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Lecture d'un chapitre



Lecture du chapitre 1
Nom de l'œuvre : Mélancolie [Recueil d'OS] Nom du chapitre : Le dieu déchu, le roi brisé
Écrit par Cyrlight Chapitre publié le : 6/2/2013 à 19:23
Œuvre lue 6305 fois Dernière édition le : 6/2/2013 à 19:24
Je suis un Galopa, un parmi tant d'autre. Je suis un Galopa à la robe aux reflets roux, ni plus grand ni plus petit que la moyenne, ni plus fort ni plus faible. Je suis un Galopa tout ce qu'il y a de plus commun. Mais sur la piste, j'étais un dieu.

Dès mon plus jeune âge, j'ai fait honneur à mon dresseur, puis à ceux qui ont suivi, car j'en ai changé souvent. J'étais de loin le plus rapide. A chaque compétition, je gagnais avec aisance, tandis que mes adversaires peinaient pour tenter de terminer le parcours. Je les laissais bien souvent sur place, avalant les obstacles les uns après les autres, tandis qu'eux chutaient.

Parfois, il arrivait à certains d'entre eux de ne pas se relever, et je voyais mon dresseur, à la fin de la course, compatir avec les leur. Mais moi, j'étais au-dessus de tout cela. Certes, j'étais un Galopa, mais face aux autres, je devenais LE Galopa, celui que rien n'effrayait, celui qui avait tout gagné.

Enfin, c'était avant. J'étais doué de naissance, mais les autres avaient une chose qui me manquait : la chance. Alors que je m'apprêtais à rentrer dans la légende en battant tous les records, l'impensable se produisit. Une Ponyta, une femelle, frêle, petite et quasiment inconnue, a mis fin à ma longue série de victoires sans que nul n'y comprenne quoi que ce soit.

La sentence a fini par tomber : son dresseur avait fait un beau trafic de boosters, en particulier de Carbone, afin de la rendre meilleure. En clair, il l'avait dopée. L'homme fut écarté de toute compétition, courses équestres ou matchs pokémon confondus, mais c'était trop tard : j'avais été vaincu.

Bien vite, on ne me regarda plus comme avant. Moi, l'invincible, le dieu de la piste, j'avais été relégué au simple rang de "Galopa venant de subir une défaite". Mon honneur était entaché, et je devais tout faire pour le laver, me venger de cette Ponyta qui avait cru pouvoir me voler la couronne qui me revenait de droit.

Malheureusement, quand le sort s'acharne, il n'y a rien a y faire. Alors que j'attaquais juste une nouvelle série de victoire, dans l'espoir d'effacer mon unique défaite des mémoires, je fis une erreur. Stupide, certes, mais quasiment fatale. L'esprit ailleurs au moment de la compétition, plus précisément ce fameux jour où j'avais gouté pour la première fois à la seconde place, je ratai un obstacle, que j'enjambais pourtant d'habitude avec une facilité déconcertante. Mais pas cette fois. Cette fois, je trébuchai et tombai, ce qui ne m'était encore jamais arrivé.

Pendant de longs mois, je fus éloigné de toute compétition, alors que j'étais venu au monde juste pour cela. Disparu aux yeux de tous dans ma pokéball, au début, les gens se demandèrent si j'allais revenir puis, comme le temps passait, commencèrent à m'oublier. Bientôt, mon nom se fit plus rare, et était généralement associé au Galopa "qui aurait pu"...

Ils m'avaient cependant vu K.O. trop tôt. J'étais encore jeune, et il me restait encore beaucoup d'énergie à dépenser. J'allais faire mon retour, revenir sur le devant de la piste, et devenir le Galopa "qui a fait", car c'était là mon destin tel que je voulais le voir écrit. Après tout, Arceus, notre dieu, ne m'aurait pas fait don de facultés si développées si ce n'était pas dans l'unique but de me permettre de rejoindre l'histoire et les légendes, comme lui l'avait fait, non ?

Comme je m'y attendais, mon grand retour se solda par une victoire. Les spectateurs étaient ébahis : comment avais-je fait, après une si longue absence, pour n'avoir rien perdu de ma superbe ? Je n'avais aucune réponse à leur offrir, mais du rêve à leur vendre. Je revenais chercher ma couronne, et cette fois, elle ne m'échapperait pas.

Jamais je n'aurais douté de moi, jusqu'à ce jour. Au moment où mon nouveau dresseur, le troisième, s'apprêtait à me rappeler dans ma pokéball, je le vis, ce nouveau venu, apparu durant mon absence. Celui qui faisait de l'ombre à mon nom, que l'on prétendait le plus rapide de nous tous...

Ce n'était même pas un Galopa à l'origine pure, puisque sa grand-mère était une Luxray. D'ailleurs, lui, contrairement à moi, n'était pas ordinaire. C'était un Shiny à la robe obscure. Seul son museau avait conservé des traces de la couleur rousse naturelle de notre espèce. Il était immense, ténébreux, sauvage. Et pour la première fois, j'eus peur. Etait-il vraiment si exceptionnel que ce que les autres prétendaient ? L'était-il plus que moi ?

Je poursuivais mon entraînement avec mon nouveau dresseur. J'étais meilleur que jamais. Mes doutes s'envolèrent les uns après les autres. J'étais même près à affronter le Shiny à la superbe réputation, même si je savais que cela n'arriverait jamais : nous ne concourrions pas de le même genre de compétitions. Dommage, je me serais fait une joie de montrer à tout le monde que j'étais le seul et l'unique, et que ce n'était pas ce jeunet qui entamerait ma suprématie.

Arriva enfin le grand jour, celui de la finale où tous les meilleurs Galopa du pays allaient s'affronter dans le but de déterminer lequel était le plus doué. Je me retrouvais contre un ami, que je connaissais bien car nous avions eu le même dresseur, à une époque, et nous nous entraînions ensemble. Je me souvenais qu'il était doué, mais pas de là à rivaliser avec moi. Cependant, je savais qu'il s'était lui aussi fait une jolie réputation pendant ce long temps où j'avais été maintenu à l'écart par ma blessure.

Le départ fut donné. Comme à mon habitude, j'allais en tête, mais pas trop vite non plus. La distance était pratiquement deux fois plus longue qu'à l'accoutumée, je ne voulais pas brûler toutes mes cartouches dès le départ. Un autre Galopa progressait à ma droite. Je ne savais quasiment rien de lui, si ce n'était qu'il devait faire de grands efforts pour parvenir à suivre ma foulée, pourtant si naturelle chez moi.

Ce fut à ce moment là que les choses commencèrent à se gâter. La chaleur devenait accablante. Nous étions couverts de sueur, et nous fatiguions tous. Pour la première fois, moi aussi, je sentais mes forces me quitter petit à petit. Nous arrivâmes alors en vue du prochain obstacle, l'obstacle par excellence : grand, large, de sinistre réputation pour avoir fait couler le sang de nombreux Galopa. Il était la terreur de tout concurrent qui n'était pas préparé à la perfection, mais moi, je l'avais déjà franchi de nombreuses fois. Que dis-je, franchi ? Je le survolais.

Mon adversaire et moi-même l'abordâmes d'une même foulée. Je perdis le contact avec la réalité dès que mes sabots eurent décollé du sol, si bien que je serais incapable de dire ce qu'il se passa ensuite. J'ignore si ce fut l'autre Galopa qui plongea sur moi, ou qui fit un faux mouvement qui me déstabilisa, à moins que ce ne soit moi qui aie raté mon saut, toujours est-il qu'il alla heurter la barrière tandis que je sombrais, le museau dans l'herbe. Nous étions tous les deux souffrants, à la différence près que lui put reprendre sa course, qui la mena à la victoire devant mon ancien ami, tandis que je restais seul, sur le sol, regardant mes rêves se briser les uns après les autres, et mes espoirs de gloire s'envoler sans attendre.

Mon dresseur me garda plusieurs jours dans ma pokéball, où je restai inconscient, comateux. L'infirmière Joëlle me crut même mort, s'il ne lui avait pas tenu tête. Je finis par me réveiller par une nuit plus fraîche, à son grand soulagement. Cependant, même si rien ne s'opposait à mon retour à la compétition, ce qui enchanta mon dresseur, je savais que les choses ne seraient jamais plus les mêmes. Je ne serais jamais plus le même. En même temps que tous mes rêves de grandeurs, quelque chose s'était brisé en moi. J'avais peur, peur de revoir une piste, car cette expérience m'avait ébranlé davantage psychologiquement que physiquement.

Alors que j'étais certain d'atteindre les sommets, c'était l'enfer qui s'était ouvert sous mes pattes. Je savais que je me relèverais pas de cette humiliation. Certes, j'avais peut-être manqué de modestie, mais tous les espoirs que j'avais autrefois placé en mes capacités étaient fondés. C'était simplement le sort et la malchance qui s'étaient ligués contre moi.

Comme si la honte que j'éprouvais désormais ne suffisait pas, mon dresseur enfonça davantage le clou, sans le savoir. Il m'informa que j'allais changer de discipline et participer à un nouveau genre de compétitions, que je n'avais plus pratiqué depuis mon jeune âge. Cela ne signifiait qu'une chose : je devais affronter le Shiny.

On m'aurait annoncé cela quelques mois plus tôt, rien ne m'aurait fait plus plaisir. Je lui aurais montré qui était le plus fort. Mais les choses étaient différentes, désormais. Ma chute avait tout remis en cause. Je ne me sentais plus la force de me battre contre ce Galopa, plus jeune et plus fringuant que moi, lui qui n'avait jamais chuté, alors que j'en étais désormais à ma seconde blessure, et qui avait laissé de nombreuses séquelles, surtout mentales.

Mais puisque telle était la volonté de mon dresseur, j'affronterais le Shiny. Ce fut ainsi que, sous la pluie drue de l'automne, nous nous retrouvâmes côte à côte. J'éprouvais plus de la crainte envers moi-même que de la haine envers lui : comment le pourrais-je, alors que son regard m'exprimait un réel respect ?

La compétition débuta et je me plaçai aux avants-poste. Mes pattes semblaient soudainement lourdes, comme si galoper était devenu une tâche difficile, alors que cela avait toujours été une seconde nature chez moi. Je fus étonné de voir que le Shiny, lui, attendait au dernier rang, dans un petit canter. J'avais un très net avantage, néanmoins je voyais bien que quelque chose n'allait pas. Les obstacles, qu'il me suffisait autrefois d'enjamber, me paraissaient aujourd'hui infranchissables. C'était la motivation qui me manquait. Mes espoirs envolés, plus rien ne me rattachait à la compétition, si ce n'était le lieu, ce Galodrôme de Kanto, que j'aimais par-dessus tout, et où il me semblait avoir passé ma vie.

Dans le dernier virage, il se passa quelque chose. Je compris alors la tactique du Shiny. Il avait attendu durant toute la course que je fasse du train, avant d'accélérer dans la ligne droite. Nous étions au coude à coude, mais l'arrivée était encore si loin...

Soudain, sans comprendre pourquoi, je lâchai prise. Je cessai de m'accrocher à une réalité qui n'était plus. Mon temps était fini, tout comme mon heure de gloire, et j'étais passé à côté. Je renonçai. La place était à ce Shiny, désormais. Pas très aimé des spectateurs, qui le considérait comme un "demi-sang" à cause de sa grand-mère Luxray, mais adoré par son dresseur qui ne jurait que par lui. Il était la prunelle de ses yeux, et je voyais bien que les sentiments du ténébreux Galopa étaient réciproques. Mes dresseurs, eux, n'avaient cessé de changer à chaque fois que j'avais cru commencer à m'habituer à eux.

Je terminai laborieusement septième, tuant la dernière lueur qui brillait au fond de mon coeur. Il fallait se faire une raison : c'était fini. Tout était fini. Je regardai le Galodrôme, certain que c'était la dernière fois que je le voyais, et me cabrai après la ligne d'arrivée dans un ultime adieu. Je quittais cette fois pour toujours ce qui avait été ma maison, mon jardin et ma famille.

Néanmoins, mon dresseur, lui, ne comptait pas s'en arrêter là. Comme j'aurais aimé finir ma carrière qui aurait pu être si brillante, brillante comme le Shiny, dans cet endroit qui avait fait ma vie. Mais non, il fallut qu'il m'emmène au Galodrôme de Jotho, certes d'excellente réputation et également splendide, mais qui n'était pas chez moi. Il pensait que me dépayser me redonnerait de l'énergie. L'idiot ! Il n'avait rien compris. Ici ou là, ou n'importe où ailleurs, cela ne changerait rien. J'en avais assez de courir, à mon âge, cela ne servait plus à rien. C'était trop tard.

Ce fut donc tête basse que je terminai second d'un adversaire pourtant battable, mais je ne voulais plus continuer. Moi, l'Eternel, j'abandonnais. Tout cela ne rimait à rien, à part à voiler la face de mon dresseur. De retour auprès de lui, je m'effondrais, sentant mes forces m'abandonner. Je crois que cette fois, il comprit. Mon histoire se terminait ici, il était temps pour moi de partir, de me retirer définitivement de la course, où je pourrais de loin veiller sur les nouveaux venus. C'est ainsi que tout s'est arrêté, que mon règne a pris fin avant d'avoir commencé et que je me suis aperçu que désormais, je ne reviendrais jamais plus chez moi.

Environ un an plus tard, alors que je coulais des jours paisibles au pré avec mon meilleur ami qui s'y trouvait depuis longtemps, je levai les yeux vers le ciel pour, comme chaque soir, prier Arceus, et implorer son pardon d'avoir échouer dans la tâche qu'il m'avait confié : devenir une légende afin de pouvoir un jour briller à ses côtés.

Et cette nuit là, je vis dans le ciel une étoile qui étincelait avec force, et qui n'était pas là à l'accoutumée. Je compris seulement à ce moment qu'Arceus m'avait pardonné : j'avais cédé ma place au Shiny, qui en avait fait bon usage, avant que le dieu ne rappelle auprès de lui, afin qu'il veille de la haut sur tous les autres Galopa, et sur notre jardin, le Galodrôme.

Désormais, c'était lui, mon rival, qui était devenu une étoile, et brillait comme tel, juste récompense pour avoir quitté le monde des vivants, brisé au sommet de sa gloire par une blessure fatale à la patte alors même qu'il avait su éviter la chute, contrairement à moi. Je compris que c'était donc là le sort des légendes, comme moi avant lui : foudroyées avant même d'avoir aspiré à leurs rêves les plus secrets, et dont elles étaient pourtant les plus dignes.

Quant à moi, dans le coeur des rares personnes qui m'avaient admiré, quand j'étais au plus haut autant que lorsque je suis tombé au plus bas, je n'en demeure pas moins un dieu, au même titre qu'Arceus, en hommage à "ce que j'aurais pu faire".

Voilà qu'aujourd'hui nous restons donc respectivement dans les mémoires, et ce à jamais, comme le dieu déchu du piédestal qu'il aurait pu atteindre, oublié de tous, et le roi brisé en tombant de son trône, que nul n'a pleuré, hormis son dresseur.
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