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Lecture d'un chapitre



Lecture du chapitre 4
Nom de l'œuvre : Mélancolie [Recueil d'OS] Nom du chapitre : L'ange et le démon
Écrit par Cyrlight Chapitre publié le : 6/2/2013 à 19:28
Œuvre lue 6307 fois Dernière édition le : 6/2/2013 à 19:28
Ce soir, c'est la pleine lune. Elle étincelle et éclipse toutes les étoiles par sa grandeur. Tous les autres verraient là un astre comme il y en a tant. Mais je ne suis pas les autres. Elle est bien plus différente pour moi que pour tout un chacun. Elle m'appelle, elle me rappelle...

C'était il y a fort longtemps, une éternité qui pouvait se compter en jours autant qu'en millénaires. Je me souvenais de cette nuit-là, celle où tout avait basculé. Tapi dans les ténèbres que j'aimais tant, j'attendais avec impatience pour sortir de ma cachette, qui m'hébergeait la journée. Minuit s'apprêtait à sonner au clocher du village le plus proche, là où j'avais l'intention de sévir. Minuit... L'heure à laquelle d'habitude j'agissais.

Mais rien ne se passa comme d'habitude. Je fus forcé de sortir plus tôt, attiré par une étrange lumière. C'était une nuit sans lune, de celle où mes pouvoirs sont à leur apogée. Or, l'astre brillait de mille feux sous mon regard interloqué. Que se passait-il au dehors ? Je devais en avoir le coeur net.

Je m'envolai en direction de l'apparition lumineuse. Je m'étais trompé : ce n'était pas la lune. Par comparaison, elle n'était pas si belle. La créature que je vis était divine. Elle se mouvait dans les airs tel un cygne astral, gracieuse et légère. Je crus un instant que j'assistai à un ballet aérien. Elle était magnifique, son apparence me coupa le souffle.

Elle ne m'avait pas remarqué et je ne souhaitais pas l'interrompre. Ce spectacle était céleste. Fort heureusement, l'obscurité dans laquelle je me confondais si bien permit que ma présence ne la troublât point. J'aurais préféré mourir sur le champ plutôt que d'arrêter cette déesse angélique, qui m´évoquait un rêve que je faisais éveillé.

Mon corps fantomatique flottait à quelques mètres d'elle, distance qui me semblait infranchissable. Je ne pouvais approcher un être à la fois si pur et si troublant. Pourtant, ô combien pourtant, j'avais une envie dévorante d'effleurer son corps de cygne, de frôler l'une de ses plumes pastels.


[*]

Ce soir, c'est la pleine lune. Un astre qui m'était destiné par Arceus pour louer ma beauté. Pourtant je ne vois là que la faste et la vanité d'un dieu qui m'a un jour aimée et désirée. Pour tous les autres, elle n'est que le symbole de la nuit. Pour moi, c'est toute une histoire. Elle m'appelle, elle me rappelle...

C'était il y a fort longtemps, une éternité qui pouvait se compter en jours autant qu'en millénaires. Je me souvenais de cette nuit-là, celle où tout avait commencé. Comme à chaque nuit sans lune, alors que mes pouvoirs étaient au plus bas, j'observais le mal environnant, au sommet de son art lorsque j'étais affaiblie. Je faisais régner ma lumière dans les esprits les plus obscurs, telle était là la mission que Arceus m'avait confiée, avant qu'il ne m'eusse destinée à d'autres plans : les siens.

J'exécutais mon ballet aérien, chargée d'apaiser les âmes troublées, d'éloigner les cauchemars, d'apporter le rêve et de purifier les coeurs sombres, lorsque je sentis une présence. Aux abois, je regardai autour de moi. N'importe qui d'autre n'aurait pu distinguer ce que je vis alors, créature ténébreuse dans la nuit la plus noire, mais contrairement aux pokémon diurnes, je voyais tout aussi bien dans l'obscurité, éclairée par mes yeux de lune.

J'eus l'impression qu'il avait aussi peur que moi. Silencieux, il me fixait de ses magnifiques yeux bleus électriques. Prudente, je restai immobile, appréhendant le moindre geste de sa part. Aucun de nous ne bougea, et ce pendant des heures. Ce ne fût que lorsque l'aube s'apprêtait à poindre que l'étranger s'enfuit, ne laissant rien derrière lui qui pût me permettre de l'identifier, ou même de le retrouver.


[*]

Ce soir, c'est la pleine lune. Après la nuit survient le jour, et inversement. Ce même mouvement existe depuis toujours et perdurera jusqu'à la nuit des temps. Cependant, jamais le jour ne croise la nuit, tout comme l'ombre ne rencontre jamais la lumière...

Qui était-elle, créature étincelante ? Rien auparavant ne m'avait troublé à ce point. Elle obsédait mes sens et hantait mon esprit. Qui était-elle pour que je l'aimasse autant ? Juste une lumière dans la nuit la plus noire, une étincelle dans le coeur le plus dur.

Je ne la revis pas. A chaque nuit sans lune, elle revenait exécuter son ballet. Je le savais car je voyais la lumière danser sur les parois de la caverne qui m'abritait. Cependant, par toute ma volonté et mon courage, je tentai vainement de l'oublier.


[*]

Ce soir, c'est la pleine lune. Un nouveau cycle s'achève, ou débute, je ne sais pas. Je n'en sais plus rien. Le temps s'est arrêté à l'instant où la vie a continué, et me voici prisonnière d'une ronde éternelle de laquelle je ne peux fuir. L'éternité est immuable, tout comme le sont les sentiments...

Qui était-il, créature ténébreuse ? Rien auparavant ne m'avait troublée à ce point. Il faisait battre mon coeur et occupait ma tête. Qui était-il pour que je l'aimasse autant ? Juste une ombre que je ne pus éclairer, un souvenir flou qui continuait de me hanter.

Je ne le revis pas. J'avais beau revenir à chaque fois exécuter mon ballet au même endroit, celui où je l'avais vu pour la première et unique fois, il ne réapparut pas. Pourtant, je savais qu'il était là. Où, cependant, je n'aurais su le dire. Il ne tenait pas à se montrer.


[*]

Ce soir, c'est la pleine lune. L'apogée de Cresselia. Je sais qu'elle est là, qu'elle erre de par le monde dans l'espoir et le but de le rendre meilleur. Je crois qu'elle pense encore à moi, tout du moins je le souhaite, et j'espère du fond du coeur que je n'ai pas qu'elle a trouvé en elle la force de me pardonner.

Une nuit, n'y tenant plus, je sortis. Nous nous retrouvâmes nez à nez, et il n'y eût besoin de mots. Elle posa sa tête sur mon épaule fantomatique, je glissai mes mains sur son corps astral. Nous nous enlaçâmes jusqu'à l'aube où, juste avant que le soleil ne se levât, elle me révéla son identité.

Si j'avais eu un coeur, il se serait brisé. Cresselia, bien que je ne l'eusse jamais rencontrée, était d'une certaine façon mon ennemie intime. Elle purifiait les esprits que je pervertissais, remplaçait mes cauchemars par la pureté de ses rêves. Depuis longtemps, nous luttions l'un contre l'autre dans un combat invisible et indirect, mais non moins acharné. Et voici que dans de telles conditions, je la rencontrais après toutes ces années.


[*]

Ce soir, c'est la pleine lune. La faiblesse de Darkrai. Je sais qu'il est là, qu'il erre de par le monde, dans l'espoir et le but de le corrompre dans les ténèbres. Je crois qu'il pense encore à moi, tout du moins je le crains, et j'espère du fond de mon coeur qui s'est brisé qu'il a trouvé en lui le courage d'oublier.

Une nuit, enfin, il sortit de sa cachette. Nous nous retrouvâmes nez à nez, et il n'y eût besoin de mots. J'avais attendu cet instant depuis tant de nuits, tant de cycles. Je posai sa tête sur son épaule fantomatique, il glissa ses mains sur mon corps qui ne désirait que cela. Nous nous enlaçâmes jusqu'à l'aube où, juste avant que le soleil ne se levât, il me révéla son identité.

Mon coeur vola alors en éclats, et la douleur fut si vive que j'espérasse ne plus jamais ressentir une telle souffrance. Darkrai, bien que je ne l'eusse jamais rencontré, était d'une certaine façon mon ennemi intime. Il pervertissait les esprits que j'apaisais, chasser mes rêves qu'il remplaçait par d'affreux cauchemars. Depuis longtemps, nous luttions l'un contre l'autre dans un combat invisible et indirect, mais non moins acharné. Et voici que dans de telles conditions, je le rencontrais après toutes ces années.


[*]

L'aube avait le pouvoir de tout éclairer, et de dévoiler les vérités cachées. Ainsi, lorsque le rideau de lumière se leva sur le monde, Arceus vit les deux ennemis de toujours enlacés. Fou de colère et de jalousie en voyant Cresselia qui l'avait toujours repoussé dans les bras de Darkrai, il émit un rugissement qui fit trembler la terre, avant de plonger des cieux d'où il contemplait le monde pour les rejoindre ici bas.
- Nous ne nous reverrons jamais, affirma le pokémon lunaire en baissant les yeux. Je vous ai haï, je vous ai aimé. Désormais, je porterai ce fardeau pour l'éternité.
- Et vous ne serez pas seule, car je le partagerai de mon côté. Je n'oublierai jamais cet instant de paix durant lequel j'ai découvert à qui je faisais la guerre.
- Soyez assuré que je garderai pour toujours cette nuit en mémoire.

Ils s'apprêtaient à se séparer lorsque Arceus surgit devant eux, furieux. Cresselia tenta de le résonner, mais il ne l'écouta pas. Au contraire, il la chassa sans ménagement, et elle s'en fût seule, d'apparence plus faible et vulnérable que jamais.

Il voulut s'en prendre à Darkrai, mais le maître des ténèbres, diable face au dieu, fut plus roublard que celui-ci. Il parvint à lui échapper grâce à la ruse et un habile stratagème, qui consistât à appeler son ami Giratina, banni au temps jadis par Arceus lui-même, qui lui offrit refuge dans sa dimension, où l'Alpha ne pouvait pénétrer.

Le dieu ne supporta pas que son rival lui eût échappé de la sorte, et jura qu'il l'attraperait un jour, car il avait l'éternité pour ce faire. Et grâce à ses pouvoirs divins, il interdit à la céleste Cresselia de revoir le ténébreux Darkrai. Soumise à lui par allégeance et loyauté, elle fut forcée d'accepter, mais n'offrit cependant jamais son coeur à Arceus comme celui-ci l'aurait souhaité. Le pokémon cauchemar continua cependant à hanter les rêves des humains comme de ses congénères par les nuits sans lune, quand ses pouvoirs étaient à leur apogée, moment où l'Alpha baissait sa garde et relâchait sa vigilance sur le monde qu'il avait fait naître.


[*]

Ce soir, c'est la pleine lune. Et comme à chaque fois, je pense à elle, angélique, lumineuse. Elle était mon rêve, et maintenant, elle n'est plus là. Par ma faute, Arceus la persécutera pour l'éternité. Cresselia, où que tu sois, pardonne-moi.

[*]

Ce soir, c'est la pleine lune. Et comme à chaque fois, je pense à lui, démoniaque, ténébreux. Il était mon cauchemar, et maintenant, il n'est plus là. Par ma faute, Arceus le pourchassera pour l'éternité. Darkrai, où que tu sois, oublie-moi.

[*]

Et tandis que le pokémon cauchemar tournait le dos à la pleine lune pour traverser le vortex que Giratina lui avait ouvert pour quelques minutes afin de lui permettre d'observer l'astre, une silhouette céleste se découpa sur la sphère blanchâtre qui illuminait le ciel et éclipsait les étoiles...
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