs s'échappent de mon bras et parcourt l'armure d'eau, se diffusant et se propageant à l'intérieur, jusqu'à atteindre l'Aligatueur et l'électriser. Au même moment, le mur disparaît, retombant au sol comme une vulgaire averse. Mon poing arrive à destination du torse de mon adversaire et l'envoie voler à plusieurs mètres au loin. L'électricité n'est évidemment pas mon domaine de prédilection, mais la force si. Je ne m'attendais pas à ce que mon coup touche au but, mais plutôt à simplement déconcentrer l'adversaire avec l'électricité, pour l'attaquer ensuite, avec. Il semblerait que celui-ci n'était pas suffisamment entraîné pour maintenir une telle technique défensive face à une attaque de cette trempe. L'Aligatueur ne se relève pas. Dépité, le dresseur le rappelle et hésite à serrer la main de Maxime. Laura est devenue folle. Elle fonce vers moi pour me câliner. -C'est du bon boulot Pinko. -Pinko est trop fort ! Boum, bam, bim. Je penche ma tête vers la petite terreur et plisse les yeux en grognant. Elle me donne une grande baffe sur le front, puis me câline. Je commence à m'habituer à elle... Les jours passent et les séances de baby-sitting sur la plage et en balade se passent bien. Parfois, je suis excédé, mais petit à petit, ma mauvaise humeur générale se dissout. Et finalement, cette rencontre avec le Champion d'Arène de la ville me paraît de moins en moins intéressante. J'ai toujours envie de me battre, de retrouver l'excitation des grandes rencontres Pokémons, mais quelque chose me fait peur. Cela faisait longtemps que je n'avais pas ressenti ça. La peur. Finalement, en y réfléchissant bien, je n'ai plus jamais eu à faire à ce sentiment depuis la mort de Pinky. Des émotions fortes, j'en ai ressenties cependant. D'abord de la haine, puis de l'amour et de l'amitié, pour Laetitia, lorsque je l'ai vu se relever, après cette épreuve, cette rupture avec Maxime, et ces trois ans à Nice, passées à se reconstruire. Et puis Maxime, à qui j'ai appris à pardonner, ses Pokémons, que j'ai redécouverts, et moi-même. Parfois, on ne se connait pas, on ne se connait plus. J'ai appris à me connaître. J'ai appris à savoir ce que je voulais, ce que je ressentais. Mais il faut croire que je possède encore des secrets, suffisamment enfouis en moi pour que je ne les connaissent pas moi-même. Quelle est cette peur soudaine ? D'où vient cette crainte qui me fait oublier l'envie de combattre. Une fois de plus, je me retrouve face à la mer, à quelques mètres de l'eau, sans avancer plus. Le soleil se couche, et seul le clapotis des vagues perturbe ce que je pourrais presque appeler une méditation. Je ferme les yeux, j'essaie de faire le calme en moi, de comprendre, de savoir... Quelque chose me manque, mais je ne sais plus quoi. Pinky, oui, bien sûr, mais autre chose. Une petite main touche alors la mienne. -Nidonido ? (Laura ?) -Chut ! Je me baladais avec Maxime et Tata Léa sur la promenade et on t'a vu ! Ils ont dit que je pouvais te rejoindre mais je dois rester avec toi. Je me retourne et je plisse les yeux, un regard lourd de reproche en direction de Maxime. De là où je suis, j'arrive à apercevoir les gouttes de sueurs d'excuse qui coule sur son visage, et son sourire gêné. -Tu as l'air soucieux Nidonours ! -... -Tu regardes souvent la mer, on dirait que tu attends qu'il y ait une grosse vague ! -... -Tu attends quelqu'un ? Hey, Nidonours, tu attends quelqu'un ? Je me tourne vers elle et bascule la tête sur le côté, l'observant minutieusement. -Tu ne me fais pas peur ! Tiens, paf, paf, et paf ! Je lève les yeux au ciel et regarde de nouveau au loin. -Tu n'es pas drôle Nidonours ! Je retourne voir Tonton et Tata ! -Nido ? -ATTENDEZ-MOI TONTON TATA ! Je vois Laura s'éloigner en courant et rejoindre Maxime et Laetitia, déjà un peu loin. Je n'entends pas ce qu'ils se disent, mais j'entends quelques rires. Je fais un pas vers eux, puis me ravise, et me contente de les observer s'éloigner. L'air est devenu frais, je frissonne. Depuis quand le vent me fait trembler ? Moi, l'imperturbable Nidoking. Soudain, le constat est saisissant. Je comprends enfin ma peur. J'ai peur du dernier jour, lorsque Laura partira. |
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